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24 février 2012

Love songs : les Parapluies de Cherbourg (1964)

Hicham ressemblait un peu à cet acteur. Il était bien plus beau et ses cheveux bruns étaient courts mais bouclés.

23 février 2012

22 février 2012

Quand Hicham frappa à la porte

Son regard vert m'avait transpercé. Il était mont dans l'ascenseur en même temps que moi mais je n'avais pas vraiment attention à lui. Un jeune mec brun aux cheveux courts qui sentait bon le tabac blond et le benjoin... je pensais à mon rendez-vous, à ce que je ferai à l'heure de la pause... Quand je levais les yeux, il me regardait. Je vis un visage d'une incroyable beauté, la peau mate et lisse avec la trace d'une jeune barbe rendant viril ce visage enfantin. Il avait les yeux d'un vert incroyable. de longs cils battaient. Quand il me sourit, ses jolies lèvres charnues montrèrent de belles dents blanches parfaites. C'est ainsi que je fis la connaissance du bel Hicham. J'étais seul pendant une semaine. A l'époque, nouvellement installé à New York, je vivais dans une colocation un peu farfelue, avec un danseur de claquette accessoirement étudiant en littérature, une jeune commercial vendeur de motos et un couple de filles éducatrices. Ils étaient tous absents. J'avais quelques rendez-vous, deux ou trois coups de téléphone à donner et j'étais libre. Hicham venait pour un entretien de stage chez l'avocat de l'étage au-dessus. Je l'invitais à me rejoindre après. Nous avons longtemps parlé. De la France, du Maroc d'où venait sa mère, de sa vie à New York, du 11 septembre. Il était vraiment très beau.
Notre première étreinte fut brève. C'était dans le couloir qui menait à l'appartement. Nous avions terriblement envie l'un de l'autre. Nous étions collés buste contre buste en train de nous embrasser quand deux gamins déboulèrent dans l'escalier. quelques minutes plus tard nous étions bons pour l'attentat à la pudeur. Nous sommes vite rentrés dans l'appartement et ce fut un moment incroyablement magique. Une apothéose de plaisir. Il passa la nuit avec moi et la journée du samedi qui suivit. Nous nous sommes vus pendant plsueirus semaines. Chaque fois le plaisir était aussi intense. Il avait un corps magnifique. Solide, musclé mais très mince, très fin. Il baisait bien, trouvant instinctivement le geste, l'attitude, la position qui nous menaient tous les deux à l'extase. J'ai eu de nombreux amants, mais Hicham reste comme un de mes meilleurs souvenirs. Il était très félin, très souple. Sa sensualité se lisait sur son visage d'ange. j'aimais embrasser ses paupières et caresser son visage. Quand au matin, il venait se lover contre moi, blottissant sa tête dans le creux de mon épaule, j'aimais le contact de barbe naissante. L'odeur de son corps me rendait fou, comme la douceur, le velouté de sa peau mate. C'était un amant naturel qui savait tout d'avance. Il n'avait pas dix neuf ans. Puis il a quitté New York pour un job à San Francisco. Nous nous sommes écrit quelques mois. Il est repassé un jour. Nous avons fait l'amour dans les toilettes du restaurant où nous avions déjeuner. Puis il a disparu de ma vie. Hicham, un de mes plus jolis souvenirs...

16 février 2012

Le garçon qui écoute et attend...

Son regard en dit long. L'amant, l'aimé, le tendre, le désiré devrait être là, avec lui, dans son lit. Il l'attend et l'espère mais doute aussi déjà. Le retard, l'absence. Il a peur aussi un peu. Dans un instant l'autre sera là. Il lui sourira, lui passera la main dans les cheveux. en l'ébouriffant, l'autre aura un regard tendre. Il se penchera et l'embrassera. Le garçon dans le lit penchera sa tête en arrière, toujours appuyé sur ses coudes, il fermera les yeux. Celui qu'il aime le rejoindra dans le lit. Ils s'aimeront, ardemment. Tendrement... Et l'autre, à peine plus âgé lui caressera le dos, l'embrassera dans la nuque, soufflera sur ses boucles brunes en lui susurrant des mots doux... "Mon amour, mon frère, mon ange, mon page, mon prince..." 
Le garçon attend, inquiet que la porte s'ouvre et que l'autre apparaisse dans l'embrasure, beau, fort, aimant. Dieu, combien il l'aime.

Le garçon qui lit

© Valery Lorenzo

06 février 2012

Jours d'hiver (2)

Une cheville foulée. Mise à pied imprévue ( le jeu de mots était facile) qui m'oblige à rester chez moi quelques jours. Tant mieux. plus très envie de me coltiner les collègues et les patrons de la compagnie où je suis senior consultant. Le monde de la finance est sacrément secoué et c'est tant mieux. Après tout, faire de l'argent avec de l'argent, sans mouiller sa chemise - hormis les moments de stress où les paris sont aléatoires et les montants en jeu apparaissent soudain colossaux, de quoi faire transpirer les plus endurcis d'entre nous. Je me sens de plus en plus solidaire de ces gens qui arpentent Wall Street avec leurs pancartes et leur indignation. Mais ce post n'a pas pour but de relayer les débats politico-éthiques du moment. Quitte à paraître foncièrement égoïste, je compte bien profiter de mes vacances forcées pour écrire, lire, visionner des films, cuisiner et aider David dans ses travaux universitaires. Il croule sous les piles de documents et le nouvel Apple que nous avons acheté va bientôt ronfler comme une chaudière en surchauffe. Se réveiller tôt le matin, comme à l'accoutumée, mais savoir qu'on peut rester au lit et prendre le temps de se retrouver. Douceur de son corps, le grain de sa peau, la vigueur de ses muscles. 
Je ne suis pas un partisan de la Saint Valentin, bêtise commerciale inventée par ce système qui pousse à la consommation compulsive au nom du dieu Dollar, cependant la journée passée tous les deux, douce parenthèse dans notre quotidien bien occupé d'habitude, fut un délice. Faire l'amour avec celui qu'on aime, s'endormir dans les bras l'un de l'autre, assouvis et heureux, puis recommencer, avec tendresse ou avec fougue... Qui refuserait un arrêt-maladie dans ces circonstances ? Ravi d'avoir glissé sur cette dalle mal scellée. Comme Haddock à Moulinsart (j'étais à Cloisters avec Mark, David et Ben). Retour en taxi, deux heures à la clinique près de chez nous. Le médecin un peu précieux et rigolard qui louchait sur Ben. L'infirmière noire qui sifflotait en poussant ma chaise roulante. Des images de film. 
Programme de ma deuxième journée ? Non, pas que du batifolage les gars ! David est à la bibliothèque. Les autres ont repris le chemin de leurs collèges respectifs. Je vais préparer un cake au jambon et des scones, regarder un vieux film des années 50, ranger la bibliothèque de mon bureau (les rayonnages à porte, je ne vais pas tenter de grimper à un escabeau avec mon pied handicapé !). Brinkley dort près du canapé, prêt à bondir si nous sortions. Il n'a pas tout à fait sais que je suis relativement immobilisé. Le chat lui, d'un œil, a bien jaugé la situation et ne quitte pas notre lit. Cette après-midi, David travaillera ici. J'aime quand nous sommes tous les deux, comme un dimanche, l'un à côté de l'autre sur le canapé ou bien lui à son bureau et moi sur le grand fauteuil anglais près de la fenêtre. Billie Holiday ou des suites de Bach. Le thé fumant sur le plateau avec les biscuits et les cookies. Puis en début de soirée, le délice d'une bouteille de vin de paille ou de Moscato d'Alba achetés chez le caviste de Hudson Street dans nos verres géants (tout est XXL dans ce pays) en regardant Affreux Sales et Méchants, ce film italien complètement déjanté des années 70 ou en dînant aux chandelles avec le garçon que j'aime, en tête-à-tête ou avec ses frères. Ce qui m'ennuie c'est que je ne pourrais pas prendre de bain avant qu'on m'enlève ce plâtre... J'en suis réduit à me doucher... assis. Comme un vieillard cacochyme !J'aime bien les jours d'hiver...

05 février 2012

Jours d'hiver (1)

L'hiver favorise l'intimité. On a davantage besoin de se retrouver. Le froid dehors pousse au cocooning. Quand cela se fait à deux, c'est mieux. Ici, bien qu'habitués aux frimas, nous passons toujours par une période d'hébétude où se lever le matin pour se doucher, s'habiller, puis sortir et se rendre à son travail sont autant d'actions pesantes. Je resterai bien au lit et le lundi est un jour difficile. Mais peu à peu l'enthousiasme et l'optimisme reprennent le dessus. Les joies de l'hiver new-yorkais sont multiples. Les animaux nous montrent l'exemple : Brinkley qui adore sortir jusqu'au parc voisin, se précipité désormais pour faire sa petite ballade hygiénique et remonter à l'appartement. Aussitôt franchie le seuil, il se jette sur son coussin, près du radiateur, au pied de mon bureau. Quant au chat, il lisse sa belle fourrure d'hiver devant la fenêtre de la cuisine, confortablement assis sur la pile de livres de cuisine, lui aussi près d'un radiateur. Il ronronne de bonheur en voyant la neige tomber et les rares passants en bas dans la rue qui se pressent de rentrer chez eux. Ajoutez à cela la voix suave de Billie Holiday, la beauté de la lumière que diffusent les lampes du salon avec leurs abats-jours orangés, le parfum d'ambre et de cannelle qui se mêle à l'odeur de cire... vous aurez une idée de l'idée que je me fais du paradis. Et ce paradis, bien modeste aux yeux de certains, c'est le lieu où nous vivons.
Les soirées musique succèdent aux repas entre copains. Cuisine italienne ou cuisine française. Verres de vins servis au coin du feu le soir. Discussions avec le petit frère de plus en plus présent et qui joue un peu le rôle d'un fils, espiègle et complice. Ambiance laborieuse aussi quand je dois terminer la correction d'un rapport financier ou que Mark a un dossier à présenter. Il a récemment planché sur l'école de New York dans les années 60 avec la poésie de Frank O'Hara que nous nous sommes amusés à traduire. Des amis viennent parfois passer la soirée. J'ai réussi à imposer - un peu - les horaires français et nous prenons l'apéritif vers 19 heures 30 pour dîner ensuite vers 21 heures. Dîner à 17 heures comme à l'armée ou dans les hôpitaux ne m'a jamais vraiment convenu. Mais "when in Rome...".
Et les nuits se font douces, tendres et lascives. Le grand lit confortable abrite de doux moments qui rendent la vie plus légère et l'avenir plus doux. Cela ne se raconte pas, mais se devine. Notre amour grandit au fil des jours et les saisons renforcent notre lien. Il nous préserve de cette vie hachée et cahotique que mènent bien des homos. D'aucuns veulent expliquer leur instabilité et la frénésie de rencontres et d'expériences sexuelles par un besoin de reconnaissance, une sorte de militantisme par l'exemple. Je n'en crois rien. J'aime les garçons et la relation amoureuse que j'entretiens avec celui qui partage ma vie depuis de nombreux mois suffit à nous combler. Nous formons un couple sans qu'il y ait un homme et une femme. Nous sommes deux garçons qui s'aiment et ont choisi de vivre ensemble. Point. Nul besoin de dragues et autres désirs sombres qui pousseraient l'un d'entre nous - où nous pousseraient tous les deux - à chercher l'aventure d'un soir. Baiser pour baiser, sauter sur tout ce qui bouge pour peu que les atouts entraperçus soient appétissants. Relations "kleenex" que j'abhorre depuis toujours. L'amour est une alchimie très complexe. L'amour des garçons l'est encore davantage. D'autres ont bien mieux écrit que moi sur ce sujet. En tout cas, et pour revenir à mon sujet à moi, l'hiver amplifie notre amour et notre tendresse. Vous l'aurez deviné, si j'aime le soleil et la douce chaleur de l'été, j'aime aussi beaucoup l'hiver...

03 février 2012

Many Loves by Allen Ginsberg

  “Resolved to sing no songs henceforth but those of manly attachment” (Walt Whitman)

                                          
Neal Cassady was my animal :
he brought me to my knees
and taught me the love of his cock
and the secrets of his mind
And we met and conversed,
went walking in the evening by the park
Up to Harlem, recollecting Denver,
and Dan Budd, a hero
And we made shift to sack out in Harlem,
after a long evening,
Jack and host in a large double bed,
I volunteered for the cot, and Neal
Volunteerd for the cot with me,
we stripped and lay down.
I wore my underwear, my shorts,
and he his briefs -
lights out on the narrow bed I turned to my side,
with my back to his
Irish boy’s torso,
and huddled and balanced on the edge,
and kept distance -
and hung my head over and kept my arm over the side,
withdrawn
And he seeing my fear stretched out his arm,
and put it aound my breast
Saying “Draw near me” and gathered me in upon him:
I lay there trembling, and felt his great arm like a king’s
And his breasts, his heart slow thudding against my back,
and his middle torso, narrow and made of iron,
soft at my back,
his fiery firm belly warming me while I trembled -
His belly of fists and starvation,
his belly a thousand girls kissed in Colorado
his belly of rocks thrown over Denver roofs,
prowess of jumping and fists,
    his stomach of solitudes,
His belly of burning iron and jails affectionate to my side:
I began to tremble,
he pulled me in closer with his arm,
and hugged me long
    and close
my soul melted, secrecy departed, I became
Thenceforth open to his nature as a flower in the shining sun.
And below his belly, in white underwear,
tight between my buttocks,
His own loins against me soft,
nestling in comradeship, put forth & pressed
into me, open to my awareness,
slowly began to grow,
signal me further and deeper affection,
sexual tenderness.
So gentle the man,
so sweet the moment,
so kind the thighs that nuzzled
against me smooth-skinned powerful,
warm by my legs
That my body shudders and trembles with happiness,
remembering -
His hand opened up on my belly,
his palms and figners flat against my skin
I fell to him, and turned, shifting,
put my face on his arm resting,
my chest against his,
he helped me to turn, and held me closer
his arm at my back beneath my head,
and arm at my buttocks tender holding
    me in,
our bellies together nestling,
loins touched together, pressing and
knowledgeable each other’s hardness,
and mine stuck out of my underwear.
Then I pressed in closer and drew my leg up between his,
and he lay half on me
with his thighs and bedded me down close, caressing
and moved together pressing his cock to my thigh and mine to his
slowly, and slowly began a love match that continues in my imagination to this
    day a full decade.
Thus I met Neal & thus we felt each other’s flesh and owned each other bodies
    and souls.
So then as I lay on his breast with my arms clasped around his neck and his cheek
    against mine,
I put my hand down to feel his great back for the first time,
jaws and pectorals
of steel at my fingers,
closer and stiller,
down the silken iron back to his waist,
the whole of his torso now open
my hand at his waist trembling,
waited delaying and under the elastic of his briefs,
I touched the smooth mount of his rock buttocks,
silken in power, rounded in animal fucking
and bodily nights over nurses and schoolgirls,
O ass of long solitudes in stolen cars,
and solitudes on curbs, musing fist in cheek,
Ass of a thousand farewells, ass of youth,
youth’s lovers,
Ass of a thousand lonely craps in gas stations ass of great painful secrecies of the years
O ass of mystery and night!
Ass of gymnasiums and muscular plants
Ass of high schools and masturbation ass of lone delight,
Ass of mankind, so beautiful and
hollow, dowry of Mind and Angels,
Ass of hero, Neal Cassady, I had at my hand:
my fingers traced the curve to the bottom of his
    thighs.
I raised my thighs and stripped down my shorts to my knees,
and bent to push them off
and he raised me up from his chest,
and pulled down his pants the same,
humble and meek and obedient to his mood our silence,
and naked at long last with angel & greek & athlete & hero and brother and boy of my dreams
I lay with my hair intermixed with his,
he asking me “What shall we do now?”
- And confessed, years later, he thinking I was not a queer
At first to please me & serve me,
To blow me and make me come, maybe or if I were
Queer, that’s what I’d likely want of a dumb bastard like him.
But I made my first mistake,
and had made him then and there my master, and
Bowed my head, and holding his buttock
Took up his hard-on and held it,
Feeling it throb and pressing my own at
His knee & breathing showed him I needed him, cock, for my dreams
    of insatiety & lone love.
-And I lie here naked in the dark, dreaming

Allen Ginsberg, Arctic. August 10, 1956

Le garçon du vendredi