Comme Ulysse, après un long voyage... Le retour. Grisaille dans mon cœur mais jolie lumière sur la ville. Le chien qui aboie de joie. Et lui, le prince de ma vie, le frère, l'ami, l'amant, le compagnon de mes rêves, l'enchanteur de mes nuits qui m'attendait à l'aéroport. Le retour. la pluie sur la route. Le pont, les avenues, les taxis, le bruit, la foule. La maison. faut-il décrire tout cela ? Quel intérêt pour le lecteur au fait ?
Renouer après l'absence. Remettre mes pas dans les siens. Reconstruire seconde après seconde notre itinéraire intime. Le rituel du thé, le ronronnement du chat, la voix de Charlie Parker, puis celle de Billie Holiday. Le petit frère, son sourire, ses beaux yeux doux sous les longs cils. Le même charme en plus retenu que son aîné, l'ami de cœur, l'homme sans qui l'homme que je suis ne serait pas tout à fait vivant. Bonheur d'être de nouveau à la maison.
Trop de voyages, trop de gens croisés, mon indifférence, des lits froids
dans des chambres impersonnelles, des heures à parler de sujets sans
intérêt, à écouter des propos mornes et se forcer à sourire. faire
semblant. La rançon des affaires. Mais tout cela est fini. Je suis de
retour et je reste. je me pose. Dormir. Sortir le chien. Aller faire les
courses chez Zabar's. Aller dîner à Brooklyn. Courir à Central Park.
Revivre : être en vacances. Hadrien a retrouvé Antinoüs !