Pages

10 avril 2012

De vaillants soldats quand ils s'abandonnent...

Ce n'est pas l'homme qui m'attire. Ce n'est pas un désir animal qui s'accroche à mon âme et me rendrait comme une bête inassouvie quand je désire un garçon. C'est mille fois plus élevé que l'explosion en un instant évaporée qui s'empare de la chair au moment du plaisir. Non, c'est bien autre chose. Le désir des garçons n'est pas seulement fait d'un appétit insatiable pour un grain de peau, un ventre musclé, des pectoraux, de belles fesses, un sexe dardé. C'est une attirance indescriptible, un abandon charmant qui nous prend tout entier, un appel auquel rien de ce que nous sommes ne peut longtemps résister. De tous temps les plus grands poètes ont chanté l'amour des garçons. La politisation de l'homosexualité ou simplement celle de la bisexualité, stupide invention moderne d'un monde sans culture ni poésie a créé les homos, les gays avec leurs parades et leurs revendications sociales. Je n'ai jamais participé aux marches, je n'arbore pas un arc-en-ciel ni ce ridicule ruban rouge que tout le monde arbore comme un talisman. Je ne tortille pas du derrière et j'ai souvent et j'ai longtemps couché avec des femmes. Mais j'aime faire l'amour avec un garçon. Pas avec un homme. Mon semblable ne m'attire que dans la mesure où il est la perfection, l'excellence, la beauté, la vigueur, la félinité que je ne suis plus ou que je n'ai jamais été. J'aime la fraîcheur des garçons, leur odeur, leur réserve, leurs frayeurs, leurs préventions. j'aime leurs corps lisses et tendus comme un arc, tout frais encore des rondeurs de l'enfance, j'aime les toisons infimes qui couronnent leurs appâts virils, la cambrure de leurs reins, la vigueur de leurs cuisses, le duvet de leurs joues, leur poitrine haletante et fraîche, leur regard innocent et pervers à la fois sous de longs cils de fille, leur pieds agiles, leurs mains vigoureuses, ces carcasses puissantes faites pour le combat ou l'amour. Mais l'homme, l'adulte de sexe masculin, tassé, flétri, désabusé et alourdi par le temps, les abus, les échecs, ne m'intéresse pas. Je ne le vois pas. Dans la rue, chaque garçon attire mon attention. même d'une beauté médiocre, sa jeunesse, sa vénusté, sa grâce réveillent mes sens. Je peux croiser mille filles sans en remarquer une seule, sans que mon désir ne s'éveille à leur approche. Le moindre garçon en revanche, sauf à être hideux et difforme, m'attire et je sens sa présence, son ambiguïté à des kilomètres. Tous ont envie qu'on les aime, leurs corps veulent être baisés mais peu savent le formuler et encore moins nombreux sont ceux qui acceptent ce désir et s'y prêtent sans trembler. Quand enfin ils s'abandonnent, une énergie nouvelle semble s'être emparée d'eux qui les métamorphosent en amants ardents qui réclament leur dû et reprennent l'assaut comme de vaillants soldats. Hadrien est leur général.

3 commentaires:

Hyacinthe a dit…

Très beau blog, très feutré, sensible, un brin conservateur, voire méprisant mais qu'importe, la beauté l'emporte. Evidemment l'influence du milieu d'où vous venez doit y faire quelque chose, par exemple à propos des revendications gays pour le mariage et autres. Vous venez d'un milieu privilégié à ce que j'ai cru comprendre, et si le peuple réclame quelque chose ce n'est certainement pas anodin. Le temps ou l'amour masculin ne pouvait exister que dans l'aristocratie et où le sodomite miséreux était envoyé au bûcher (à l'anathème dirait-on plutôt aujourd'hui)est peut-être définitivement terminé. C'est peut-être un véritable changement de société qui se profile, certain le craigne, moi non, car la société actuelle ne me plaît pas alors quitte à changer. Pourtant je trouve le mariage également ridicule, mais je pense qu'il ne faut pas tant se restreindre à l'acte en lui même. Je suis moi aussi bisexuel, assez jeune encore (26 ans) et je n'ai jamais trouvé ma place.

Hadrianus a dit…

je suis désolé de penser que je puisse à vos yeux paraître méprisant. Le mépris est une chose vulgaire et... méprisante. L'aristocratie que vous mentionnez quand elle est vraie est indubitablement incapable de mépris. Elle ne voit certes pas les choses comme le commun des mortels mais à elle l'apanage de la vision, la "longue vue" qui fait les révolutions profondes et véritables. le conservatisme, le passéisme sont des comportements bourgeois voire petits-bourgeois. Un truc de snob. On peut être esthète, vivre dans un univers privilégié (et en avoir conscience) sans avoir ni le regard hautain et méprisant des nouveaux riches, ni le sourire contraint des hypocrites qui veulent donner l'impression de souffrir d'être riches, beaux et en bonne santé quand tant d'autres sont pauvres, laids et malades. Comme vous le monde tel qu'il tourne me déplait et tant mieux si il change. Quant au mariage c'est effectivement un peu ridicule, ce qui est important c'est de garantir à tous le droit de vivre comme bon leur semble et d'être heureux. pour moi les deux valeurs qu'il faut sans cesse reconquérir et défendre, sont la beauté et le bonheur. Cela n'a rien à voir avec les privilèges, le fric ou la naissance. C'est une affaire de volonté et de détermination il me semble.
merci de me lire et de revenir souvent déposer des commentaires comme celui-ci Hyacinthe !

Hyacinthe a dit…

Je ne parlais pas tant de fric que de mode de vie et des effets et pressions du milieu dans lequel on vit sur le comportement. La beauté et le bonheur, je suis d'accord, même si c'est utopique. De manière plus prosaïque, vivre et laisser vivre me parait une sentence judicieuse. Je reviendrai surement poster quelques commentaires, car vos écrits et votre esthétique font résonances avec beaucoup de mes pensées. J'aime aussi votre histoire avec votre ami (au fait, quel genre de thèse fait-il?, j'en fait une moi aussi), bien aidée par la narration il faut le dire. En attendant je vais continuer à lire les archives jusqu'au début.