Pourquoi ai-je mis autant de temps pour retrouver le chemin de ce blog ? Pourquoi cet éloignement qui a pu passer pour un abandon pur et simple ? La vie simplement ? Les occupations diverses et variées ? L'ennui, la flemme ? Je ne sais pas vraiment. Un peu de tout cela à la fois. L'amour aussi. Resté seul après une rupture qui m'a laissé sur le carreau, je suis rentré en France pour refaire une santé à mon cœur. Je savais qu'il devait partir, que ma vie professionnelle, mon attachement à ne pas intégrer ma famille et mon univers français à mes goûts et à mes choix intimes, tout cela a fini par lui peser. Et puis Il devait partir à l'autre bout des Etats-Unis. Ces allers et retours permanents ont usé notre désir, notre flamme. Cela a eu du bon. Il réussit bien dans son université. Nous nous parlons de nouveau depuis un mois et je l'ai souvent au téléphone. Mais le retour en France a été difficile. Après les premières semaines de repos absolu, avec un vide total du point de vue sentimental et sexuel. Il y a eu La rencontre. Un de ces miracles qu'on n'imagine que pour les héros de cinéma ( et encore les plus beaux, les plus doués et les meilleurs d'entre eux) : Hadrien qui venait de perdre Antinoüs a trouvé Antonin... "Les dieux veillent sur Rome" disait mon grand-père ! Avec Antonin ce fut un coup de foudre instantané. Une attirance intellectuelle avant que physique. J'avais en face de moi un garçon beau, intelligent, rayonnant. Mais ce qui me plut en une fraction de seconde, ce fut son allure, son naturel et le fait qu'émane de lui rien que de la passion. pour la vie, pour ce qu'il fait, pour ce qu'il apprend... Il a vingt ans et fait de la radio, de la vidéo, de la musique. Il compose, il écrit, il lit, il écoute. Étudiant en Lettres, il en a la liberté et la curiosité. Il pourrait aussi bien être à Sciences Po ou aux Beaux Arts... Je l'aime et, s'il n'a encore jamais prononcé ces mots, sa présence quasi permanente à mes côtés désormais ne veut pas dire autre chose. Tout est prétexte pour m'appeler, m'envoyer un mail, un texto.
Chaque jour en France, il est venu me voir souvent quand je ne l'attendais pas. Avec simplicité il m'a présenté son univers. Il a vingt ans. Quand nous nous sommes rencontrés il était avec Julie, jolie fille brune brillante elle aussi. Ils sont toujours ensemble, mais ce bougre a réussi à faire admettre à tous le nouveau partage de ses jours et de ses nuits : un peu chez papa et maman (artistes), un peu chez Julie et sa mère (avocat) et beaucoup chez moi.
Notre premier contact physique fut presque un accident. Nous regardions ensemble un texte sur mon ordinateur. Le Tokaï qu'il avait amené nous faisait un peu tourner la tête. Nous étions bien. Très près l'un de l'autre, nos jambes s'effleuraient. Nous étions pris par ce que nous lisions. Soudain par un faux mouvement il a failli faire tomber l'ordinateur. Nous l'avons récupéré ensemble, nous obligeant à nous coller l'un contre l'autre, bras, épaules, thorax... Nos visages étaient l'un face à l'autre. J'ai senti la chaleur de son souffle, ses yeux bleus saphir sous les longs cils blonds me fixaient. Il avait un petit sourire comme amusé et timide à la fois. Nos bouches se sont rejointes. Ce fut comme une explosion de bonheur. Une première fois. Comme une découverte. La nuit fut douce et belle, bien que le canapé ne soit pas un des meilleurs lieux pour dormir... J'espère ne pas choquer mes lecteurs, mais cette longue découverte réciproque de nos corps a été un des moments les plus forts de toute ma vie sexuelle ! Rideau, les détails ne concernent que nous. Aucun de mes lecteurs n'est un voyeur. Du moins je l'espère. Cela sous-entendrait trop de frustration et de tristesse.
Il a bien fallu que je reprenne le chemin du boulot et me revoilà à New York. Antonin doit me rejoindre après ses partiels. Ensuite il partira avec Erasmus... En Silésie... L'avenir ? Les dieux sont clairvoyants. Ils savent et ne nous laissent rien deviner. C'est aussi cela le chemin de la vie : l'inconnu.