Savoir qu'on va dormir tard, que quelqu'un aura sorti le chien, que dehors il va faire beau et que l'automne une fois de plus est délicieux. Sentir monter l'odeur des muffins grillés et du café fraîchement moulu. Entendre David revenir de la cuisine avec le plateau... Les journaux du dimanche, les revues, les bouquins qu'on n'a jamais le temps de lire. "I'm starving" me dis-tu en posant le plateau sur le lit entre nous. C'est dimanche...
Puis des désirs câlins se faufilent dans la chambre silencieuse... L'attitude abandonnée et détendue de nos corps nus, le silence et l'air marin aussi, tout appelle nos esprits à des idées gentiment lascives, une autre sorte d'appétit qui nourrit l'amour et ne cesse de grandir. Délices sous les draps, complicité, rires et émotion aussi chaque fois renouvelée du plaisir partagé, tendre, toujours renouvelé comme aux premiers jours avec toi. Reposer après, se rendormir peut-être mais toute cette énergie amoureuse donne faim aussi. Les brioches de Mrs Shellerska sont sublimes avec le chocolat Dardenne arrivé hier de France que nous avons amené avec nous...
Faire l'amour est une douce chose quans le corps de l'autre n'a plus aucun secret pour nos mais demeure un mystère chaque fois redécouvert, avec surprise, avec émerveillement. Sentir dans nos effusions la présence du dieu Amour, cet éphèbe aux yeux clairs et espiègles qui guide nos mains, tend nos muscles et répand en nous cette force inextinguible qui nous pousse à aimer et renouvelle notre passion, alimnet notre désir.
Séance Selfies ensuite, délires et natures mortes (les vêtements sur la banquette, le plateau du petit-déjeuner, le reflet du vase de fleur sur le store, objets inanimés rendus uniques par la lumière du matin, jaune, diaphane, presque orangée et puis toi, qui m'attire dans ton jean que tu enfile en me parlant de je ne sais plus quoi, le tissu qui glisse sur la peau si douce et si ferme de tes jambes. Et ton rire de faune, et comme en ombre chinoise le dessin de ton buste, tes épaules, tes reins à la cambrure de jeune demi-dieu. " Tu semble descendre du Parnasse pour mon plus grand bonheur, jeune demi-dieu" dis-je en lui tendant les bras "Tu en es aussi" me dis-tu gentiment moi qui déplore chaque jour de nouveaux cheveux gris sur mes tempes, "mais toi tu ne l'es pas à moitié, tu le dieu absolu de ma mythologie, tu règnes sur mon Parnasse". Délicieux et touchant, ce bon mot que je sais sincère, fait briller mes yeux et les tiens, et me pousse l'un vers l'autre de nouveau...
Dix heures déjà. Notre logeuse vient de sortir. Nous entendons le chien aboyer et la voiture sur les graviers. Il va falloir nous lever, faire le lit, ranger un peu, nous laver et nous vêtir pusiqu'on nous attend à deux pas, sur le port, pour une sortie familiale en bateau. Larguons les amarres et voguons sur l'océan comme nous voguons dans le plaisir d'être ensemble, toi et moi. Nous. A chaque instant, le jour, la nuit. toujours. Comme dans la joie de ce dimanche ensoleillé.
Nota Bene : les photos présentées sont à usage d'illustrations dans le sens littéral du mot et ne sont les portraits d'aucune des personnes mentionnées dans le texte. Inutile donc de m'écrire pour me demander d'autres photos de famille ! elles sont choisies pour leur esthétique et j'y cherche des similitudes et des ressemblances. Des illustrations quoi !