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04 novembre 2011

Enfin le week end ! La grasse-matinée, les promenades au parc avec le chien, une sortie dans le New Jersey pour arpenter les marchés, celui de Berlin qui mélange produits fermiers et brocante, Bound Book, Boonton, Blairstown... Nous reviendrons la voiture remplie de cageots et de sacs plein de délicieux fruits et légumes, des gâteaux, du pain, des fleurs... J'aime ces marchés qui n'ont que peu de choses à voir avec les marchés de mon enfance en France, mais qui apportent un peu de ruralité dans un pays tellement urbain.Le week-end, nous cuisinons, nous ouvrons de bonnes bouteilles, faisons la sieste, regardons des DVD, lisons... Un délice de temps passé à ne rien faire de sérieux ni de contraignant. Le bonheur.

Chico and Nils for Macys

Matinales

David a un frère, mes lecteurs le savent, qui a dix huit ans, n'est plus tout à fait un enfant et pas encore un homme. brillant scientifique, poète à ses heures, sportif émérite (il est champion de natation et continue de jouer dans son équipe locale junior de foot mais a aussi tâté du judo et de l'athlétisme) qui a grandi avec le reste de la fratrie dans une famille plus qu'aisée de Concord, dans le New Hampshire, républicaine de tradition (mais très progressiste pour des conservateurs !). Le père est un ami proche de l'ancien gouverneur, la mère s'occupe de nombreuses associations caritatives.Mais le petit a ressenti le besoin de sortir un peu de l'ambiance familiale et s'est installé à New York (chez nous) depuis pas mal de temps. Il poursuit ses études ici et n'ayant pas pris goût à la promiscuité du campus, il préfère dormir à la maison. J'ai parfois trop tendance à le considérer comme un enfant, et un peu comme mon fils, ce qui agace à la fois Paul et son frère. David passe son temps à le secouer car lebougre est comme tous les garçons de son âge (nous avons été pareils nous aussi, non ?) et la liste est longue : panne de réveil quand il fait un peu froid le matin et que la veille un match à la télévision l'a obligé à se coucher tard, les vêtements sales étalés sur le tapis de la chambre et souvent mélangés au linge propre, les mugs et les verres oubliés un peu partout, le chien qu'il excite pendant de longues minutes (Brinkley adore ça, cela étant) et qu'il oublie de sortir obligeant le pauvre chien à se soulager sur le sol de la cuisine (...). 
Bref, Paul est un adolescent comme beaucoup. Comme beaucoup, il est aussi très beau et son buste joliment dessiné qu'il aime bien exhiber me rappelle David au même âge. La première fois que je l'ai rencontré, j'étais Hadrien et il était Antinoüs (cela aussi les lecteurs le savent déjà). Plus jeune que l'empereur et David plus vieux qu'Antinoüs. Ils ont tous deux le même regard un peu sauvage, le visage doux et le désordre permanent de leur chevelure est attendrissant. Que les lecteurs se rassurent, je en suis pâs en train d'insinuer que Paul m'attire et que j'en ferai bien une bouchée. C'est le frère de mon amant, de mon ami, de mon compagnon. C'est mon jeune frère. Et lorsque il se glisse dans notre lit, par jeu et parce qu'il a besoin de tendresse, nos caresses sont ce qu'il y a de plus chaste. Non pas qu'il n'est pas été tenté une fois ou deux d'aller plus loin et de goûter aux plaisirs dont son frère et moi gardons l'exclusive. 

 Mais il n'avait que seize ans. En vacances quelques jours chez nous, il est un jour sorti de la douche presque nu, les hanches enveloppées de sa serviette qui laissait apparaitre de jolies formes. Il s'est faufilé dans la chambre où je lisais. David était sorti courir. Paul minauda, parla de choses et d'autres et sauta sur le lit. Il fit semblant de regarder ce que je lisais et posa une ou deux questions histoire de se rapprocher de moi. J'eus un instant comme un frisson de désir rien qu'au contact de sa peau contre la mienne. Il posa sa tête sur mon épaule comme s'il voulait lire avec moi. Puis sans rien dire, sa main glissa sous le drap et se posa sur le haut de ma cuisse puis sur mon slip. Sous sa serviette une bosse enflait. Je repoussais bien vite son bras et me levais avant que chez moi aussi le désir ne devienne trop impérieux et ne nous pousse sur un chemin interdit... "Pardon" me lança-t-il en se levant. Il en perdit sa serviette et le voir ainsi, cul nu, gêné, tout bête, sortir de la chambre me fit éclater de rire. "Je voulais juste qu'on s'amuse. je voulais voir comment c'est" me dit-il plus tard quand nous avons reparlé de l'incident. Depuis, plus aucune ambiguité d'empoisonne nos relations. Il est respectueux de ce que je vis avec son frère et nous nous entendons parfaitement bien. Quand parfois il ramène un copain dans sa chambre, David et moi échangeons un regard qui veut dire la même chose "Est-il lui aussi comme ça ou n'est ce qu'un passage ?" Ma théorie de la pansexualité et du désir polymorphe a-t-elle pervertie cet esprit innocent ? Et, n'en déplaise à la pudibonde et hypocrite morale du XXIe siècle, les jeuens hommes pubères mais encore mineurs sont-ils innocents et naturellement éloignés de tout désir polymorphe ? Personnellement, sans prôner un quelconque prosélytisme, je suis persuadé du contraire. Par expérience, je sais depuis longtemps que peu de garçons sont fondamentalement et absolument insensibles au désir des garçons, au désir de l'autre, le semblable, l'autre soi-même...