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07 octobre 2012

Notre esprit et nos sens

 Par la porte entrouverte je t'ai observé l'autre soir. Tu étais debout sous la douche, l'eau chaude se répandait sur ta nuque, coulait sur ton dos suivant les creux et les bosses de ta musculature. Tu penchais un peu la tête. Pendant un court instant, tu n'as plus bougé. Je sentais combien ton esprit était figé sur ces ultimes moments que nous allions passer ensemble. Quelques heures tout au plus. Les longues heures de bonheur, cette plénitude qui envahissait nos cœurs et nous comblait de bonheur allaient bientôt prendre fin. La volupté de nos nuits, la douceur de nos gestes quand, nos corps apaisés, nous reposions l'un tout contre l'autre lové, assouvis, apaisés et heureux. Tu avais beaucoup hésité la première fois. Tu avais peur. Peu à peu ton rire et ta curiosité eurent raison de tes préventions. Tu devins vite le petit amant plein d'invention et sans pudeur qui cherche à montrer combien il est épris, combien il brûle de désir. Et au matin, quand nos corps reposés laissaient à nos âmes joyeuses le soin de diriger nos gestes et nos pas, nous allions par les chemins, la main dans la main, comme des amants heureux. Nous savions que tout cela ne pouvait durer. il y avait le monde. Et les autres. Il faut bien retourner dans l'arène. Aujourd'hui est notre dernier jour ensemble. tu vas partir. Nous n'y pouvons rien. Déjà hier soir quand tu te serrais dans mes bras, quand ta poitrine collait à la mienne, quand nos bouches ne formaient plus qu'un voluptueux baiser, j'ai vu une larme couler. Tu m'as serré très fort et quand notre plaisir éclata tu resta plus longtemps que d'habitude sans bouger contre moi. Ton sourire était triste. Puis vint le sommeil.


Pourtant ton âge est encore fait de promesses et d'aventures. Tu ne dois pas souffrir, ni rien regretter. Ton départ n'est rien. Notre amour ne cessera jamais de fleurir dans nos cœurs et nos chairs sont marquées par les heures de volupté, de plaisir et d'amour. Nous nous reverrons bientôt. Et si les dieux ou la providence en décident autrement, nous garderons le souvenir de ces nombreuses nuits de bonheur, de nos promenades, nos baignades, de toutes ces après-midis passées dans les musées, les bibliothèques, les cafés. Ton rire, la douceur de ta peau, ton odeur ne s'effaceront jamais de ma mémoire. Et je rirai quand je regarderai mon lit défait, revoyant en songe nos doux et amoureux combats... Tu me reprochais ce matin au réveil de paraître indifférent, de plaisanter de ton chagrin. Hadrianus eut des raisons de pleurer quand il perdit Antinoüs. Comme Achille devant Patrocle ou Alexandre avec Hephestion, il savait que jamais plus il ne pourrait serrer l'amant adoré dans ses bras, que jamais plu ils ne partageraient sur cette terre les merveilleux moments de cette communion unique qui vient avec la volupté d'aimer. Nous savons bien, nous, que nous allons nous revoir.

06 octobre 2012

Invitation

Une après-midi gourmande, un moment de paradis, de délices sensuelles et de joie parfaite, d'harmonie et de sublimé volupté, cela te dit ?

Pourquoi l'amour des garçons ?


Qui peut le dire ? Qui saura l'exprimer sans tomber dans les clichés attendus, les clichés freudiens, les aprioris ? Hadrianus ne saurait militer. Trop vulgaire pour un empereur ne trouvez-vous pas ? Ce qu'il peut dire avec certitude c'est que son instinct de mâle le poussa naturellement et sans crainte ni doute, sans la moindre hésitation vers les filles quand le désir commença de le titiller, aux prémices de l'adolescence. L'époque n'était pas très différente de celle de mes parents ou de leurs propres parents : coucher était notre obsession, c'était une certitude physiologique mais cela ne pouvait se faire en claquant des doigts. les filles que l'on côtoyait ne couchaient pas ou alors pas avec des petits gars de notre âge, les plus vieilles étaient intouchables (sauf en rêve). Il restait les prostituées (quelle histoire, surtout en province et à plus forte raison à la campagne !), les petites bonnes choisies souvent par le père pour leur consommation personnelle et les amies de la famille. Mais se faire dépuceler par une femme qui pourrait être notre mère et nous avait vu grandir, c'est quand même un peu difficile pour l'équilibre mental du juste pubère éclatant de désir... Bref, coucher n'était pas chose aisée. Je suis de ces enfants qu'on envoie en pension, dans des lieux chics et austères où se transmettent les valeurs de notre monde. Nous en sortions - ils en sortent encore - snobs et mélancoliques, adeptes contraints - douce contrainte - de l'onanisme et parfois riches de la découverte des moyens et des méthodes du plaisir vécues à plusieurs. comme cela se faisait avec nos semblables, nos clones, nos images en tout point ou presque semblables à ce que nous étions, c'était un délice narcissique avant tout qui s'accomplissait dans le secret des chambrées ou des douches... Cela n'allait guère loin, depuis les séances de touche-pipi ou tremblotants nous nous donnions mutuellement du plaisir sans vivre le plaisir ensemble en regardant des photos de femmes nues jusqu'aux corps-à-corps voluptueux qui commençaient toujours par d'innocents frottements de mâles en train de jouer. La nudité des corps, le contact des muscles lisses, des chairs fermes et jeunes, toutes ces formes pareilles aux nôtres mais différentes en même temps éveillèrent certainement un désir pour les garçons chez la plupart d'entre nous... Pour ma part je sais bien,aujourd'hui que je ne trouve plus le plaisir que dans un échange avec des gens du même sexe que moi, que je n'ai jamais trouvé autant de bonheur, autant de joie, autant de satisfaction qu'en faisant l'amour à un garçon, à mon alter ego. Aucune femme ne m'a donné autant de plaisir que les garçons. Alors avec l'usage, l'attirance s'est faite permanente et naturelle. La vraie volupté pour moi est désormais dans l'acte d'amour avec mon semblable. C'est aussi pour cela que je ne suis pas attiré par les gens plus âgés que moi.

05 octobre 2012

Les délicieux moments de la vie

Deux amis parisiens sont restés quelques jours chez nous. Une aubaine finalement quand on vient à New York de pouvoir être loger sans avoir à passer par les hôtels, locations d'appartements ou auberges de jeunesse ! C'est toujours un plaisir de laisser se troubler l'ordinaire de nos jours, sa routine et ses rites quand viennent ainsi des gens souvent absents de nos vies depuis trop longtemps. On est heureux quand ils arrivent mais on est heureux aussi quand ils partent. Tout peut alors reprendre le même rythme. Et puis quand j'ai des visiteurs, je joue avec eux au touriste. Si je connais bien, depuis tant d'années, les méandres de Big Apple, j'ai toujours beaucoup de plaisir à me promener dans des lieux que je fréquente peu d'ordinaire. Ce fut une semaine bien remplie et nos hôtes furent heureux de leurs découvertes comme je l'ai été de nos soirées tranquilles (il y en a eu quelques unes) à la maison, passées à parler de notre jeunesse étudiante en France. Cela parait tellement loin.

02 octobre 2012

Le plaisir

Cette planche détaillée si elle nous a tout d'abord bien amusé, me fait frémir finalement. Comme si les choses de l'amour, la volupté qui suit et réalise le désir devenaient une simple gestuelle automatique et obligée. Exactement comme les rites et les méthodes employées dans les films pornographiques parce que directement accessibles à des cerveaux goulus mais en manque et parce que plus cinégéniques, et que des tas de garçons pensent être les seules façons de faire l'amour. L'amour, le sexe, c'est l'imaginaire, le naturel, l'instinct, parfois la maladresse. Ce n'est pas une technique éprouvée pour laquelle on s'entraîne. La performance n'est pas dans la durée d'une érection ou la quantité de sperme giclé mais dans le plaisir donné et le plaisir reçu, le contentement de deux êtres qui s'aiment avant, pendant et après l'acte lui-même, après ces quelques secondes d'orgasme que l'amour rend toujours plus fort et plus puissant...

01 octobre 2012

Anthologie palatine

Cypris nous fait brûler pour le désir des filles,
Mais l'Amour nous apprend le désir des garçons.
Vers la mère ou l'enfant, vers qui mes pleurs iront ?
Ma foi, c'est de Cypris que vous tiendrez l'aveu
Que le plus fort sera l'enfant audacieux.
(Méléagre)

Vie tranquille

J'aime les dimanches !

30 septembre 2012


Dimanche matin avec toi

Réveillé par le chien, je ne bouge pas pour ne pas te réveiller à mon tour. Tu souris un peu en dormant. Ta tête posée sur l'oreiller est couronnée par tes boucles claires. J'aime la couleur de ta peau encore bronzée par les heures passées sous le soleil. Tu respires doucement. tu es loin dans tes rêves. J'ai envie de te caresser, de t'embrasser, de sentir sous mes doigts la douceur de ta peau, le fin duvet blond qui recouvre tes joues. J'aime ta nudité, ton abandon. Toi si musclé, si fort, tu as l'air tellement vulnérable, là tout contre moi. C'est dimanche, il fait bon dans notre chambre. bientôt nous allons nous lever et nous disposerons de toutes ces longues heures pour nous seuls... Je pense au poète d'Alexandrie : "Par instants, la beauté de ses vingt-neuf ans si éprouvés par la volupté rappelait paradoxalement un adolescent qui, pour la première fois, abandonne avec quelque gaucherie son corps pur à l'amour"(*) 

(*) : Constantin Cavafy

Ces garçons que l'on croise



28 septembre 2012

Faut que ça rentre !

Il faut vraiment aimer le sport pour accepter de se faire engueuler par un coach hystérique. Moi je lui balancerai mon casque à la figure et je quitterai le terrain et l'équipe. Suis trop indépendant pour supporter la tension d'un entraînement à la mode yankee. J'aime le sport mais pas en équipe. c'est pourquoi je préfère depuis toujours le tennis, la voile, le surf et la natation. Le ski aussi me convient. on peut le pratiquer à plusieurs mais on a tout loisir aussi d'en faire seul. Quant à la compétition, dans tous les domaines le mot lui-même aussitôt prononcé me hérisse les poils !

27 septembre 2012

Jeunes hommes... chiots ou chatons ?

Les américains qui ont un petit copain plus jeune parlent de leur puppy boy. L'image du jeune chiot ébouriffé et tout fou peut en effet représenter les adolescents entre seize et vingt ans, voire un peu plus qui aiment les garçons de leur âge ou le plus souvent, les hommes jeunes mais plus âgés qu'eux. Moi, quand je vois un bel éphèbe encore à mi-chemin entre les douceurs d'une enfance qui se termine et la vigueur de l'âge viril, je pense plutôt aux chatons. Kitten boy me parle davantage. ils sont joueurs et charmeurs, languides et voluptueux, excités et parfois un peu poussifs, mal dégrossis mais déjà remplis de leur personnalité d'homme, la musculature vive et les sens toujours en éveil. Ils sont innocents et pervers, mais sans calcul ni méchanceté. ils aiment totalement dans un absolu émouvant et savent rendre toutes les joies et les voluptés qu'on leur apporte.
Nos maîtres les grecs avaient compris que pour fabriquer des hommes virils et solides, il fallait un contact fort et rude avec leurs aînés. La pédérastie n'avait rien de malsain ni de pervers, de grands chercheurs l'ont écrit mieux que moi. En dépit des tentatives de certaines idéologies d'en faire une tare et un danger moral, la découverte du plaisir, la comparaison de son corps avec celui d'un aîné, l'amour pour la beauté et pour l'exercice, bâtissaient des âmes solides dans des corps magnifiques/ Quand les poils remplaçaient le doux duvet de miel sur les jambes et les fesses des garçons, c’en était fini des amours fraternelles, des amitiés particulières encouragées par les pédagogues et par l’État. Les armées étaient souvent plus victorieuses quand les soldats se battaient aux côtés de leur amant. Le désir de se protéger mutuellement et la rage de venger ceux qui étaient tombés rendirent Sparte longtemps invaincue ! 

Notre époque hypocrite et prude pourchasse ces amours tenues secrètes entre de très jeunes gens pubères depuis peu, encore surpris parfois de ce plaisir qui éclate parfois la nuit à leur insu, et des hommes, faits et informés qui aiment avec passion ces êtres parfaits que la vie et le temps n'ont pas encore abimé. Cela fait peur. Bien sûr hélas, parmi ces amoureux de la beauté des garçons se faufile parfois - trop souvent - de sales pervers malsains qui ne ressentent qu'un désir vil et malpropre, des êtres malades pour qui le jeune, fille ou garçon, n'est qu'un prétexte pour assouvir fantasmes et délires? nul amour chez les pédophiles pour qui la violence et le vice sont mêlés. Trop de journaux sont remplis de terribles faits divers.  On assimile ainsi à ces tordus tous ceux qui préfèrent la jeune musculature et les peaux lisses, les joues imberbes des jeunes garçons, ceux qui sont sensibles à cette vénusté dont parle Gabriel Matzneff et que de très grands poètes de l'Antiquité à nos jours, n'ont jamais cessé de célébrer. Mais remettons les choses dans leur contexte. l'amour qu'un athlète de vingt ou trente ans portait à une jeune éphèbe de quatorze ou quinze ans avait pour décor la Grèce d'il y a deux mille ans et plus. On était pubère vers onze ou douze ans, soldat à quatorze, marié et père de famille vers dix sept ou dix huit ans et à quarante ans l'homme était un sage respecté parmi les anciens. Les plus vieux dépassaient parfois la cinquantaine. Leur barbe était blanche et leurs traits acérés par l'expérience et la vie ressemblaient à ceux des vieillards centenaires d'aujourd'hui. Quand dans un célèbre texte, le poète Straton de Sardes ? - célèbre les garçons, ceux qu'il décrit auraient aujourd'hui à chaque fois deux ou trois ans de plus : 
J'aime la fraîcheur de l'enfant de douze ans ;
mais celui de treize ans est beaucoup plus désirable.
Plus douce encore est la fleur d'amour
qui s'épanouit à quatorze ans,
et de plus en plus charmante celle de la quinzième année.
Seize ans, c'est l'âge divin.
Dix-sept ans, je n'oserais y prétendre : Zeus seul y a droit.

L'âge venant, ils se mariaient pour donner à la Cité des enfants pour la servir, la défendre et la gouverner. Ce sujet m'est venu en écoutant des amis bavarder hier soir, alors que nous fêtions l'anniversaire de notre ami Ernst, jeune tchèque installé à New York depuis deux ans et qui travaille dans une des galeries d'art dont je suis un (modeste) client. Il vient d'avoir vingt-neuf ans mais sa barbe blonde le vieillit un peu. C'est lui qui a parlé des puppies. Son ami est encore au collège et n'avait pas dix huit ans quand ils devinrent amants. Il fait très jeune. Je le connais un peu. Il est beau. Au début, quand Ernst est arrivé, il n'avait pas encore trouvé d'appartement. Il logea donc chez nous, et bien vite son copain vint le retrouver. Parfois ils se disputent et se quittent en colère, mais bien vite leur réconciliation est éclatante. Ces deux-là s'aiment vraiment. qui dira encore qu'un adolescent ne peut pas aimer d'amour, solide et véritable, un autre garçon, même plus âgé.

Le couple que je forme avec mon ami dure depuis presque huit ans maintenant et ni lui ni moi ne songeons à le faire éclater. Nous sommes bien ensemble et la vie se passe bien. Il y a quelque fois des tensions, des portes qui claquent mais aussi - délices - des retrouvailles et des pardons bien doux. Point besoin de matrimoine, d'union officielle. Pourquoi vouloir singer le mariage ? Mes lecteurs savent mon conservatisme à ce sujet. On peut vivre en couple, être heureux et le faire savoir sans avoir envie de se passer une alliance au doigt. Jamais nous n'avons envisagé d'avoir un enfant. Il ne serait forcément que celui de l'un d'entre nous puisque nous ne le ferions pas ensemble comme la nature a voulu qu'un homme et une femme puisse le faire. Mais ne nous aventurons pas sur ce terrain polémique. Je respecte l'opinion des autres et tiens à ce qu'on respecte la mienne. Et elle n'est pas tendre pour la gay pride et les mouvements transgenre et autres décadences de fin de civilisation. Si un jour le désir d'enfant se fait prégnant, j'épouserai une femme et nous serons père et mère. Ce n'est pas seulement sociologique ou social, c'est naturel et constitutif de l'espèce humaine.  Aimer les garçons, avoir fait le choix de vivre avec l'un d'entre eux et vouloir passer le reste de ma vie avec lui ne change rien à cette certitude.




26 septembre 2012

24 septembre 2012

Un autre matin

Sortir le chien. Aller chez Zabar's pour le repas de crémaillère. Retrouver les verres qu'on a pourtant emballé avant hier seulement. Le chat a trouvé son nouveau point d'observation favori. Il s'installe sur le rebord du secrétaire dans le salon. situé près d'une fenêtre, c'est parfait pour lui. Bonne nuit. L'appartement à pratiquement la même configuration. La chambre d'amis et mon bureau sont un peu plus vastes. Je vais pouvoir mettre un divan dans le bureau. Celui acheté en mai dernier, recouvert d'un velours rouge foncé comme un fauteuil de théâtre ira bien sous les livres, face à la cheminée. Elle est en marbre gris. c'est assez élégant. Très european style. La salle de bain devra être repeinte, nous n'aimons pas vraiment la couleur. Un détail. Je recommence à travailler la semaine prochaine. mercredi. En attendant, nous passons notre temps à accrocher les tableaux, ranger les livres sur les rayonnages. Le temps passe trop vite. déjà un autre matin... C'est bien.