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01 janvier 2023

Comme deux jeunes faunes remplis d'amour

 
Quand je ferme les yeux, c'est ton ombre qui remplit mon regard. Diaphane comme hésitante, elle se précise au point que je sens ton odeur, j'entends le battement de ton coeur et le velouté de ta peau, cette chair mate, si douce dont le goût de vanille et de lilas éveille mes sens depuis notre première fois. Il y a si longtemps, nous avions à peine seize ans et l'été dans la montagne énervait nos sens. Je t'avais aperçu à la messe parmi les familles de vacanciers. Tu n'étais pas vraiment un étranger. pas plus que moi. Nos familles étaient liées depuis toujours à ce charmant petit village basque peu fréquenté par les touristes. Toi, parce que ta grand-mère qui avait longtemps vécu à Versailles s'était installée dans sa grande maison familiale sur la place, près de la mairie, et qu'elle réunissait chaque été tous ses petits-enfants. Moi, parce que nous possédions cette grande maison typique à côté du cimetière avec son grand jardin qui montait jusqu'aux bois. Nos familles se fréquentaient peu mais nous nous retrouvions sur le parvis le dimanche ou lors des parties de pelote, dans le gave aussi où nous avions les mêmes rites, les baignades, la pêche, les barrages que nous construisions et que le garde-champêtre nous obligeait à défaire pour ne pas troubler les habitudes des truites et des écrevisses qui s'y reproduisaient et risquaient de ne s'y plus retrouver. Cet été-là est gravé tout entier dans ma mémoire. 
 
 
L'image de ce garçon croisé par hasard sur Instagram pourrait être une photo de toi quand nous étions unis l'un à l'autre, le jour et parfois la nuit aussi. Tu as seulement des yeux plus beaux encore que ce garçon, deux perles de jade (ma mère t'appelait le garçon céladon) et cela nous agaçait. Mais on ne reprend pas ses parents, du moins on ne le faisait pas il y a trente ans. 
 
 
 
L'adulte que je suis devenu sait combien il doit à ces jours heureux - les derniers de l'enfance, les plus ardents de l'adolescence - et combien je te dois aussi... Tout après toi a toujours été coloré par la joie et le bonheur de vivre, d'aimer et de me savoir aimé. Aucun doute, aucun incident de vie n'a jamais ébranlé cette joie et ce bonheur. L'i=union de nos deux cœurs, celle ensuite de nos corps, les lettres échangées, les retrouvailles de plus en plus espacées par les contingences habituelles : les mutations de ton père officier, nos études... Et puis, un océan nous a séparé et nous ne nous sommes jamais plus revus, sauf à ton mariage et une fois, par hasard à Bordeaux. Je vivais déjà depuis quelques années aux États-Unis et venais de quitter l'université, diplômes en poche. Tu finissais cette grande école d'ingénieur en Belgique. Avec la joie des retrouvailles, remonta aussi le souvenir de ces moments d'extrême intimité où nos corps, avec nos âmes, étaient tendrement unis.
 

Je ne me permettrais pas de publier sur ce blog, même s'il y a peu de risques que quelqu'un nous reconnaisse, les photos que j'ai gardées de toi, de nous. Celle où nous baignions dans le gave avec d'autres garçons, nus comme des vers et riant aux éclats. Tu me tiens par le cou et moi par la taille. Nous sommes beaux, bronzés, bien fichus, sportifs et l'adolescence nous embellissait, ou plutôt le fait de passer le plus clair de nos vacances dans la nature, à nager, courir, jouer au tennis ou à la pala, nous faisait une adolescence saine et virile.

Cette autre image d'un jeune couple d'influenceurs très à la mode sur les réseaux sociaux américains, Nick et Pierre, un jeu d'ombre à la Cocteau qui montrerait deux jeunes faunes me parle aussi. C'était au château où tu étais venu passer un long week-end de Pâques. 

Nous avions dix-sept ou dix-huit ans et si notre amitié était connue et acceptée de tous, nos parents, proches après tous ces étés passés en voisins dans le même village basque, nous voyaient comme deux frères et nos siblings nous appelaient les "inséparables-drôles-de-zoziaux". Le deuxième soir, les adultes, invités je ne sais où, nous avaient laissé à la maison pour garder mes sœurs plus petites. Après dîner, les petits couchés, nous étions montés dans ma chambre. Notre désir s'était fait ardent toute la soirée et nous ne pensions qu'à nous retrouver dans mon lit. Nous avions un peu bu et fumé des cigares de mon grand-père... Je ne sais plus lequel de nous deux eut cette idée saugrenue de vouloir jouer à nous poursuivre et à cache-cache dans le château... C'est une vaste demeure, une de ces grosses maisons de campagne construites au milieu des vignes juste avant la Révolution, remplie de coins et de recoins, d'escaliers et de petites pièces cachées. Nous étions en chaussettes, tu ne portais qu'un slip moulant qui m'excitait, j'avais enfilé le bas de mon pyjama. On joua comme des gamins à glisser sur les dalles et les planchers cirés. Nous poursuivant à travers les couloirs et les pièces de réception du premier étage, nous avons parcouru dans toute la maison, en évitant de faire du bruit pour ne pas réveiller les filles ni attirer l'attention de Rosette et René, les deux vieux domestiques de la maison dont l'appartement donnait sur la grande cuisine.

Essoufflés, ivres de désir et d'alcool, nous avons fini par nous retrouver face à face dans le grand escalier, sur le palier du premier étage et jetés l'un contre l'autre, après un long baiser qui durcit nos sexes et nous laissèrent haletants, ton slip et mon pyjama volèrent par-dessus la balustrade pour atterrir aux pieds de nos parents qui rentraient... Mon père leva la tête et aperçut dans la pénombre deux gaillards visiblement nus. Ma mère intriguée alluma la lumière de l'escalier sans comprendre. Soudain l'ombre de nos deux corps projeta sur les lambris, nos formes exagérément déformées, nos sexes dardés et décalottés comme ceux de deux priapes en rut. Papa eut le réflexe d'éteindre la lumière avant que ma mère ne lève les yeux... Il éclata de rire, comprenant que les deux petits diablotins étaient devenus des hommes, humant les vapeurs de cigares et voyant par la porte entrebâillée de la bibliothèque, les flacons restés ouverts et deux verres sur la table devant le canapé, il perçut notre exhibitionnisme comme un jeu innocent de deux jeunes gaillards dont la paillardise avinée respirait la force, la joie et la vie (et mille promesses).

 

Ce n'est que longtemps après, quand j'annonçais à ma famille, ma préférence incompressible pour les gens de mon sexe et mon intention de vivre le restant de mes jours avec le garçon que j'avais invité à fêter Noël chez nous, qu'il réalisa ce qu'il avait toujours su au fond de lui, et qui l'avait peut-être travaillé lui-même au même âge que moi, ce désir des garçons, désir d'un autre soi-même, le désir de Narcisse viabilisé, réalisé, consommé... Il me rappela en souriant l'ombre projetée des deux faunes sur les boiseries du grand escalier et son fou rire d'alors...

29 décembre 2022

Jeune félin, lectures et Good Riddance Day

L'année s'achève et le temps de Noël est terminé. Avec le froid qui nous est tombé dessus depuis quelques jours, la vie semble chaotique. Bien au chaud et tranquilles chez les parents de David, nous avons été témoins de choses incroyables avant de nous réunir devant leur splendide cheminée, à côté d'un énorme sapin joliment décoré comme à l'accoutumée. Mais le Good Riddance Day est passé par là. C'est devenu une habitude, depuis 15 ans, on se débarrasse des mauvais souvenirs, de mauvais moments de l'année qui s'achève. La foule, en dépit du froid, s'est retrouvée une fois encore sur Times Square et ailleurs pour fouler aux pieds les évènements qui les ont marqués en 2022. 
 
Parmi les nombreux livres trouvés sous le sapin, acheminés assez tôt pour ne pas être bloqués ni en douane ni par la gigantesque tempête polaire, il y avait ce texte de Mathieu Lindon sur Hervé Guibert que je commence, un verre de vin à la main. 
 
Dix jours de vacances, l'impression de vivre à la française depuis quelque temps. Nostalgie ? Simplement les hasards du calendrier, de beaux dossiers conclus et une équipe de collaborateurs efficaces. Tout ce qui me permet de lever le pied. Vacances en famille puis une petite semaine au Mexique et le retour au bureau et ensuite un court passage à Londres, puis visite à mes parents en France, quelques jours en Suisse pour faire du ski et le retour à la maison.
 
Guibert me fait penser à la photographie et particulièrement aux tirages en noir et blanc. J'avais quand j'étais lycéen, hérité de l'agrandisseur d'un de mes oncles qui me l'avait offert. Il était installé dans une petite pièce dans un coin du chai de la propriété. Il m'avait appris à doser les produits, à choisir les papiers et j'ai passé des heures dans ce labo à choisir parmi les négatifs l'image qui deviendrait une œuvre d'art. Plus tard, devenu étudiant j'ai découvert la galerie d'Agathe Gaillard et de son fils, rue du Pont Louis-Philippe à Paris, là même où Hervé Guibert avait exposé et d'autres photographes célèbres. Le Noir et Blanc, la Rolls-Royce du tirage argentique. J'ai grandi avec les images de Bruce Weber, de Mapplethorpe. Le numérique est pratique, rapide, don,ctionnel, mais rien ne remplacera jamais la qualité, le grain, la finesse des tirages argentiques, manuels, soignés, peaufinés.
 





05 octobre 2022

L'été reviendra

Cette photo empruntée à un site ami pour dire combien, même en écoutant John Coltrane dans un bar cosy de Manhattan, rien ne peut faire oublier la chaleur de l'été, le farniente sous un ciel pur, la compagnie des amis, de la famille et la beauté épanouie des garçons presque nus sur les plages et au bord des piscines ! Comment se faire aux couches de vêtements sur notre peau encore bronzée, aux chaussettes dans des chaussures serrées, à la puanteur de la ville, au bruit dans les rues, à la foule pressée quand on a vécu en bermuda et en sandale pendant des mois ?

l'été reviendra bien sûr. Mais en attendant, et d'un commun accord, Mark et moi, c'est décidé, cette année nous passerons les vacances de Noël au Mexique. Il fera chaud et nous oublierons les frimas et l'atmosphère délétère de la ville seulement vêtus de nos maillots de bain.  Cancun vaudra mieux que New York !

01 octobre 2022

October is here. I Love the Fall in NY !

Ce sera un jour de pluie apparemment sur la ville aujourd'hui et pour les jours suivants. Loin de cet été indien qu'on attend avec impatience. Il faut accepter que les saisons changent mais l'été fut tellement agréable, doux, paisible. pour moi qui l'ai vécu loin des villes, de la foule et du bruit, loin de la pollution de l'air et des esprits, avec les gens que j'aime, faisant rien que des choses que j'aime dans des lieux que j'aime, que voir revenir le vent frais, la pluie et le ciel bas m'est difficile. Je vais m'y faire.

La perspective d'une semaine à Lindos, dans l'île de Rhodes, dans une vieille maison blanche typique du village, avec vue à la fois sur la mer et sur l'acropole suivie d'un  périple en bateau avec un groupe d'amis dans les Cyclades, me fait supporter le retour des pulls et des manteaux, des gens qui toussent et éternuent et du métro bondé. En attendant, quelques images trouvées au fil de mes lectures sur internet...


04 septembre 2022

Vous avez un problème avec la nudité ? Qu'en est-il en vérité aujourd'hui ?

Lorsque je suis arrivé aux États-Unis pour terminer mes études, il était normal, courant, banal même de se balader nu dans les vestiaires de la piscine ou du gymnase du collège. On se déshabillait sans complexe sur la plage avant d'enfiler nos maillots ou nos combinaisons de surf. L'été on roulait vers la plage, toutes fenêtres ouvertes simplement vêtu d'un short ou d'un caleçon, le torse nu et personne ne trouvait rien à redire. On se douchait à poils et pas comme aujourd'hui en slip. On n'avait pas peur de montrer notre anatomie et si les plaisanteries étaient souvent de mises, elles aussi étaient naturelles et jamais agressives ou méchantes. 

 

Aujourd'hui une pudibonderie ridicule sévit parmi les garçons à l'école, au gymnase, à la piscine et dans les camps d'été. Pourtant ils sont bien plus beaux, musclés et dotés que nous l'étions. Mais ils se cachent comme honteux de leur nature. Les Instagram, Twitter, Tumblr censurent à tour de bras, une ligne de poils pubiens, l'ombre d'un sexe, des fesses nues et le couperet tombe. Surtout ne pas choquer, ne pas blesser les sensibilités religieuses. Belle hypocrisie, vous ne trouvez-pas ? Les jeunes découvrent le sexe sur leurs écrans alors qu'ils sont juste pubères, ils s'en nourrissent et comme chacun de nous au même âge, ils ne pensent qu'à ça. Alors pourquoi cacher ce qu'il y a de plus naturel ? 

Pourquoi entretenir ce tabou ridicule sinon pour former des petits soldats du rigorisme ? Pour engendrer un jour proche des fanatiques d'une pureté forcée ? Tout cela proclamé au nom d'un dieu vengeur, inventé par ces esprits rances et frustrés, qui ne serait qu' un dieu moralisateur, juge et haineux, rejetant tout ce que ce dieu a pourtant créé, en faisant de la nature et du plaisir des états à proscrire.. .


Bien sûr, il y a des esprits pervers, des âmes sales qui ne voient dans les attributs virils que leur désir jamais assouvi, pulsions animales et pensées salaces, rabougris du coeur, frustrés de la vie qui se repaissent de la douleur, de la violence et de la fange, incapables de s'arrêter à la beauté d'un corps, représentation de l'absolue grandeur du créateur et qui salissent par leur regard toute cette beauté d'autant plus flamboyante qu'elle est éphémère, ennemis de la pureté car ils en ont dénués. Mais qu'importe, ils sont déjà damnés et voués à la solitude et au mépris des anges et des dieux.

Qu'importe, qu'importe dit l'empereur en caressant le flanc bronzé par le soleil, les muscles tendus par l'exercice d'Antinoüs, et admirons la beauté, cadeau des dieux. En offrande, leur plastique unique et naturelle, ce florilège de photos anciennes ou inédites, toutes en noir et blanc pour mieux rendre les volumes et la perfection des corps.
































Que ceux qui sont dans l'inquiétude et la peur, ceux qui refoulent leurs désirs et craignent pour la santé de leur âme et de leur esprit, qu'ils sachent que l'attirance et le désir qu'ils ressentent pour leurs pairs, au gymnase, à l'école, dans la rue, au détour d'une rue, n'est pas une tare, ni une maladie, ni une perversion. 

 

L'amour est polymorphe, comme nos goûts et nos désirs. nul besoin de changer le sexe que la nature nous a donné, ce n'est pas ne pas être, ou plus être garçon qu'aimer au garçon. Sachez, adolescents flamboyants que l'homosexualité n'est qu'une invention d'un siècle hypocrite et de faux prophètes érigés en moralistes détenteurs de la Vérité. 

Dieu est amour, il aime l'amour et sourit à ceux qui s'aiment. Et cessez de vous morfondre s'il vous faut vivre votre passion partagée dans l'ombre et le secret. Ce qui compte c'est l'autre, celui qui partage avec vous les mêmes désirs, les mêmes attentes et tremble comme vous quand l'amant qu'on attend n'arrive pas, quand on a peur de le perdre et que chaque retrouvaille est un feu d'artifice, un bonheur incommensurable. 

 

Et pour finir avec le sujet, jeunes gens, ce n'est pas la taille de votre queue, la grosseur de vos couilles ou l'épaisseur de vos muscles qui comptent pour être aimé, mais la douceur de vos sentiments, la pureté de votre coeur, la chaleur de votre affection. Un jour viendra, où vous vivrez vous aussi cette alchimie qui ne s'explique pas, ce moment unique quand deux garçons soudain sont attirés l'un par l'autre, se cherchent, se veulent et se trouvent. Tout dans votre corps, dans votre tête saura que c'est celui que vous attendiez. 

En découvrant l'autre, son corps, son rire, sa voix, vous vous découvrirez vous-mêmes... Le reste n'est que fadaises et le sexe pour le sexe, la jouissance à la va-vite, une simple faiblesse des sens. Le vrai plaisir monte lentement, il dure et se reproduit à chaque fois comme à la première fois...

 

Propos écrits au son du Cantique de Jean Racine de Fauré, de l'aria "Venez troupe guerrière" dans Les amazones de Philidor, Albatross de Bert Dockx et More de Fedrika Stahl, sous un ciel gris et pluvieux qui ne va pas durer. Douceur de cette fin d'été.