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21 novembre 2012

Aimons-nous sans cesse

"Il est venu pour lire. Deux ou trois volumes sont entrouverts, des historiens, des poètes. Mais à peine a-t-il lu pendant une dizaine de minutes, puis il y a renoncé. Il somnole sur le canapé. Il se consacre entièrement aux lettres, mais il a vingt-trois ans, et il est très beau. Et, cet après-midi, l'amour a passé sur son corps parfait, sur ses lèvres. La passion a pris possession de cette chair tout imprégnée de beauté, sans inepte pudeur quant au genre de jouissance." J'aime quand tu récites ce poème de Cavafy que tu connais par coeur et qui rappelle si bien cette première fois où nos regards se sont croisés. Nous avons su l'un et l'autre aussitôt quelle était notre désir. J'aime ton accent américain quand tu récites en français la prose du grec d'Alexandrie. Ce jour-là quand nous sommes sortis de la bibliothèque tu me parlais de Versailles, de la galerie des glaces qui t'avais fasciné, tu me disais aussi un peu tremblant que tu étais intéressé par les filles seulement. Pourtant c'est toi qui le premier m'a tendu la main et c'est dans l'ascenseur qui montait jusqu'à mon petit appartement d'alors que nos lèvres pour la première fois se sont jointes avant que nos corps s'unissent et nos cœurs avec eux.

Quand d'un passé rien ne subsiste...

Ce texte de Proust me revient toujours en mémoire quand je vois les beaux portraits d'Antinoüs. Il est associé dans mon cœur au poème d'Hadrien et fait jaillir en moi la mémoire de garçons que j'ai aimé et qui sont sortis de ma vie, mais aussi d'êtres disparus... : "Mais, quand d'un passé ancien rien ne subsiste, après la mort des êtres, après la destruction des choses, seules,plus frêles mais plus vivaces, plus immatérielles, plus persistantes, plus fidèles, l'odeur et la saveur restent encore longtemps, comme des âmes, à se rappeler, à attendre, à espérer, sur la ruine de tout le reste, à porter sans fléchir, sur leur gouttelette presque impalpable, l'édifice immense du souvenir."
Marcel Proust

19 novembre 2012

Réminiscences

Dédié à Kynseker .


Le dimanche est souvent un jour où on se laisse aller au gré de sa paresse, sans contrainte ni obligation sociale. J'étais en train de lire dans mon lit, seul. David et Marc étaient sortis promener le chien. Une tasse de thé brûlant sur la table à côté, deux ou trois revues, des livres, une BD de Tintin trouvée chez le bouquiniste près de la maison. J'avais envie de musique et j'ai allumé la radio au hasard. Une station classique.Le son à peine monté, une musique sublime se répandait dans la pièce. Une voix de femme chantait en allemand. Une cantate de Telemann. une voix connue. Je cherchais au fond de ma mémoire. Teresa Stich-Randall, et la cantate "Machet die tore weit". Et les murs de ma chambre, cet appartement à New York, la ville elle-même, tout disparut. Je me suis soudain retrouvé des années en arrière. C'était à Londres. je devais avoir dix sept ans à peine. Je passais beaucoup de temps cette année-là avec un jeune français de mon âge, fils de consul de je ne sais plus quel pays qui était venu comme moi parfaire sa pratique de l'anglais dans une de ces écoles pour jeunes nantis français. On s'y ennuyait beaucoup, parfois on s'amusait. beaucoup s'affranchissaient pour la première fois des parents et notre liberté était totale durant un long mois. Olivier m'avait plu tout de suite, dès l'embarquement à bord du ferry qui nous amenait à Douvres. nous avions vite sympathisé. Il était drôle, plein d'aplomb et son sourire me fit fondre. Je n'étais pas particulièrement attiré par les garçons en ce temps-là, bien que sensible à leur beauté. Je ne la remarquai vraiment que par comparaison à la mienne. L'âge manque d'assurance et un rien peut démonter le sentiment de fierté que nos jambes musclées, nos torses lisses et vivifiés par de nombreuses heures d'activité sportive. Regarder l'autre, c'était se comparer à lui, l'affronter virtuellement, mesure notre corps au sien. Lui m'avait plu aussitôt. Bref nous étions devenus amis. Nous allions souvent nous promener ensemble laissant les autres que nous trouvions assommants et bêtes. Il m'attira au Victoria & Albert Museum, à la National Galery, dans plein d'autres lieux où nous nous gavions d'art et de beauté. Mais l'endroit où nous préférions nous rendre, c'était à Kenwood House, sur les hauteurs de Hampstead, non loin de là où se trouvait notre école et où nous vivions. Les cours avaient lieu le matin et les après-midis nous appartenaient. nous étions censés monter à cheval ou jouer au tennis. Nous y allions parfois, mais cela avait trop un air familier et notre séjour à Londres loin de nos familles, nous le voulions unique, différente et ardent. Un après-midi, je me souviens du temps merveilleux qui régnait sur l'Angleterre. les oiseaux chantaient dans les arbres et l'air embaumait comme à la campagne. Olivier était venu me chercher pour aller chez lui. Nous nous retrouvions  souvent dans sa chambre, plus grande que la mienne. il logeait chez un vieux couple dont le fils était militaire en Allemagne. Olivier occupait sa chambre. Il pouvait se servir de l'électrophone du jeune officier absent et nous adorions ses disques. C'est là que j'ai découvert Tallis, Purcell, et tant d'autres musiques que je n'avais pas encore l'habitude d'écouter chez moi, accompagnant peu mes parents aux concerts. Ce jour-là donc que je revois clairement aussi bien que résonnait la voix de Teresa Stich-Randall tout à l'heure, Olivier avait mis un vieux disque de cantates de Telemann. La magie de la musique, la douceur de l'air qui pénétrait par la fenêtre entrouverte, la lumière que voilait le store baissé, tout est resté dans ma mémoire. Je ne sais comment, par quel détour de la conversation, nous étions arrivés à parler d'amour et de plaisir. Olivier était plus expérimenté que moi. il connaissait déjà l'amour pour l'avoir expérimenté quelques fois. je me contentais de plaisirs solitaires où l'objet de mon désir variait selon des critères que j'aurai été bien en peine de définir. La voix magique enrobait nos propos d'un halo de sensualité et de paix qui nous gagnait peu à peu. Je ne sais comment, mais je me retrouvais couché sur le lit avec Olivier pratiquement sur moi en train de m'embrasser sur la bouche. Bien vite nos langues se mêlèrent et je goûtais pour la première fois à une volupté sans pareille. Nos vêtements s'éparpillèrent dans la chambre et nos deux corps se trouvèrent, deux épidermes lisses et fermes qui semblaient se fondre l'un contre l'autre. Notre plaisir éclata bien vite. Ce fut bien innocent, je ne savais rien encore des jeux et des gestes de l'amour sauf ceux que l'instinct m'avait dicté sur ce lit avec cette musique divine de Telemann. Olivier repu s'était étendu sur le dos. Nos flancs se touchaient. Je regardais au plafond les rayons de soleil qui se faufilaient à travers les bandeaux du store. Il avait un bras sous ma nuque et sa main caressait mon épaule. La musique s'arrêta. Nous sommes restés couchés ainsi, sans bouger, sentant les gouttes de notre semence glissait sur notre peau, écoutant les bruits du dehors, le chant des oiseaux, une moto, la tondeuse d'un voisin... Moment de plénitude heureuse. nos corps nus ne nous encombraient pas, nous ne ressentions aucune gêne, aucun regret non plus. Je me souviens qu'Olivier se haussa sur son coude en dégageant son bras et penché sur moi me regarda avec un sourire. Nous avons éclaté de rire. un rire de contentement et d'affirmation de soi. Nous n'avions pas eu peur. Nous étions des hommes et nous étions fiers de notre plaisir et de cette lutte de demi-dieux. Je me levais soudain pour remettre le disque. La musique de Telemann retentit à nouveau dans la chambre. Notre ardeur semblait vouloir se réveiller et nos sexes dressés nous entraîner vers de nouvelles joutes. Des bruits dans la cuisine nous forcèrent à descendre de notre nuage pour aller prendre le thé...

jeunesse

18 novembre 2012

Garçons sauvages

Couples... Amis, frères, amants...

I love you from all my heart, my body and my soul !

Kiss me please over and over


Bon dimanche à tous


Je viens de terminer - d'un trait - la lecture de Saccage, un roman d’Éric Jourdan (l'auteur des Mauvais Anges et de Choléra), reparu aux éditions la Musardine en 2005. Longtemps censuré, amputé de ses pages les plus libres et parlantes, ce n'est pas à mon avis le meilleur ouvrage de l'auteur, mais il regorge de trouvailles, de sensibilité et certaines de ses phrases sont des joyaux ciselés par un esprit très fin, très ardent et fin connaisseur de la psychologie - devrai-je dire la physiologie - des garçons. Je vous le recommande. C'est un régal pour l'esprit et aucune ligne ne laisse nos sens indifférents. En plus, cela finit bien ! On peut regretter la couverture, un peu réductrice quant à l'esprit du roman, même si le corps qui s'étale ainsi n'est pas des plus désagréables à contempler. On est loin du roman de gare pour folles excitées et ces fesses de garçons renvoient forcément à un premier degré bien peu élevé quant le texte que contient le livre n'est pas rien, soulevant mille réminiscences de nos adolescences, jouant avec nos pudeurs et nos désirs enfouis. C'est l'histoire de Fraîcheur, un jeune homme de vingt ans qu'on découvre débarquant au hasard d'un orage dans un belle maison bourgeoise, chez une femme seule qui va s'éprendre de cet être pur et lascif, en faire son amant et presque son esclave. mais le jeune homme s'il aime l'amour et s'adonne avec ferveur à son rôle d'amant, est travaillé par mille pensées secrètes. Le beau Fraîcheur - dont on ne saura jamais le vrai nom - aime l'amour et le fait bien, avec toute la force et l'ardeur de son âge, mais la passion à son égard de la servante, le désir des autres femmes qu'il croise pendant son séjour chez sa maîtresse, le plaisir différent qu'il découvre avec un jeune artisan du village, tout cela ne suffit pas à l'éloigner de son passé, une bande d'amis de son âge avec qui il a vécu jusqu'à sa fuite. Quand il reviendra pour les retrouver, bien des choses auront changées mais en lui aussi, il y aura eu des changements et... Je vous laisse le découvrir vous-même.

Happy Birthday


Un site que j'apprécie beaucoup fête ses cinq années d'existence. Silvano Mangana - somptueux pseudonyme - on auteur de qui je me sens proche dans ses goûts esthétiques et ses choix culturels publie toujours d'excellents billets et c'est un plaisir que de le lire à chaque fois. Animula Vagula Blandula ne pouvait pas ne pas lui souhaiter une joyeux anniversaire et former le vœu que Gay Cultes brille encore longtemps sur internet !

17 novembre 2012

Arthur et Merlin.

Dans un monde de brutes, quand on conçoit la virilité avant tout comme un manque absolu de douceur et de tendresse, réinterpréter légendes et faits historiques au bénéfice de l'amour et de la beauté, c'est peu sérieux mais tellement roboratif. Que les historiens parmi les lecteurs de ce blog me pardonnent, mais imaginer une romance entre le jeune Arthur et son féal Merlin me fait sourire de contentement et l'imagination s'envole... Les fans de cette série TV ne s'en sont pas privés au vu de tous les montages qu'on peut trouver sur YouTube... Allez, ne boudez pas votre plaisir et regardez ces quelques montages. c'est fleur bleue mais bien plus agréable et tranquille que certains films laids et violents qui nous sont assénés trop souvent...




12 novembre 2012

Un dimanche sans histoire


 Et vous ? Rester à la maison. prendre le temps d'être ensemble. Se retrouver. S'aimer. Ne rien faire d'autre que s'aimer. Se dire toute notre tendresse, tout notre amour. 
Se tenir la main, les doigts entrecroisés et ta tête contre mon épaule, nos flancs si proches qu'on dirait une même chair et tout à l'heure quand nous ferons l'amour, n'être plus qu'un seul être, nos corps comme nos esprits délicieusement enchevêtrés, "doublement mâles par notre façon de se prendre et de se donner". Notre amour est virilité et tendresse, pur et chaste même au plus profond de nos voluptés et des éclats de notre plaisir. Beaucoup d'amants croient s'unir et ne font que s'ajouter. l'amour que nous nous portons depuis toutes ces années a fait de nous un seul être, un seul corps. nous nous complétons, nous nous fondons l'un dans l'autre à chaque moment de notre vie et pas seulement quand le plaisir nous réunit en une seule chair. C'est peut-être cela la vraie définition du bonheur d'être ensemble. La définition de l'amour. Il nous a donné la vie une seconde fois, nouvelle naissance, éclatante de bonheur et de joie.

On dit que la passion s'émousse avec le temps, l'habitude. Les amants trop unis un jour se désunissent, leur union n'est plus que lassitude. Rien de cela entre nous. Nous sommes un, et différents. Mais je suis toi quand tu deviens moi et plus rien ce compte. Assouvis, nos corps reposent mais nos âmes continuent leur trépidante union et faire ensemble les tâches les plus vaines, les activités les plus courantes, le ménage, la cuisine, faire un voyage, regarder un film, sortir le chien, sont autant de moyens pour notre amour de se régénérer et grandir. Je pars en France juste après Thanksgiving, pour une semaine ou deux. David ne peut pas m'accompagner. Tout ce temps sans toucher corps, sans avoir sous mes doigts le grain de sa peau, sans remplir mes narines de son odeur de garçon, sans sentir sur mon corps le souffle chaud de son haleine... Mais aussi un temps de recul, de latence pour mesurer combien ma vie est heureuse avec lui et pour lui pour se redire - ce sont ses propres mots " le bonheur de vivre avec toi chaque jour et chaque nuit". Nous avions projetés il y a quelques semaine de passer les fêtes de fin d'année et Noël en particulier dans ma famille, au milieu des vignes. Mon père avait suggéré que la fin d'année se passe ensuite dans leur chalet près de Luchon. Un endroit magnifique où sommeillent mes plus beaux souvenirs d'enfance. Mais ses problèmes de santé ont tout bousculé. Il doit se faire opérer et l'opération est de taille. je dois être auprès de lui et auprès des miens. Il l'a souhaité. Nous passerons donc Thanksgiving chez les parents de David puis Noël sera ici avec d'autres amis français et nous irons faire du ski pour terminer l'année, pas très loin de la frontière canadienne. 

Nous serons avec le frère de David et deux amis à lui. De plus en plus, David et moi considérons ces garçons comme nos fils. Ils sont avec nous comme avec des grand-frères qu'on admire. C'est un doux jeu qui nous plait à tous. Le temps de l’ambiguïté est passé pour le petit (il est aussi grand que son frère de six ans plus âgé) frère de David. Le temps où il faisait exprès de prendre sa douche dans notre salle de bain en laissant porte grande ouverte, où il se réfugiait dans notre lit le dimanche matin, torse nu et en slip, se frottant contre nous, où ces fois où il me recevait dans sa chambre totalement nu dans son lit, le regard émoustilleur... Si mes sens auraient pu être tentés, mon cœur et mon corps tout entier résistaient et le petit diable se faisait rabrouer et copieusement engueuler. Seuls dans notre chambre David et moi en avions des fous-rires à n'en plus finir. A notre tour parfois, nous passions à poil dans le salon ou laissions la porte de la salle de bain ouverte. Gêné une ou deux fois, le gamin a fini par comprendre et désormais tout va bien. Ce type est intelligent. Brillant même. Une affaire de famille. Il se dit bisexuel mais n'a pas encore couché avec une fille. A l'inverse, il a eu une relation assez mouvementée et intense avec un de ses copains de collège. Il sait de quoi on parle maintenant et n'a plus rien à se prouver - ni à nous prouver. En ce moment, il traverse une crise mystique assez démonstrative. Il suit des cours de Lecture biblique et accompagne ses parents à l'office presque tous les dimanches quand il est de retour chez lui. David en plaisantait ce matin, lui demandant s'il n'était pas amoureux d'un jeune mormon aperçu ou une deux fois dans sa chambre...

11 novembre 2012

10 novembre 2012

Sleeping beauty 2


It reminds me... Vous savez Guillaume Leprince-Ringuet, bien que blond, dans le film de Christophe Honoré, Les Chansons d'amour, quand la caméra s'attarde sur ses belles fesses et qu'on remarque - oh horreur - qu'elles sont très poilues... Cela n'enlève rien au charme de l'acteur-chanteur-jeune homme ambigu de bonne famille !

08 novembre 2012

Sleeping beauty 1


Eveyday life in NYC


It's Not For Me To Say

La belle chanson de Johnny Mathis illustre joliment ces images extraites du film de James Ivory, Maurice, que tout le monde connait. Un clin d’œil à S. et à N., à P. et à F. qui se reconnaîtront ou plutôt qui reconnaîtront avec la musique comme avec les images un passé commun... Ah, folle jeunesse ! 



07 novembre 2012

Obama réélu ! Youpee !

Barack Obama, entouré de ses grands-parents maternels, à l'époque de ses études à l'Université Columbia, à New York, dans les années 80.
Un nouveau mandat pour le président Obama et c'est tant mieux. Même avec une Chambre des Représentants majoritairement républicaine, et un Sénat à peine en majorité démocrate, il n'aura pas la tâche facile. Les déçus du premier mandat pourtant lui ont redonné leur confiance, "in spite of" comme me disait tout à l'heure, le professeur de littérature à Columbia, l'université où étudia le président, et qui vit dans notre immeuble.Guantanamo n'a pas fermé ses portes, le pays pollue toujours autant sans complexe, le déficit fédéral est colossal, des guerres un peu partout, toujours autant de pauvres et de plus en plus de très riches méprisants et un fondamentalisme religieux néo-chrétien particulièrement influent qui pèse chaque jour davantage sur les libertés... Mais il est là aux commandes et ce deuxième mandat se nourrira des erreurs, des tergiversations et des manquements du premier. Pour le bonheur des américains et pour le monde.