27 avril 2022
20 février 2022
The Most Beautiful Boy in the World
Poignant, édifiant et magnifique, pendant 90 minutes on se promène dans la vie de l'acteur qui a vu alors qu'il ne souhaitait même pas participer au casting organisé pour le prince cinéaste, sa vie bouleversée. Le spectateur est avec lui tout le temps, des images connues ("Searching for Tadzio", 1970) mais longtemps oubliées de la rencontre entre le jeune éphèbe timide et le maître adulé, ces images presque répugnantes, où Visconti et son équipe font défiler des dizaines de garçons comme des maquignons au foirail passent en revue le bétail. Les commentaires du réalisateur : "il est très grand", "il est très beau", "qu'il se déshabille", qu'il soit filmé de très près", "dis-lui de sourire"... Et l'adolescent s'exécute, surmontant sa gêne et son ennui et quand il lui faut sourire, son sourire est une explosion solaire, tout son visage s'éclaire, ses yeux brillent.
Peu à peu Bjorn, aujourd'hui largement sexagénaire, parle de ce maelström qui emporta son enfance, emposiuonne sa jeunesse sans jamais le soumettre, même quand de riches intellos amateurs de garçons le firent venir à Paris, l'installant dans un superbe appartement avec 500 francs par semaine d'argent de poche, sous le prétexte de le faire tourne rdans un film dont il serait la vedette et qui ne se fit jamais, quand le Japon l'accueillit comme les Beatles quelques années plus tôt, dans une hystérie qu'il ne juge pas mais qui l'ébranla. on découvre les chansons populaires qu'on lui fit enregistrer, les publicités dans lesquelles il apparaissait. Il semble avoir traversé tout cela sans faillir. les traits marqués pourtant portent les stigmates de bien des souffrances.
Icône du monde homosexuel, inspiration originelle des mangas dans lequel on retrouve toujours son allure dégingandée, ses longs cheveux et son visage d'ange qui rendit folles les filles japonaises et tout autant les garçons. On a beau être éffaré par tout ce que le jeune homme, puis l'homme mûr aura vécu, on ressent tout de suite beaucoup d'empathie pour lui. Rien à voir avec l'abjecte évolution d'helmut Berger, lui aussi "démoli" par ce que Visconti fit de lui. Seul Alain Delon, naturellement roué, échappa à la loi commune des garçons ayant approché le grand génie du cinéma italien...
On le voit du temps de son mariage, on apprend que sa mère, poète, artiste, dilettante, égérie de Dior disparut fut retrouvée morte quelques années après, qu'il ne sait toujours pas qui était son père, que sa grand-mère le poussait à devenir quelqu'un, à répondre présent à toutes les sollicitations qui pourraient asseoir sa célébrité et faire sa fortune.
Marié, père d'une petite fille, Robin, puis d'un petit garçon, elvin qui mourut à deux mois, de la mort subite des nourrissons, juste à côté de son père qui dormait. Sa longue dépression ensuite, s'accusant de n'avoir pas été assez présent pour son fils. Il lâche très ému qu'il ne s'en est jamais remis. Devant ce flot de confessions, cette vie racontée avec simplicité, sans aucune affectation, la caméra n'est jamais intrusive évitant au spectateur de se sentir voyeur. Le montage, dynamique sait faire la part, aux lenteurs nécessaires, aux silences et reste toujours dans la pudeur. Et c'est captivant parce que tellement vrai, tellement parlant. Et poignant, vraiment.
Poignant mais rempli d'optimisme aussi. on le voit aux prises à sa propriétaire qui lui reproche l'éétat de son appartement, les dangers qu'il fait courir aux voisins avec le gaz toujours allumé, la graisse qui s'étale autour de sa cuisinière. on le voit aussi ensuite avec sa compagne venue l'aider, toute remettre en état et faire briller ce qui quelques images plus tôt était sordide... On le suit lors de ses voyages, et à la fin sur le site du tournage, dans les salons abandonnés de l'Hôtel des Bains que Visconti redécora presqu'entièrement, sur la plage aussi et les dernières images sont poignantes. les gros plans sur son visage raviné, ses yeux plein de vie et d'énergie, mais aussi ce vague à l'âme que Visconti utilisa à la perfection, traduisant avec maestria, les humeurs et les sentiments ambigus de l'adolescence, tout ce qui fit vibrer le vieux professeur Ashenbach et lui brisa le coeur, au sens propre, sur cette même plage. Le regard égaré de Bjorn Andresen semble traduite à ce moment-là, plus que de la nostalgie ou du regret, l'aveu d'une ambiguïté profonde que ses sourires depuis le premier jour dévoilaient. Comme si une part de lui-même regrettait de n'avoir pas cédé à ces garçons, à ces messieurs et d'avoir peut-être manquer toute sa vie une forme d'amour qui l'eût vraiment comblé...
Mais ce qui est réjouissant et fait l'émotion qu'on ressent à regarder ce documentaire, c'est cette impression plus forte que tout, d'une résurrection. L'acteur-icône s'est réconcilié avec son passé et tous les deuils qu'il n'avait pas fait, en les nommant, en remettant ses pas sur les lieux de ses souffrances (il le souligne lui-même avec des mots simples et vrais, quand défilent les images de la première à Londres en présence de la reine et de la princesse Anne, ou bien à Cannes lors de la conbférence de presse ou Visconti parle à sa place et parle de lui avec la morgue du génie qui se fit Pygmalion diabolique. Il fait sagement ce qu'on lui dit, suit ou devance Visconti, le visage contris, les traits crispés : "j'étais terrifié et affolé". On le voit à un moment du film, tandis que Viconti badine deban,t la presse, seul au milieu de tous ces adultes qui le badent comme les japonais au Louvre devant la Joconde...
et enfin le trailer :
29 novembre 2021
Depuis longtemps un film ne nous avait pas autant secoués...
Mark et moi étions ce weekend à la campagne, pas très loin de New York. Douglas et Jane sont de grands amateurs de cinéma mais c'est aussi leur métier. Elle est productrice, il est responsable juridique dans l'industrie du cinéma indépendant. Mark a connu Douglas au collège et voilà quinze ans que nous passons ensemble des tas de moments.
Comme à chaque fois, nos hôtes nous régalent d'un film qu'ils projettent dans leur salle de cinéma personnelle. car c'est bien de cela qu'il s'agit. Rien de luxueux, une grande pièce donnant sur leur jardin aménagée comme un vrai cinéma pour une dizaine de personnes avec un écran géant et un matériel de projection et de sonorisation ultra perfectionné, le tout dans un confort et un style très New England, tweed, cuir et bois cirés.
Cette fois, la séance était consacrée à deux films très différents. Le premier comme un clin d'oeil à mon pays d'origine, le second parce qu'il s'agit d'un extraordinaire film, taïwanais ou coréen, peu importe, sorti il y a quelques mois et passé presque inaperçu bien que dépassant les critères de genre et d'époque, bien que extraordinairement filmé, monté avec deux jeunes acteurs fascinants de vérité dans leur jeu. J'étais tellement fasciné que nous l'avons regardé une seconde fois après le dîner. J'ai déjà envie de le revoir !
29 juillet 2021
En lisant Allan Stein de Matthew Stadler
Je viens de terminer un livre du romancier Matthew Stadler qui m'a fasciné, remué, enchanté. C'est un ami de Mark qui lui avait recommandé le titre et c'est moi qui l'ai lu. D'une traite ou presque. D'abord la couverture est superbe comme les éditeurs américains savent en inventer, avec en pleine page une photo bien connue d'Herbert Listz ("Matin à Athènes" de 1937) et le titre en relief. Un texte envoûtant mais dont la chute m'a laissé sur ma faim. Comme je le fais souvent, j'en ai imaginé une autre bien plus en harmonie avec mon ressenti à la lecture du roman. Le héros, un homme jeune qui aime les garçons, va prendre l'indentité d'un ami curateur d'un musée d'une grande ville américaine, pour se rendre à Paris à la recherche de dessins disparus de Picasso mais surtout pour amener avec lui son jeune amant. Il partira seul, sous une fausse identité et trouvera à Paris un nouvel amour en la personne d'un adolescent de notre époque, mi-hollandais mi-parisien, tout en se passionnant pour sa quête. On se demande s'il va aboutir, trouver les fameux croquis, et faire de cette aventure en europe un livre. On comprend vite que l'auteur parle de lui, de ses tentations d'écrivains, de ses attirances et certainement bien des pages de cette fiction relatent des souvenirs d'expériences vécues par stadler.
Mais revenons au livre. Le premier amant du héros du livre, un certain Dogan, américain d'origine turque est un jeune sophomore, sportif joliment foutu et amateur de soccer. Il aime aussi le sexe et ses seize ans flamboyants en redemandent. A Paris, ce sera Stéphane, quinze ou seize ans lui-aussi, amateur de basket et de musique pop évoluant dans une maison entourée d'un jardin improbable comme on en oublie dans Paris, à deux pas de la Cité Universitaire. Une sorte de kibboutz éminemment intello, un peu hippie qui héberge notre américain. Statdler décrit avec beaucoup de précision sans jamais donenr au lecteur l'impression de faire du voyeurisme, mais sa liberté de ton fait du bien, elle renforce l'idée que le sexe consenti est toujours joyeux, formateur et épanouissant pour ceux qui s'y adonnent sans blocages psychologiques. Rien de malsain donc dans ce roman reconnu par la critique comme un excellent roman. Il n'est malheurusement pas traduit en français à ma connaissance, rgrettable pour ceux qui ne lisent pas l'anglais.
Le jeune acteur allemand Louis Hofmann pourrait jouer le rôle de stéphane, le garçon dont s'éprend le héros du livre de stadler, à condition d'avoir les cheveux plus longs. Photo extraite de merveilleux film "Center of my world".
21 novembre 2020
Connaissez-vous August Blanco Rosenstein ?
Ce garçon rayonne, sa voix, sa sa manière de se mouvoir dans l'espace, son sourire, ses yeux... Un monsieur tout le monde avec quelque chose dans le regard, les gestes qui saute aux yeux et qu'on n'oublie pas une fois qu'on l'a croisé. Un extrait de Grand Army, bientôt sûrement sur Netflix France ! J'ai bien aimé la série.
06 mai 2020
Grande école avec Salim Kechiouche et Gregori Baquet
28 avril 2020
Il se nomme Darren Barnet et c'est la nouvelle coqueluche sur Netflix
15 avril 2020
Tom Daley, his son and his mum in L.A.... a naked surprise
05 avril 2020
As-tu déjà aimé ?
23 septembre 2018
Le film Mario, ou quand deux joueurs de foot s'aiment d'amour...
Ainsi, le film suit Mario, un jeune footeux passionné - bien qu'on découvre au fil des images que cette passion a été lourdement induite par son père, joueur raté qui projette dans son rejeton mille rêves qu'il n'a pu vivre - et doué qui est remarqué par son club qui envisage de le faire passer chez les grands, en première division. Il a le football dans le sang tout en sachant le poids que son père fait peser sur lui. soudain tout bascule ou risque de basculer : Mario va tomber amoureux d'un autre joueur, aussi bon que lui, beau, solaire, épanoui, solide. Cataclysme chez le garçon. Quel choix sera le sien ? Le désir, la passion, l'affection, ou le sport et la réussite ? la caméra très sensible, la finesse du jeu des acteurs, les deux héros bien sûr, mais aussi les seconds plans, les autres joueurs, les parents, les entraîneurs, les amis, une manière de suivre au plus près le protagoniste dans son dilemme, la liberté avec laquelle le cinéaste montre les corps qui s'aiment, sans aucune image triviale mais avec un respect plein de pudeur, et la description du milieu dans lequel tout cela se déroule, font que les deux heures du film passent sans qu'on s'ennuie une seconde...
Nous avons vu le film sur grand écran, Mark et son frère, deux amis de passage et moi . Tous nous étions soufflés par le jeu des deux acteurs, Max Hubacher (Mario) et Aaron Altaras (Leon), leur naturel et leur présence. Bob, acteur apprenti à Los Angeles, en est sorti des étoiles dans les yeux. "Ces allemands" nous a-t-il dit, "c'est l'Actor's Studio puissance 10 !" Voir s'entraîner, sur les campus mais aussi sur les terrains de sport partout autour de nous est quelque chose d'habituel. On prend tous plaisir (qu'on aime les garçons ou pas), à les voir évoluer sur le terrain , courir, feinter, marquer. Il y a quelque chose de très sensuel dans leur expression : avec leurs visages marqués par l'effort, leurs muscles tendus, leur tenue relâchée, leurs torses le plus souvent dénudés, il émane d'eux une impression de santé physique autant que mentale. et pourtant, combien parmi eux sont en proie au doute, à la peur, au désarroi parce qu'ils se réveillent la nuit en sueur, avec l'image d'un de leurs camarades aperçu la veille, au vestiaire ou sous les douches dans la splendeur de sa jeune virilité...
15 janvier 2018
Call Me By Your Name
Oh, to see without my eyes
The first time that you kissed me
Boundless by the time I cried
I built your walls around me
White noise, what an awful sound
Fumbling by Rogue River
Feel my feet above the ground
Hand of God, deliver me
Oh, oh woe-oh-woah is me
The first time that you touched me
Oh, will wonders ever cease?
Blessed be the mystery of love
Lord, I no longer believe
Drowned in living waters
Cursed by the love that I received
From my brother's daughter
Like Hephaestion, who died
Alexander's lover
Now my riverbed has dried
Shall I find no other?
Oh, oh woe-oh-woah is me
I'm running like a plover
Now I'm prone to misery
The birthmark on your shoulder reminds me
How much sorrow can I take?
Blackbird on my shoulder
And what difference does it make
When this love is over?
Shall I sleep within your bed
River of unhappiness
Hold your hands upon my head
Till I breathe my last breath
Oh, oh woe-oh-woah is me
The last time that you touched me
Oh, will wonders ever cease?
Blessed be the mystery of love
27 décembre 2017
Call Me By Your Name
C'était l'été et notre mode de vie dans la vieille propriété familiale ressemble beaucoup à celle d'Elio, le héros du livre, et de sa famille. Le Médoc n'est pas la Toscane, loin s'en faut, mais les chaleurs estivales, le mode de vie au ralenti et cette lumière, cette chaleur, la proximité de la mer, tout me rapprochait du livre. Et quelle émotion à suivre l'avancé de la relation entre Elio et Oliver, le jeune professeur de Columbia invité par son père pour l'été. Mais lisez-donc le livre si vous ne l'avez pas encore fait et ^patientes encore, lecteurs d'Europe, le film ne sort de l'autre côté de l'océan qu'en février ou en marc. Il faut le voir sur grand écran comme il faut aussi oublier la densité du livre et la force des mots. Si le scénario du film a été écrit par James Ivory, le film ne peut traduire toutes les finesses, les coins et les recoins du livre. Mais ce film qui a déjà remporté un franc succès partout sur le continent américain, va faire des ravages en Europe. Les acteurs sont parfaits, splendides, vrais, plausibles. Un très bon film.
10 octobre 2015
Parler du film "Les Amis", quelle bonne idée !
10 mai 2015
Joe Dalessandro, beau et philosophe
Lu dans Gay Cultes, un blog ami où je me reconnais souvent dans les idées, l'esthétique et le mode de penser (non il n'y a pas de faute, c'est bien de la manière de penser de l'auteur de ce blog dont je veux parler et non de ses pensées que je ne connais pas et qui ne regarde que lui), un billet sur l'icône de la Factory, premier homme objet, muse de Warhol et de Morrissey, celui dont l'entrejambe moulé fit en 1975 la couverture de la pochette d'un disque des Rolling Stones, pochette devenue aujourd'hui une pièce de musée, beau garçon libre et parfaitement à l'aise avec son corps dans un univers qui restait prude et hypocrite avec les questions sexuelles.
A l'aise avec les jeunes comme avec les vieux, avec les hommes et avec les femmes, il a survécu à une époque démente, à des kilos de cocaïne et d'héroïne, passé à travers les années Sida, jamais oublié, toujours acteur, père et grand-père. celui pour qui Lou Reed composa la fameuse "Let's walk on the wild side".
Dans Little Joe, l'excellent film-documentaire produit par sa fille adoptive Vedra Mehagian Dallesandro et réalisé par Nicole Haeusser, qui a reçu un accueil enthousiaste au Festival de Berlin, Joe dalessandro exprime en quelques mots ce qu'il est vraiment et qui ne peut que rendre admiratif :
“I think it was because I didn’t have major hang-ups about my body when I was young, and I was so casual about nudity onscreen, that people got caught up looking at the surface. I know what it means to be judged on appearances. I’m a lot smarter than I appear to be. People would tell me I was beautiful, but I never knew what to do with that information. It didn’t register. I never really thought of myself as a good-looking man. I’m short, I’m stocky—I don’t know where good looks come in. I know beauty when I see it. All I can say is that I had a few good photographs taken where I look better than I do in real life. Beauty is fun. It has a place. But don’t mistake it for self-worth. If you have to be beautiful, do beautiful things for someone other than yourself.”
A défaut de pouvoir diffuser Flesh qui marqua mon adolescence dans une mauvaise copie VHS, ci-dessous, le trailer du documentaire :
25 août 2014
14 juillet 2014
02 septembre 2013
Une belle et sirupeuse histoire d'amour
15 février 2013
Far West. Film court.
14 février 2013
Hors les murs, film de David Lambert
L'émotion n'est jamais tronquée, édulcorée et cela fait du bien face à beaucoup de films qui étouffent à force d'être trop en retenue, les corps qu’il filme sont vivants, leur amour est bruyant, bancal, mouvant et lorsque, à la fin, après le départ de Paulo transformé par ses choix de vie, Ilir pleure sur le balcon de l'hôtel de luxe où ils se sont aimés une dernière fois, on ressent tout ce qu'il ressent. Il sait que leur amour est mort et qu'il est de nouveau seul... et on a envie de pleurer avec lui. Mais les meilleures scènes de Hors les murs sont sans conteste les visites de Paulo à Ilir en prison. L'oiseau blessé entre de plain-pied dans la réalité et celle-ci n'est déjà plus celle de son ami, ni celle de leur couple. Dans un face-à-face à haute tension, qui hésite entre plan cul empêché, fragments de discours amoureux cabossé et petits trafics pour faire passer un peu de shit à la barbe des gardiens, le film prend une incroyable densité.