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24 novembre 2011

Lettre de Hicham à Olivier

Soirée cinéma ce soir. Ecran géant sur le mur du salon. J'ai enfin trouvé le Clan de l'acteur et cinéaste Gaël Morel, réalisé en 2004, en anglais et nous l'avons regardé, David, Paul et moi. J'avais déjà vu une ou deux fois ce film dont certains extraits sont repris sur Youtube, toujours les mêmes, esthétiques et assez "hot", mais qui ne montrent pas la réalité d'un cinéma vraiment intéressant, d'une sensibilité qui est l'apanage des plus grands, Téchiné, Ozon, Honoré... David en bon WASP (White Anglo Saxon Protestant), a un peu eu du mal avec la notion de "racaille" ou "caillera" de la version originale sous-titrée, mais la beauté de la scène où la voix d'Hicham lit la lettre qu'il écrit à Olivier l'a fait fondre. 
Je ne vais pas vous raconter l'histoire. Les deux garçons se sont aimés avec une force et une intensité digne des héros romantiques et la trahison d'Olivier, l'abandon, la page qu'il tourne sont traduits avec beaucoup de pudeur par les mots d'Hicham. Le petit frère de david a été assez remué mais n'a rien dit. Il est vrai que les sous-titres n'ont pas la même force que les paroles françaises dites avec l'accent rebeu du beau Salim Kechiouche.

"Je ne t'écris pas une lettre d'amour, je ne t'écris même pas, juste je pense à toi… C'est parce que j'ai croisé le petit frère de Sylvestre aux Halles à Paris, je ne me souvenais même pas de son nom ni de sa tête. C'est lui qui m'a reconnu, lui qui voulais me parler de vous, de ce que vous faisiez, de cette chose incroyable qui fait que vous continuiez à vivre, à exister encore ; puis très rapidement il ne m'a parlé que de Marc. Il devait se souvenir que nous étions les deux amis, les purs et il ne m'a parlé que de Marc, des progrès de Marc. Il m'a parlé des médicaments qui ralentissent tout, sa voix, ses pensées ; il n'est pas devenu débile, me répétait ça. Puis il n'a plus rien dit. Il m'a regardé méchamment: il venait de comprendre que je ne l'avais pas écouté, que les progrès de Marc je m'en foutais. Comment lui demander au petit frère de Sylvestre, de me parler de toi de ne me parler que de toi.
Ce n'est pas une lettre d'amour Olivier, juste je te parle et j'imagine que tu m'écoutes. Je me souviens de tout…
J'ai trouvé un travail, j'ai trouvé des amis, des clubs de sport, de capoeira, j'ai trouvé de nouveaux enchainements que je crève de ne pas pouvoir t'apprendre. J'ai trouvé des garçons comme si j'étais attendu. Ici les arabes PD on se les arrache. Ça va, je me suis fais arraché. J'ai cherché des garçons un peu moi excités par ma race, j'ai trouvé. J'aurais même pu tomber amoureux mais ça n'a pas duré parce que rien ne dure, sauf le souvenir de ton regard, la douceur de tes gestes et le son de ta voix qui m'appelle Hicham ! Hicham ! Mais tu ne m'as jamais appelé…
Quand je suis rentré après t'avoir quitté, j'ai trouvé la lettre que tu avais déposé chez moi le matin, ta lettre de rupture. "Je ne veux plus te voir", voilà ce que tu avais écrit. Tu ne voulais plus me voir, tu ne voulais plus de nous. Tu me demandais aussi de te pardonner.
Encore aujourd'hui je me demande ce que j'ai fais de mal ? Je ne trouve pas… J'aurais du me battre. Ça arriverait maintenant cette histoire je me battrais. Je courrais chez toi, je défoncerais la porte, je t'emprisonnerais dans mes bras, devant tes frères je t'embrasserais. Je m'en fous de tes frères, on s'en fout de tes frères, de ton père, de tout le quartier qui peut se ramener. Mais je me suis pas battu. J'ai remplis un sac d'affaire, j'ai pris le train pour Paris, sans rien dire à personne. C'était fini, que voulais tu que je fasse, c'était fini.
Un mec qui était chez moi hier a vu ta photo et il m'a demandé qui tu étais, j'ai répondu: mon frère. Pourquoi je n'ai pas réussi à dire la vérité ? Tu n'es pas mon petit frère, je n'ai pas besoin d'un frère. La vérité c'est qu'on ne se reverra plus, tu resteras là bas avec tes frères, parce que ta vie ça ne marche pas sans eux, ça ne marche pas avec moi. J'aimerais me tromper, je ne souhaite que ça, me tromper... Mais je te connais par cœur, tu vois bien Olivier, je vous connais par cœur toi et tes frères, je vous récite, je te récite."
 

Connaissez-vous les jumeaux ?