Pages

28 septembre 2018

Qu’y a-t-il dans cet amour qui n’ose pas dire son nom ?

T'en souviens-tu, mon doux ami, mon petit frère, quand je te lisais ces pages d'Oscar Wilde quand il s'interroge sur l'amant présumé de Shakespeare (The portrait of W.H.) ? Tu n'avais pas vingt ans, j'en avais un peu plus. Dehors le vent et la pluie faisaient rage. Le poêle colorait nos corps nus et les draps .de pourpre et d'or... Et les mots chantaient dans la chaleur de la chambre : "...Its dreamy wistful eyes, and its delicate scarlet lips." ("...Ses yeux rêveurs et mélancoliques, et ses délicates lèvres écarlates")... Et quand je t'ai lu ces mots peut-être d'une voix tremblante,  "...But heaven in thy creation did decree, / That in thy face sweet love should ever dwell",("...Mais il fut décrété par le Dieu créateur / que l’amour à jamais vivrait dans ton visage."), tu t'es relevé soudain et a posé un baiser sur mes lèvres et la magie de nouveau a réuni nos corps.

L'incroyable beauté qu'on réserve pour les dieux


Comment rester de marbre devant autant d'harmonie et de beauté. Force, vigueur, jeunesse, l'homme est là tout entier dans sa puissance de guerrier mais la pureté de l'enfance, la fraîche rondeur de la première jeunesse que magnifie cette virilité tout force le désir et l'impatience. L'âge intermédiaire, celui qu'au Parnasse, on réserve aux dieux. Plus un enfant et déjà un homme, l'âge divin, éphémère moment où le corps du garçon est perfection autant que pureté.


Aimer à perdre la raison


Cette image comme un tableau du Caravage. Contemporaine mais hors du temps, œuvre d'art née d'un désir assouvi, d'une réalité inattendue, et aussi certainement d'un travail de mémoire, une rencontre fortuite, le hasard qui n'en fut certainement pas un et une longue nuit d'un bonheur indicible, d'un partage de tendresse et de force, et puis, le plaisir partagé, la douceur de deux corps en harmonie qui reposent enlacés, apaisés...