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24 mai 2024

Souriant et viril, le garçon s'approcha

 
 
Souriant et viril, le garçon s’approcha de Max avec une confiance tranquille. Ses yeux pétillaient d'une lueur malicieuse alors qu'il lui tendait la main. Sa démarche assurée et son sourire charmeur le firent rougir légèrement. Max, mal à l’aise, serra un peu trop fort cette main tendue. Cela le fit rougir. Il transpirait, furieux de ce flot de timidité qui jaillissait soudain. Le garçon allait le trouver ridicule, cela ne faisait pas de doute. Devant la grâce et simplicité qui émanaient de l’intrus, il se persuada de sa lourdeur à lui. Mais le garçon semblait heureux de lui serrer la main, heureux de le rencontrer. Max dira plus tard qu’il lui avait semblé que leur geste était suspendu dans le temps. Un instant il comprit que son coeur venait de chavirer. Un bruit derrière eux le fit revenir sur terre. C’était Anne. Elle s’était changée et portait une robe en coton, blanche et légère. elle était pieds nus et tenait à la main son chapeau de paille et un bouquet de fleurs et de feuillages. 
 

L’image était belle et le garçon se tourna vers elle, puis regarda Max et il parla enfin : "Bonjour, je m'appelle Lucas. Enchanté de faire votre connaissance," dit le garçon avec un sourire encore plus chaleureux. Max sentit son cœur battre plus fort à ces mots. Anne s'approcha doucement, apportant une douce brise de fraîcheur avec elle. Les rayons du soleil dansaient sur sa robe blanche, créant une atmosphère magique. Elle s’approcha de Max et lui prit la main. Lucas se tourna vers elle, visiblement surpris de la voir, ou bien était-ce la beauté de la jeune fille qui le troubla, mais il rougit un peu à son tour. 

Anne ressemblait à une jeune grâce de Botticelli. Max se sentit plus léger par sa présence. Une profonde énergie l'envahissait. Il savait que quelque chose de spécial était en train de se passer, quelque chose qui allait changer sa vie, leur vie, à jamais. Il regarda Lucas et il se rappela le Mercure du tableau de Botticelli...







Texte créé via  I.A. avec CANVA écriture magique. Assez bluffant. Nous nous sommes amusés à demander à l'IA de composer un texte en lui donnant quelques critères et un début d'histoire... Bluffant, mais assez effrayant tout de même. Pour la petite histoire l'IA, visiblement programmée sur des critères hétéronormés et genrés avec une base genre évangéliste assez rigoriste ne parvenait pas à nous sortir une histoire d'amour entre garçon, un début de roman gay. Il a fallu insister, recommencer, la faire reprendre, modifier pour y parvenir... Inquiétant, non ?

06 avril 2023

Hommage à la beauté et à notre jeunesse qui s'éloigne

 
 
Ils t'ont retrouvé un jour, représentation de marbre blanc sali par la terre qui te cacha au monde des siècles durant. Un jour, ils retrouveront ton sarcophage, et le masque d'or que j'ai fait poser sur ton beau visage. Mais, comme celui d'Alexandre, tout a été organisé pour que cela ne soit pas. Ils profaneraient ton corps pour savoir si tu es vraiment mort noyé, si tu étais aussi beau qu'on l'a dit, et tant d'autres choses encore qui saliraient ton éternité.
 
 
Fort heureusement, on ne sait rien de l'endroit où tu es réellement, le lieu où tu reposes en réalité. D'aucuns parlent d'un recoin de ma villa à Tivoli.. Tu serais avec moi, dans le mausolée que Rome me consacra... On te dit aussi loin sous la terre, près du Tibre... ou dans le sous-sol d'un temple tout au-dessus d'Antinoë... Non, ils ne sauront jamais. Il ne fallait pas qu'un jour des mains impies profanent ton corps divin, ô mon Antinoüs. Ils t'ont cherché longtemps pourtant, sur les bords du Nil, dans les montagnes proches de la ville que j'ai bâti pour toi. Détruite par les barbares et les chiens qui reprirent, avec l'inculture et la vulgarité de leur race, ces terres redevenues sauvages., la beauté et l'amour, quand les suppôts de leur prophète ne sèment que la haine et la violence, détestant le Beau et la jeunesse...
 
 
 
Cela passe, le beau et la jeunesse. Mais, même passée, délavée par la vie et ses accidents, la jeunesse demeure dans nos cœurs, le souvenir de nos amours ardentes, liée au souvenir de la beauté de l'être aimé, et dans son cœur à lui, de même, le souvenir de celui que nous fûmes, tout cela nourrit nos jours jusqu'à notre ultime souffle...
 
Ainsi s'exprime Hadrien qui, deux mille ans après qu'il ait vécu et Antinoüs avec lui, existe encore au plus profond de la mémoire humaine. Leur passion reste aussi vive et palpable que celle d'Achille et Patrocle, Alexandre et Ephestion... Quel garçon normalement constitué et bien né, n'a pas ressenti un jour cet attachement immédiat, profond, inattendu et irrépressible, qui le poussa à un moment de son histoire personnelle vers un autre, pour un simple regard croisé, un geste, une attitude ? Toujours le "parce que c'était lui, parce que c'était moi"...

 
 
Retrouvé cette photo qui nous avait beaucoup ému, David and I quand nous l'avions découverte dans une galerie de Chelsea. On y présentait une sélection des créations de cet artiste prolixe et beau comme un dieu. en fait, tout à l'heure, alors que nous prenions un délicieux cappuccino au Double Dutch Espresso, sur Frederick Douglass Boulevard, nous avons vu le sosie de Peter Beard, le gars sur la photo.


 
Beard, qui a été un des plus grands photographes de notre temps, ami de Francis Bacon, de Dali, de Mick et Bianca Jagger, d'Andy Warhol, du vicomte Snowdon et la Princesse Margaret son épouse, de l'écrivain Karen Blixen, est mort à 82 ans en 2020. Le garçon qui était à la table voisine avait la même allure. Davantage habillé que sur l'autoportrait réalisé par le photographe bien sûr, il avait une coupe de cheveux identique. Lacé où j'étais, je n'avais d'abord vu que son profil. il s'exprimait d'une manière volubile, expliquant à son compagnon et à une jeune femme qui était assise en face d'eux, des choses apparemment captivantes et drôles. Le sourire était identique.
 
Quand il se leva pour mieux expliquer ce dont il parlait, s'apercevant que je le regardais, il plongea son regard dans le mien et me sourit avec toute la grâce d'une jeune Kennedy. Car le garçon aurait pu interpréter JFK, Bobby ou Teddy jeunes. Un WASP comme Bruce Weber en photographia des dizaines pour la revue d'A&F avant que les wokes reprochent à la marque préférée des étudiants américains de ne jamais montrer que de beaux garçons et de belles filles... Depuis, ils sélectionnent des moches, rarement aussi bien faits et rayonnants de grâce et de beauté que ceux qui animent les catalogues des années 1990-2000 à l'époque où le CEO de la marque, Mike Jeffries imposa cette image du garçon américain, blanc, blond, imberbe, viril mais tendre, au sourire ravageur, à la plastique épanouie et sexy. 
 
 
La mode est aujourd'hui n'est plus au "Cool and Wasp". On a beau se dire que les jeunes mecs et leurs homologues féminines populaires dans les high-school comme au collège restent en majorité d'origine caucasienne, l'époque faussement égalitaire, prétextant la souffrance de ceux qui, gros, difformes, mal gaulés, les cheveux drus ou rares et le faciès ingrat, les maigrichons, les culs plats, les épaules étroites, bref tout ceux qui ne sont pas vraiment gâtés par la Nature, mets la laideur en avant. Tatouages immondes, pseudo ethniques, piercings jusqu'au bout de la bite et des seins, ou pire encore, dans les narines comme les bovins, toute la laideur du monde encensée et la beauté  décriée, l'esthétique des demi-dieux qui peuplaient jusqu'à ces dernières années les magazines, les revues et les séries télévisées adorés par la jeunesse du monde, devenue objet de haine... En Asie, où le White Anglo Saxon Protestant n'est pas naturellement courant, se vêtir en Abercrombie & Fitch reste le must. Quant à nous, David et moi, son frère et la plupart de nos amis, nous continuons de porter fièrement t-shirts, polos et chemises A&F et revendiquons haut et fort notre appartenance à la famille des mâles blancs d'occident, héritiers de la pensée et de la philosophie grecque, homosexuels,hétérosexuels, bisexuels, pansexuels peu importe, mais blancs et bien dans notre corps ! Na !


Je sais, on va encore me traiter de réactionnaire blanc nanti indifférent à la souffrance des gars pas beaux et des filles moches. Je revendique ce droit à la beauté, le droit de préférer un beau garçon bien foutu, au sourire ardent, sain de corps et d'esprit - men sana in corpore sano - héritier des éphèbes de l'antiquité, et des princes de la Renaissance, les filles jolies et féminines, à tous les rachitiques percés de partout, couverts de tatouages immondes, les cheveux verts, oranges ou violets, sales, mal fagotés, à la peau flasque et blanchâtre, aux ongles faits, au sexe incertain. David rectifie mes propos : il faut juste cesser de les voir, de les regarder et nous concentrer sur la beauté, selon les canons classiques. Laisser ces moches décadents à leur déconstruction à la mords-moi-le-noeud.
 

01 janvier 2023

Comme deux jeunes faunes remplis d'amour

 
Quand je ferme les yeux, c'est ton ombre qui remplit mon regard. Diaphane comme hésitante, elle se précise au point que je sens ton odeur, j'entends le battement de ton coeur et le velouté de ta peau, cette chair mate, si douce dont le goût de vanille et de lilas éveille mes sens depuis notre première fois. Il y a si longtemps, nous avions à peine seize ans et l'été dans la montagne énervait nos sens. Je t'avais aperçu à la messe parmi les familles de vacanciers. Tu n'étais pas vraiment un étranger. pas plus que moi. Nos familles étaient liées depuis toujours à ce charmant petit village basque peu fréquenté par les touristes. Toi, parce que ta grand-mère qui avait longtemps vécu à Versailles s'était installée dans sa grande maison familiale sur la place, près de la mairie, et qu'elle réunissait chaque été tous ses petits-enfants. Moi, parce que nous possédions cette grande maison typique à côté du cimetière avec son grand jardin qui montait jusqu'aux bois. Nos familles se fréquentaient peu mais nous nous retrouvions sur le parvis le dimanche ou lors des parties de pelote, dans le gave aussi où nous avions les mêmes rites, les baignades, la pêche, les barrages que nous construisions et que le garde-champêtre nous obligeait à défaire pour ne pas troubler les habitudes des truites et des écrevisses qui s'y reproduisaient et risquaient de ne s'y plus retrouver. Cet été-là est gravé tout entier dans ma mémoire. 
 
 
L'image de ce garçon croisé par hasard sur Instagram pourrait être une photo de toi quand nous étions unis l'un à l'autre, le jour et parfois la nuit aussi. Tu as seulement des yeux plus beaux encore que ce garçon, deux perles de jade (ma mère t'appelait le garçon céladon) et cela nous agaçait. Mais on ne reprend pas ses parents, du moins on ne le faisait pas il y a trente ans. 
 
 
 
L'adulte que je suis devenu sait combien il doit à ces jours heureux - les derniers de l'enfance, les plus ardents de l'adolescence - et combien je te dois aussi... Tout après toi a toujours été coloré par la joie et le bonheur de vivre, d'aimer et de me savoir aimé. Aucun doute, aucun incident de vie n'a jamais ébranlé cette joie et ce bonheur. L'i=union de nos deux cœurs, celle ensuite de nos corps, les lettres échangées, les retrouvailles de plus en plus espacées par les contingences habituelles : les mutations de ton père officier, nos études... Et puis, un océan nous a séparé et nous ne nous sommes jamais plus revus, sauf à ton mariage et une fois, par hasard à Bordeaux. Je vivais déjà depuis quelques années aux États-Unis et venais de quitter l'université, diplômes en poche. Tu finissais cette grande école d'ingénieur en Belgique. Avec la joie des retrouvailles, remonta aussi le souvenir de ces moments d'extrême intimité où nos corps, avec nos âmes, étaient tendrement unis.
 

Je ne me permettrais pas de publier sur ce blog, même s'il y a peu de risques que quelqu'un nous reconnaisse, les photos que j'ai gardées de toi, de nous. Celle où nous baignions dans le gave avec d'autres garçons, nus comme des vers et riant aux éclats. Tu me tiens par le cou et moi par la taille. Nous sommes beaux, bronzés, bien fichus, sportifs et l'adolescence nous embellissait, ou plutôt le fait de passer le plus clair de nos vacances dans la nature, à nager, courir, jouer au tennis ou à la pala, nous faisait une adolescence saine et virile.

Cette autre image d'un jeune couple d'influenceurs très à la mode sur les réseaux sociaux américains, Nick et Pierre, un jeu d'ombre à la Cocteau qui montrerait deux jeunes faunes me parle aussi. C'était au château où tu étais venu passer un long week-end de Pâques. 

Nous avions dix-sept ou dix-huit ans et si notre amitié était connue et acceptée de tous, nos parents, proches après tous ces étés passés en voisins dans le même village basque, nous voyaient comme deux frères et nos siblings nous appelaient les "inséparables-drôles-de-zoziaux". Le deuxième soir, les adultes, invités je ne sais où, nous avaient laissé à la maison pour garder mes sœurs plus petites. Après dîner, les petits couchés, nous étions montés dans ma chambre. Notre désir s'était fait ardent toute la soirée et nous ne pensions qu'à nous retrouver dans mon lit. Nous avions un peu bu et fumé des cigares de mon grand-père... Je ne sais plus lequel de nous deux eut cette idée saugrenue de vouloir jouer à nous poursuivre et à cache-cache dans le château... C'est une vaste demeure, une de ces grosses maisons de campagne construites au milieu des vignes juste avant la Révolution, remplie de coins et de recoins, d'escaliers et de petites pièces cachées. Nous étions en chaussettes, tu ne portais qu'un slip moulant qui m'excitait, j'avais enfilé le bas de mon pyjama. On joua comme des gamins à glisser sur les dalles et les planchers cirés. Nous poursuivant à travers les couloirs et les pièces de réception du premier étage, nous avons parcouru dans toute la maison, en évitant de faire du bruit pour ne pas réveiller les filles ni attirer l'attention de Rosette et René, les deux vieux domestiques de la maison dont l'appartement donnait sur la grande cuisine.

Essoufflés, ivres de désir et d'alcool, nous avons fini par nous retrouver face à face dans le grand escalier, sur le palier du premier étage et jetés l'un contre l'autre, après un long baiser qui durcit nos sexes et nous laissèrent haletants, ton slip et mon pyjama volèrent par-dessus la balustrade pour atterrir aux pieds de nos parents qui rentraient... Mon père leva la tête et aperçut dans la pénombre deux gaillards visiblement nus. Ma mère intriguée alluma la lumière de l'escalier sans comprendre. Soudain l'ombre de nos deux corps projeta sur les lambris, nos formes exagérément déformées, nos sexes dardés et décalottés comme ceux de deux priapes en rut. Papa eut le réflexe d'éteindre la lumière avant que ma mère ne lève les yeux... Il éclata de rire, comprenant que les deux petits diablotins étaient devenus des hommes, humant les vapeurs de cigares et voyant par la porte entrebâillée de la bibliothèque, les flacons restés ouverts et deux verres sur la table devant le canapé, il perçut notre exhibitionnisme comme un jeu innocent de deux jeunes gaillards dont la paillardise avinée respirait la force, la joie et la vie (et mille promesses).

 

Ce n'est que longtemps après, quand j'annonçais à ma famille, ma préférence incompressible pour les gens de mon sexe et mon intention de vivre le restant de mes jours avec le garçon que j'avais invité à fêter Noël chez nous, qu'il réalisa ce qu'il avait toujours su au fond de lui, et qui l'avait peut-être travaillé lui-même au même âge que moi, ce désir des garçons, désir d'un autre soi-même, le désir de Narcisse viabilisé, réalisé, consommé... Il me rappela en souriant l'ombre projetée des deux faunes sur les boiseries du grand escalier et son fou rire d'alors...

22 avril 2022

Ce monde déboussolé qui rejette la beauté...


Louis, l'aîné de mes neveux  qui fait ses études à Bruxelles et vient de fêter ses dix-neuf ans, m'écrit (une vraie lettre avec un beau timbre) qu'il est sorti ébahi et furieux d'un débat entre étudiants organisé dans son université sur le thème de l'inclusion... Sujet tristement à la mode parti de la fureur pudibonde de jeunes refoulés nourris au biberon de la psychanalyse de quelques universités d'ici, et paas des moindres hélas... 
 
 
Il m'explique dans sa lettre que quelques étudiants se sont montrés très virulents contre la marque Abercrombie & Fitch, label sublime en qualité et en style, que David et moi, comme la plupart de nos amis portent depuis sa création dans les années 80 quand nous étions encore adolescents. Avec Ralph Lauren et Calvin Klein, Nautica et Brookes, A&F est bien plus qu'une marque de vêtement, c'est un symbole, celui d'un style de vie et d'appartenance à un univers social, spirituel et philosophique. Du moins selon moi. 
 
Louis a tenté de défendre l'esthétique, le style, la classe des modèles et le grand talent du photographe Bruce Weber, un des plus grands portraitistes modernes et reconnu comme tel jusqu'à ce que des excités s'attaquent à lui, comme d'autres se sont attaqués à Polanski, à Woody Allen, et à d'autres encore parce que les avocats américains ont vite compris tout le fric qu'il y avait à se faire en attaquant des célébrités pour de prétendues exactions à connotations sexuelles... Comme par hasard les "victimes" se manifestent des siècles plus tard. entre temps, il y a eu l'intervention d'un psy, celle d'un avocat et l'appât du gain. car tout cela se chiffre en millions de dollars. Il est évident pour ces gens que le pactole amassé est la suite logique de l'analyse de déconstruction et, oubliant le plaisir pris à l'époque et la tranquillité d'esprit dans lesquelles les victimes se trouvaient, les pauvres se transforment en martyr, dont la candeur, la pudeur et l'intégrité mentale ont été souillées... 
 
Qu'est ce qu'il a pris mon pauvre Louis, au milieu de ces inclusistes (il a un bon mot dans sa longue lettre : "tu vois, autrefois il y eut l'Inquisition et els inquisiteurs, maintenant il y a l'incluition et les inclusiteurs !"), surtout de la part de deux filles lesbiennes excitées et d'un trans ou un neutre peut-être, à la voix de stentor militants éperdus de l'inclusion aux forceps. L'extrême gauche imbécile qui s'empare peu à peu des campus américains et gagne le reste du monde... C'est à pleurer si nous n'en rions pas. Ces hystériques qui se prennent pour les sauveurs de l'Humanité, ne valent pas mieux que les sectaires intégristes des extrêmes-droites du monde entier. Et Louis d'ajouter pour terminer son récit de l'évènement, "Et en plus, tu les aurais vu, ils étaient cinq, six, toutes et tous laids à frémir, malsains, boutonneux, riquiquis et aux yeux méchants. Des harpies et des quasimodos en pire !"
Laissons là ces pisse-vinaigres, ces mal-baisés et ces laiderons. A&F n'avait pas de taille XL, leurs dirigeants sont passés par le lavage de cerveau et aujourd'hui, on trouve au catalogue du XXL et au-delà. Symbolique non ? On a même traité dans certains magazines ultra-progressistes la marque de développer une esthétique et une philosophie nazie ! L'apologie d'un corps sain reflet d'une âme saine, montre la beauté plastique de jeunes athlètes bien dans leur peau, prenant soin de leur santé physique et donc de leur équilibre moral. Tête qu'on peut imaginer bien faites et pleines de la pensée des grands anciens, adeptes du mens sana in corpore sano. C'est de l'idéologie nazie cela ? 
 
 
Donner aux jeunes garçons l'envie de se dépasser, de se bâtir un corps bien fait avec lequel ils se sentiront aptes à affronter l'existence et sauront avancer quelque soit la difficulté ? Cet idéal qu'on enseignait dans les familles, à l'école, au collège, chez les scouts. Est-ce du nazisme ? 
 
 
Est-ce du racisme que de préférer regarder un bel éphèbe aux épaules rondes et fortes, à la poitrine imberbe et large, à une gros flasque et velu comme un singe ? Pas pour moi en tout cas, ni pour David, ni pour son petit frère, pour nos amis et pour toute la gens civilisée, intellectuellement évoluée. Et tant pis si nous sommes fiers d'être blancs, blonds, bien foutus, de bonnes familles, pas trop bêtes et répondons à des codes WASP, fiers d'être de purs produits de l'occident judéo-chrétiens, férus de la pensée des philosophes de la Grèce ancienne et adeptes de la culture occidentale avant toute autre.

 
Et pour finir ce coup de gueule, un peu de pub pour l'eau de toilette Abercrombie pour les garçons. Elle est tellement belle et bien faite chez A&F, du moins avant que les fondateurs s'en aillent et laissent la place à une communication inclusive, politico-ethno correcte !

Vaste sujet que l'esthétique masculine. des goûts et des couleurs on ne saurait discuter" disaient les anciens. Les lecteurs d'Hadrianus savent combien il est imprégné de la pensée et de la philosophie grecque, combien le gymnase pour lui et préférable au sénat et que l'empereur toujours a eu plus de goût pour les éphèbes, les jeunes garçons à la virilité jaillissante au sortir de l'enfance, quand la toge virile ne cachait encore que de la beauté, des chairs tendues, des muscles forts et toute l'innocence et les aspirations de la jeunesse. Ni poils, ni graisse. la peau halée par les exercices sous le soleil du portique, partageant leur temps entre l'enseignement de Platon et le javelot ou la lance, la course, la lutte ou la natation. 
 
 
L'homme pour Hadrianus n'est attirant que dans sa fraîcheur. Velu, les traits durcis par la maturité, leur beauté n'est plus et n'attire plus. Nos temps réprouvent souvent l'amour des plus jeunes. Il fait pourtant depuis toujours les délices des dieux, des poètes et des philosophes. Bien des artistes aujourd'hui savent ce que ces lignes veulent dire. Il ne s'agit pas de l'amour des enfants qui est infâme puisqu'ils ne peuvent jouir des plaisirs que la puberté leur apportera. Il s'agit de l'amour des jeunes hommes, à la fraîcheur inimitable, leurs corps où se mêle les relents de la pureté enfantine et la force virile de leur sexe. 
 

Entendons-nous bien, il ne s'agit pas des follasses et autres pétasses qui remuent du popotin dans des jeans moulés et passent des heures dans les salles de fitness et ne sont ni hommes ni femmes. Un autre sexe souvent abject et aux mœurs dégoûtantes. Il s'agit d'êtres d'exception aux visages d'ange et aux corps de dieux. Tendres et doux de nature, ils sont ardents dans l'amour et partager le même plaisir est un cadeau divin. La société moderne a perverti tout cela hélas. L'hypocrisie la plus ignoble, associée à la bêtise la plus crasse et surtout à la vulgarité de nos temps, en mélangeant tout, détruit cet équilibre naturel, ce moment délicieux et éphémère, pendant lequel le garçon se cherche lui-même dans l'autre et, Narcisse baisant avec Narcisse, s'abandonne sans crainte ni remords au plaisir. Il ne se noie pas mais triomphe. Il est je avec un autre qui est lui en même temps que ce lui est tout autre...

 
"Après viendra le temps d'aimer la femme et d'en faire la mère de nos enfants. Parmi eux, les dieux bénissant notre union, nous donneront des garçons qui vivront ce que nous avons vécu comme le préconisent les philosophes anciens. Et c'est bien." écrivit quelque part Langston Hugues. Mais c'était avant le règne des barbares et des sauvages d'aujourd'hui. Avec eux l'hypocrisie, la vulgarité et l'ignorance. Notre monde est loin, très loin, de la "Ligne de Beauté" chère à Hollinghurst !













 



19 mars 2022

Dans les bois du Parnasse

 

Dans les forêts du Parnasse, le héros parfois rencontre son âme. Difficile à chaque fois, de savoir s'il s'agit de la sienne, ou d'une ruse des démons. Ils prennent figure humaine, mais empruntent aux dieux une beauté impossible que le regard du mortel n'est pas en mesure de supporter. Sauf s'il est déjà, par sa propre beauté et sa grande pureté, l'égal des dieux qu'il porte dans ses rêves depuis toujours. L'enfant qu'il était, sensible dès avant le gymnase aux formes des filles autant qu'à celle des garçons, préféra vite ces derniers, ses semblables, dont il  lisait le désir, identique au sien puisqu'il en ressentait les effets sur la part de sa chair qui se dressait souvent, sans qu'il puisse la contenir ni la réfréner, sous les douches, pendant la lutte ou à la course. Dans les nuits jaunes de son adolescence, son jeune corps affamé rêvait indifféremment des belles esclaves nubiennes de son âge qu'il voyait derrière les tentures du gynécée. Il désirait que l'une d'entre elles, la plus jolie, la plus gracieuse le rejoigne dans sa couche et chevauche sa jeune et ardente virilité. La souillure des draps au réveil l'encombrait mais le bain aussitôt ravivait son désir et l'ami du gymnase qui partageait avec lui les ablutions matutinales réveillait sa faim et leur membre dressé, bien vite devint l'instrument de leur joie, à peine cachée aux autres. Ils en tirèrent longtemps une musique suave et délicieuse. Le voilà plus mûr, familier des bordels où les esclaves reçoivent pour quelques pièces les éphèbes nantis par la nature, à la virilité fougueuse mais hésitante encore qui repose les filles de la vigueur distraite des soldats, des manœuvres et des pères des garçons. Il aime le plaisir. Tout en lui le réclame chaque jour et parfois plusieurs fois avant que le soleil ne se couche. Mais les jeux entres garçons, les combats amoureux, les longs échanges avec son amant, l'explosion joyeuse de leur plaisir, valent mieux que les jouissances tarifées et routinières des filles des auberges du port. Il recherche désormais la compagnie des jeunes dieux du Parnasse. Il désire Appolon quand il avait son âge, et Marsyas adolescent qui chante à ses oreilles quand son désir se dresse. Pas les dieux au sommet de leur force et de leur maturité. Il n'y a jamais voulu goûter et jamais ne le fera. Le garçon oui, identique à lui-même toujours, jamais l'homme.

 

Il arpente les bois, furète dans les grottes, évitant les satyres et les faunes travestis en éphèbe. Non achevé, il cherche ceux qui comme lui ne sont pas encore finis. Le corps des hommes mûri par la vie, le temps, les guerres et les trahisons, bien qu'admirables de force et de vigueur, le laisse indifférent ; le dégoûte même parfois. Il ne s'étendra jamais sur la couche de Jupiter ou de Priape. Il s'en est fait le serment à sa première extase avec l'Ami, le frère, le compagnon, Alexis, plus grand que lui, aussi blond qu'il est brun, plus fort aussi, toujours vainqueur au pugilat, à la lutte, à la nage comme à la course mais qui parfois le laissait gagner pour montrer combien il l'aimait. Ils avaient quinze ans. 

Leur plaisir s'amplifia d'année en année et à vingt ans, après une campagne sous le commandement d'Achille où le sang coula le jour autant que le lait de l'amour la nuit, la veille du jour où Alexis tomba le flanc percé par une lance parthe, il jura en baisant le visage mouillé de larmes et souillé de terre et de sang de son ami, que jamais il ne chercherait le plaisir dans des plus vieux que lui. Le héros aujourd'hui est devenu un homme. Ses fonctions dans la Cité, sa vaillance à combattre, les lois qu'il fit voter pour la Cité, en font un des sages dignes de la curule suprême. Il n'a jamais pris épouse. Des esclaves nubiennes lui ont donné des enfants quand il était très jeune et dont peu survivent. Il eut des amants, tous issus du Gymnase, fils de princes et de sénateurs, jamais courtisans, tous amoureux transis du Héros mais qui jamais n'avaient plus de vingt ans. 


 


 

06 novembre 2021

Antinous comme en rêve


 Et si Hadrien avait laissé Antinoüs se perdre ? Quand il titillait la fidélité du jeune bythinien en installant son rival, éperdument amoureux de l'empereur, jaloux du favori, de l'Elu mais fasciné par sa beauté comme l'emperuer l'avait été, fou amoureux du maître et de son ami ? Ont-ils cédé ? Ils étaient jeunes, forts et beaux tous les deux. Ils auraient pu demeurer, pareils à Achille et Patrocle, unis dans la passion, le désir, le jeu, dans la douce affection qui accompagne les amants assouvis et continuer d'aimer, d'accompagner et servir l'empereur... Au lieu deça, Antinoüs a choisi le sacrifice. A moins que tout cela ne fut qu'une opération secrète, pour aliéner l'amour et la sérénité au maître du monde, un complot pour assurer l'avenir d'un faction jalouse. empêcher Hadrien d'adopter les deux garçons et de faire d'Antinoüs son successeur... Suicide ou meurtre déguisé en sacrifice rituel pour la gloire de l'empereur et l'avenir de l'empire ? Qui saura jamais...

02 octobre 2021

Photo historique par Horace Bristol, US Navy, Rabaul Harbor

On the heat of battle, photographer Horace Bristol captured one of the most unique and erotic photos of WWII and maybe the only one with such a beautiful guy.

Horace Bristol photographed a young crewman of a US Navy “Dumbo” PBY rescue mission, manning his gun after having stripped naked and jumped into the water of Rabaul Harbor to rescue a badly burned Marine pilot. The Marine was shot down while bombing the Japanese-held fortress of Rabaul.

“We got a call to pick up an airman who was down in the Bay. The Japanese were shooting at him from the island, and when they saw us they started shooting at us. The man who was shot down was temporarily blinded, so one of our crew stripped off his clothes and jumped in to bring him aboard. He couldn’t have swum very well wearing his boots and clothes. As soon as we could, we took off. We weren’t waiting around for anybody to put on formal clothes. We were being shot at and wanted to get the hell out of there. The naked man got back into his position at his gun in the blister of the plane... And well, there was his butt, and I had a camera. I mean I am a historian.”

That is the BEST EVER quote about the nature of historians I’ve ever seen ! Certain moments afterall just need to be preserved for posterity, don't you think ? Have a good sunday, dudes.

22 septembre 2021

Connaissez-vous Laurent, l'auteur, inventeur et rédacteur de Red Mug, Blue Linen ? Il n'écrit sur son blog qu'en anglais et ce site est le plus élégant et le plus raffiné que je connaisse. les illustrations choisies sont toujours très belles, symboliques souvent, décalées toujours par rapport au sujet traité dans les différents billets du mystérieux Laurent, brillant bretteur d'idées, doté d'une culture nourrie aux même sources que celles de mes lecteurs préférés et celles de votre dévoué. Si vous en savez davantage sur lui, des échanges peut-être, ne dites rien. La beauté de son blog n'a pas besoin d'éclairage trop vif. Le lire est un bonheur quotidien. hélas, il semblerait que depuis quelques semaines, en réalité depuis février dernier, notre discret Laurent dont j'aimerai tant qu'il soit ce garçon qu'on voit de dos à côté du titre de son blog. Chemise bleu chambray en coton (celle du titre) élégamment usée (il n'y a que les parvenus et les sans-goûts qui portent des vêtements neufs, la patine et l'usage sont tellement plus élégants, "chics" comme disent les britanniques), coupe de cheveux classique et mug rouge basque (celui du titre). Du thé (chaud et au lait de préférence ou, accordons-lui cette péripétie esthétique, café noir allongé à l'américaine). Et en exergue cette sentence, définitive, qui situe où le visiteur se trouve :"A Gentleman doesn't dine in restaurants"

Sa présentation est un résumé d'élégance et d'intelligence. Voyez plutôt :

"Writing to a colleague in the 1930s, the physicist Wolfgang Pauli confessed, “I have done a terrible thing. I’ve postulated a particle that can not be detected.” Eventually, Pauli won the Nobel Prize for his Exclusion Principle, i.e., all material particles exhibit space-occupying behaviour - and could very well fall within the province of restaurants. I wonder if red mug, blue linen will be that terrible thing, a postulate without a particle - that a gentleman is only that creature whose nourishment occupies no space. But whether that is true, is less urgent to know than where it comes from."

De quoi continuer d'espérer dans l'avenir de l'humanité, tant que des êtres penseront et écriront, liront et débattrons  avec modération, intelligence, mesure et un mug de thé. Et ci-dessous la toute première illustration publiée sur le blog, le jeudi 29 juillet 2010, avec en légende ces simples mots : "Under development" et quel développement vraiment ! Et le commentaire d'un ami lecteur : "This i going to be something amazing. I can already tell!". Il avait raison, n'est-ce pas ?




01 août 2021

Antinoüs parmi nous pour la plus grande joie d'Hadrien




La rencontre d'Hadrien avec le bel éphèbe grec Antinoüs marque bien le "Saeculum Aureum" dont parle Marguerite Yourcenar.

Antinoüs n’est qu’un enfant de seize ans lorsque il entre dans la vie de l'empereur. Hadrien quand il le remarque ne sait pas encore que le bel adolescent grec deviendra la grande passion de sa vie et qu'il en sera marqué à jamais. Nul n'imagine alors que ce garçon venu d'une province reculée de l'empire sera le personnage le plus représenté dont les traits sont parvenus jusqu'à nous et qu'il demeure présent dans l'esprit des hommes au point que son visage est aussi familier que des héros modernes.

Au moment de cette rencontre, la vie d'Hadrien est au zénith. Dans les Mémoires, Marguerite Yourcenar utilise la métaphore de la lumière comme liée au sentiment de bonheur. Tout n’est qu’ "ensoleillement", "délices", "volupté", "atmosphère d’or" et de "plaisir". 

Hadrien, à quarante-quatre ans, il ne connaît de l’amour que le désir et son assouvissement. Ses liaisons jusque là n'étaient que passagères, ses attirances impérieuses et éphémères. Soudain, saisi par la grâce apollinienne d’Antinoüs, il en fait son amant et tout son univers en sera changé. Il aimera et sera aimé, bien qu'il semble vite se lasser du dévouement absolu que lui voue bientôt le garçon, il ne s’éprend pas moins violemment du jeune homme qui occupe ses nuits, son coeur et son esprit.

 

Né en Bithynie, Antinoüs est donc grec et il est très beau :

"Je retrouve une tête inclinée sous une chevelure nocturne, des yeux que l’allongement des paupières faisait paraître obliques, un jeune visage large et comme couché." 

C'est encore un enfant, innocent et plein de grâce. Il manque d’expérience, sa crédulité et son ignorance. ajoutent à son charme. Ce n'est pas un courtisan. "Il était peu lettré, ignorant de presque tout, réfléchi, crédule". Son attribut premier semble être le silence. Parce qu'il est impressionné par l'empereur, maître du monde, parce qu'il sait ne pas avoir beaucoup de culture. Certainement aussi parce que son amour pour Hadrien est renforcé par une profondeur d'esprit rare chez un adolescent. 


Hadrien, attiré par sa beauté et son innocence, ne voit tout d’abord en lui qu’un jeune être malléable et obéissant. Ses associations peuvent d’ailleurs paraître quelque peu choquantes, surtout au regard de la passion qui les unira ensuite. Il le compare à un animal :

"Ce beau lévrier avide de caresses et d’ordres se coucha sur ma vie" 

ou bien :

"Les jambes un peu lourdes du poulain se sont allongées », à un végétal

"ce tendre corps s’est modifié sans cesse, à la façon d’une plante."  

ou encore à une statue :

"Je réduis cette jeune figure aux proportions d’une statuette de cire que j’aurais pétrie, puis écrasée entre mes mains".

 

Jeunesse et idéalisme vont de pair chez Antinoüs qui voue à Hadrien, pendant les quatre années qu’ils partagent ensemble, un amour sincère et exclusif malgré la cruauté répétée dont l’empereur fait preuve à son encontre. L'empereur, mis mal à l’aise par l'incroyable force des sentiments qu'Antinoüs éprouve pour lui, peu habitué à l’authenticité dans ce domaine, affirme son pouvoir et sa liberté de cœur en forçant le jeune homme à supporter ses caprices et d’autres amours de passage.

"J’obligeai l’objet aimé à subir la présence d’une courtisane (…) son dégoût alla jusqu’aux nausées puis il s’habitua."

 

Considéré un temps comme simple « objet » sexuel et non comme une « personne », dévalorisé voire même déshumanisé dans l'esprit et les actes d'Hadrien qui impose à Antinoüs la présdence d'un autre amant, Lucius :

"l’intimité auquel je les forçais augmentait leur aversion l’un pour l’autre."

Parfois même, Hadrien frappe le bythinien, rabaissé, blessé moralement et le traite plus mal que ses chiens :

"Je tournai en dérision ses fidélités passionnées qui fleurissent surtout dans les livres ; le bel être insulté rougit jusqu’au sang."

Pourtant, la passion d'Antinoüs ne faiblira jamais. Plus tard et paradoxalement, Hadrien affirmera, en repensant à son comportement et à ses nombreuses infidélités :

"Je n’aimais pas moins, j’aimais plus."

Période faste assurément dont Hadrien goûte à tous moments les délices. Alors qu’il se trouve au sommet de l’Etna, il décrit en quelques mots l’arrivée de l’aube, symbole de son apogée, de cet âge sacré où alors tout lui sourit :

"Elle vint ; une immense écharpe d’Iris se déploya d’un horizon à l’autre ; d’étranges feux brillèrent sur les glaces du sommet ; l’espace terrestre et marin s’ouvrit au regard jusqu’à l’Afrique visible et la Grèce devinée. Ce fut l’une des cimes de ma vie. Rien n’y manqua, ni la grange dorée d’un nuage, ni les aigles, ni l’échanson d’immortalité."

 

La figure de Ganymède, l'échanson d'immortalité évoque celle d’Antinoüs.

Symbole de la beauté du corps masculin, de l'érotisme et de la jeunesse éternelle, Antinoüs va devenir très vite l’emblème de l’amour homme-garçon, dans la droite ligne de la pédérastie enseignée en Grèce, fondement de l'éducation des garçons. Comme ganymède, le jeune amant de l'empereur incarne au sens plus large, l’inspiration créatrice et l’enthousiasme poétique.

Cependant, aux succès et à l’amour vinrent se greffer la perte et la douleur. Antinoüs, Idéaliste et exalté, sacrifiera sa vie à sa passion et se suicidera. Les mauvais esprits d'aujourd'hui - mais déjà sous le règne d'Hadrien...- sous-entendraient que cette affaire n'est pas claire et qu'un meurtre au nom de la raison d'Etat aurait été ainsi déguisé en suicide, au nom d'une mystique alors en vogue autour du culte d'Osiris... Rumeurs sans fondement ? Complotisme avant l'heure ?

Mourir pour l’être aimé, au sommet de sa gloire, c’est s’assurer l’éternité d’un sentiment trop souvent fugace et qui aurait pu n'être plus avec le temps, qu'une lointaine amitié ou pire sombrer dans l’indifférence. Mourir pour l’être aimé, c’était transformer son amour en œuvre d’art 

"Je n’ai pas droit de déprécier le singulier chef-d’œuvre que fut son départ", dira Hadrien qui ordonnera que son favori disparu soit considéré comme un dieu et que les peuples de l'Empire lui vouent éternellement un culte solennel.