Ben et ses amis sont partis skier. Le chien ronfle sur le tapis et David prépare le plateau du petit-déjeuner. douce quiétude de ce matin d'hiver, le premier de l'année. Que plein d'autres lui succèdent et que longtemps encore, nous partagions lui et moi, le même lit, la même vie, les mêmes désirs La même joie d'être ensemble...
01 janvier 2018
31 décembre 2017
30 décembre 2017
anyone lived in a pretty how town
Anyone lived in a pretty how town
(with up so floating many bells down)
spring summer autumn winter
he sang his didn’t he danced his did.
Women and men(both little and small)
cared for anyone not at all
they sowed their isn’t they reaped their same
sun moon stars rain
children guessed(but only a few
and down they forgot as up they grew
autumn winter spring summer)
that noone loved him more by more
when by now and tree by leaf
she laughed his joy she cried his grief
bird by snow and stir by still
anyone’s any was all to her
someones married their everyones
laughed their cryings and did their dance
(sleep wake hope and then)they
said their nevers they slept their dream
E. E. Cummings
29 décembre 2017
La neige, le feu dans la cheminée, Buxtehude et des livres
Tous les ans, nous partons le lendemain de Noël dans un des plus beaux endroits que je connaisse à deux pas de New York. Catamount dans le Massachusetts. Un ancien village à l'orée d'une forêt et près d'un champs de neige sublime. Des chalets (pardon, ici ils disent Cottages) sont disponibles toute l'année. Le paradis. Les amateurs de glisse peuvent s'en donner à cœur joie et les amateurs de nature tout autant. Voilà cinq ans que nous y passons la dernière semaine de l'année, parfois tous les deux mais le plus souvent avec des deux jeunes frères ou des amis. On ne voit les garçons que très peu. Le ski et le bobsleigh sont leur passion. Beaucoup de neige le plus souvent et un froid mordant même lorsque le soleil se lèvre et que le ciel se fait d'un bleu rutilant. Musique et lecture donc. Cuisine aussi et farniente quotidien. David termine la relecture de son manuscrit sur la philosophie présocratique. Amusant parallèle avec Oliver, le fameux jeune chargé de cours de Columbia du livre d'André Aciman Call Me By Your Name qui a donné le très beau film dont je dois vous parler. Tous deux, le David de ma vie et l'Oliver du livre/film enseignent la philosophie à Columbia, tous deux foulent tous les jours les allées de Morningside campus et tous les deux aiment les garçons. J'aimerai mieux écrire : aiment aimer les garçons...
C'est de cela dont nous parlons beaucoup ces derniers temps et qui m'a décidé de me (re-) mettre à l'écriture et à la recherche. A Paris, du temps de l'EHESS, j'avais entrepris une réflexion sur l'amour socratique, le désir polymorphe et finalement l'orientation bien peu ouverte des mouvements gays qui ne comprennent ni ne partagent cela. mais c'est un autre chapitre, si je puis dire, de ma vie et matière à d'autres billets sur de blog... Il a beaucoup neigé quand nous sommes arrivés avec les petits frères, Thomas, l'ami de Ben, et Amy sa copine. Bon feu dans la cheminée, le violon d'Andrew Manze qui joue une sonate italienne du XVIIe. La musique se répand sous les lambris qui sentent bon le miel. David fait des pancakes et le thé fume dans les mugs. Bonheur. Ciel de nouveau gris mais cela passera avec le vent. Les plus jeunes sont déjà sur les pistes ?
Three Czech boys in room
David est triste ce matin. Il vient de retrouver des photos du temps de sa première année d'université. Columbia. Dieu, qu'il était beau déjà. Il émanait de lui ce qui me fit craquer en un instant et décida finalement de ma vie,. de notre vie à tous les deux. Je ne pensais pas rester à New York. Le stage dans la maison de courtage financier d'une des plus grandes banques américaines avait été l'occasion de quitter la France. j'avais pensé faire mon stage à Bruxelles; Nous y avons de la famille. Ma mère m'avait trouvé un appartement par ses réseaux. Je venais de rompre avec Philippe. Il s'était fiancé. Fille de bonne famille. pression familiale. Il avait hésité mais il ne supportait plus d'avoir à organiser ses deux vies. Il allait rentrer à l'ENA. Mes oncles et mon père m'auraient voulu auprès d'eux pour peu à peu reprendre les rênes de la propriété avec mes cousins. J'étouffais. J'étais malheureux. Partir m'était nécessaire. Ce fut New York après notre dernier voyage, Philippe et moi, un tour de Sicile.
Nous avions grandi ensemble ou presque. Notre désir datait du premier instant. Notre entente, notre complicité, notre plaisir, tout était toujours en harmonie. Mais il y avait son nom, les traditions et les usages. C'était pareil pour moi, mais notre famille avait mieux franchi le cap des temps modernes en s'éloignant des préjugés. Bref, raconter mes vingt ans d'étudiant et mes déboires amoureux n'était pas le but de ces lignes. Je voulais aborder ma rencontre avec David qui détermina mon choix de vivre ici et changea ma vie et le regard que je porte sur tout cela. Est-on encore jeune quand on vogue vers la quarantaine ? David feuilletant une revue sportive s'était revu. Bel athlète, sourire et mèche de star, le parfait WASP avec un brin de folie en plus, un quelque chose de bohème et de pazzesco. Sa mère est anglaise et le nom qu'il porte est honoré ici comme l'un des fondateurs de ce pays. Cela aurait pu être un poids et cela en fut un parfois. Mais David, avec le soutien de sa mère, de sa grand-mère a survécu à tout.
Notre première rencontre à une soirée dans un somptueux appartement donnant sur Central Park. Nous avions un peu bu. la musique était agréable, la vue splendide. Et c'est ainsi que tout commença comme dans un roman anglais... Il se trouve enlaidi, les traits plus épais, les muscles moins fermes... Cela m'a fait penser à cette photo qui montre trois jeunes tchèques au mieux de leur forme. Je ne suis pas certain que des corps puissamment musclés, totalement imberbes, avec des visages glabres aussi, de beaux yeux clairs, des dents splendides et une épaisse chevelure déterminent vraiment la vraie beauté. Il y faut autre chose. Un je ne sais quoi qui rendre attirant et désirable un garçon maigre ou un autre à la poitrine étroite et déjà velue. La beauté certes fait naître le désir mais pas seulement elle. le charme d'un sourire, une fossette, des yeux embués de timidité, des dents imparfaites et par-dessus tout l'intelligence, la finesse, le charisme. Ce qu'on nomme la présence. David était tout à la fois. Beau, intelligent, drôle, timide, farouche. Derrière sa parfaite éducation et toute la réserve anglo-saxonne, il était capable d'une incroyable volubilité et sa sensualité débordait de partout. Des années après, il reste le même; Le jeune homme en construction est devenu un homme, jeune, toujours aussi beau, toujours aussi brillant. Mon étreinte aura apaisé ce petit moment de nostalgie. Nous avons devant nous encore des années d'insouciance et de joie tant que notre cœur et notre esprit demeurent comme à vingt ans.
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27 décembre 2017
Call Me By Your Name
Je ne sais pas si parmi vousquelqu'un aura lu le roman d'André Aciman paru en 2007 aux États-Unis puis en Italie et enfin en France (sous le titre Plus tard ou jamais. Ce roman que je découvris d'abord dans la petite librairie du village où vivent mes parents dans le bordelais puis que j'ai relu quelques années plus tard dans sa version originale m'a fait un effet incroyable dès les premières pages de ma première lecture. Très proustien, très beau, parfois très direct, il m'avait bouleversé à l'époque.
C'était l'été et notre mode de vie dans la vieille propriété familiale ressemble beaucoup à celle d'Elio, le héros du livre, et de sa famille. Le Médoc n'est pas la Toscane, loin s'en faut, mais les chaleurs estivales, le mode de vie au ralenti et cette lumière, cette chaleur, la proximité de la mer, tout me rapprochait du livre. Et quelle émotion à suivre l'avancé de la relation entre Elio et Oliver, le jeune professeur de Columbia invité par son père pour l'été. Mais lisez-donc le livre si vous ne l'avez pas encore fait et ^patientes encore, lecteurs d'Europe, le film ne sort de l'autre côté de l'océan qu'en février ou en marc. Il faut le voir sur grand écran comme il faut aussi oublier la densité du livre et la force des mots. Si le scénario du film a été écrit par James Ivory, le film ne peut traduire toutes les finesses, les coins et les recoins du livre. Mais ce film qui a déjà remporté un franc succès partout sur le continent américain, va faire des ravages en Europe. Les acteurs sont parfaits, splendides, vrais, plausibles. Un très bon film.
C'était l'été et notre mode de vie dans la vieille propriété familiale ressemble beaucoup à celle d'Elio, le héros du livre, et de sa famille. Le Médoc n'est pas la Toscane, loin s'en faut, mais les chaleurs estivales, le mode de vie au ralenti et cette lumière, cette chaleur, la proximité de la mer, tout me rapprochait du livre. Et quelle émotion à suivre l'avancé de la relation entre Elio et Oliver, le jeune professeur de Columbia invité par son père pour l'été. Mais lisez-donc le livre si vous ne l'avez pas encore fait et ^patientes encore, lecteurs d'Europe, le film ne sort de l'autre côté de l'océan qu'en février ou en marc. Il faut le voir sur grand écran comme il faut aussi oublier la densité du livre et la force des mots. Si le scénario du film a été écrit par James Ivory, le film ne peut traduire toutes les finesses, les coins et les recoins du livre. Mais ce film qui a déjà remporté un franc succès partout sur le continent américain, va faire des ravages en Europe. Les acteurs sont parfaits, splendides, vrais, plausibles. Un très bon film.
Il y a dans le livre une scène torride, d'un érotisme gentil cependant et décrite avec beaucoup de délicatesse par l'auteur. Une scène ou Elio, sexuellement repu après sa nuit d'amour avec Oliver, puis avec la jeune Marzia, seul dans sa chambre à l'heure la plus chaude d'un mois d'août de la campagne italienne, joue - sexuellement - avec une des pêches du verger. Nu sur son lit, il bande en pensant à ce qu'il vient de vivre, en pensant à celui qu'il aime et il presse la pêche à moitié ouverte sur son sexe, il se prend au jeu et finit par jouir sur le fruit puis, le fruit reposé sur la table de chevet, il s'endort jusqu'au retour d'Oliver plein de désir... Lisez le livre ou allez voir le film, je ne vais pas spoiler la scène.
La beauté n'est jamais vaine
"Shepherd boy, do you see the wild fennel bulbs I gathered for you
olallieberries, new-mown grass, the tender fruits of the coastal fig?
olallieberries, new-mown grass, the tender fruits of the coastal fig?
D.A. Powell
Doté par la Nature d'un corps parfait qu'une santé solide lui permet de développer chaque jour davantage, Alexis fait les délices de son ami. Il sait combien on le regarde et cela longtemps l'a gêné. Il est fier de sa force et fier aussi de tourner la tête à czlui qui l'aime. Parfois aussi la fille qu'il étreint se pâme dans ses bras. Il n'en tire aucune gloire. Car il sait, cet enfant béni des dieux qu'il atteindra bientôt l'âge où tout s'inverse et où on ne le regardera plus. Il court, il nage, il s'entraîne mais jamais ne se contemple. Il a peur de prétendre et de perdre l'amour du bien-aimé.
Corydon lui renifle de dépit. Alexis ne le voit pas. Petit, râblé, la peau tannée par les journées passées sous le soleil à garder les troupeaux de son maître. Il a les épaules étroites et depuis le bas des cuisses jusqu'à ses épaules un duvet pareil à celui de ses moutons pousse sur sa peau brunie. Il veut ressembler à Alexis pour qu'Alexis un jour en le regardant pense se voir lui-même. il s'illusionne, il vourt aussi et il nage mais son corps n'a pas été façonné par les dieux pour l'amour. Seulement pour le dépit. Pauvre Corydon, il fait fausse route. Rasé, nu comme un ver il se présente au gymnase. Les autres garçons rient de lui. Un sac d'os et du ventre et par dessus tout, un sexe trop rouge d'être sollicité pour des rêves pollués...
Non loin de là, le jeune Daphnis dont on a brisé l'arc et les flèches et brisé le cœur aussi en le laissant sur le chemin de la fête parce que trop jeune. Pourtant Ménalque ne l'a pas bien regardé encore. Que cet enfant est beau et que l'intelligence fait luire son regard. Il aura bientôt la force d'Alexis et le savoir du maître. Il sera le jeune amant tranquille, il aimera beaucoup, il aimera longtemps et sera le plus fort, le plus grand, le plus brillant. Il changera de nom un jour et sera dans la mémoire des hommes longtemps sous le très splendide patronyme d'Alcibiade le doux. Regardez combien déjà sa modestie irradie en majesté... Promesses, promesses. celles de l'aube, celles du printemps, celles de la beauté des dieux. Il en approche l'âge car à la fin de la prochaine lune, il aura dix sept ans...
20 décembre 2017
Le garçon qui dort 3
Sans la beauté, la vie n'est rien
"Achille / Che per amor al fine combatteo."
Ce vers chargé de sens qu'écrit Dante dans son Enfer, confirme avec une concision cathartique tout l'Iliade qui a pour unique sujet la passion d'Achille pour Patrocle.
Adolescent, je rêvais de cet amour, puissant, exigeant. La colère du héros contre Agamemnon qui d'abord le fait se retirer du combat, l'amour d'Achille pour Patrocle surpassant l'amour de la femme qui, malgré tout, le ramène sur le champ de bataille. Cest seulement cela l'Iliade. En écoutant notre professeur qui nous chercher à nous faire comprendre cela d'une manière nuancée, précautionneusement mais qui insistait sur la beauté de Patrocle et sur la pureté de l'amour grec qui faisait pousser des ailes aux héros, transformant des amis (nous étions quelques uns à traduire des amants) en guerriers pour se défendre mutuellement...
J'imagine qu'il était ainsi l'Ami chéri d'Achille après le coup qui lui ôta la vie. Les yeux clos, les traits purs d'un enfant qui dort, la bouche ouverte encore qui laissa s'exhaler un dernier cri "Achille" avec son dernier souffle. L'apparence d'un visage en pâmoison, figé dans l'instant si fugace du plaisir qui éclate.
Pour Achille la perte est immense. Il n'y a plus de lumière, plus de joie, plus de parfums. L'Aimé n'est plus. son corps gît sur un manteau de pourpre, l'éclat de sa beauté n'est pas encore terni par la mort. S'il n'y avait le sang sur son armure, on pourrait penser qu'il dort, le charmant enfant, le prince de son cœur, le maître de sa vie. sa vie justement, Achille la conserve mais à quoi bon puisque Patrocle n'est plus...
Le monde moderne a du mal à aimer vraiment la beauté et les amours rarement s'épanouissent par la contemplation seule de la beauté. L'esprit des grecs est bien loin. L'amant veut posséder la beauté de son amant. Son corps est une proie et la pénétration l'objectif recherché par les sens. Au risque de paraître ridicule et niais, j'aime quand en confiance on peut aborder ces sujets, rappeler que l'amour grec qui fait ricaner tant de gens et met souvent en colère ces militants d'une cause qui n'en est plus une pour qui l'amour de la jeunesse est une perversion quand il n'est pas éprouvé par quelqu'un encore lui aussi dans la jeunesse. Entre gosses, c'est tolérable, attendrissant même mais ensuite, cela n'est pas acceptable, cela met en question les amours homosexuelles, la drague, les relations kleenex, l'incapacité d'aimer sans y mettre les doigts ou sans passer devant un officier d'état-civil pour singer le matrimoine hétérosexuel. Billevesées devenues fondements de la pensée sexuelle contemporaine. La pensée unique en dehors de laquelle on a forcément tout faux.
Quand Gide expliquait qu'il existe trois catégories d'homosexuels, sa réflexion était le produit d'une culture philosophique et esthétique millénaire. Aujourd'hui, la masse informe est ignare.
L'amour des garçons n'était pas assimilé à un crime, le pédéraste n'était pas encore le pédophile. Il décrivait ainsi trois orientations différentes, parfois aux contours mouvants :
- le pédéraste, héritier de la culture antique est celui qui aime les jeunes hommes, les garçons.
- Le sodomite que n'attire que les hommes adultes, de son âge ou plus âgés.
- L'inverti celui est efféminé et désire être possédé.
Gide ne pouvait pas être plus clair et direct quand il écrit dans son journal (nous sommes en 1918 !) :
L'amour des garçons n'était pas assimilé à un crime, le pédéraste n'était pas encore le pédophile. Il décrivait ainsi trois orientations différentes, parfois aux contours mouvants :
- le pédéraste, héritier de la culture antique est celui qui aime les jeunes hommes, les garçons.
- Le sodomite que n'attire que les hommes adultes, de son âge ou plus âgés.
- L'inverti celui est efféminé et désire être possédé.
« J’appelle pédéraste celui qui, comme le mot l’indique, s’éprend des jeunes garçons. J’appelle sodomite [...] celui dont le désir s’adresse aux hommes faits. J’appelle inverti celui qui, dans la comédie de l’amour, assume le rôle d’une femme et désire être possédé. Ces trois sortes d’homosexuels
ne sont point toujours nettement tranchées ; il y a des glissements
possibles de l’une à l’autre ; mais le plus souvent, la différence
entre eux est telle qu’ils éprouvent un profond dégoût les uns pour
les autres ; dégoût accompagné d’une réprobation qui ne le cède
parfois en rien à celle que vous (hétérosexuels) manifestez âprement
pour les trois. Les pédérastes, dont je suis (pourquoi ne puis-je
dire cela tout simplement, sans qu’aussitôt vous prétendiez voir,
dans mon aveu, forfanterie ?) sont beaucoup plus rares, les
sodomites beaucoup plus nombreux, que je ne pouvais croire
d’abord ».
J'aime les garçons. pas les hommes. J'ai aimé des femmes mais davantage encore des filles. Garçon, je ne fantasmai pas sur les corps velus et musculeux des adultes, jeunes ou mûrs. Cela ne m'a jamais fait baver ni encore moins bander. Pareil pour le sexe féminin. J'aimais à quinze ans les jolies filles de quinze ou seize ans, à vingt ans celles du même âge. Les garçons que j'ai aimé avaient tous mon âge ou bien ils étaient plus jeunes. Quand je suis devenu un adulte fait, j'ai continué d'être attiré par les jeunes hommes, les garçons, particulièrement ceux chez qui demeure cette pureté, cette candeur de l'enfance dans un corps d'homme plein de désirs et de force. L'alchimie ne dure pas et un jour la beauté s'efface chez la plupart d'entre eux et, en devenant des hommes, je ne les vois plus comme des objets de désir, des êtres que je pourrais aimer comme j'ai aimé ces garçons qui ont peuplé ma vie et mes nuits.
Et puis ce qui m'a toujours gêné, agacé, écœuré même parfois chez les homosexuels, ceux que Gide nomme les sodomites, c'est cette pratique sexuelle que je nomme les amours kleenex. On lève un mec, si possible en abordant la chose par ce qu'elle de plus salace et vil, on ferre la proie d'une soirée, d'une heure, d'un jour et on consomme et on passe à une autre proie... On retrouve ce donjuanisme chez les hétéros qui ne cherchent aussi que le cul. Mais mes propos ne vont pas plaire à tout le monde.
Celui que j'aime et avec qui je dors a fêté son vingt quatrième anniversaire. Je pourrai être son père. Quand nous nous aimons, je suis son ami, son compagnon, son frère, son fils, son camarade, jamais son père. L'amour est là celui que nous nous portons et celui, divin, que j' voue à la beauté. A sa beauté. Cadeau des dieux.
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04 novembre 2017
Quand il est revenu, ou Antinoüs est passé me voir...
Non je ne suis pas fou à lier, ni illuminé ni un de ces excités hystériques néo-chrétiens ou un adepte de Khrisna (je les respecte cependant) mais il vient de m'arriver quelque chose d'incroyable et si je n'avais pu toucher de mes mains le phénomène je n'en aurait pas fait l'écho.
Il ne s'agit pas d'un rêve, ni d'une vision. Il est bien là, en face de moi, entré dans ma vie par hasard et allant au rythme de mes jours depuis une semaine : Antinoüs est revenu. J'ai devant moi le demi-dieu érigé en idole par l'Empereur. Comme les apôtres qui ne reconnurent pas tout d'abord Jésus qui marchait à côté d'eux et leur parlait, je n'ai pas réalisé immédiatement qui était ce garçon splendide et rayonnant qui se tenait devant moi, simplement vêtu d'un jean et d'un t-shirt blanc Skyteam. La sonnette. Paul qui venait d'actionner la gâche de la porte de l'immeuble. J'étais dans l'entrée, j'ai donc ouvert. Une vision. La perfection faite homme. En un clin d’œil, je remarquais la grand mèche bouclée couvrant un front large et derrière d'incroyables longs cils de fille, un regard bleu comme le ciel d'été. Je reçus sa beauté en pleine figure comme un coup de vent doux qui porte avec lui mille parfums comme autant de promesses. Mais qui donc était ce beau gosse qui venait de grimper les marches quatre à quatre et se présentait à moi, son sac sur le dos ?
Le prince du Nil, le héros et le demi-dieu s'est installé dans notre vie pendant quelques jours. Je l'ai regardé, admiré comme on regarde et admire un être d'exception, rare et précieux. Aucun désir charnel dans ma contemplation. Seulement de la joie et une grande satisfaction. celle d'Hadrien retrouvant enfin Antinoüs. Ses cheveux bouclés sur le front, sa bouche joliment ourlée, ses vêtements blancs et lorsqu'il m'apparaissait dévêtu, son corps parfait, ses muscles magnifiquement dessinés - Mathias est un athlète, passionné de course qui a représenté son pays dans plusieurs compétitions internationales dans sa catégorie d'âge. Très à l'aide dans ce corps bien entraîné et tendu, il n'est pas imbu de lui-même, semble même parfois embarrassé par sa beauté ou du moins par le regard que le monde jette sur celle-ci. Sur les réseaux sociaux, il a peu de photos de lui et s'il se regarde dans la glace avant de sortir c'est parce qu'il a peur qu'une poussée d'acné que son allergie aux poils d'animaux pourrait déclencher. Sa peau est parfaite cependant, lisse, blanche. Moi qui l'ai vu presque nu, j'ai vu ce qu'était la perfection chantée par l'Empereur et j'ai compris pourquoi il fit du bithynien un dieu dans tout l'Empire. Pendant quelques jours, j'étais Hadrien et de nouveau Antinoüs était à mes côtés.
Pour respecter sa pudeur et ses goûts, les illustrations, si elles montrent une réelle ressemblance, ne le représentent pas. La joliesse des garçons choisis est superbe, mais elle demeure bien en deçà de sa splendeur. Mathias est reparti depuis une semaine. Il poursuit son périple américain par le Mexique puis se rendra en Argentine avant de rentrer au Danemark pour commencer ses études de médecine. il souhaiterait être neurochirurgien ou médecin généraliste.
Le dernier soir, avec la guitare de Paul, il a chanté. Un air de Ed Sheeran. Son anglais est parfait. Les paroles étaient très belles et je me suis pris à rêver qu'elles m'étaient adressées. Seul Paul a compris pourquoi j'avais les yeux mouillés. Notre rencontre, nos premiers jours, fous, incertains, perdus et en même temps tellement heureux. Lisa et Mathias sont en train de vivre la même chose. C'est bien.La nuit venait de tomber sur un dimanche d'automne ordinaire. The Fall, ma saison préférée à New York. Le sourire et la présence, solaire, du jeune danois en ont fait un moment de grâce. Comme un rite rendu aux dieux dans la maison de l'Empereur apaisé par l'envoûtante mélodie...
Hold me close through the night
Don't let me go, we'll be alright
Touch my soul and hold it tight
I've been waiting all my life
I won't scar your young heart
Just take my hand
Cause I was made for loving you
Even though we may be hopeless hearts just passing through
Every bone screaming
I don't know what we should do
All I know is, darling, I was made for loving you
Please don't go, I've been waiting so long
Oh, you don't even know me at all
But I was made for loving you...
26 octobre 2017
10 juillet 2017
Le garçon qui dort 2
Quoi de plus beau qu'un garçon qui dort, totalement dépourvu de défense autant que de pudeur, loin très loin de la vie, cheminant sur les chemins magiques du rêve... Combien ils sont attirants et leur visage doux et vrai. Allez, manquons de pudeur nous-aussi et surprenons-les dans leur sommeil. Combien Morphée a de la chance, n'est-ce pas ?
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03 mai 2017
Mi Fu, le peintre de la sérénité retrouvée
Paul et Mark viennent de m'offrir un magnifique dessin, copie d'une estampe chinoise de l'extravagant Mi Fu, célèbre peintre du XIIe siècle. Une merveille de sérénité et de perfection. L'original est à Harvard. Kenneth White explique que l'artiste était totalement imprévisible et très libre pour l'époque (nous sommes en Chine au 12e siècle !). Un jour, pressé de peindre devant l'Empereur et sa cour, il prépara ses pinceaux, ses encres et se mit à poil. Je ne peins que nu" expliqua-t-il. Et on le laissa faire. Il était jeune. Il devait être drôlement beau pour que le puissant empereur ne le fasse pas emprisonner pour affront ! Il aimait la nature et le vent, l'orage et les bêtes sauvages. A lire sa vie, on pense vite au Caravage...
"Mi Fu adorait les faisans sauvages , mais il haïssait les poules domestiques"
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