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21 novembre 2012

Aimons-nous sans cesse

"Il est venu pour lire. Deux ou trois volumes sont entrouverts, des historiens, des poètes. Mais à peine a-t-il lu pendant une dizaine de minutes, puis il y a renoncé. Il somnole sur le canapé. Il se consacre entièrement aux lettres, mais il a vingt-trois ans, et il est très beau. Et, cet après-midi, l'amour a passé sur son corps parfait, sur ses lèvres. La passion a pris possession de cette chair tout imprégnée de beauté, sans inepte pudeur quant au genre de jouissance." J'aime quand tu récites ce poème de Cavafy que tu connais par coeur et qui rappelle si bien cette première fois où nos regards se sont croisés. Nous avons su l'un et l'autre aussitôt quelle était notre désir. J'aime ton accent américain quand tu récites en français la prose du grec d'Alexandrie. Ce jour-là quand nous sommes sortis de la bibliothèque tu me parlais de Versailles, de la galerie des glaces qui t'avais fasciné, tu me disais aussi un peu tremblant que tu étais intéressé par les filles seulement. Pourtant c'est toi qui le premier m'a tendu la main et c'est dans l'ascenseur qui montait jusqu'à mon petit appartement d'alors que nos lèvres pour la première fois se sont jointes avant que nos corps s'unissent et nos cœurs avec eux.

1 commentaire:

Alexandre a dit…

.. et en plus, Hadrianus, vous lisez Cavafy ! Θαῦμα !