Il est arrivé hier soir avec un air défait, les traits tirés et la mine de celui qui vient de prendre sur le coin de la tête la tuile du siècle. Surprenant pour un garçon comme lui. Beau, bien fait, intelligent et drôle, Simon avait toujours le sourire aux lèvres depuis que nous le connaissons. C'est à dire depuis que nous avons emménagés ici David et moi. Que s'était-il donc passé pour que ce beau gosse soit aussi dépité ? Nous avons eu la réponse et il m'a fallu tous les trésors de la parfaite éducation donnée par mes chers parents, renforcée par mon passage en Angleterre, pour ne pas exploser de rire. L'affaire est sérieuse et le chagrin du beau Simon aussi. Je vais vous en révéler la teneur. Après tout peu d'entre vous ont l'occasion de croiser Simon sauf à venir nous rendre visite. Il habite au-dessus de notre appartement avec sa mère et sa sœur. Simon mesure environ 1 m 80. Il est châtain, presque roux. Les épaules larges, la peau blanche, un visage glabre aux pommettes saillantes. Si ses yeux étaient clairs, il serait la beauté même. En fait, ses yeux sont couleur noisette. Il a des sourcils un peu trop épais et des cils trop courts. Ses mains sont belles, larges avec de longs doigts effilés terminés par des ongles toujours impeccables. Il a fait de la natation et comme tous les gosses ici, joue au basket. Bref ce n'est pas un gros inutile vautré toute la journée devant la télé en se gavant de popcorn. Je crois que sa mère est norvégienne ou finlandaise, je ne me souviens plus. Sa petiote sœur qui doit avoir quatorze ou quinze ans est très jolie, très fine mais elle est accoutrée comme un sac, enfin vous me comprendrez, elle est comme les adolescentes de son âge. Mais je ne vais pas commencer à vous détailler la famille, ce n'était pas mon sujet. Simon donc avait l'air désespéré. Il est venu sonner à la maison, comme il le fait souvent le dimanche. Agréables moments de conversations qu'il aime partager avec nous. Il nous a confié ses peines de cœurs, ses angoisses scolaires, ses déboires pour passer son permis. Cette fois, le sujet était plus embarrassant. Pour lui cela s'entend. en fait Simon revenait quand nous l'avons croisé avec sa mine d'enterrement, de la salle de gym où deux de ses copains viennent d'être embauchés, l'un aux vestiaires, l'autre en salle. Il était convié à deux heures gratuites et a pu essayer avec eux toutes les machines, profiter de la piscine et du sauna. C'est là que le problème a surgi. Dans le bain de vapeur, tous les mecs étaient nus. Simon qui ne s'était jamais exposé à poil devant personne était très gêné. Il a bien dû se résoudre à faire comme tout le monde, et comme ses copains, il a enlevé sa serviette, ou son peignoir, je ne sais plus. Un éclat de rire stupide a eu sur lui l'effet d'un cataclysme : beau garçon bien proportionné, il n'a pas été doté par la nature d'un sexe en proportion avec le reste. Son membre viril, certainement ratatiné par la chaleur des lieux, semblerait avoir gardé la taille de ceux des petits garçons. Même ses couilles sont minuscules. Devant ses amis gênés pour lui mais retenant avec peine leur hilarité, ce pauvre Simon a vite battu en retraite. Dans les vestiaires, un de ses copains l'a rassuré, lui disant avec raison que ce n'est pas la taille qui fait la virilité., le mal était fait. Notre petit voisin s'est enseveli dans un complexe gigantesque dont il va être difficile de l'extirper. Le plus sympathique - et drôle aussi - dans cette affaire, c'est qu'il soit venu nous confier son "désappointement". "Tu comprends" disait-il à david, "Kyle et Mark étaient avec moi. ils ont vu ma queue et moi j'ai vu les leurs.... Normales quoi." Toujours les mêmes choses, les mêmes préoccupations. Dans l'antiquité déjà... Il est vrai que la taille du membre viril avec les publicités, les films mais surtout la pornographie, ne peut qu'être de belle taille sous peine de faire de vous un sous-homme. On vend même des pompes censées allonger le pénis... Bref ces foutaises ont démoli notre bonhomme qui voulait à tout pris nous montrer l'objet de son souci ! Nous avons eu assez de mal à l'en dissuader. Cela commençait à ressembler à une scène d'Eating out...
Amusés mais peinés de le voir aussi triste, nous avons usé de toutes nos ressources pour le rassurer, pour lui expliquer qu'il n'avait pas encore fini sa croissance, que ses couilles pourraient grandir encore et que de toute manière - ça c'est David qui l'a dit - quand il sera en situation d'honorer une fille ou un garçon (je pense qu'il est hétéro mais peut-on savoir), le désir et l'excitation transformeront son engin en un outil d'amour et qu'il aura autant de plaisir qu'avec un braquemard de la taille de ceux des ânes... conversation assez leste, j'en conviens mais le sujet... La virilité mise en cause d'un pauvre garçon mal doté par la nature, valait bien de s'asseoir sur les convenances, vous ne trouvez pas ?