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25 novembre 2011

La beauté absolue

"Regardez... quand s'achève l'enfance et que l'adulte n'est pas encore vraiment là, c'est-à-dire entre quatorze et vingt-quatre ans, l'homme jouit d'une sorte de floraison. C'est chez lui la seule période de beauté absolue. Il existe dans l'humanité une réserve immortelle de beauté et de charme qui est – hélas, hélas ! – liée à la jeunesse. Oh non, il ne suffit pas d'admirer la beauté des tableaux abstraits – elle est sans risque –, il faut l'éprouver à travers ce qu'on a été, ce qu'on n'est plus, à travers cette infériorité de la jeunesse."
Witold Gombrowicz, Journal.

24 novembre 2011

Lettre de Hicham à Olivier

Soirée cinéma ce soir. Ecran géant sur le mur du salon. J'ai enfin trouvé le Clan de l'acteur et cinéaste Gaël Morel, réalisé en 2004, en anglais et nous l'avons regardé, David, Paul et moi. J'avais déjà vu une ou deux fois ce film dont certains extraits sont repris sur Youtube, toujours les mêmes, esthétiques et assez "hot", mais qui ne montrent pas la réalité d'un cinéma vraiment intéressant, d'une sensibilité qui est l'apanage des plus grands, Téchiné, Ozon, Honoré... David en bon WASP (White Anglo Saxon Protestant), a un peu eu du mal avec la notion de "racaille" ou "caillera" de la version originale sous-titrée, mais la beauté de la scène où la voix d'Hicham lit la lettre qu'il écrit à Olivier l'a fait fondre. 
Je ne vais pas vous raconter l'histoire. Les deux garçons se sont aimés avec une force et une intensité digne des héros romantiques et la trahison d'Olivier, l'abandon, la page qu'il tourne sont traduits avec beaucoup de pudeur par les mots d'Hicham. Le petit frère de david a été assez remué mais n'a rien dit. Il est vrai que les sous-titres n'ont pas la même force que les paroles françaises dites avec l'accent rebeu du beau Salim Kechiouche.

"Je ne t'écris pas une lettre d'amour, je ne t'écris même pas, juste je pense à toi… C'est parce que j'ai croisé le petit frère de Sylvestre aux Halles à Paris, je ne me souvenais même pas de son nom ni de sa tête. C'est lui qui m'a reconnu, lui qui voulais me parler de vous, de ce que vous faisiez, de cette chose incroyable qui fait que vous continuiez à vivre, à exister encore ; puis très rapidement il ne m'a parlé que de Marc. Il devait se souvenir que nous étions les deux amis, les purs et il ne m'a parlé que de Marc, des progrès de Marc. Il m'a parlé des médicaments qui ralentissent tout, sa voix, ses pensées ; il n'est pas devenu débile, me répétait ça. Puis il n'a plus rien dit. Il m'a regardé méchamment: il venait de comprendre que je ne l'avais pas écouté, que les progrès de Marc je m'en foutais. Comment lui demander au petit frère de Sylvestre, de me parler de toi de ne me parler que de toi.
Ce n'est pas une lettre d'amour Olivier, juste je te parle et j'imagine que tu m'écoutes. Je me souviens de tout…
J'ai trouvé un travail, j'ai trouvé des amis, des clubs de sport, de capoeira, j'ai trouvé de nouveaux enchainements que je crève de ne pas pouvoir t'apprendre. J'ai trouvé des garçons comme si j'étais attendu. Ici les arabes PD on se les arrache. Ça va, je me suis fais arraché. J'ai cherché des garçons un peu moi excités par ma race, j'ai trouvé. J'aurais même pu tomber amoureux mais ça n'a pas duré parce que rien ne dure, sauf le souvenir de ton regard, la douceur de tes gestes et le son de ta voix qui m'appelle Hicham ! Hicham ! Mais tu ne m'as jamais appelé…
Quand je suis rentré après t'avoir quitté, j'ai trouvé la lettre que tu avais déposé chez moi le matin, ta lettre de rupture. "Je ne veux plus te voir", voilà ce que tu avais écrit. Tu ne voulais plus me voir, tu ne voulais plus de nous. Tu me demandais aussi de te pardonner.
Encore aujourd'hui je me demande ce que j'ai fais de mal ? Je ne trouve pas… J'aurais du me battre. Ça arriverait maintenant cette histoire je me battrais. Je courrais chez toi, je défoncerais la porte, je t'emprisonnerais dans mes bras, devant tes frères je t'embrasserais. Je m'en fous de tes frères, on s'en fout de tes frères, de ton père, de tout le quartier qui peut se ramener. Mais je me suis pas battu. J'ai remplis un sac d'affaire, j'ai pris le train pour Paris, sans rien dire à personne. C'était fini, que voulais tu que je fasse, c'était fini.
Un mec qui était chez moi hier a vu ta photo et il m'a demandé qui tu étais, j'ai répondu: mon frère. Pourquoi je n'ai pas réussi à dire la vérité ? Tu n'es pas mon petit frère, je n'ai pas besoin d'un frère. La vérité c'est qu'on ne se reverra plus, tu resteras là bas avec tes frères, parce que ta vie ça ne marche pas sans eux, ça ne marche pas avec moi. J'aimerais me tromper, je ne souhaite que ça, me tromper... Mais je te connais par cœur, tu vois bien Olivier, je vous connais par cœur toi et tes frères, je vous récite, je te récite."
 

Connaissez-vous les jumeaux ?






23 novembre 2011

L'Education sentimentale

"Il voyagea - il connut les mélancolies des paquebots, les froids réveils sous la tente, l'étourdissement des paysages et des ruines, l'amertume des sympathies interrompues. - Il revint" (Gustave Flaubert)

22 novembre 2011

Vintage Male Aesthetic

Déniché par hasard une série de photo très années 50-60, l'époque du beau et ténébreux Joe Dalessandro, et des garons dans la piscine de David Hockney. Mais c'est de James Bidgood, photographe célèbre dans ces années-là et qui réalisa en 1971, le fameux "Pink Narcissus" film-culte qui a aujourd'hui bien vieilli, avec Bobby Kendall. On le projette encore dans des cinémas ici. Le film a inspiré pas mal d'artistes en suivant : Pierre & Gilles, Fellini pour son "Satyricon"... En voici un extrait :

Viril, tout simplement

19 novembre 2011

Un jour comme les autres

Le matin. Toujours la même joie. Celle d'un nouveau jour et des mille possibilités qu'il offre. Ne jamais s'en lasser. David est parti avant moi ce matin. Il a sorti le chien. Le chat dort sur un coin du lit, lové, ou plutôt enfoncé, dans la couette. La lumière qui filtre à travers les volets est grise. Peu importe, c'est une nouvelle journée. On oublie trop que chaque jour est un nouveau miracle. Les garçons se chamaillent dans la salle de bain.  Résister au prosélytisme et ne pas se dire que décidément il se trame quelque chose de fort et de chaud entre le frère de mon amant et son meilleur copain... Ils passent à moitié nus devant ma porte entrouverte. Ils sont beaux tous les deux. De cette beauté innocente et perverse à la fois qui émane des adolescents bien faits et équilibrés. Je ne crois pas que le mode de vie de son frère ait une quelconque influence sur le jeune demi-dieu que je vois grandir et mûrir. Ce que je sais, et que je ressens à les observer tous les deux - c'est que la relation très forte qu'il entretient avec son ami dépasse la simple camaraderie. Ils se sont connus enfants, ils ont grandi ensemble. Sportifs tous les deux, bons élèves, bons fils, ils ont commencé leur vie sexuelle ensemble avec les mêmes filles. Mais autre chose les unit qui rapproche certainement leurs corps la nuit. Ceux qui me lisent et qui se souviennent des dernières années de leur adolescence comprendront ce que je veux dire. Paul n'est pas et ne sera pas homosexuel. Il a seulement la chance - je revendique et milite pour cette notion d'opportunité positive - d'avoir un frère qui préfère les garçons et qui vit avec moi une relation stable depuis suffisamment d’années pour lui servir d'exemple et le rassurer. Les homos ne sont pas tous des folles paumées, des obsédés du cul incapables de bâtir une relation suivie et que seul le cul intéresse.
Paul a ainsi pu laisser monter en lui ce désir polymorphe qui nous vient à tous, naturellement, avec cette énergie nouvelle qui fait pousser les poils, affermir les muscles et rend la voix plus grave. S'il a d'instinct été voir du côté des filles, il a aussi reconnu en lui cet impérieux désir narcissique que la pédagogie antique savait utiliser pour faire un homme au corps et à l'esprit sain, qui pousse le garçon de quinze ou seize ans à mesurer son corps au corps de l'autre, semblable et pourtant autre. Les jeux nocturnes dans les dortoirs, les douches ou les vestiaires sont pareils à ce qui se vivait dans les palestres d'Athènes, de sparte ou d'Olympie. Jouir adolescent du corps de l'autre, en tout point semblable au notre, jusque dans l'expression et les sensations de cette jouissance, est un des actes les plus formateurs, les plus pédagogiques pour le jeune homme. Ceux qui s'y adonnent d'instinct, sans tabou, sans gêne ne seront pas tous perdus pour l'hétérosexualité dominante. Ils grandiront aux côtés d'un tendre ami, ou pour les moins chanceux se contenteront d'une camaraderie sexuelle qui s'achèvera un jour, tout aussi naturellement qu'elle a commencé, avec les poils sur la poitrine et le désir d'enfant.
Paul est de ceux-là. Il a compris aussi - avec son copain - que les filles sont compliquées et que coucher avec elles est toujours assorti de mille contorsions et d'autant de concessions, que le plaisir, certes intense mais toujours bref, qu'elles nous procurent - avant de vivre La véritable histoire de notre vie qui nous mène à la paternité -ne vaut pas le sexe partagé avec un autre nous-même, tendre, viril, ludique et toujours très fort... Bref, David pense que non, mais moi je suis persuadé que la nuit dans la chambre qu'ils occupent ou là, dans la salle de bain, sous la douche, ils se donnent du plaisir et partagent une véritable et tendre amitié de garçons... Mais bon, cette opinion n'engage que moi et ne se base que sur ma propre expérience.
En choisissant depuis mon arrivée à New York? de vivre avec le garçon que j'aime plutôt que seul, passant d'aventures masculines à des aventures féminines, j'ai certes marqué ce que je suis vraiment. Mes lecteurs connaissent mon opposition au mariage homo, mais ils savent aussi que j'ai fait le choix de l'union libre. Si demain le désir d'enfant se fait sentir avec trop d'acuité, je suis convaincu qu'il me faudra faire un énorme travail intérieur pour choisir : continuer de vivre avec le garçon que j'aime ou trouver la fille avec qui j'aurai le désir de fonder une famille. je sais que beaucoup d'entre vous ne seront pas d'accord. J'applique d'instinct la règle que depuis l'antiquité les sociétés et les religions ont établies. Cela ne se passait pas autrement dans la Grèce antique.
J'entends les garçons qui rient dans la cuisine. Brinkley aboie. Le chat a ouvert un œil et s'étire sur la couette. Je vais bientôt me lever. Un jour nouveau. Plein de promesses.

12 novembre 2011

Angélique ou diabolique ?

via zepetifilou

Le poète avait dix sept ans, dehors la guerre sévissait

"Et la Mère, fermant le livre du devoir,
S'en allait satisfaite et tres fière, sans voir,
Dans les yeux bleus et sous le front plein d'éminences
L'âme de son enfant livrée aux répugnances.

Tout le jour il suait d'obéissance; très
Intelligent; pourtant des tics noirs, quelques traits
Semblaient prouver en lui d'âcres hypocrisies!
Dans l'ombre des couloirs aux tentures moisies,
En passant il tirait la langue, les deux poings
À l'aine, et dans ses yeux fermés voyait des points.
Une porte s'ouvrait sur le soir: à la lampe
On le voyait, là-haut, qui râlait sur la rampe,
Sous un golfe de jour pendant du toit. L'été
Surtout, vaincu, stupide, il était entêté
À se renfermer dans la fraîcheur des latrines:
Il pensait là, tranquille et livrant ses narines.

Quand, lavé des odeurs du jour, le jardinet
Derrière la maison, en hiver, s'illunait,
Gisant au pied d'un mur, enterré dans la marne
Et pour des visions écrasant son oeil darne,
Il écoutait grouiller les galeux espaliers.
Pitié! Ces enfants seuls étaient ses familiers
Qui, chétifs, fronts nus, oeil déteignant sur la joue,
Cachant de maigres doigts jaunes et noirs de boue
Sous des habits puant la foire et tout vieillots,
Conversaient avec la douceur des idiots! 
Et si, l'ayant surpris à des pitiés immondes,
Sa mère s'effrayait; les tendresses, profondes,
De l'enfant se jetaient sur cet étonnement.
C'était bon. Elle avait le bleu regard, - qui ment!

À sept ans, il faisait des romans sur la vie
Du grand désert, où luit la Liberté ravie,
Forêts, soleils, rives, savanes! - Il s'aidait
De journaux illustrés où, rouge, il regardait
Des Espagnoles rire et des Italiennes.
Quand venait, l'oeil brun, folle, en robes d'indiennes,
- Huit ans, - la fille des ouvriers d'à côté,
La petite brutale, et qu'elle avait sauté,
Dans un coin, sur son dos, en secouant ses tresses,
Et qu'il était sous elle, il lui mordait les fesses,
Car elle ne portait jamais de pantalons;
- Et, par elle meurtri des poings et des talons,
Remportait les saveurs de sa peau dans sa chambre.

Il craignait les blafards dimanches de décembre,
Où, pommadé, sur un guéridon d'acajou,
Il lisait une Bible à la tranche vert-chou;
Des rêves l'oppressaient chaque nuit dans l'alcôve.
Il n'aimait pas Dieu; mais les hommes, qu'au soir fauve,
Noirs, en blouse, it voyait rentrer dans le faubourg
Où les crieurs, en trois roulements de tambour,
Font autour den édits tire et gronder les foules.
- Il rêvait la prairie amoureuse, où des houles
Lumineuses, parfums sains, pubescences d'or,
Font leur remuement calme et prennent leur essor!

Et comme it savourait surtout les sombres chosen,
Quand, dans la chambre nue aux persiennes closes,
Haute et bleue, âcrement prise d'humidité,
Il lisait son roman sans cesse médité,
Plein de lourds ciels ocreux et de forêts noyées,
De fleurs de chair aux bois sidérals déployées,
Vertige, écroulements, déroutes et pitié!
- Tandis que se faisait la rumeur du quartier,
En bas, - seul, et couché sur des pièces de toile
Écrue, et pressentant violemment la voile!
 
Curieux vers, sensuels et déchaînés, pleins de cette violence qui embrasait le Paris communard où l'adolescent solaire passait ses jours, révolté et déterminé face à une famille ambitieuse et rassise... On peut ne pas aimer la crudité de ses mots, ni les images qui surgissent, mais quelle force et quelle sensualité. Combien le jeune Jean-Nicolas-Arthur Rimbaud devait souffrir. Combien naturelle est cette musicalité des mots qui coulent naturellement et exhalent mille noirceurs qui viennent à nous comme des perles qui flamboient... Les lecteurs vont me trouver bien lyrique... David a trouvé ce texte ("Les poètes de sept ans"), dans un livre trouvé à la bibliothèque de son université : Selected Poems and Letters, présentés par Jeremy Harding et traduits par John Sturrock. J'aime bien l'entendre s'essayer à la poésie française avec son accent américain...

11 novembre 2011

Le garçon du vendredi

Via Bambiboys

11 Novembre : Remembrance day

Les anglophiles (et les canadiens) connaissent le magnifique et très émouvant poème écrit par le canadien John Mc Rae,  qui est tombé en 1918 sous les balles prussiennes. Devenu le symbole de ces millions de soldats tombés au champ d'honneur. Au Canada (on l'apprend à l'école et quelques vers figurent même sur le billet de 10$), comme en Angleterre, on porte ce jour-là un poppy, une petit coquelicot artificiel. En France, c'est le bleuet qui rappelle la mémoire de nos soldats. Quand j'étais au collège en Angleterre, pour le Remembrance Day, on nous autorisait à sortir pour vendre ces petites fleurs de papier. Nous allions dans les rues de Watford, avec nos troncs en fer. La recette le soir était incroyable. Surtout juste après les deux minutes de silence que le pays entier respecte à 11 heures du matin. Nous étions très fiers des sommes rapportées aux émissaires de la Royal British legion, œuvre de charité britannique, qui supervise l'opération depuis sa création dans les années 20 et qui récolte près de 18 millions de livres sterling chaque année !

"In Flanders fields the poppies blow
Between the crosses, row on row
That mark our place; and in the sky
The larks, still bravely singing, fly
Scarce heard amid the guns below.

We are the dead. Short days ago,
We lived, felt dawn, saw sunset glow,
Loved and were loved and now we lie
In Flanders fields
Take up our quarrel with the foe:
To you, from failing hands, we throw
The torch; be yours to hold it high.
If ye break faith with us who die
We shall not sleep, though poppies grow
In Flanders fields
"

"Au champ d'honneur, les coquelicots
Sont parsemés de lot en lot
Auprès des croix; et dans l'espace
Les alouettes devenues lasses
Mêlent leurs chants au sifflement
Des obusiers.

Nous sommes morts,
Nous qui songions la veille encor'
À nos parents, à nos amis,
C'est nous qui reposons ici,
Au champ d'honneur.

À vous jeunes désabusés,
À vous de porter l'oriflamme
Et de garder au fond de l'âme
Le goût de vivre en liberté.
Acceptez le défi, sinon
Les coquelicots se faneront
Au champ d'honneur."
Ici, c'est le Veteran's day.

Happy hour dans Midtown


Quand la semaine a été lourde et fatigante, l'alternative est simple : on a le choix de rester à la maison. Un bon film, des pizzas, cela peut être agréable. Le lit n'est pas loin, dès que le sommeil nous prend, quelques pas suffisent. On peut aussi choisir le restaurant. il y a en pléthore près d'ici. Le cinéma aussi ou le théâtre, mais vue la foule, cela ne s'improvise pas. Reste la solution choisie cette fois-ci : Happy hour au Ritz Bar, sur West 46th Street. Bière ou cocktails, tout y est bon et vraiment pas cher. C'est souvent plein dès le jeudi soir, mais le cadre est toujours agréable. Ce soir, spectacle live de Khalid Rivera. Il y aura foule. Dans la semaine, quand il fait encore beau, le patio installé dans l'arrière-cour est très agréable. Il y a une petite terrasse sur la rue aussi. On y rencontre de tous, de vieux homos parfois un peu lourds, comme partout, mais aussi beaucoup d'étudiants. Un club gay très hetero-friendly, un lieu fashion sans manière à la décoration très classe (style yacht club). En attendant une bonne bière en compagnie de David qui va me rejoindre directement là-bas, je dois 'affronter trois collègues arrivés de Chicago dont la conversation tourne uniquement autour des voitures, des filles aux gros seins et de leurs portefeuilles clients... Heureusement, la pause déjeuner sera courte, j'ai deux rendez-vous cet après-midi que je dois finir de préparer. Et puis ces messieurs sont agréables à regarder. Le plus jeune est gay, j'en suis certain.

Le garçon du jeudi

10 novembre 2011

Connaissez-vous Emile Nelligan ?

J'ai découvert la semaine dernière dans l'étal du libraire Argosy, un bouquiniste que j'aime beaucoup sur la 159e rue, entyre Park Avenue et Lexington, et dont les rayonnages immenses existent depuis 1925, des poésies de Nelligan, poète canadien. Un personnage extraordinaire qui est mort dément, en 1941. On a dit de lui que, symboliste, il a été le continuateur de Rimbaud. Sa vie démarra comme celle de son illustre prédécesseur. Il se fit remarquer très jeune mais l'existence qu'il mena fut tragique et sans gloire. Il est mort fou, après des années de combat contre une schizophrénie de plus en plus encombrante. Né dans une famille traditionnelle québécoise, il refoula toute sa vie ses tendances homosexuelles Enfermé pendant de nombreuses années, il écrivit beaucoup sur la folie et les voix qui le hantaient se retrouvent dans ses vers. La photographie qu'on trouve sur le site qui lui est consacré (et sur Wikipédia), montre un très beau jeune homme au regard brillant d'intelligence et de sensibilité.

Amour immaculé
Je sais en une église un vitrail merveilleux
Où quelque artiste illustre, inspiré des archanges,
A peint d'une façon mystique, en robe à franges,
Le front nimbé d'un astre, une Sainte aux yeux bleus.

Le soir, l'esprit hanté de rêves nébuleux
Et du céleste écho de récitals étranges,
Je m'en viens la prier sous les lueurs oranges
De la lune qui luit entre ses blonds cheveux.

Telle sur le vitrail de mon cœur je t'ai peinte,
Ma romanesque aimée, ô pâle et blonde sainte,
Toi, la seule que j'aime et toujours aimerai ;

Mais tu restes muette, impassible, et, trop fière,
Tu te plais à me voir, sombre et désespéré,
Errer dans mon amour comme en un cimetière