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01 décembre 2014

American Guys on Polaroïd By Jeremy Kost

Flowering confidence
Jeremy Kost est un talentueux photographe plasticien. Il vient de sortir (octobre 214) un superbe ouvrage d'art intitulé Fractured dont les illustrations ornaient les murs du somptueux magasin Calvin Klein Collection de Madison Avenue. 


L'artiste a travaillé avec Clavin Klein pour l'évènement en réalisant 12 tirages papier en grand format de ses œuvres installées sur les murs du magasin. J'ai assisté aux essais de tirage il y a quelques semaines par hasard. 
 
A man's work
Just enough Evan
J'étais sur place quand le photographe travaillait avec les gens de la Lower East Side Print Shop, une imprimerie à but non lucratif qui collabore avec beaucoup d'artistes new yorkais et fait un travail formidable, au sixième étage d'un immeuble de la W.37th Street. Les tirages se sont vendus aux enchères, au Paddle 8 au bénéfice de l'association AIDS Community Research Initiative of America (ACRIA). 

 
 


Au matin d'un jour comme les autres


Quand il faut reprendre le chemin de la vie quotidienne, celui qui nous conduit vers le monde extérieur, les autres ; celui où nous perdons notre vie pour la gagner, où nous dépensons notre énergie à plaire, à convaincre, à réfléchir aux moyens qui vont nous permettre de faire toujours plus et le plus souvent au détriment d'autres qui font la même chose et ressentent - plus ou moins - les mêmes choses, il est bon de se souvenir des gestes de la personne aimée. Les sons que tu émets quand, à peine revenu de tes rêves, tu bouges un peu, étirant ton corps nu lové il y a encore un instant contre le mien, ton beau visage et tes mèches bouclées sur ton front, tes longs cils et tes paupières pâles que j'ai toujours envie d'embrasser... Ton odeur aussi, un peu sucrée, un peu acidulée. Tu n'as pas cours ce matin. Tu sortiras le chien, passera chez zabar's pour racheter du parmesan. prends-donc du Shropshire Blue et de ce fantastique Pecorino. On se verra ce soir. Hadrien laisse Antinoüs sous la garde de Morphée, et plus prosaïquement, du chien Brinkley qui n'a rien d'un cerbère et préfère dormir sur le tapis, au pied du lit...

Dans la bibliothèque Tommy dort aussi. Il est de passage et repart Mardi pour Philadelphie. Il a grandi. C'est un beau jeune homme. Un futur ingénieur. encore deux ans et il sera diplômé. Il rêve de partir en Asie pour travailler. Son ami est de Hong-Kong. Beau métis au sourire ravageur (vu sur la photo que Tommy a mis en fond d'écran sur son smartphone). Il est vraiment charmant, couché ainsi sur le sofa. Il ronfle un peu, comme ce doux gémissement qu'ont les chiots ou les chatons quand ils rêvent en dormant. Quand j'ai fait la connaissance de Tommy, il revenait d'un stage en France. il avait visité Bordeaux et le Médoc. c'est là qu'il avait rencontré mon frère, je ne sais plus trop chez qui. De fil en aiguille, nous avons sympathisé à son retour ici. Lorsqu'il revient à New-York, c'est chez nous qu'il vient dormir. Brinkley l'aime beaucoup car le bougre lui donne toujours quelque chose à grignoter. Encore une pensée toute simple qui me donne du courage pour repartir vers Manhattan... Drôle comme chacun des détails de ma petite vie tranquille prend un nouveau sens. est-ce que je suis en train de devenir sage ? De vieillir ? Chaque moment passé avec ceux que j'aime prend une signification plus intense, plus forte et plus belle aussi. C'est peut-être cela le bonheur ou du moins ai-je conscience d'une manière plus acérée de la chance qui m'a été donnée. Allez, il faut que j'y aille.


Seule joie en perspective dans ma journée de labeur : le déjeuner avec mes amis Andrew et Lena qui me rejoindront avec une amie à eux, au Viand, un coffee-shop sur Madison Avenue. Un  petit endroit où on mange vraiment bien dans une ambiance très cool. Lena travaille sur Lexington Avenue. C'est elle qui nous a déniché ce petit coin très cosy. Après, des rendez-vous, une réunion. Puis enfin, le retour at home.
Un petit mot au concierge. Je rajuste mon manteau. le temps est mitigé. 55° F au baromètre. Il va certainement pleuvoir. Ne pas oublier de ramener les vêtements laissés au pressing samedi. Encore une semaine ordinaire...




30 novembre 2014

Ain't Nothing Like the Real Thing

Redécouvert ce soir un film de Bruce Weber réalisé en 2010. Une petite merveille esthétique comme sait si bien en produire le grand photographe de la côte ouest. Lorsque j'étais étudiant, ses portfolios toujours en noir et blanc et à chaque fois toujours suggestifs étaient très à la mode. Calvin Klein, puis Abercrombie & Fitch lui doivent leur image. Un peu trop WASP (White Anglo Saxon Protestant) mais la beauté ne fait de politique.


30 août 2014

My name is Desmond...

 
Desmond. Comment peut-on prénommer un enfant ainsi aujourd’hui. Pourtant c’est son nom et je dois dire qu’il le porte bien et fièrement. Mais qui est ce Desmond me direz-vous. C’est un jeune garçon venu d’Outre-Manche avec ses parents, son frère et sa sœur. Venu passer ses vacances dans notre petit village, je l’ai rencontré pour la première fois un matin sur la plage. C'était il y a un peu plus de quinze ans, j'avais une vingtaine d'années. L’air était doux et la marée montait. Nous venions nous baigner nous aussi. Nous n’étions pas très nombreux sur la plage. Trois jeunes allemands bruns et bronzés qui nageaient comme des dieux, une famille du coin, des campeurs voisins et cette famille anglaise. 

Desmond était déjà dans l’eau quand je l’ai aperçu pour la première fois. Assez grand, bien fichu, vêtu d’un long maillot de bain vert, il émanait de lui cette grâce encore infantile mais déjà très virile qui vient aux jeunes adolescents dans les premières années de leur puberté. Il était magnifique. Je l'observais quand il surgit de l’eau. Son corps trempé luisait sous le soleil, ses cheveux collés sur son front et le long de son cou. Le short mouillé mettait en valeur les formes dont la nature a bien voulu le doter. 
De longues jambes lisses et totalement imberbes, un torse bien dessiné, des épaules souples et musclées... Tout en lui éclatait de perfection. Ses mains me plurent tout de suite. Longues, blanches et fines, elles bougeaient avec tellement d’élégance. J’aimais cette joie enfantine et cette manière souple et racée qu’il avait de se déplacer dans l’eau, jouant avec son chien, un jeune labrador aussi fou. Le petit frère s’amusait avec sa planche et leur sœur nageait avec eux. Lorsque je pénétrais dans l’eau il me regarda longuement, suivant mes mouvements avec attention. Est-ce le courant ou la satisfaction d’avoir près de lui un jeune adulte quand les vagues se firent plus hautes et le vent plus fort, mais il se déplaçait sans cesse vers moi alors que d’autres auraient préféré s’éloigner de ce groupe qui venait se baigner là où, quelques minutes auparavant, il était seul avec les siens… 


Il me sourit et plongea dans les vagues en même temps que moi. Il continua longtemps de nager et plonger à côté de moi, et lorsque le courant l’emportait, il revenait, me gratifiant à chaque fois d’un sourire radieux. Nous sortîmes ensemble de l’écume, et son rire me plut vraiment.

J’étais avec mes cousins. A chaque fois que nous allions de nouveau dans l'eau et qu'il était allongé sur sa serviette, il se redressait. Appuyé sur ses coudes, il nous regardait, se levait aussitôt et revenait vers nous. une fois dans l'eau, il nageait sans cesse à mes côtés. A un moment, nous étions restés seuls, et il me frôla. Au lieu de s’excuser, son regard me toisa comme un défi. Qu’allais-je faire, quelle serait ma réaction ? Je plongeais à mon tour et rejaillis par un coup de rein sur lui ou presque. Mon corps toucha le sien et mon bras glissa le long de son flanc. Nulle provocation, rien de vicié. Une candeur "avertie" dirai-je. Comme une invitation. Il sortit bientôt de l’eau et s’étendit sur le sable, sans cesser de me regarder ou de regarder dans notre direction. J’étais trop loin pour discerner vers où son regard se posait exactement. Je souhaitais vivement être la cible de ces yeux que j'avais trouvé d'un vert incroyable. 
 
Lorsqu’un des jeunes allemands sortit de l’eau et entoura ses reins d’une grande serviette bleue, je croisais enfin son regard, nous regardions la même chose : un autre jeune corps bien fait qui s’exposait aux regards. L'anglais se remit à sourire et ce sourire, j’en étais certain, m'était destiné. Perturbé, décontenancé même, je me couchais sur ma serviette, pour sécher au soleil et dormir un peu. Lorsque je me réveillais, Desmond jouait au badminton. Il avait enfilé un polo blanc sur un bermuda de toile beige. 

Il jouait bien, lançant élégamment sa raquette contre la balle. Quand il l’envoya près de moi il vint la rechercher en me lançant un "pardon" délicieusement accentué comme on sait le faire dans les bonnes écoles anglaises. Cet enfant ne venait pas de la plèbe, c’était certain. Sa mère avec qui il jouait était élégante aussi dans sa tenue de plage, fine, racée, la quarantaine passée. Une anglaise distinguée (il y en a). En se penchant pour ramasser la balle tombée sur ma serviette, il me toucha l’épaule en souriant et je sentis ses doigts s’attarder sur ma peau comme une caresse. Non, je devais rêver. Un adolescent de quinze ans n’est pas provocateur à ce point. Pas dans ce milieu-là. Les petites frappes rouées des bas-quartiers, rompues aux jeux sexuels et aux avantages pécuniaires immédiats qu’ils en retirent, auraient pu avoir ce geste d’invite. Avec Desmond c’était autre chose. Il me semblait fasciné. Mon corps, musclé, bronzé par trois semaines de baignades et de plage l’attirait-il ? Il devait bien imaginer que c’était avec ma famille que je venais sur cette plage comme lui avec la sienne… 
 
L’heure du déjeuner approchait. Nous sommes rentrés. L’après-midi, revenant du marchand de journaux, je pris un chemin de traverse pour éviter une rue en travaux. Il faisait orageux et le ciel resté bleu commençait de se couvrir de nuages gris. J’aime ces ballades solitaires en vélo dans la campagne normande, à deux pas de la mer.L'air est mêlé de senteurs presque contradictoires, le parfum salé de l’océan et l’odeur des champs et des prés. Au détour d’un bosquet, j’aperçus mon jeune anglais qui pédalait. Il me vit et s’arrêta net. C’est moi qui lui fit un large sourire cette fois. Il y répondit par un "Hello" amical. Il fit demi-tour et nous pédalâmes ensemble. Après quelques minutes de silence, je lui demandais dans sa langue où il allait. Il me répondit, un peu surpris de mon anglais, "I don’t know, and what about you ?" Je lui proposais de me suivre vers le Manoir abandonné, un lieu que j’aime beaucoup, éloigné des habitations, très ombragé et calme où j'allais souvent avec mes cousins et mes frères. Une rivière longe la route bordée de vieux chênes. Quelques chevaux parfois, des moutons et jamais personne. 
 
L’orage nous surprit non loin des ruines. Ce fut magnifique. En un instant le ciel argenté devint noir comme en pleine nuit, les éclairs se répandirent au-dessus de nous et la pluie se mit à tomber avec une force incroyable. En quelques secondes, nous étions trempés. Plus un seul de nos vêtements qui fut sec. La grange abandonnée nous abrita. Elle sentait le foin et l’herbe coupée. Nos vélos rangés, regardant la pluie, nous nous sommes mis à parler de ce paysage, de la campagne, puis il raconta son collège, ses parents.La pluie continuait de tomber drue, et notre conversation se prolongeait, abordant plein de sujets, mille riens qui lient deux personnes qui viennent de se rencontrer. 
 

Son corps trempé près de moi éveillait mille sensations dans mon cœur, et je ne désirais plus que le caresser et sentir sous mes doigts ce que mes yeux avaient pu admirer le matin sur la plage. Je lui proposais d’enlever nos vêtements pour nous sécher un peu. Il ôta sans façon son polo blanc rendu transparent par la pluie. J’aimais la forme joliment arrondie de sa poitrine, la pointe des tétons collés au tissu mouillé qui les moulait et ses abdominaux joliment dessinés. Il s’ébroua et tenta d'essuyer ses cheveux avec le polo. J’enlevais ma chemise. Il me dit "tu es bronzé, c’est beau", tentant le diable, je lui répondis :
- c’est doux aussi veux-tu toucher ?
- Pourquoi pas, me dit-il, du défi dans la voix et sans quitter mon regard. 
J’étais plus surpris que lui et terriblement mal à l’aise. Cet enfant avait l'âge des plus jeunes de mes cousins et des scouts dont je m'occupais alors, et nous étions là tous les deux, presque nus dans des dispositions pour le moins ambigües… 


Il posa sa main sur ma poitrine et glissa sur le côté de mon ventre que je raidissais en partie parce que je suis chatouilleux mais aussi parce que je voulais lui faire sentir mes muscles et lui donner envie de laisser sa main courir le long de mon corps… Il s’approcha encore davantage de moi et dit avec plein d’innocence dans la voix – c’est du moins ce qu’alors je pensais.
- Regardes la différence de couleur de nos peaux c’est incroyable. Quelle chance. Es-tu bronzé partout comme cela ? Il semblait vraiment admiratif et innocent.
Je répondis sans me donner le temps de réfléchir :
- Tu veux voir ?
Là, pour la première fois il rougit.Moi aussi.  J’attendais sa réponse, retenant ma respiration. 
- Why not, dit-il. 

Revenu à la raison, je lui criais un peu vivement :  
- No, we should’nt. What will people think if they see us ?  
- True” me répondit-il et il s’approcha de la porte pour voir la pluie qui tombait de plus belle. Il revint vers moi. Je n’en pouvais plus, j’étais seul avec un magnifique éphèbe pas vraiment effarouché qui paraissait vouloir la même chose que moi. Après tout qu’est ce que je risquais ? Nous étions seuls. Il ne me connaissait pas. J’avais une chance sur mille de le croiser à nouveau dans la région et il n’irait certainement pas raconter notre aventure à ses parents. Il était peut-être moins innocent que son apparence semblait le laisser croire… Le mystère des collèges anglais dont j’avais fait en mon temps la douce expérience… 

Je m’approchais de lui et le prenant par l’épaule, je le pressais contre moi et j’écrasais ma bouche avec un peu de brusquerie sur la sienne. Passé le premier instant de surprise, il ne résista pas vraiment et sa bouche s’abandonna. Il ouvrit ses lèvres et sa langue rencontra la mienne. Je sus à ce moment là que je ne m’étais pas trompé. Je le poussais dans le foin ou nous sommes restés plus d’une heure. Son corps contre le mien, tantôt dessus, tantôt dessous, nous nous sommes aimés comme je n’avais pas souvent eu l’occasion d’aimer. 
 

Son corps était vraiment dessiné pour l’amour, il acceptait toutes les caresses et gémissait comme une fille, mais ses gestes et son attitude restaient ceux d’un garçon, forts, virils. J’arrivais enfin à son sexe. J’ouvris sa braguette et fourrageais sous le tissu mouillé par la pluie. Il portait un caleçon de coton. Je dégageais son membre tendu, lisse, fin et long. J’ai remarqué que les anglais ont souvent de jolies proportions à cet endroit là. Ses testicules étaient durs comme je les aime, sans poil, doux et onctueux. Dans ma bouche, je sentis son engin se durcir encore et il gémit de plus belle, le corps traversé par des frissons de plaisir. La pluie dehors faisait rage et crépitait sur le toit, le grondement de l'orage et les éclairs décuplaient notre ardeur. Il m’offrit son corps et je le pénétrais avec le plus de douceur possible. Il poussa un cri quand mon plaisir éclata et son sperme se répandit dans ma main…

Nous sommes restés longtemps l’un sur l’autre lovés. Il me souriait.  
- My name is Desmond, m’avait il dit dans son délicieux français de Public-School, quand la pluie nous avait obligé - cadeau du ciel - à nous abriter...  
- My name is Desmond" répétait-il pendant que mon sexe s’enfonçait délicieusement en lui, 
- My name is Desmond" répétait-il en gémissant et en serrant les dents tour à tour.   
- Really pleasd to meet you, Desmond" lui ai-je répondu quand j’arrivais à l’extase. Nous avons joui en même temps.

Quand nous nous sommes levés, le ciel était dégagé. Le soleil qui perçait, faisait briller l’herbe mouillée. Il garda longtemps ma main dans la sienne. Rhabillés, nous sommes restés un long moment à regarder le paysage, les ruines du manoir, le ciel bleu. Je l’ai embrassé une dernière fois et mon corps contre le sien, j’ai senti son sexe se dresser à nouveau. Mais il fallait partir. Il a repris sa bicyclette et nous sommes repartis vers le village. Une belle journée en vérité. Un délicieux été.

Jolis garçons, au hasard du net





28 août 2014

Animula vagula blandula: Quand la rentrée approche

Animula vagula blandula: Quand la rentrée approche: Quand la rentrée approche, les garçons se rhabillent et retrouvent un autre charme. Ici à New York, la lumière si particulière de l'...

C'est vrai que tu me trouves beau ?


Pourquoi Ben a-t-il posé cette question ce matin dans la cuisine ? Plus sûr de lui depuis quelques temps, il apparait régulièrement pour le petit-déjeuner en caleçon. Voir un garçon à l'aise dans son corps est un bonheur. La pratique du sport, la promiscuité des vestiaires et les protéines de la nourriture américaine (avec une part de génétique aussi) rendent ce passage plus facile ici. Bien plus facile qu'en France où on n'ose pas, où on cache longtemps son corps. Pourquoi ? Parce qu'il cherche encore à se définir et entre sa petite amie et son meilleur copain, il n'a pas de choix à faire. Nous sommes persuadés qu'il n'est plus puceau et cela aussi fait avancer les choses. après sa vie intime, tant qu'elle ne l'ébranle pas, ne regarde ni son frère ni moi. En tout cas, le voir débarquer le matin, un sourire géant aux lèvres et beau comme un demi-dieu est un régal qui plait à l'Empereur !

Quand la rentrée approche


Quand la rentrée approche, les garçons se rhabillent et retrouvent un autre charme. Ici à New York, la lumière si particulière de l'automne, appelé en anglais, the fall, ce joli mot qui m'a toujours fait rêvé,les rend très attirants, très beaux. je passais il y a quelques minutes dans une rue voisine de notre immeuble où un chantier de rénovation bat son plein. Autour d'un camion qui déversait du sable pour la fabrication du concrete (pour le non anglophones, nom anglais du béton), se tenait un groupe d'ouvriers. Parmi eux un très jeune homme dont je n'avais aperçu, entre deux grillages obturés par des bâches, qu'une épaule et un bras joliment dessinés sous une peau hâlée. Mes sens éveillés par la promesse d'un corps splendide me poussèrent à approcher. le camion avait fini de déverser sa cargaison. Il avançait lentement, au son de ces alarmes stridentes et répétitives qui m'ont fait détester l'infâme Bip-bip des dessins-animés, montrant le devant de l'immeuble en chantier. le garçon était là, en face de moi, seulement vêtu d'un pantalon de chantier et de grosses chaussures. Son torse s'offrait à mon regard. 


Admirable réussite de la nature, des épaules larges et rondes, un thorax large et une musculature naturelle, née certainement des travaux de force que le garçon devait faire dans son métier bien plus que par de la gonflette forcée dans des salles de sport pour gogos comme il y en a tant ici. Il devait avoir dix sept ou dix-huit ans. A peine. Brun, très bronzé, de type méditerranéen, davantage sémite qu'italien. Un visage d'une beauté simple, naturelle sous des cheveux bouclés. La perfection. Une statue antique. Hadrianus était comblé l'espace d'un instant. Joli cadeau de ce matin de presque fin d'été. Savait-il quand il se rendit compte que je le regardais (je n'étais pas le seul à l'avoir remarqué, le promeneur de chiens du quartier, qui n'a pas seize ans, ne m'a pas semblé insensible à son charme et à sa grâce...), il le va un peu les sourcils, comme pour marquer de l'étonnement. 


Peut-être se demandait-il encore pourquoi il était ainsi souvent l'objet de regards admiratifs ou de convoitise. Non, lecteur, je ne convoitais rien. j'admirais et mes sens se repaissaient de l'admirable beauté, cadeau des dieux, présage d'une journée heureuse aurait-dit Eumolpe, le prêtre devin du temple de Cyrène qu'avec la cour, Hadrianus plusieurs fois vint consulter et qu'ils trouvèrent à chaque fois, entouré d'un ou deux jeunes éphèbes divinement beaux et tendrement virils.

Mais revenons-en à la beauté des garçons habillés ceux-là que nous évoquions plus haut. Le temps des vacances, les activités de l'été ont apaisé et endurci à la fois leur corps. Ils sont le plus souvent bronzés, les cheveux coiffés et portent des vêtements neufs, rentrée oblige dans lesquels on les sent un peu mal à l'aise après l'absence ou le peu de vêtements portés durant les grosses chaleurs. Les chaussettes commencent à réapparaître et les sandales, les tongs laissent peu à peu la place à des chaussures de ville, modernes ou classiques. A New York, on croise de tout, même des gens en slip de bain et torse nu. Cependant, l'élégance naturelle des garçons dont je vous parle est très répandue. Bien davantage qu'à Paris ou à Londres. 

Il est doux alors quand on aime leur corps, leur allure, et tout ce qu'on sait de leur fougue, de leurs désirs et de leur adresse, d'imaginer ce qui se cache derrière ces jolis tissus, ces pantalons et ces chemises joliment coupées, souvent de marques preppy.


24 août 2014

Achille et Patrocle, Philippe et Hervé...


"Toutes les particularités dont Achille se souvenait en pensant à Patrocle: sa pâleur, ses épaules rigides, un rien remontées, ses mains toujours un peu froides, le poids de son corps croulant dans le sommeil avec une densité de pierre acquéraient enfin leur plein sens d'attributs posthumes, comme si Patrocle n'avait été vivant qu'une ébauche de cadavre."
 (Marguerite Yourcenar, Feux)

Je lisais ce matin deux ouvrages très différents mais que j'ai associé dans mon esprit au point de vouloir en parler sur ce blog comme d'une seule et même idée : l'amour et l'attirance physique de deux garçons, jeunes adultes à peine sortis de l'enfance. D'un côté l'aventure amicale mythique du héros Achille et de son alter ego Patrocle, la mort de ce dernier et la douleur d'Achille, dans le roman "The songs of Achille" de Madeline Miller, qui a reçu en 2012 le fameux Orange Prize of Fiction ( publié en français sous le titre "Le Chant d'Achille"). De l'autre la surprenante lecture de "Deux Garçons", de Philippe Mazescaze, un auteur français qui a la particularité ainsi révélée par son livre d'avoir été le premier amant en même temps que le premier amour d'Hervé Guibert du temps de leurs aventures communes à l'école de théâtre de La Rochelle. Philippe avait 17 ans, Hervé à peine 14 ans. Deux beaux récits et l'adjectif est bien mal choisi. Guibert, disparu en 1991 du Sida est selon moi un des écrivains majeurs de la dernière partie du XXe siècle. Il parle dans "Mes parents" de cette période rochelaise où il joua Scipion avec "l'éphèbe transi", son aîné Philippe qui interprétait Caligula.


Deux émouvantes lectures quand on a soi-même vécu des relations d'une telle force, d'une densité aussi bouleversante que ce qui se dévoile au fil des pages de ces deux ouvrages. L'histoire des deux adolescents français qui ressemblent tant à ce que nous étions, ces être si semblables à ceux que nous fûmes et que nous aurions pu croiser au lycée, au théâtre ou dans un café... Le texte de l'américain transporte dans un univers mythique mais qu'elle parvient à rendre proche, familier, alors qu'on sait si peu de la vie quotidienne en Grèce... Ces deux  livres (celui de Miller fait plus de 300 pages) alors que le roman-récit de Philippe Mezescaze n'en fait que 128. Il est élégant ce petit livre avec sa couverture soignée comme en concocte le Mercure de France, l'éditeur, avec un bandeau bleu plus soutenu qui présent la photo des deux protagonistes, splendides et rayonnants visages dévolus naturellement aux amours intenses et fortes. Comme Patrocle avec Achille.

Cela m'a remis en mémoire le poème "We Two Boys Together Clinging", de ce Walt Whitman qui fit vibrer mon adolescence. J'avais dix sept ans quand je découvrais "Leaves of grass", ce livre interdit que cachait un de mes amis, l'un des "prefects", dans son studio dans le collège anglais où mon indiscipline avait fini par me faire reléguer. Il le conservait, caché derrière des livres de versions grecques et latines, et nous en lisions des passages en fumant des Craven, après de doux moments. J'aimais bien le retrouver dans ce petit bureau qui donnait sur le dortoir de notre maison, quand les autres étaient à l'étude ou en promenade... Nous nous aimions comme on sait le faire à cet âge mais ce qui me plaisait avant tout, c'était ce moment magique où nous lisions Whitman à voix haute, et Verlaine et Rimbaud et les Sonnets de Shakespeare. Simon W. était beau. Un buste d'athlète, des yeux très clairs sous des cils de fille et de beaux cheveux roux qu'il ne parvenait jamais à dompter. Avec douceur et beaucoup d'humour britannique (il était gallois en vérité), il fit comme Philippe avec Hervé, m'amenant peu à peu à desserrer la garde et à vivre simplement ces moments d'ardeur juvénile en vivant nos joutes amoureuses comme autant de divins sacrifices aux dieux de la jeunesse et de la beauté.

"We two boys together clinging,One the other never leaving,Up and down the roads going, North and South excursions making,Power enjoying, elbows stretching, fingers clutching,Arm'd and fearless, eating, drinking, sleeping, loving.No law less than ourselves owning, sailing, soldiering, thieving,threatening,Misers, menials, priests alarming, air breathing, water drinking, on the turf or the sea-beach dancing,Cities wrenching, ease scorning, statutes mocking, feebleness chasing,Fulfilling our foray." 

"Nous deux, garçons inséparables, Jamais ne nous quittant, Toujours sur les routes, en randonnées du Nord au Sud, Jouissant de notre vigueur, jouant des coudes, serrant les poings,Armés et sans crainte, mangeant, buvant, dormant, faisant l’amour, Sans autre loi que la nôtre, naviguant, guerroyant, dérobant, menaçant, Inquiétant l’avare, le domestique, le curé, respirant l’air, buvant l’eau, dansant dans les prés ou sur la plage, Arrachant les cités de leur fondement, méprisant la facilité, nous moquant des lois, poursuivant la médiocrité, Jusqu’au bout de notre expédition." 

Have a good sunday