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11 décembre 2005

L'Empereur

Curieux, pour moi qui ai du sang juif, de ressentir depuis ma plus tendre enfance une forte inclination pour le rejeton des Antonins qui détruisit Jérusalem... Est-ce à cause de son amour pour Antinoüs ? Est-ce simplement à cause de cette belle édition des Mémoires que m'offrit mon père ?Est-ce aussi parce qu'un de mes ancêtres traduisit en allemand les célèbres vers de l'empereur ?

Bon, soyons pédagogues et rappelons donc au lecteur qui fut Hadrien :

Publius Aelius Hadrianus (Hadrien)
Né en Espagne, en 76 -Mort en Italie en 138.
De la dynastie des Antonins
Hadrien est adopté par Trajan à la mort de son père. Les deux hommes sont issus des mêmes arrière-grands-parents et Hadrien épousera Sabine, la petite-nièce de Trajan. Il reçoit une solide formation intellectuelle et militaire et est envoyé faire ses premières armes dans les casernes éloignées de l'Empire.
 Il accompagnera ensuite Trajan dans ses dernières campagnes, notamment contre les Parthes. Lorsque ce dernier meurt, en 117, Hadrien est âgé de 41 ans mais n'a pas le titre officiel d'héritier. Il faudra l'intervention de Plotine, veuve du disparu et peut être maîtresse d'Hadrien, pour faire admettre les prétendues dernières volontés de son mari.
Cette initiative légitimera post-mortem la prise du pouvoir d'Hadrien. Un complot ourdi par quatre sénateurs qui tentaient de s'opposer à cette décision sera sévèrement réprimé. Les premières années de règne sont marquées par l'abandon de la politique expansionniste de Trajan. L'Arménie et la Mésopotamie, trop exposées, seront abandonnées. Il gardera, par contre, la haute main sur la Dacie et l'Arabie.
Les frontières de l'Empire réduit son renforcées. L'empereur fait construire le Mur d'Hadrien en Grande-Bretagne, de l'embouchure de la Tyne au golfe de Solway, pour protéger la province romaine des invasions des Pictes d'Écosse. Le "limes" germanique fait également l'objet d'attentions particulières. D'une manière générale, les populations placées sous le contrôle de l'autorité impériale seront parfaitement encadrées et réprimées si le besoin s'en faisait sentir.
Sur le plan intérieur, il divise l'Italie en quatre districts et remplace à leur tête des Sénateurs par quatre personnages consulaires. L'ensemble des édits en vigueur est compilé au sein d'un code baptisé Édit perpétuel et rédigé par le jurisconsulte Salvius Julianius. Les voyages d'Hadrien le conduiront à Lyon, vers 121/122, où il fera construire un nouvel aqueduc et restaurera le théâtre et l'amphithéâtre. Il se rendra ensuite à Nîmes qui bénéficiera de la construction d'une basilique en l'honneur de l'impératrice douairière Plotine qui l'avait aidée à accéder au trône.
Hadrien assistera à la divinisation de son favori, le bel Antinoüs, présumé mort de noyade lors d'une croisière sur le Nil. Il passe les dernières années de sa vie à Tivoli (Tibur), la somptueuse Villa Hadriana construite pour héberger les reproductions des plus belles oeuvres d'art admirées au cours de ses voyages. Il fait construire à Rome le mausolée impérial (Moles Adriani) qui deviendra le Château Saint-Ange. 
La Judée s'embrase de nouveau entre 132 et 136. Certains historiens rapprochent cette situation du projet d'Hadrien qui consistait à édifier une ville grecque à l'emplacement de Jérusalem. Le mouvement insurrectionnel aurait pris naissance au sein des communautés esséniennes de la Mer Morte. Rabbi Akiba et Simon Bar Kochba (fils de l'Etoile), qui se prétendait descendant de David et revendiquait à ce titre le trône d'Israël, se seraient associés pour chasser les Romains de Terre Sainte. Les insurgés, qui avaient obtenu quelques succès au début de leur campagne, devront se retrancher dans la place forte de Bétar, près de Jérusalem. Le Fils de l'Étoile succombera durant le dernier assaut tandis que rabbi Akiba sera brûlé vif après avoir été torturé. Hadrien fera alors construire, à l'emplacement de la ville sainte dévastée, la cité gréco-romaine d'Aelia Capitolina, interdite aux Juifs. Il interdira, dans le même temps, la religion hébraïque. L'édit d'Hadrien sera abrogé par son successeur, Antonin, au cours de la première année de son règne.L'Histoire Auguste, recueil anonyme et tardif (IVème-Vème siècle) de biographies impériales, nous a livré cette célèbre poésie de l'empereur Hadrien  :
"Animula vagula blandula..."
Animula vagula, blandula,
Hospes comesque corporis,
Quae nunc abibis in loca
Pallilula, rigida, nudula,
Nec, ut soles, dabis iocos. .

Amelette, vaguelette, mignonnette,

Très chère hôtesse de mon corps,
Et qui maintenant descend seulette
Dans des lieux livides et morts
Où jamais plus ne seras guillerette !

Le sommeil du juste


Mais à quoi rêve-t-il au juste ? Et vous, lecteurs ?...

Rêveries

Maurice Heerdink est un illustrateur plein de sensibilité et qui sait traduire toute la complexité des garçons, leurs désirs, leurs hésitations, leurs rêves et la force de leur amour. Si ce dessin devrait être traduit par de la musique, ce serait un prélude de Chopin.

Nostalgie d'un dimanche soir

Antinoüs
Merde. Dimanche se termine. Il va falloir remettre costume et cravate demain. Reprendre le chemin du bureau. Sourire aux collègues, aux clients, à la secrétaire. La journée a passé bien vite. Il a fait très beau. Nous aurions dû sortir le bateau. Le chien ronfle doucement devant le feu et le chat s'est emparé du plaid en cachemire, le bougre. Antoine est parti. son père est venu le chercher avec sa nouvelle voiture. Jolie Saab grise. Il me manque. Je sais qu'il va m'appeler avant de dormir. La musique vient de s'arrêter. Le Monde du week-end est vide, creux, sans intérêt. Je vais prendre un bain.
Mais je devrais me présenter. Je suis Hadrien. L'empereur. Antoine est mon Antinoüs. Tout le monde nous appelle ainsi. C'est devenu comme un rite. Une habitude. Antoine est étudiant à sciences-po. Il a 21 ans. Je suis banquier - broker pour faire genre - et j'ai 34 ans. Il est brun, je suis blond. Il est le quatrième rejeton d'une illustre famille de la région. Je suis né de l'autre côté du Rhin, dans un univers marqué par les choix familiaux pendant la guerre. Nous avons en commun les vignes et la littérature. Il est beau.
Je l'ai connu l'année de son bac de français. Son professeur est un ami. Il l'avait accompagné comme quelques autres de ses élèves. Ferdinand enseigne la littérature depuis longtemps à des lycéens mélancoliques qui grâce à lui apprenaient à écrire et à lire autrement. Ferdinand est le seul professeur noir que je connaisse. Il est né à Fort-de-France. Nous sommes de vieux amis. Depuis la rue de l'Université.
Il m'a présenté Antoine sans imaginer ce qui adviendrait. Je n'avais pas l'habitude de sortir avec de jeunes lycéens. Je les trouvais souvent trop bruyants, boutonneux et fâts. Lui était différent. Bien élevé, réservé, souriant. Il avait des choses à dire et savait comment les dire. 
Nous nous sommes revus à plusieurs reprises en ce début d'été. Nous nous donnions rendez-vous dans un café, près de l'opéra, ou dans ce salon de thé près de Jussieu, à deux pas des arènes de Lutèce, nos ruines. Il affectionne comme moi les scones avec de la crème et de la confiture. Antoine me raconta ses goûts, ses désirs et se rêves. Il me cita Cavafy et Yourcenar. Les mémoires d'Hadrien, l'Oeuvre au noir, Souvenirs pieux... Alexis... Il connaissait l'oeuvre de la dame Crayencourt comme sa poche... sa beauté était rayonnante. Son sourire, sa voix, son rire... Un prince. Moi, l'Empereur, j'étais fasciné, anéanti. Fou amoureux. Mais je ne le savais pas encore. Antoine rêvait d'aller en Grèce.  Mon frère venait de se marier et il était à athènes avec sa jeune épouse. Je devais aller lui rendre visite en août. Antoine accepta de venir avec moi.
Nous avons fait l'amour pour la première fois dans le wagon-lit qui nous amenait de Lyon à Thessalonique. Émus comme des enfants. Je crois que c'était sa première vraie nuit d'amour. Ce fut un merveilleux voyage. Je n'avais pas 30 ans. Antoine sortait à peine de l'adolescence. Athènes, Epidaure, Mycènes, Delphes, Olympie, puis Rhodes et Lindos, splendide village, où mon frère et sa femme avaient loué une maison toute blanche au-dessus du port. Antoine était comme un jeune chiot, un poulain découvrant la liberté. Il était déjà capable de parler de tout et avec tout le monde. Il savait parfaitement se tenir et son éducation parfaite me faisait sourire moi, l'allemand rustre et campagnard. Le bythinien ne devait pas s'être comporté autrement face à l'empereur Hadrien.

Image volée

Sans rancune !

Friendship


Ce qui ordonne ma vie et mes jours, ici et depuis toujours, c'est l'amitié. "Friendship" en anglais veut dire bien plus de choses qu'en français. Une familiarité comme un rite, une sorte d'amour de tous pour chacun sans particularité. Une complicité, la certitude d'être avec d'autres soi-même, avec ses semblables. Mes amis à New York, à Baltimore, à Chicago comptent beaucoup pour moi.

Nous y voilà !


Je suis Hadrien. J'aime les garçons. ils sont ma vie. Quand je dis "nous y voilà!", je devrais dire "me voici", car, parce que Gilles, Philippe, Louis et Antoine me tannent pour que je livre sur le net tout ce que j'écris pour eux et pour moi. Et parce qu'Antoine m'a dit de créer un blog. Voilà qui est fait.
J'avais écrit un texte de cinquante lignes avec toutes mes tripes et il vient de disparaître. Horreur de l'informatique. Dommage. J'avais tout dit sur ce blog naissant. Et sur moi. Et sur ma manière de voir. A suivre...