Stanley Turrentine accompagne ma préparation des
sushis dont nous allons nous régaler ce soir avec "gee Baby, ain't I good to you", cet air de blues que
j'adore. Il a fait froid mais très beau aujourd'hui. Je rentre en France jeudi.
Il ne me reste que quelques jours ici à profiter de l'atmosphère incroyable de
cette ville, de notre appartement et de nos copains avec qui j'ai passé un mois
formidable. Au programme : Vancouver, Montréal, Paris puis Londres et enfin
Bordeaux de nouveau. Plutôt la campagne bordelaise où je vais me reposer
quelques jours. ce sera vers la fin avril. En attendant, je profite de New
York, de Manhattan. Il y a eu, après le blizzard et nos aventures enneigées, la
découverte de deux ou trois nouveaux restaurants et petits cafés sympa, une
rencontre avec un proche de O'Hara qui m'a parlé longuement de lui. Je suis de
moins en moins chaud pour traduire ce monument de la poésie contemporaine
américaine. Il y a chez ce personnage un côté Pasolinien que j'aime peu. Cette
soif de fête, de baise. Cette instabilité avérée. Pourtant sa description du
quotidien new yorkais est géniale, ses vers sur les petites choses de tous les
jours sont fascinants... Quand je le lis je revois "smoke" ou
Manhattan de Woody Allen, je respire l'air qu'il a respiré et je comprends ce
qu'il a ressenti en se promenant dans les rues de la ville. Bon on verra, je
vais retourner à mes sushis.
Le rice cooker laisse échapper une douce odeur Ce
riz parfumé trouvé chez Zabar's est délicieux. Roy Orbison chante California
Blue. Vendredi, nous avons été avec Ben voir "Ultra Violet", un
nouveau film assez speed, mais efficace et hélas prémonitoire. Après le cinéma,
dîner chez Freddie and Pepper's, la pizzeria sur Amsterdam Avenue. Benedict a
un peu trop bu comme d'habitude. C'est incroyable comme ce garçon, qui n'a
aucun vice, peut facilement se mettre à boire. Il a bu à lui tout seul la
moitié du Valpolicella. Bon ça a des bons côtés : Comme d'habitude il devient
assez câlin dans ces moments-là. Il a fini par dormir presque à poil entre son
frère et moi, oubliant sa pudeur et se fichant de la gêne suscitée chez son
frère, toujours un peu offusqué des libertés de son frère ivre. Beau spectacle tout
de même que ce jeune éphèbe lisse et musclé, lové contre nous, en toute
innocence. Brinkley a fini par le déloger en lui léchant la figure vers une
heure du matin. Bien entendu le petit frère grognon, s'est levé en râlant après
le chien, assez fort pour nous réveiller. Tant mieux, cela nous a donné
quelques idées à David et à moi, une fois Ben reparti dans sa chambre...