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07 janvier 2006

Brinkley | 06 janvier 2006

Brinkley a cinq ans. C'est un brave chien. Calme. Placide même. Joyeux aussi surtout quand il sait que nous allons à la campagne. Il aime courir dans les vignes mais sait se tenir quand il voyage ou que nous sommes invités chez quelqu'un. Il se nomme ainsi en hommage à un de mes films préférés : "You got mail" où un de ses lointains cousins est le chien de Tom Hanks. Il a les mêmes attitudes que ce chien de Hollywood. L'air un peu sot comme les seconds rôles dans ce genre de film, mais toujours fidèle, tendant l'oreille aux propos de son maître surtout lorsque celui-ci ne va pas bien. Un vrai compagnon quoi. Discret. Et puis autre trait de caractère assez rigolo : il adopte toujours immédiatement ceux (et celles) qui sont vraiment mes amis. Je ne parle pas que de mes amants ou de mes maîtresses... Il grogne et montre ses belles dents à tous ceux qui sont susceptibles de perturber son maître ( et lui par la même occasion). Il aime plus que tout David, comme il aime Antoine, qui le lui rendent bien. Quand aux chats, ils s'entendent à merveille avec lui sauf quand cet abruti décide de boire leur lait ou de se vautrer sur leur coussin préféré. Il a le sien, un gros machin en velours bordeaux (origines obligent, on ne se refait pas !) qu'il ne quitte que rarement lorsque nous sommes à la maison tous les deux.

05 janvier 2006

Le mauvais garçon


J'ai rencontré sur le net un très joli garçon. Appelons le Phil. Il ressemble au type sur la photo. Un feu ardent. Il m'a dit avoir dix-huit ans à peine... La voix rauque, la peau lisse et onctueuse, de jolis muscles bien dessinés, des chevilles très fines... Il m'a dit "attention, je suis un mauvais garçon !" avec un sourire à faire flancher une statue de bronze. Je crois bien, au grain de sa peau, à l'empressement gourmand qu'il a montré tout au long de nos ébats, comme à ce petit tremblement qui s'emparât de lui au moment du plaisir, à son silence embarrassé après, que ce mauvais garçon n'avait guère plus de seize ans. Dix-sept peut-être tout au plus. Ardent et décidé, il agissait d'instinct et chacun de ses gestes tombait juste... Puis il se laissa aller... Il avait besoin d'être cajolé, câliné. Il s'est endormi sur mon épaule et m'a laissé le lendemain un merveilleux message sur mon portable... Je l'ai croisé quelques jours plus tard, un matin à la gare. Il était avec un groupe de lycéens. Il fumait une cigarette. Il m'a regardé. Gêné, il a d'abord tourné la tête en rougissant un peu, puis m'a souri avant de monter dans le tramway... Peut-être reviendra-t-il réchauffer une de mes nuits mais des milliers de kilomètres désormais nous séparent...

Si tu te reconnais | 05 janvier 2006


Tu travailles. Tes bouquins entassés sur la table ou sur ton lit, la tasse de thé qui fume à côté, doucement la musique, un disque des Stones je crois, et en-bas, dans la rue, la grisaille de cette ville de province. Tu fumes moins. Ce parfum un peu ambré de cigarette anglaise qui flotte dans ta chambre. Tu rêves à l'absolu et l'absolu te fait peur. Tu soupires après la vie et la vie attend. Tu es pieds nus assis à califourchon sur ta chaise, seulement vêtu d'un caleçon bleu marine. Je passe près de toi, ignorant ton désir. Nous parlons longuement au téléphone. Tu es Antinoüs mais serai-je ton Hadrien ? Cette question, c'est toi qui l'a posée. Les années sont passées, tu n'as pas su y répondre... Un garçon un jour peut-être me dira, si j'étais Rimbaud, serais-tu mon Verlaine. De lui ou de toi, lequel m'aimera le plus et pour combien de temps ?


Bonne Année !!!

Ben voilà la nouvelle année est là avec son cortège de (bonnes) résolutions et la perspective de plein d'évènements... La disponibilité d'une page blanche. Meilleurs vœux à mes (trop rares) visiteurs et que 2006 soit autre chose qu'une année Sarkozy, émeutes, faim dans le monde, sida en Afrique et guéguerres autour des énergies vitales pour la planète. Bon, mais je vais pas faire de politique, il y a des blogs pour ça. Moi je rentre en Europe dans quelques jours... Ce sera bien. L’Italie d'abord. Après je serai à Lyon, puis à Paris et enfin de retour dans mon cher Médoc, avec mon feu de cheminée et mon ordinateur. 
Antoine en France est occupé par ses partiels, je ne le verrai hélas pas beaucoup. David est déjà parti chez ses grands-parents, dans son Vermont natal, il a amené avec lui  Brinkley, notre bon chien, joyeux compagnon dont il faut que je vous parle un de ces quatre. Jules et Jim (pseudos) sont bien au chaud dans leur salon parisien. Je pars seul. Après l'Europe, quelques jours de vacances dans le New Hampshire. Nous irons en voiture... Histoire de rêvasser en route. Et puis, je dois inaugurer ma nouvelle Amex toute belle... Enfin quand la banque m'aura versé mes "honoraires", cette prime bien méritée. Mais ce n'est pas la peine de faire de la lèche ici, ils ne lisent pas ce blog. Ni aucun d'ailleurs. Ils savent à peine faire fonctionner leur ordinateur de bureau ces zigotos.

22 décembre 2005

Histoire de sourires

Pas mignons ces deux-là ? Prochainement les mêmes à poil !Non, non je plaisante. Faut pas rêver, ce blogue n'est pas un site porno et la nudité si elle a sa place dans l'illustration de ma vie new-yorkaise telle que je me suis engagé à la décrire (et à la décrypter) n'a rien à voir avec ces lieux salaces qui fleurissent sur le net et où le corps des garçons - comme celui des filles d'ailleurs - est présenté comme de la viande sexuée. L'amour que je porte à la beauté masculine trouve son origine dans l'éducation que j'ai reçu. Aristophane, Platon, Callimaque... Tous ont célébré la beauté des garçons. Hadrien avait Antinoüs, Alexandre son Héphestion, Achille, Patrocle et David son Jonathan...

Un beau gosse vraiment !



Lassitude

Je cours. Nous courrons. Après le temps. Après l'argent. Après l'amour. les amours... Fatigue. Lassitude plutôt. envie de s'arrêter un peu. De pouvoir contempler le temps qui passe. regarder sans scrupule les gens s'agiter. Rester derrière ma fenêtre et épier le monde. Regarder les beaux minous qui se promènent. Les rêver... Je suis déprimé ce soir. Trop fatigué de courir après des chimères. Toujours des trucs à faire, des problèmes à régler. N'y-a-t-il pas des gens sur cette pauvre terre qui vivent paisiblement sans courir après rien. Au rythme des saisons. sans dépit, sans frustration, sans manque, sans regret, sans désir ? Heureux sont-ils. Vraiment.

21 décembre 2005

un beau gosse | 21 décembre 2005


Enfance

Cadeau de pub !

En attendant la nouvelle égérie de Vuitton : voici un des plus beaux mannequins d'aujourd'hui ! Merci Saint-Laurent de ne rien nous cacher. Mais où est son numéro de téléphone ? Je plaisante, mais c'est vrai que cette photo est belle, elle est en grand sur un mur près de chez moi et personne ne peut passer sans la remarquer. Qui peut dire que le corps masculin n'est pas beau à contempler ? Qui peut sans mentir dire que cette plastique n'est pas d'essence divine ?

Christmas time

Christmas carols à Londres. Souvenirs de jeunesse... Mais nous n'avons jamais eu la chance de chanter à Piccadily Circus nous !

Rêver tel un malade à sa première promenade

Il va neiger je crois. Le feu dans la cheminée n'est pas qu'un luxe ce soir. Le chien ne bouge plus du tapis devant l'âtre. le chat ronronne sur le bras d'un fauteuil et je t'écris. Tu es parti depuis quelques jours maintenant et tu me manques. Mon lit est froid sans toi. Il fait bon ici et la maison se prépare pour les fêtes. mais tu n'es pas là et tout me parle de toi. Même le DVD tant attendu qui est arrivé ce matin et m'attendait gentiment sur mon bureau à la banque ne m'a pas déridé. J'aimerai tant te sentir contre moi, blotti entre mes bras. encore dix jours et tu seras de retour. Il va neiger je crois...

18 décembre 2005

Broken sky (El cielo dividido)

“And a time will come when we’ll no more know what that is that binds us. By slow degrees the word will fade from our memory”. Cette citation extraite de Hiroshima, mon amour de Marguerite Duras, ouvre le film du mexicain Julian Hernandez, sorti récemment ici et dont on parle beaucoup. Un film de 140 minutes à la fois envoûtant et horripilant.
140 minutes sans pratiquement de dialogue et ça marche. L'essence de ce mélodrame est le corps, son langage : les acteurs parlent avec leurs yeux, leurs gestes. La musique est bien choisie et le rythme souvent déconcertant. On est parfois un peu perdu dans les émandres de la pensée du héros, Gerardo qui est amoureux de Jonas qu'il a rencontré sur le campus de son université. Un amour fou, transi, joyeux qui soudain se gâte. Jonas a croisé dans une boite de nuit un garçon qui l'a envoûté, littéralement. Gerardo essaie de comprendre et reste le même, mais Jonas ne peut plus être comme avant et se détache de son ami. Le film suit le détachement des deux garçons, les liens qui se défont, la douleur de l'aimé délaissé. C'est parfois sauvage, cru, et douloureusement ressenti par le spectateur.
Julian Hernandez, après A Thousand Clouds Of Peace qui avait reçu le Teddy Award. 
Les deux personnages sont de (très) jeunes étudiants, Gerardo et Jonas, qui tombent amoureux et vivent une relation passionnée. Une nuit, dans un night-club Jonas est attiré par un beau type mystérieux, Bruno. Il en est bouleversé. cela va bouleverser aussi sa vie et sa relation avec Gerardo dont il va se détacher peu à peu. Quand Jonas est prêt à céder de nouveau à l'amour de Gerardo, il voit Bruno à la place de son ami et chaque fois le réveil est douloureux, il se refuse, ne veut plus l'embrasser, et Gerardo bien sur en prend ombrage tout en restant fou amoureux de Jonas. Gerardo de son côté est poursuivi par Sergio, un garçon plus âgé qui est tombé amoureux de lui... Ces deux tentations laminent peu à peu leur relation en dépit de la passion qui abrite encore leurs cœurs.
Les films qu'on a l'habitude de voir depuis le début des années 2000 et qui traitent de la sexualité des garçons entre eux portent toujours sur les mêmes problématiques T: la difficulté de vivre son désir au grand jour, la relation avec les parents, le doute et les hésitations, le sida, l'ostracisme d'une société faussement tolérante... Pas ce film-là. Il évacue toutes ces données sociologiques ou sociétales.  
Il parle de l'amour, de la passion. C'est une magnifique histoire d'amour qui transcende le type de sexualité qui fait vibrer les deux garçons. Et c'est bien. Flirtant avec les extrêmes de la passion amoureuse, poignant sans jamais être larmoyant ni fleur-bleue, Broken sky est émouvant. C'est en cela qu'il touche des publics peu concernés par l'amour entre garçons. La passion est universelle et cette tension, cette douleur que ressentent les protagonistes du film, n'importe qui peut un jour ou l'autre dans sa vie, y être confronté.
Le travail de la caméra est surprenant. C'est superbe. Les acteurs sont très convaincants, certainement parce que tout se dit par une gestuelle très aboutie, très parlante (il n'y a pratiquement pas de dialogues dans ce film).  Pourtant cela dure plus de  deux heures ! Bien sur parfois des choses agacent, l'usage à de trop nombreuses reprises du panoramique (pour suggérer le vertige dans lequel les acteurs sont plongés, leur désarroi, le monde qui s'écroule ) , cela finit par lasser mais c'est un parti-pris du réalisateur et il faut le respecter. La musique aussi permet au spectateur de s'engoncer totalement dans l'histoire, créant peu à peu une atmosphère très particulière et attachante. Une mention spéciale pour l'usage fait par Hernandez du  "Rusalka"de Anton Dvorak (réminiscences du film de Wong Kar-wai's 2046) dans uen scène où les deux héros sont attirés l'un par l'autre mais restent rétifs à tout contact physique, comme un ballet sauvage où la tension du désir est énorme mais où le mal-être, la trsitesse l'emportent et freinent l'assouvissement de leurs élans. c'est très beau cette scène vraiment où ces deux garçons au plus fort de leur passion sont effrayés par elle et sont bouleversés par le flot d'émotions qu'ils ne contrôlent pas.
Certains n'ont pas été convaincus par la fin. En fait, il y a deux fins avec au milieu du film, l'apparition du titre du film comme un second générique.  Étrange fin c'est vrai. Où on se demande si Gerardo et Jonas rêvent ou si effectivement ils retrouvent un équilibre entre leur passion mutuelle et leurs attirances pour de dangereuses chimères... La première fin est logique, implacablement. leur amour est mort et Gerardo se résigne, Jonas est malheureux, etc... Cela sonne vrai. La seconde est romantique à souhait, apaisante et apaisée comme les deux protagonistes dont le sourire ressemble à celui qu'ils avaient au début du film.  Cette fin n'en est pas moins plausible. En tout cas, on sent qu'elle émane directement du réalisateur, elle traduit son souhait que tout finisse ainsi pour les deux héros.  Il a d'ailleurs expliqué que le film fini, avec la première fin, il ne se sentait aps satisfait. il manquait quelque chose pour qu'il sente l'opus accompli et achevé. Il a donc voulu proposer ce qui selon lui est advenu.  L'esthétique des derniers plans, la tension positive qui y règne, comme un accomplissement et non plus seulement comme un fougueux assouvissement,  tout se tient et rend l'ensemble du film harmonieux et flamboyant.

12 décembre 2005

J'ai craqué

A thing of beauty is a joy forever...

Rob Lowe dans "Outsiders". Il a fait craquer des millions de filles et de garçons dans cette tenue... suggestive. L'image aurait été moins héroïque s'il avait été nu, mais cette serviette et ce petit renflement bien droit que tu m'avais fait remarqué... Hmmm. mais je m'égare. Ce fut une de mes première émotions  esthétiques d'adolescent, avec le Satyricon de Fellini... Je trouve que tu lui ressembles un peu !

L'hiver pointe son nez glacé

Je rêve d'une ville couverte de neige où la circulation s'arrêterait, où dans le silence feutré des rues immaculées, nous pourrions nous promener, toi et moi.

Te souviens-tu de cet hiver à Paris. Nous étions assis à une table. Tu révisais tes partiels, je terminais une lettre. Soudain, en dépit de la nuit avancée, un silence inhabituel nous fit regarder par la fenêtre de la rue Poussin. Il avait neigé longtemps appremment. C'était magnifique. la lune, grosse et blanche répandait une lumière très pâle, mais dense aussi. Tout était recouvert, els voitures, les trottoirs, les poubelles... Nous nous sommes habillés le plus chaudement possible et nous avons dévalé les escaliers. Quel spectacle, le Bois de Boulogne comme un décor de film surréaliste, les rues vides, lisses. Te souviens-tu notre promenade : les champs Elysées, la Concorde, le Palais Bourbon, le Champ de Mars. Tout était blanc et vide. Les feux tricolores étaient les seules tâches de couleur parmi ce blanc. Je me souviens d'une jeune femme à une fenêtre près de l'Ambassade des Etats Unis... Nous avons marché toute la nuit.
Et cet autre hiver à New York, l'année avant le 09/11 qui rendit les amerloques hystériques. Nous avions voulu voir de là-haut ce que le blanc donnait, mais il y avait trop de monde. Tiens, je ne suis jamais monté en haut de ces horribles tours. Les avoir vu s'écrouler, au-delà de l'horreur ressentie, me fit regretter un instant de n'y être jamais allé. Tu connaissais un jeune steward qui travaillait là. Un étudiant en littérature française. que tu avais rencontré je ne sais plus où. Tu m'as dit qu'heureusement le jour de l'attentat, il était de repos...
Le dimanche avant notre retour chez les gens qui t'accueillaient, nous avions fait une longue ballade. Central Park était comme un coin de campagne abandonné. Tu te souviens le brunch au Club Room sur Sullivan street, à l'angle de Prince street. On y avait retrouvé Georges et Fanny. Il faisait un temps magnifique. C'est là qu'ils t'avaient présenté ce garçon...
Quand serons nous de nouveau ensemble à New York.  Avoir les clés de l'appartement dans ta poche et déambuler comme un vrai new yorker ! se la péter... C'était ton rêve non ? Je l'ai réalisé moi qui vit maintenant depuis deux ans ici, en plein milieu de la Big Apple...  Pourtant tu te souviens combien j'avais peu envie de venir travailler ici ! C'est toi qui m'a poussé, ton enthousiasme était tellement joyeux. "Et puis, je te rejoindrai" avais-tu susurré à mon oreille le dernier soir...
Mais avec toi j'aimerai aller n'importe où. Il y a un mois nous étions à Bruxelles et à Anvers, puis à Strasbourg. Nous avons fait tellement de route. Les nuits étaient belles encore.
Sur ce blog, en plus du journal de ma vie ici, je vais raconter nos voyages : Zagreb, Prague, Moscou, Istambul, Athènes, Rome, Venise, Naples, Capri, Tanger et Paris bien sûr et Saint Savinien, Jarnac et Limoges... Ce blog va devenir un guide touristique.

Dimanche soir | 11 décembre 2005


Merdum ! Dimanche se termine. Il va falloir remettre costume et cravate demain. Reprendre le chemin du bureau. Sourire aux collègues, aux clients, à la secrétaire. La journée a passé bien vite. Il a fait très beau. Nous aurions dû sortir le bateau. Le chien ronfle doucement devant le feu et le chat s'est emparé du plaid en cachemire, le bougre. Antoine est parti. son père est venu le chercher avec sa nouvelle voiture. Jolie Saab grise. Il me manque. Je sais qu'il va m'appeler avant de dormir. La musique vient de s'arrêter. Le Monde du week end est vide, creux, que des aricles sans intérêt. Je vais prendre un bain.
Mais je devrais me présenter. Je suis Hadrien. L'empereur. Antoine est mon Antinoüs. Tout le monde nous appelle ainsi. C'est devenu comme un rite. Une habitude. Antoine est étudiant à sciences po. Il a 21 ans. Je suis banquier à New York - broker pour faire genre - actuellement en vacances en France, et j'ai 34 ans. Il est brun, je suis blond. Il est le quatrième rejeton d'une illustre famille de la région. Je suis né de l'autre côté du Rhin, dans un univers marqué par les choix familiaux pendant la guerre. Nous avons en commun les vignes et la littérature. Il est beau.
Je l'ai connu l'année de son bac de français. Son professeur est un ami. Il l'avait accompagné comme quelques autres de ses élèves. Ferdinand enseigne la littérature depuis longtemps à des lycéens snobs et mélancoliques qui, grâce à lui ont appris à écrire et à lire autrement. Ferdinand est le seul professeur noir que je connaisse. Il est né à Fort-de-France. Son père voulait qu'il soit chirurgien comme lui. Nous sommes de vieux amis. Depuis l'université.
Il m'a présenté Antoine sans imaginer ce qui adviendrait. Je n'avais pas l'habitude de sortir avec de jeunes lycéens. Je les trouvais souvent trop bruyants, boutonneux, ignorants et fats la plupart du temps. Lui était différent. Bien élevé, réservé, souriant. Il avait des choses à dire et savait comment les dire. 
Nous nous sommes revus à plusieurs reprises en ce début d'été. Nous nous donnions rendez-vous dans un café, près de l'opéra, ou dans ce salon de thé près des ruines. Il affectionne comme moi les scones avec de la crème et de la confiture. Antoine me raconta ses goûts, ses désirs et se rêves. Il me cita Cavafy et Yourcenar. Les mémoires d'Hadrien, l’œuvre au noir, Souvenirs pieux... Il connaissait l’œuvre de la dame Crayencourt comme sa poche... Sa beauté était rayonnante. Son sourire, sa voix, son rire... Un prince. Moi, l'Empereur, j'étais fasciné, anéanti. Fou amoureux. Mais je ne le savais pas encore. Antoine rêvait d'aller en Grèce.  Mon frère venait de se marier et il était à Athènes avec sa jeune épouse. Je devais aller lui rendre visite en août. Antoine accepta de venir avec moi.
Nous avons fait l'amour pour la première fois dans le wagon-lit qui nous amenait à Thessalonique. Émus comme des enfants. Je crois que c'était sa première vraie nuit d'amour. Ce fut un merveilleux voyage. Je n'avais pas 30 ans. Antoine sortait à peine de l'adolescence. Athènes, Epidaure, Mycènes, Delphes, Olympie, puis l'île de Rhodes et Lindos, splendide village, où mon frère et sa femme avaient loué une maison toute blanche au-dessus du port. Antoine était comme un jeune chiot, un poulain découvrant la liberté. Il était déjà capable de parler de tout avec tout le monde. Il savait parfaitement se tenir et son éducation parfaite me faisait sourire moi, l'allemand rustre et campagnard. Le bythinien ne devait pas s'être comporté autrement face à l'empereur Hadrien.