Pages

22 juin 2008

Animula vagula blandula... | 22 juin 2008



La nuit tombée. La ville n'est plus qu'ombres et lumières. Les immeubles éclairés, les faisceaux jaunes, rouges et blancs qui se déplacent en bas dans les rues. Un grondement lointain qui nous parvient assourdi par les fenêtres de l'appartement. Billie Holiday chante dans le salon. Près de la cheminée, Brinkley dort sur son gros coussin. David vient de sortir de la douche. Il est nu, la taille entourée d'une grande serviette blanche. J'aime le trait un peu épais qui se détache droit, attirant, une bosse suggestive sous le tissu éponge... Ses cheveux encore mouillés lui donnent un air de pâtre de l'ancienne mythologie. La vraie. Qu'il est beau. Sa peau est hâlée, veloutée, terriblement lisse, imberbe. Ses muscles saillants, ses larges épaules pleines de tâches de rousseur attendent mes lèvres. Nous allons dormir ensemble cette nuit, pour la première fois depuis trois semaines. J'étais sans cesse en déplacement et maintenant qu'il travaille sur sa thèse, il ne peut me suivre comme nous le faisions avant. Nous nous connaissons depuis quatre ans maintenant. Quatre années merveilleuses. 



Pourtant je me suis toujours refusé à le considérer comme mon conjoint. Je suis peut-être vieux-jeu, voire hypocrite aux yeux de certains, mais je ne puis me faire à l'idée que deux garçons puissent vivre ensemble et être considérés par les autres comme un couple rangé, monsieur et madame avec le chien comme substitut de gamin... David est moi sommes amants, nous sommes liés comme Achille et Patrocle, Alexandre et Ephestion. Mais nous sommes deux hommes, deux mâles qui avons en commun mille choses, à commencer par notre plaisir, le désir du corps de l'autre, mais ce n'est pas mon homme, mon mari (encore moins "ma femme" comme disent certains homos par provocation), c'est mon ami, mon amant aussi. Point. J'ai hâte de me déshabiller, de me glisser dans notre lit et de sentir son corps contre le mien. Notre plaisir échangé, partagé, nous nous endormirons, nus, l'un contre l'autre. 

Billie Holiday chante dans le salon. Il pleut dehors. Le chien rêve en gémissant sur son gros coussin, au pied de la cheminée. David vient de me tendre la main. Sa serviette posée sur une épaule, il ressemble à une statue de Phidias... Je vais me coucher.

Love me tender


Jolies fesses, non ? | 22 juin 2008