Quand la rentrée approche, les garçons se rhabillent et retrouvent un autre charme. Ici à New York, la lumière si particulière de l'automne, appelé en anglais, the fall, ce joli mot qui m'a toujours fait rêvé,les rend très attirants, très beaux. je passais il y a quelques minutes dans une rue voisine de notre immeuble où un chantier de rénovation bat son plein. Autour d'un camion qui déversait du sable pour la fabrication du concrete (pour le non anglophones, nom anglais du béton), se tenait un groupe d'ouvriers. Parmi eux un très jeune homme dont je n'avais aperçu, entre deux grillages obturés par des bâches, qu'une épaule et un bras joliment dessinés sous une peau hâlée. Mes sens éveillés par la promesse d'un corps splendide me poussèrent à approcher. le camion avait fini de déverser sa cargaison. Il avançait lentement, au son de ces alarmes stridentes et répétitives qui m'ont fait détester l'infâme Bip-bip des dessins-animés, montrant le devant de l'immeuble en chantier. le garçon était là, en face de moi, seulement vêtu d'un pantalon de chantier et de grosses chaussures. Son torse s'offrait à mon regard.
Admirable réussite de la nature, des épaules larges et rondes, un thorax large et une musculature naturelle, née certainement des travaux de force que le garçon devait faire dans son métier bien plus que par de la gonflette forcée dans des salles de sport pour gogos comme il y en a tant ici. Il devait avoir dix sept ou dix-huit ans. A peine. Brun, très bronzé, de type méditerranéen, davantage sémite qu'italien. Un visage d'une beauté simple, naturelle sous des cheveux bouclés. La perfection. Une statue antique. Hadrianus était comblé l'espace d'un instant. Joli cadeau de ce matin de presque fin d'été. Savait-il quand il se rendit compte que je le regardais (je n'étais pas le seul à l'avoir remarqué, le promeneur de chiens du quartier, qui n'a pas seize ans, ne m'a pas semblé insensible à son charme et à sa grâce...), il le va un peu les sourcils, comme pour marquer de l'étonnement.
Peut-être se demandait-il encore pourquoi il était ainsi souvent l'objet de regards admiratifs ou de convoitise. Non, lecteur, je ne convoitais rien. j'admirais et mes sens se repaissaient de l'admirable beauté, cadeau des dieux, présage d'une journée heureuse aurait-dit Eumolpe, le prêtre devin du temple de Cyrène qu'avec la cour, Hadrianus plusieurs fois vint consulter et qu'ils trouvèrent à chaque fois, entouré d'un ou deux jeunes éphèbes divinement beaux et tendrement virils.
Mais revenons-en à la beauté des garçons habillés ceux-là que nous évoquions plus haut. Le temps des vacances, les activités de l'été ont apaisé et endurci à la fois leur corps. Ils sont le plus souvent bronzés, les cheveux coiffés et portent des vêtements neufs, rentrée oblige dans lesquels on les sent un peu mal à l'aise après l'absence ou le peu de vêtements portés durant les grosses chaleurs. Les chaussettes commencent à réapparaître et les sandales, les tongs laissent peu à peu la place à des chaussures de ville, modernes ou classiques. A New York, on croise de tout, même des gens en slip de bain et torse nu. Cependant, l'élégance naturelle des garçons dont je vous parle est très répandue. Bien davantage qu'à Paris ou à Londres.
Il est doux alors quand on aime leur corps, leur allure, et tout ce qu'on sait de leur fougue, de leurs désirs et de leur adresse, d'imaginer ce qui se cache derrière ces jolis tissus, ces pantalons et ces chemises joliment coupées, souvent de marques preppy.