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23 février 2025

Le dimanche, les garçons s'ennuient

Il y a des garçons qui jamais ne trouvent le temps long. L'esprit toujours attisé par leur appétit de vivre et la gourmandise de leur imagination. Ils sortent, font du sport, chassent l'amour et poursuivent leurs rêves. D'autres, à l'imagination tout aussi fertile et aux rêves plein de couleurs, ne sont pas sortis. Le monde certes ils ne le fuient. Pas encore. Il leur reste tellement de choses à découvrir, tellement de gens à rencontrer. Mais le dimanche, quand la maisonnée s'est vidée, que la famille est partie en promenade ou chez les grands-parents, ils ont préféré rester, prétextant des devoirs à terminer, un mal au ventre ou un début de rhume. La mère était désolée, le père n'a pas insisté. 
 
Appelons-le Sam. Il est assez jeune encore pour se souvenir de sa propre adolescence. Les petits étaient ravis de se débarrasser du grand frère taciturne, la sœur heureuse aussi de ne plus sentir pour quelques heures le regard acerbe et critique de son aîné. Elle est la seule aussi qui sait ce qui occupe son esprit. Il ne sera pas seul dans la maison vide. Il sera avec l'image, l'odeur, la voix, les gestes de celui qu'il aime et dont il attend un signe pour se sentir totalement, absolument heureux.

Alors, Sam désoeuvré regarde par la fenêtre, sans rien voir. Son regard passe au-dessus des arbres et des futaies qui limitent le jardin, au-delà des maisons de l'autre côté de la petite rue vide. Quelques oiseaux qui chantent la douceur du jour ne réveillent même pas les chats qui dorment au pied du lit. Il s'est recouché après avoir pris une douche. Longtemps il a laissé l'au froide, puis chaude, puis froide à nouveau couler sur son corps. Il sentait son désir monter alors il s'est séché et, nu, il est revenu dans sa chambre. Nu il est resté, étendu sur son lit, dans le silence de la maison. Il s'est assoupi. Une moto est passée qui l'a réveillé. Une envie de pancakes et de porridge soudain l'a poussé à se relever. Par réflexe, il a enfilé un caleçon et il est descendu dans la cuisine, suivi par un des chats, le plus jeune qui ne le quitte pas lorsqu'il est dans la maison. La mère continue sa sieste, roulée en boule sur la couette épaisse, ne bougeant même pas une oreille.

Les pancakes avalés, avec un grand jus de fruit et un bol de porridge, il s'est installé dans le salon. Couché sur le canapé, il a allumé l'ampli de son père et mis un CD. Il aime la musique. Il apprend le violoncelle. C'est sa neuvième année. Il a commencé très jeune. Cet instrument le fascinait. Son oncle a joue dans un ensemble de musique de chambre. Le terme l'a toujours fait sourire, de la musique de chambre, comme on dit un pot de chambre, une femme de chambre. Petit, ça le faisait rire tout seul. Sam aime la voix de l'instrument, si proche de la voix humaine. Son père est musicien. il enseigne au collège et dirige l'orchestre d'étudiants. Sa mère est pianiste. Tous les enfants jouent d'un instrument. L'un d'entre eux peut-être en fera son métier. Ils sont jeunes, ils ont le temps d'y penser. Le temps de choisir. Il regarde dans le jardin. Les feuilles mortes qui flottent sur l'eau de la piscine. Un merle perché sur la rambarde de l'escalier chant.e à tue-tête. Le printemps n'est pas loin. Les grues sont passées quelques jours auparavant D'ailleurs, il fait moins froid la nuit. 

Il a pris son livre. C'est Eric qui le lui a recommandé. Il l'a trouvé dans la bibliothèque de la maison. "The City and the pillar" de Gore Vidal. Il est à son père. Sa mère lui a dit que c'est une histoire très prenante. il était un peu gêné par le thème. Une histoire qui met en scène des garçons. L'histoire d'un garçon qui sait qu'il aime les garçons tout en assumant sa virilité. En cherchant sur internet qui était l'auteur, il s'est rendu compte de l'importance du bouquin à l'époque de sa parution. Il s'est dit qu'ils avaient de la chance de vivre dans le New Jersey, proche de New York où les mentalités sont bien plus ouvertes que dans le Sud des années 40 ou 50. Et puis, la photo qu'il a trouvé de l'auteur jeune lui a fait penser à Eric... 

Eric et Sam, une longue histoire. Ils se connaissent comme les deux héros du livre depuis leur enfance. Ils ont appris à nager ensemble et leurs deux familles se fréquentent beaucoup. Leurs parents sont amis depuis l'université. Fred, le père d'Eric est le parrain de Lucie, sa sœur aînée. Il les aime bien. Il lit quelques pages. Le chat réclame des caresses. Il s'est lové contre sa cuisse et ronronne en reprenant sa sieste. Si le chien était resté il aurait jappé pour monter sur le canapé, choses formellement interdite, mais la présence du chat contre son jeune maître le rend fou de jalousie. Il prend alors un air triste et renfrogné qui amuse la famille. Le garçon cède toujours quand les parents ont le dos tourné bien sûr... Un dimanche ordinaire. Il s'est un peu assoupi. Quand il se réveille, la pièce est plongée dans l'obscurité. Il n'y a aucun bruit dehors. Le ciel s'est assombri. Il va sûrement pleuvoir. Le chat s'étire comme un gymnaste avant l'entraînement. 
 
Sam pense à Eric. Il aimerait qu'il soit là, près de lui. Il baille et s'étire. Un mince filet de bave coule sur son menton. Il s'ennuie avec délice. Avec Eric s'il était là, ils auraient joué à lutter. Leurs deux corps tendus se mêlant avec force. Débraillés, collés l'un à l'autre, sentir la chaleur humide de leur corps mêlés l'excitait particulièrement. Tous deux cherchaient fougueusement ce contact des peaux transpirantes. Très vite ils devenaient de jeunes bêtes sauvages. I Un jour, la limite entendue, jamais clairement décidée, a été dépassée. Ils étaient rouges, échevelés, haletant, riant et grognant ensemble. Soudain ils sentirent que leur corps s'échappaient. Il ne se maîtrisaient plus totalement. Rester maître de soi. Se calmer avant que n'explose sous la toile du pantalon ce plaisir recherché mais qui terrorisait. Sam s'en souvient clairement. Y penser une fois encore le fait trembler. 
 
 
Ils avaient très chaud, leurs chemises étaient trempées. Eric tout  rouge était couché contre Sam, sa poitrine écrasant son torse nu. Il avait un souffle court. Dans un gémissement roque, Eric, sa chemise largement ouverte se frottait de tout son poids contre Sam qui gémissait et tentait de reprendre le dessus. D'un coup il se redressa. son sexe bandait. Pris de panique, il se recula d'un coup, repoussa son ami et se releva. Sam immobile, reprenait son souffle. Il se dressa sur les coudes. Eric lui jeta un regard affolé. Ramassant en vitesse sa chemise et ses chaussures, il quitta la pièce et partit de la maison. Sans un mot. Ils ne revirent pas pendant quelques jours. Ce fut la dernière fois qu'ils pratiquèrent ce jeu. Quelques jours avant, luttant tout pareil, C'est Eric qui avait senti l'érection de son ami. Il s'était exclamé, dans un fou-rire innocent, en fixant la bosse qui tendait le short de Sam :  "hey, You've got a boner". Sam avait baissé la tête et regardé son short gonflé "Yep" avait-il répliqué naturellement, comme si rien de plus naturel ne pouvait exister. "Do you mind ?" Eric avait répondu avec un grand sourire "No, it's cool"... 
 

Revenu à la réalité d'un dimanche solitaire, à la grisaille d'un après-midi sans soleil, il soupira. Il aurait bien aimé que ça se passe comme ça avec Eric. Comme dans ce film qu'ils avaient regardé ensemble. Eric ricanait, gêné, mais n'en perdait pas une. Le film terminé, ils s'étaient regardé longtemps en silence... Classique. Sam sentait bien qu'Eric l'attirait physiquement. Il passait du temps avec Gillian, sa petite amie, il la désirait mais on ne fait pas ce qu'on veut dans une famille de chrétiens évangéliques. On évite les pensées impures et les gestes irrémédiables. Avec Eric, il y avait quelque chose de plus que le désir animal qui lui titillait l'entre-jambes et le réveillait parfois la nuit. Ses rêves commençaient toujours par les jolis petits seins ronds de Gillian, sa bouche gourmande de baisers mais très vite, le corps d'Eric s'interposait et peu à peu l'image de Gillian s’estompait. Il se réveillait alors en sueur, juste avant de polluer son lit. Il ne faut pas, il ne faut pas ... 
(To be continued...)



24 novembre 2024

Sans amour...par Alphée de Mytilène

 
Malheureux ceux qui vivent sans amour : 
Toute occupation, 
Tout propos sont pénibles. 
Quand de la passion 
Vous n'êtes plus la cible. 
Quant à moi, je traîne mes jours... 
Mais que je vois celui que je vénère :
 J'irai vers lui plus vite que l'éclair. 
Aussi, ne fuyez pas le merveilleux amour : 
À la face du monde je proclame : 
Le dieu Éros est l'aiguillon de l'âme. 
  
 
Alphée de Mytilène qui vécut du temps d'Auguste, premier empereur, a laissé de nombreux épigrammes dont un certain nombre à connotations ouvertement érotiques et pédérastiques (Ce n'était pas un mot injurieux ni un concept honni chez nos aïeux). Peu de ses compositions sont arrivées jusqu'à nous. Hadrien possédait toute l’œuvre du poète dans sa bibliothèque.

05 juillet 2023

Premier matin de vacances...

© Diegodim - july2023

Il y a deux types de garçons. Ceux qui dès qu'ils ouvrent un oeil sont déjà dans l'ardeur et la joie des promesses du nouveau jour qui vient. D'autres en revanche qui semblent revenir des ténèbres. Toujours couchés trop tard et qui ont du mal à sortir des limbes. Inutile de souligner que les premiers sont toujours de bonne humeur et les seconds assez mal embouchés. Cela parfois crée des étincelles et des portes claquées. 

Et vous, vous rentrez dans quelle catégorie ? Dites-le nous en commentaire ! David est un peu comme le garçon renfrogné qui vient chercher un verre d'eau (son petit frère aussi qui passe dans le fond). Je serai davantage comme celui qui prépare les pancakes en fredonnant "I am a believer". 

Ce montage qui illustre les propos d'Hadrianus du matin, est signé Diegodim, un ami d'origine mexicaine qui s'amuse et nous amuse beaucoup avec ses scènes inspirées du quotidien new-yorkais, très roman-photo des années 70. Un créateur à suivre.

16 avril 2023

Années 80, jeunesse anglaise en noir et blanc

Garçons des années 80, par un photographe londonien. Sages mais sexys ces clichés vous ne trouvez-pas ?





 
Et puis le regard du photographe se fait plus fin et cache moins ce qui attire son objectif... La beauté des jeunes adolescents, quelques photos volées, d'autres largement posées. Ils sont chauds ces jeunes anglais :
 
















 Bon dimanche !


09 avril 2023

Florilège pascal III

En écoutant Brother in Arms des Dire Straits, Cet air que nous passions en boucle lors de notre première nuit, intimidés, effrayés mais heureux et comblés tous les deux." You did not desert me / My brothers in arms... There is so many different worlds / So many different suns / And we have just one world / But we live in different ones..."