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24 novembre 2024

Sans amour...par Alphée de Mytilène

 
Malheureux ceux qui vivent sans amour : 
Toute occupation, 
Tout propos sont pénibles. 
Quand de la passion 
Vous n'êtes plus la cible. 
Quant à moi, je traîne mes jours... 
Mais que je vois celui que je vénère :
 J'irai vers lui plus vite que l'éclair. 
Aussi, ne fuyez pas le merveilleux amour : 
À la face du monde je proclame : 
Le dieu Éros est l'aiguillon de l'âme. 
  
 
Alphée de Mytilène qui vécut du temps d'Auguste, premier empereur, a laissé de nombreux épigrammes dont un certain nombre à connotations ouvertement érotiques et pédérastiques (Ce n'était pas un mot injurieux ni un concept honni chez nos aïeux). Peu de ses compositions sont arrivées jusqu'à nous. Hadrien possédait toute l’œuvre du poète dans sa bibliothèque.

23 mai 2024

Une vie terminée au moment où elle semblait avoir atteint son printemps...

Ce sont les mots de Winston Churchill dans l'éloge funèbre que publia le Times en l'honneur de Rupert Brooke, ce grand poète britannique qui mourut le 23 avril 1915 à bord d'un navire-hôpital français. 

" Sa voix était devenue audible, sonore, une note avait été atteinte, plus authentique, plus excitante, plus capable de rendre justice à la noblesse de notre jeunesse que les bras engagés dans la guerre actuelle, plus capable qu'aucune autre d'exprimer les pensées de don de soi, et avec la puissance d'apporter le réconfort a ceux qui regardent ces pensées si intensément du lointain.Cette voix s'est rapidement éteinte. seul ses échos et son souvenir nous restent ; mais ils vont subsister."


 Je découvre des textes de Brooke que je ne connaissais pas. Cela me donne l'occasion de relire sa correspondance avec James Strachey qui fut son amant et la jeune Noel Olivier qui fut sa maîtresse. Il faut du temps, mais je vous reparlerai du poète dans un prochain post.

13 mai 2024

Canons esthétiques et critères de la beauté des garçons

 

Contrairement à beaucoup de gens, hommes et femmes, je ne suis pas un adepte du postérieur de mes semblables. Quand j'étais collégien et plus tard à l'université, à une époque où bien que tous plus ou moins complexés et coincés, nous nous montrions nus dans les vestiaires et sous les douches, la plupart des garçons focalisaient sur les muscles et le sexe de nos congénères, pour se moquer la plupart du temps des fluets, mal dotés par dame Nature. Bien sûr, nous étions trop bêtes pour reconnaître que notre malaise qui faisait finalement aussi partie de l'auto-éducation, sous-entendait notre honte d'en avoir une trop petite, ou trop grosse ou tordue et de n'avoir pas le gabarit de Tarzan. Billevesées, nous étions pour la plupart naturellement sveltes et bien foutus, les abdos bien dessinés, les pectoraux et les épaules, les bras et les jambes, tout était satisfaisant et comme la promesse ce que des heures de gymnase, de barres parallèles, de course et de piscine allaient façonner si on se donnait la peine de suivre le mouvement de l'éducation virile. 

 

J'étais innocent, je le restais longtemps, n'ayant aucune idée de la sexualité, et le début de ma puberté, sans vraiment m'inquiéter, m'intriguait. J'étais assez niais pour ne pas faire aussi rapidement que la plupart des autres garçons le rapport entre les changements de mon corps, l'acné, les poils qui poussent, et les premières pollutions nocturnes et l'appétit sexuel, le désir violent et la procréation. J'aurai cru quelqu'un qui m'aurait assuré que oui les garçons naissent dans les choux et les filles sans les roses déposés dans le potager et le jardin par les cigognes venues d'Alsace. A 5 ans, j'avais parait-il affirmé à une petite fille de l'école maternelle dont j'étais amoureux que si elle était d'accord on devrait écrire pour commander un bébé et on décida de chercher l'adresse du bureau des commande du côté de Strasbourg. Tout cela me semblait normal comme d'être attiré depuis la première seconde où nous fumes l'un en face de l'autre dans la cour de l'école. 

 

Pourquoi Strasbourg ? Simplement parce que nous avions à la maison un grand livre pour enfants magnifiquement illustré avec des couleurs qui me fascinaient. Une pleine page montrait des paysages d'Alsace, avec des vignes le long de collines verdoyantes, un ciel très bleu, des jeunes filles vêtues de leur costume traditionnel, des villages très beaux avec ces nids de cigogne et le mot Strasbourg que j'avais appris à déchiffrer et dont on me dit que c'était la capitale de cette belle région. Bref, sentir mon être entier attiré par la petite camarade, la plus jolie de toute l'école pour moi (je ne sais même plus à quoi elle ressemblait ni comment elle s'appelait !) me semblait naturel et bien agréable. Quand mes sens s'éveillèrent et la partie la plus intime de mon corps semblait décidée à vivre sa propre vie, je n'en fus aucunement persuadé. Je n'en fis pas non plus tout un plat.

 

Mais revenons-en à la partie charnue du corps humain. Beaucoup de gays ne jurent que par les fesses, le derrière étant pour la plupart d'entre eux le siège - pardon pour la polysémie - de l'accomplissement de leur plaisir. Pour eux l'orgasme ne passe que par la pénétration. Inutile d'enfoncer le clou, mes lecteurs savent mon peu de goût pour la sodomie, voire ma répugnance à ce mode de jouissance. Je fais partie des gens convaincus qu'on peut atteindre les sommets du plaisir sexuels avec l'autre de mille autres manières. Je m'aventure une fois encore hors des limites tolérées du sexuellement correct du milieu queer. Laissons-là le sujet pour revenir à mes propose initiaux : ce qu'il y a de remarquable et attire en premier chez un garçon. 

Démonstration par l'image :

Tout d'abord l'allure générale. Même très couvert, le corps se devine sous les épaisseurs de laine et de coton. Voilà le modèle idéal, basique, qui me fait vibrer depuis toujours. En gros, il est bien foutu, sportif, musclé mais sans outrance, la peau lisse, mate ou claire, imberbe sauf en des endroits bien précis, et le visage masculin mais avec encore un je ne sais quoi d'extrême fraîcheur, de pureté. Pas de moustache ni de barbe, sinon quelques traces sur le menton d'une barbe de quelques jours. Les cils sont longs et foncés, comme les sourcils joliment arqués, la bouche gourmande, les dents blanches et joliment alignées.

Voilà un modèle dans le plus simple appareil. Tout ce qu'il faut où il faut pour lui permettre de poser pour Praxitèle, premier artiste de tous les temps à donner la définition du parfait éphèbe, du garçon véritable digne d'amour et de louange. de son corps émane à la fois l'énergie, la volonté, la pureté. La pratique du gymnase et la proximité des livres lui donnent une aisance que tempère sa naturelle timidité. 

Tant qu'il doute encore de lui-même et ne prétend à rien qu'à apprendre et aimer, il émane de lui ce côté solaire auquel il est impossible de résister. Les anciens l'avaient compris. Notre époque a tendance à s'en récrier. L'époque est à l'enlaidissement, au travestissement, à l'hystérie. Vous l'aurez compris, pour Hadrianus, point d'ongles peints, de jupes et de falbalas, pas de tatouages, de piercings et autres scarification indigènes. En gros, cela donne ce genre de garçons (je souligne la différence que je ferai toujours entre garçon, la même que celle que nous enseignent les maîtres grecs anciens).


Pour affiner mes propos, relisons ce merveilleux sonnet de Straton de Sardes dans sa Μοῦσα παιδική (la Muse adolescente). Règle morale d'autrefois aujourd'hui décriée par les culs de plomb qui pousseraient des cris d'orfraie. Ces moralistes hypocrites mélangent tout et confondent amour partagé avec amour contraint, amitié avec pédophilie,  perversité et violence à tendresse. 
 
 
Je fais mes délices à l'extrême des garçons de douze ans ;
Mais beaucoup plus désirable est le garçon de treize ; 
Et celui qui a deux fois set ans, la plus douce fleur des Amours ;
Et qui commence à en avoir trois fois cinq, plus charmant encore.
La seizième année est l'âge des dieux. La dix-septième,
Ce n'est pas à moi qu'il convient de la rechercher, mais à Jupiter.
Si quelqu'un a le désir des plus âgés, il ne joue plus :
Il exige déjà la réplique"
 
Il est vrai qu'en Grèce comme à Rome on était pubère bien plus tôt qu'aujourd'hui. A douze ans la plupart des garçons étaient depuis longtemps sortis du gynécée pour entrer dans le monde des hommes. Souvent marié à 15, rompu aux activités sportives et militaires, il était un soldat expérimenté à 16 ans... Leur vie sexuelle était précoce.
 

 
Un poète libre d'exprimer ses goûts et son désir aujourd'hui ajouterait au moins quatre ans à l'âge de ceux dont parle le poète grec... Antinoüs a rejoint Hadrien alors qu'il n'avait pas quinze ans. Qui s'en serait offusqué à Rome, à Athènes comme à Alexandrie ? Il y a de quoi rire à imaginer les jeunes boutonneux vêtus de noir pourfendeurs de la civilisation occidentale (dont ils profitent un max soit dit en passant) occuper l'Académie et obliger Platon et Aristote a requérir les forces de l'ordre pour déloger ces freluquets outrés. Ne nous appesantissons pas sur le retour en masse des tartuffes !

Pour terminer sur le sujet et compléter ce billet bien sérieux, des explications sur l'ouvrage de Straton de Sardes. Il compila "La muse Adolescente" à l'époque d'Hadrien. Voilà ce qu'en dit l'incipit d'une traduction publiée aux Editions Le Promeneur :

"Une anthologie qui célèbre le temps des liaisons prénuptiales et rassemble pièce à pièce les éléments d'une description en acte de l'amour grec. Aimés, adulés, délaissés, torturés, les poètes du recueil (Callimaque, Méléagre, Straton lui-même) oscillent entre le lyrisme, qui occupe une petite partie du livre, et l'écriture d'une sexualité forte qu'épicent allégories graveleuses et récits paillards. Minois enjôleurs, carnations huilées, muscles gonflés : il s'agit de saisir en l'espace de quelques vers et pour ainsi dire sur le vif toutes les postures de l'éros masculin, et d'épouser jusque dans ses ramifications les plus ténues, ses manifestations les plus sensibles, l'expression d'une jouissance tranquille, d'un bonheur de la chair qu'ombre à peine parfois une nuance de mélancolie."

Voilà un résumé de la philosophie de ce blog depuis les premiers jours : parler de jouissance tranquille, raconter le bonheur partagé de la chair, un quotidien parfumé d'amour et d'amitié, seuls repères solides dans un monde devenu fou. Loin en tout cas de toutes les militances, les révoltes et les extrêmes. 








16 septembre 2023

Un livre peut cacher bien des choses...

 

Mais que lit donc ce garçon qui prend un air agacé. est-ce d'avoir été surpris nu comme un ver en train de lire quand tout le monde dans la maison s'affaire ? ou bien est-ce parce que le jeune hélléniste pris en flagrant délit de lire un "thriller" quand il y a la nouvelle traduction du "Panêgurikós" d'Isocrate à terminer et que c'est moins bandant que les aventures de Gabriel Allon, fameux restaurateur d'art mais aussi... agent secret israélien ? Pour savoir il faudrait le lui demander. Si vous désirez obtenir son numéro de portable..

Après, le mieux est de laisser toutes ces supputations de côté et de découvrir ce texte, "The house of spies" publié en français sous le titre "La Maison aux espions", chez Harper & Collins en 2018. C'est assez prenant pour qui aime ce genre de livre. pour ma part j'aurai eu du mal à le lire si j'avais été dans le même lit que notre lecteur surpris !


Mark qui lit par-dessus mon épaule et sait que cela m'agace, a suggéré assez finement une troisième supputation : peut-être tout simplement le pauvre garçon revenu de plusieurs mois chez les Marines ou de volontariat dans un pays impossible d'Afrique ou d'Amérique du Sud avec les Peace Corps, attendait-il avec excitation et impatience son copain avec qui n'arrivait pas... De guerre lasse, le garçon s'occupait-il les mains quand le copain est enfin arrivé... Heureusement il y avait le livre ouvert à portée pour cacher son petit jeu solitaire. Pas mal trouvé. Mark a toujours été très inventif pour un WASP élevé dans une famille guindée et plutôt traditionnelle...

Dans un autre blog aujourd'hui délaissé, j'évoquais ces volontaires que l'Amérique envoie dans les pays en voie de développement avec force colifichets, bannières étoilées miniatures pour les enfants, médailles, prospectus vantant les mérites d'Oncle Sam. Mais c'est une autre histoire.

20 janvier 1961, JFK lance son fameux "Ne vous demandez pas ce que votre pays peut faire pour vous, demandez-vous ce que vous pouvez faire pour lui" et ce fut l'engouement pour ce volontariat vers les pays pauvres à éduquer, à élever et... à exploiter...

 

07 avril 2023

A&F : une esthétique roborative et sexy
















Maintenant que le wokisme yankee puant (né sous Trump tout aussi puant) a eu raison de la marque A&F née en 1872, le Quarterly et les somptueux catalogues voués à l'autodafé dans le genre des nazis ou des bolchéviques, (des républicains espagnols aussi), ces ouvrages se vendent à prix d'or et les rescapés sont devenus rarissimes. Des pièces de musée. Ma collection est incomplète ! j'achète tout ce qui est disponible pour la compléter. Si par hasard, dans vos greniers ou cachés dans un coffre ou derrière les ouvrages de Bernard-Henri Lévy ou les œuvres complètes de Mao Tse Toung, n'hésitez-pas à me les proposer ! Nous les mettrons dans une capsule-temps pour que nos descendants les retrouvent et s'en délectent quand les wokes déconstruits non-binaires seront morts et surtout oubliés.

01 janvier 2023

Firebird de et avec Tom Prior

Un film très émouvant découvert hier soir avec David. Tom Prior a beau n'avoir qu'une petite trentaine, c'est un acteur excellent et un auteur doué, puisqu'il est à l'origine du scénario. Film recommandé par Hadrianus, foi d'empereur, à 100% !

en voici le trailer sur Youtube : 

 

Et quelques photos pour donner l'ambiance esthétique. Belle qualité des images. L'anglais des acteurs estoniens ou russes est un peu pénible à entendre. En route pour un voyage dans le temps, dans l'Estonie de 1977 occupée par les Soviétiques, en pleine guerre froide, reconstitution d'un univers kafkaïen hallucinant. Les acteurs sont beaux, l'histoire est vraie. Tom Prior qui joue le personnage principal, exposé aux risques de la loi soviétique niant et punissant les relations affichées et suivies entre personnes de même sexe, spécialement dans l'armée, dans un monde de délation où tout le monde épie tout le monde au nom de la victoire du prolétariat, en a écrit le scénario et joue diablement bien. Un peu trop musculeux à mon goût, il émane de l'acteur britannique une fraîcheur et une pureté incroyables.



Et le beau Tom Prior pendant la postproduction et avec le réalisateur et co-auteur du scénario :