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30 décembre 2012

Vous connaissez sûrement Paolo Nutini



Cet écossais est un grand. Il n'a que 25 ans et chante depuis pas mal d'années déjà. Bourré de talent ce type et joli avec ça. Un poète qui raconte de belles histoires dans ses chansons, de belles histoires comme celle-ci qu'il a écrit à 19 ans, en 2006. Il me rappelle le regretté et génial Ano Birkin.

Cross the border into the big bad world
where it takes you 'bout an hour just to cross the road
just to stumble across another poor old soul from
the dreary old lanes to the high-street madness
I fight with my brain to believe my eyes
and it's harder than you think to believe this sadness
that creeps up my spine and haunts me through the night
and life is good and the girls are gorgeuos
suddenly the air smells much greener now
and I'm wondering 'round with a half pack of cigarettes
searching for the change that I've lost somehow

These streets have too many names for me
I'm used to Glenfield road and spending my time down in Orchy
I'll get used to this eventually
I know, I know

where'd the days go? When all we did was play
And the stress that we were under wasn't stress at all
just a run and a jump into a harmless fall from
walking by a high-rise to a landmark square
you see millions of people with millions of cares
And I struggle to the train to make my way home
I look at the people as they sit there alone

Life is good, and the sun is shining
Everybody flirts to their ideal place
And the children all smile as a boat shuffles by them
Trying to pretend that they've got some space

These streets have too many names for me
I'm used to Glenfield road and spending my time down in Orchy
I'll get used to this eventually
I know, I know

Matt Doyle et Wesley Taylor : Are You There


Bare The Musical : Being who you are is OK !

David et moi sommes allés voir Au New World Stages sur la la nouvelle comédie musicale (une reprise revue et corrigée en fait), Bare the Musical. J'avoue que j'y allais un peu à reculons. Une histoire d'amour entre adolescents dans une high school catholique, le tout sur fond de musique rock... je n'étais pas vraiment chaud. Mais le spectacle m'a emballé. Totalement convaincu par le jeu des acteurs - les deux principaux rôles sont sublimes - et l'ensemble du cast vraiment vraiment au top. Il faut dire que nous étions bien placé (au 5e rang). Belle histoire, mise en scène parfaire, jeu des acteurs très vrai, très émouvant. Jason Hite et Taylor Trensch sont superbes. Tout le monde connait la très belle chanson "If You Were There" qui a souvent été reprise. Bare est une belle histoire d'amour tout à fait d'actualité. L'impossibilité pour certains de vivre l'amour qu'ils ressentent au plus profond de leur coeur, de toute leur âme, parce que la société, leur éducation, les autres, leur apparaissent comme autant d'obstacles qui empêchent la révélation au grand jour de leur amour. Une belle illustration au débat de société qui occupe la France en ce moment. Ici aussi on chuchote et on bouge. L'amendement californien qui revient sur les acquis de la communauté homosexuelle fait du bruit, le mouvement NO H8 se répand et reçoit le soutien de nombreux artistes et personnalités dans tout le pays. Pourtant je continue de m'interroger. N'est-ce pas un phénomène de mode qui pousse les plus jeunes d'entre nous à vouloir à tout prix révéler au monde entier leur inclination sexuelle ? Qu'on lutte contre la violence de l'homophobie latente dans notre monde est une chose, que chacun soit laissé libre de ses choix et de ses inclinations sans que cela nous regarde c'est fondamental et il est impensable qu'il en soit autrement. Mais le coming-out est-il obligatoire ? Est-on anormal quand on ne ressent pas le besoin de dire à voix haute et à tous ce qu'on est et ce qu'on vit ? L'amour, le sexe, nos désirs et nos répulsions, tout cela n'appartient qu'à nous. En quoi les autres, la famille, les amis, les voisins, ont-ils besoin de savoir avec qui et comment on couche ? Mais revenons au spectacle. C'est émouvant, bien enlevé, rapide et puissant. Nous avons passé un très bon moment. Je connaissais une version du spectacle qu'un ami nous avait vanté. Il l'avait vu à Indianapolis il y a trois ou quatre ans, dans une mise en scène très épurée avec des acteurs au top. ceux de la reprise du New World Stages sont très bons aussi et très émouvants.

29 décembre 2012

Un nouvel Antinoüs

Rien ne remplacera jamais l'original, le premier et l'ultime, le Prince de mes nuits, le maître de mon cœur mais cet enfant, si pur mais homme déjà me laisse un goût délicieux aux lèvres. Son corps s'est lové tout entier dans la bienfaisante volupté qui gonfla ses lèvres et fit briller son regard si clair. L'empereur repu d'un bonheur ineffable a contemplé longtemps l'adolescent endormi, somptueux demi-dieu qui repose, lascif encore, à côté de lui...

28 décembre 2012

D'une incroyable beauté

Ce regard si bleu qui fait chavirer même les moins sensibles, ceux qui se targuent d'une pompeuse indifférence à l'égard de la beauté des garçons, cadeau des dieux...

26 décembre 2012

Vacances de Noël

 Le temps des vacances... Souhaiter comme les enfants que Noël dure chaque jour de l'année... Temps maussade et fatigue. trop de stress, trop de soucis professionnels. Pas assez de temps... Lâcher prise... New York pour la première fois me fatigue mentalement et physiquement. Je rêve d'une maison enfouie dans la neige, loin de toute grande ville. Un hameau à proximité, une épicerie comme on en voit encore par ici, dans les comtés les plus retirés. Une de ces boutiques où on trouve de tout. Autour de la maison, des prés, la forêt. A l'horizon, de hautes montagnes enneigées. le silence de la nature. Des animaux sauvages. Un lac. Et toi, toi seul avec moi, avec moi seul. Personne d'autre que le chien. La nature vraie, le silence. Toi et moi. Une cheminée où crépite le feu. La cuisine aux lambris de bois clair. L'odeur du café et du bacon. La chambre avec un grand lit très haut, très large, rempli de coussins. La chaleur dans la pièce. Nous deux, ensemble. Sans horaire, sans obligation. Les vacances. Lectures, balades, siestes, confitures et bons petits plats...
Mais la grosse pomme hante encore nos journées. Tu as ce mémo à rédiger qui doit parvenir sur le bureau de ton professeur avant Noël. Je dois finir deux ou trois dossiers compliqués. Il faut amener Brinkley chez le vétérinaire pour ses yeux. Je dois me rendre chez l'ophtalmo pour vérifier ma vue. il y a ce dîner au consulat... Dans quelques jours nous partirons. Ce ne sera pas le Montana, mais la campagne tout de même. Certains préfèrent le Mexique ou Cuba. Moi j'ai besoin de froid, de la douce chaleur d'une maison au milieu des bois. De la tranquillité. Du silence. pas de télévision. Des livres, de la musique, et la nature, la nature.

24 décembre 2012

Have Yourself A Merry Little Christmas !

Avec Patrick Tanner, ma découverte de ces dernières semaines, je voulais vous souhaiter à tous un Joyeux Noël :

23 décembre 2012

Endangered Tories lead the Summer List

Il y a des coups de cœur, des découvertes parfois sur le net. Red Mug, Blue Linen fait partie de mes favoris permanents. Une distinction, un raffinement, une grande sobriété, beaucoup de culture et une simplicité sans affectation. Tout ce que j'aime et qui caractérise l'efficience dans un monde d'efficacité. L'aristocratie du goût parmi la grande vulgarité ambiante. Un grand bol d'oxygène délicatement parfumé aux senteurs de Penhaligon ou de Lubin... Parmi mes bonheurs de lecture, ce billet paru en août 2012, que j'ai eu envie de vous faire connaître (mais nombre de mes fidèles connaissent bien mieux que moi cet excellent site) : "endangered tories lead summer list"

22 décembre 2012

One direction : Ne sont-ils pas sympathiques ?

"Et appétissants" vont rajouter certains. Bon leur pose sur le cliché n'est pas des plus naturelles, mais leur extrême jeunesse pas encore pourrie par leur nouvelle (et énorme) fortune, les abus, l'alcool, la drogue et le sexe, les rend agréables à voir. Ils gardent un peu de candeur et un semblant d'innocence. Ce sont des bébés même si leurs corps sont ceux de jeunes adultes édulcorés à la gonflette. Tiens, l'un d'eux est totalement imberbe, même là où ce n'est pas très naturel... Il y en a pour tous les goûts et pour que tout ado se reconnaisse. Belle opération de marketing. Mais en plus d'être jolis, bien foutus (au vu du titre on peut se poser la question pour ce qui est des atouts dont la nature les a dotés ! Héhé !), ils chantent bien et apportent joie et bonne humeur à la jeunesse du monde. Lequel (ou lesquels) sont homos ? Dans mon adolescence, nous avions "Partenaire Particulier"...

17 décembre 2012

Bromance, un joli mot pour une belle idée

Bromance, un terme né de l'imagination d'un romancier et qui est la contraction de brother et de romance. Signification ? cet amour incommensurable, exclusif, fort et viril qui unit deux ou plusieurs hommes, les rapproche dans une intimité qui pourrait sembler trouble mais qui n'a aucune connotation homosexuelle, sans refoulement ni mensonge. Pris très au sérieux par les anglo-saxons, cette amitié amoureuse se retrouve dans les teams sportifs, dans les groupes musicaux, les partenaires de théâtre ou de cinéma. C'est beau et réjouissant à voir, leur affection crève les yeux, ils vivent ensemble, dorment ensemble, mais ils ne baisent pas ensemble et puis même s'ils le faisaient... Quelle importance ! Les plus célèbres bromances d'aujourd'hui : les gars de One direction, tous très liés, ensemble et deux par deux. Ils ont leurs petites amies, mais ont tissé des liens tellement forts et intimes entre eux que cela pourrait surprendre. Ils se touchent, s'embrassent, partagent souvent le même lit, prennent leur douche ensemble, mais ne sont pas homos. Quand on vous dit que le monde change. ou plutôt il redevient ce qu'il fut autrefois, au temps du bataillon des amis, au temps des gymnases et des éphèbes. 



16 décembre 2012

Vintage... Tony Patrioli


Ces images retrouvées au hasard de mes pérégrinations chez les bouquinistes new-yorkais ont été une étape dans ma vie. Réalisées par un photographe italien (Tony Patrioli ) elles datent de la fin des années 70. Je me souviens les avoir découvertes chez... notre coiffeur, un homme d'un certain âge chez qui mon père m'amenait à Lesparre... Le coiffeur les utilisait comme modèles pour ses coiffures. C'est du moins ce qu'il disait quand le magazine trainait sur le comptoir... Je ne sais comment j'ai pu feuilleter la revue sans me sentir la proie de tous les regards. Je devais avoir à peine douze ou treize ans et s'il n'y avait que peu de nudité, les garçons qui posaient me firent une drôle de sensation. Un truc inconnu qui me chatouillait l'entre-jambe. J'avais déjà ressenti une tension nouvelle au contact des filles quand aux fêtes 'anniversaire il nous arrivait de danser des slows mais là, c'était autre chose. Un truc bien plus fort, bien plus évident. Il m'a fallu des années pour comprendre mon attirance pour le corps des garçons et des années supplémentaires pour oser jouir de ce goût et partager avec des corps semblables au mien ces jouissances secrètes qui m'ont fait celui que je suis aujourd'hui...

13 décembre 2012

Day of Our Lives, vous connaissez ?

Très bel épisode où Will et Sonny... C'est romantique, hot, très cool, esthétique et bien joué pour un soap opéra dont on a fêté ici il y a peu le 10.000 ème épisode. je ne sais pas si la série a été distribuée en France. Elle l'est au canada et ailleurs dans le monde. Quand j'écoute ce que les deux garçons se disent après l'amour, ces paroles susurrées, ces sourires heureux, je pense à ma vie avec toi, à nos jours, à nos vies depuis que nous avons décidé de cheminer ensemble...

12 décembre 2012

Instantané from Brooklyn

Jingle Bells Rock by Patrick Tanner

Un beau gars, une belle voix pour se mettre dans l'ambiance de Noël qui approche à grands pas ! Si ce n'était cette horrible mode des cheveux en avant, ce Patrick tanner serait à inscrire au panthéon des jolis mecs qui papillonnent sur le net et dans les médias avec une voix à vous faire tourner la tête, une bouche qui attire les baisers et de jolis yeux plein de rêves. J'aime beaucoup le rouquin Tanner, vous l'aurez deviné ! Surtout quand il n'est accompagné que de sa guitare. Pas de fioriture, juste sa voix et sa personnalité.

09 décembre 2012

Chet Baker I Get Along Without You Very Well




Pour toi, cette voix incroyable que nous écoutons tellement souvent, celle du jeune Chet Baker. Cette musique est pour moi totalement liée à New York, à nous deux, à tout ce que je vis ici depuis toutes ces années. Mélancolie du dimanche soir. Demain la vie du dehors va nous reprendre mais ce temps hebdomadaire dont nous profitons ensemble au maximum nous regonfle à bloc et hauts les cœurs, nous voilà prêts à affronter la vie et une longue semaine de séparation...

Juvénile perfection

08 décembre 2012

Everyday love in everyday life

 
Combien ordinaire peut être notre vie aux yeux des autres. Tout le monde ne vit pas dans une superproduction hollywoodienne en cinémascope comme on disait avant. Chacun de nos jours est pareil à celui d'avant et à celui qui vient. Pourtant, même aux heures les plus communes, résonne une petite musique joyeuse. Les rites et les habitudes, les obligations et les manies qui meublent nos heures sont étayées par une lumière ineffable. Celle de l'amour que nous nous portons. Tant pis pour les rigolards qui se gausseront. "Regardez-les se vautrer dans le bonheur, ils sont tout ce qu'on peut désirer, ils sont jeunes encore, ils sont beaux, ils sont riches et en bonne santé." Oui certes, la jeunesse n'est pas encore trop éloignée mais pourtant déjà les premiers signes d'un autre âge se font voir, subrepticement , à l'improviste comme ce jeune gars de quinze ou seize ans tout à l'heure dans la rue qui m'a parlé en me disant "Excuse me, sir", là ou il y a quelques années il aurait lancé un "sorry dude"... Oui certes la beauté que donne une vie saine, des activités sportives et un esprit apaisé. Riches ? Si gagner bien sa vie, venir d'un milieu où à force de travail et d'idées on a bâti un patrimoine qui s'étend, oui nous le sommes. Mais plus que tout ce qui est important et qui rend ces jours si limpides et heureux, c'est cette affection profonde, irréfléchie, vraie, ancienne, nourrie chaque jour et chaque nuit de ce lien merveilleux qui nous fait être un tout en demeurant nous-même. Je suis heureux avec toi et je te sais heureux avec moi. La vie s'écoule paisiblement et c'est bien.

Et puis il y a nos corps qui se sont rapprochés il y a longtemps déjà, par un hasard ou par la providence. Ton regard qui plongea dans le mien. Ton sourire timide puis ce geste que tu as eu, détournant subitement tes yeux, poussant ta tête en arrière, avec ta mèche qui est tombée sur ton front. ton geste de la main pour remettre ta chevelure en place et de nouveau ton regard. Comme pour t'assurer que le mien était toujours posé sur toi. Ta main qui tremblait un peu quand nous nous sommes retrouvés dans le couloir en partant. Le passage était si étroit que nous nos corps se frôlaient. Une grande électricité soudain s'est emparée de mon épiderme puis du tien et nous nous sommes embrassés. C'est main dans la main que nous sommes sortis. Et cette ébauche de lutte amoureuse dans l'ascenseur. Ta respiration devenue rauque. Ton sexe dur contre ma hanche. Puis tu m'as raccompagné jusqu'à ma voiture. Nous ne nous sommes plus revus pendant dix jours. Cette tension merveilleuse qui croissait entre nous et qu'il a fallu interrompre soudain. L'envie d'aller plus loin, la peur d'aller trop vite et de rompre le charme...
 

Tu reprenais tes cours, j'avais une mission à Chicago. Ton message sur le répondeur quand je suis rentré. Mon émotion lorsque j'ai entendu ta voix dans la petite boîte grise. Puis quelques jours de patience et d'angoisse, et soudain, un soir, le coup de sonnette. Ta présence dans l'encadrure de la porte quand j'ai ouvert. Ton beau visage radieux, ce sourire merveilleux qui habite mon âme, ton regard hésitant. Tu t'es jeté sur moi, cherchant ma bouche avec la tienne, sans me laisser le temps de fermer la porte. L'odeur de ta peau, le chatouillis de tes cils contre mon cou, ma main dans tes cheveux. Nos deux corps soudés.Tu n'es jamais plus reparti... 

Je ne souhaite plus compter les jours, les mois, les années que nous avons passé ensemble. Ce ne sont que des moments de joie, de tendresse, de délire, de rire et de bonheur tranquille. Nos familles surprises au premier abord, dubitatives aussi. Un jeune étudiant, athlète, l'un des plus populaires de son université et un français un peu plus âgé, qui ne resterait pas car les français ne restent jamais longtemps en Amérique, ensemble, fous amoureux l'un de l'autre, épanouis, sains, heureux... Une image de rêve pour un film publicitaire des années d'après-guerre. Non pas, finalement. Ils en conviennent tous aujourd'hui. Cela dure toujours et seule la mort nous séparera, mais aux yeux du monde seulement. Nous aurons l'éternité pour nous, j'en suis convaincu. Et pour cela, Toi, mon age, mon frère, mon ami, ma lumière, je te dis merci.
 

02 décembre 2012

Sunday, my favourite day

Thanksgiving is over, Christmas se prépare. En attendant, c'est aujourd'hui dimanche.Le premier dimanche de l'Avent. Pas grand chose de prévu. Promener le chien, faire une tarte aux pommes, bouquiner et nous aimer. Le programme commun d'une vie commune. En fonds sonore

25 novembre 2012

Simplement

Why do we have to “come out”?  Why can’t I just tell people I am dating a guy and just have them be happy for me regardless of their sex.

21 novembre 2012

Things that gays like (1)

Do you know Daniel Sloss and his penis ?

From Vera's Big Gay Blog.
Les francophones ne le connaissent peut-être pas, cet humoriste anglo-saxon déborde d'énergie et de charme. Le voici dans un inénarrable show sur la gay attitude. Drôle, et séduisant. parfois border-line, mais jamais de mauvais goût. Trop cute pour en être capable. Il a ses détracteurs mais bien davantage de fans ! A vos commentaires.

Un morceau de paradis

Petit cadeau aux lecteurs d'Hadrianus. Un morceau de paradis vraiment ce concerto n°21 de Mozart. Le génial salzbourgeois n'est pas mon musicien favori mais combien ce concerto est splendide. Surtout l'andante, cet air plein de nostalgie et de douceur. les cinéphiles se souviendront qu'il illustre à merveille les plus beaux moments du film de Comencini, "L'incompris".

Aimons-nous sans cesse

"Il est venu pour lire. Deux ou trois volumes sont entrouverts, des historiens, des poètes. Mais à peine a-t-il lu pendant une dizaine de minutes, puis il y a renoncé. Il somnole sur le canapé. Il se consacre entièrement aux lettres, mais il a vingt-trois ans, et il est très beau. Et, cet après-midi, l'amour a passé sur son corps parfait, sur ses lèvres. La passion a pris possession de cette chair tout imprégnée de beauté, sans inepte pudeur quant au genre de jouissance." J'aime quand tu récites ce poème de Cavafy que tu connais par coeur et qui rappelle si bien cette première fois où nos regards se sont croisés. Nous avons su l'un et l'autre aussitôt quelle était notre désir. J'aime ton accent américain quand tu récites en français la prose du grec d'Alexandrie. Ce jour-là quand nous sommes sortis de la bibliothèque tu me parlais de Versailles, de la galerie des glaces qui t'avais fasciné, tu me disais aussi un peu tremblant que tu étais intéressé par les filles seulement. Pourtant c'est toi qui le premier m'a tendu la main et c'est dans l'ascenseur qui montait jusqu'à mon petit appartement d'alors que nos lèvres pour la première fois se sont jointes avant que nos corps s'unissent et nos cœurs avec eux.

Quand d'un passé rien ne subsiste...

Ce texte de Proust me revient toujours en mémoire quand je vois les beaux portraits d'Antinoüs. Il est associé dans mon cœur au poème d'Hadrien et fait jaillir en moi la mémoire de garçons que j'ai aimé et qui sont sortis de ma vie, mais aussi d'êtres disparus... : "Mais, quand d'un passé ancien rien ne subsiste, après la mort des êtres, après la destruction des choses, seules,plus frêles mais plus vivaces, plus immatérielles, plus persistantes, plus fidèles, l'odeur et la saveur restent encore longtemps, comme des âmes, à se rappeler, à attendre, à espérer, sur la ruine de tout le reste, à porter sans fléchir, sur leur gouttelette presque impalpable, l'édifice immense du souvenir."
Marcel Proust

19 novembre 2012

Réminiscences

Dédié à Kynseker .


Le dimanche est souvent un jour où on se laisse aller au gré de sa paresse, sans contrainte ni obligation sociale. J'étais en train de lire dans mon lit, seul. David et Marc étaient sortis promener le chien. Une tasse de thé brûlant sur la table à côté, deux ou trois revues, des livres, une BD de Tintin trouvée chez le bouquiniste près de la maison. J'avais envie de musique et j'ai allumé la radio au hasard. Une station classique.Le son à peine monté, une musique sublime se répandait dans la pièce. Une voix de femme chantait en allemand. Une cantate de Telemann. une voix connue. Je cherchais au fond de ma mémoire. Teresa Stich-Randall, et la cantate "Machet die tore weit". Et les murs de ma chambre, cet appartement à New York, la ville elle-même, tout disparut. Je me suis soudain retrouvé des années en arrière. C'était à Londres. je devais avoir dix sept ans à peine. Je passais beaucoup de temps cette année-là avec un jeune français de mon âge, fils de consul de je ne sais plus quel pays qui était venu comme moi parfaire sa pratique de l'anglais dans une de ces écoles pour jeunes nantis français. On s'y ennuyait beaucoup, parfois on s'amusait. beaucoup s'affranchissaient pour la première fois des parents et notre liberté était totale durant un long mois. Olivier m'avait plu tout de suite, dès l'embarquement à bord du ferry qui nous amenait à Douvres. nous avions vite sympathisé. Il était drôle, plein d'aplomb et son sourire me fit fondre. Je n'étais pas particulièrement attiré par les garçons en ce temps-là, bien que sensible à leur beauté. Je ne la remarquai vraiment que par comparaison à la mienne. L'âge manque d'assurance et un rien peut démonter le sentiment de fierté que nos jambes musclées, nos torses lisses et vivifiés par de nombreuses heures d'activité sportive. Regarder l'autre, c'était se comparer à lui, l'affronter virtuellement, mesure notre corps au sien. Lui m'avait plu aussitôt. Bref nous étions devenus amis. Nous allions souvent nous promener ensemble laissant les autres que nous trouvions assommants et bêtes. Il m'attira au Victoria & Albert Museum, à la National Galery, dans plein d'autres lieux où nous nous gavions d'art et de beauté. Mais l'endroit où nous préférions nous rendre, c'était à Kenwood House, sur les hauteurs de Hampstead, non loin de là où se trouvait notre école et où nous vivions. Les cours avaient lieu le matin et les après-midis nous appartenaient. nous étions censés monter à cheval ou jouer au tennis. Nous y allions parfois, mais cela avait trop un air familier et notre séjour à Londres loin de nos familles, nous le voulions unique, différente et ardent. Un après-midi, je me souviens du temps merveilleux qui régnait sur l'Angleterre. les oiseaux chantaient dans les arbres et l'air embaumait comme à la campagne. Olivier était venu me chercher pour aller chez lui. Nous nous retrouvions  souvent dans sa chambre, plus grande que la mienne. il logeait chez un vieux couple dont le fils était militaire en Allemagne. Olivier occupait sa chambre. Il pouvait se servir de l'électrophone du jeune officier absent et nous adorions ses disques. C'est là que j'ai découvert Tallis, Purcell, et tant d'autres musiques que je n'avais pas encore l'habitude d'écouter chez moi, accompagnant peu mes parents aux concerts. Ce jour-là donc que je revois clairement aussi bien que résonnait la voix de Teresa Stich-Randall tout à l'heure, Olivier avait mis un vieux disque de cantates de Telemann. La magie de la musique, la douceur de l'air qui pénétrait par la fenêtre entrouverte, la lumière que voilait le store baissé, tout est resté dans ma mémoire. Je ne sais comment, par quel détour de la conversation, nous étions arrivés à parler d'amour et de plaisir. Olivier était plus expérimenté que moi. il connaissait déjà l'amour pour l'avoir expérimenté quelques fois. je me contentais de plaisirs solitaires où l'objet de mon désir variait selon des critères que j'aurai été bien en peine de définir. La voix magique enrobait nos propos d'un halo de sensualité et de paix qui nous gagnait peu à peu. Je ne sais comment, mais je me retrouvais couché sur le lit avec Olivier pratiquement sur moi en train de m'embrasser sur la bouche. Bien vite nos langues se mêlèrent et je goûtais pour la première fois à une volupté sans pareille. Nos vêtements s'éparpillèrent dans la chambre et nos deux corps se trouvèrent, deux épidermes lisses et fermes qui semblaient se fondre l'un contre l'autre. Notre plaisir éclata bien vite. Ce fut bien innocent, je ne savais rien encore des jeux et des gestes de l'amour sauf ceux que l'instinct m'avait dicté sur ce lit avec cette musique divine de Telemann. Olivier repu s'était étendu sur le dos. Nos flancs se touchaient. Je regardais au plafond les rayons de soleil qui se faufilaient à travers les bandeaux du store. Il avait un bras sous ma nuque et sa main caressait mon épaule. La musique s'arrêta. Nous sommes restés couchés ainsi, sans bouger, sentant les gouttes de notre semence glissait sur notre peau, écoutant les bruits du dehors, le chant des oiseaux, une moto, la tondeuse d'un voisin... Moment de plénitude heureuse. nos corps nus ne nous encombraient pas, nous ne ressentions aucune gêne, aucun regret non plus. Je me souviens qu'Olivier se haussa sur son coude en dégageant son bras et penché sur moi me regarda avec un sourire. Nous avons éclaté de rire. un rire de contentement et d'affirmation de soi. Nous n'avions pas eu peur. Nous étions des hommes et nous étions fiers de notre plaisir et de cette lutte de demi-dieux. Je me levais soudain pour remettre le disque. La musique de Telemann retentit à nouveau dans la chambre. Notre ardeur semblait vouloir se réveiller et nos sexes dressés nous entraîner vers de nouvelles joutes. Des bruits dans la cuisine nous forcèrent à descendre de notre nuage pour aller prendre le thé...