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30 août 2021

Pas besoin de légende...

 
Non pas besoin de littérature, ces portraits posés ou pris sur le vif, parlent d'eux-mêmes. La beauté et le magnétisme des garçons est ici représenté dans sa plus simple et naturelle expression. 
 
Ces superbes Pin-up boys pour ensoleiller la semaine des fidèles lecteurs d'Hadrien, rien que des garçons normaux, comme vous et moi, peut-être de votre âge, peut-être plus jeunes, mais qu'importe, ils sont à l'image des demi-dieux du Parnasse, la beauté personnifiée, simple, naturelle et offerte ! 
 







 

Summer holidays are gone but...

En vrac, quelques images symbole de nos vacances. Trop courtes, trop bonnes, trop joyeuses pour ne pas être tristes que déjà il faille songer à la rentrée, à l'automne qui bientôt embellira New York et dont la beauté (The Fall est avec la neige ce qui rend NY aussi beau et unique !) aide à patienter, avant de pouvoir retrouver de nouveau la plage, la mer, la voile, le farniente et ce temps qui semble ne jamais devoir s'arrêter sous le soleil de l'été. Et pourtant...




















 Jehro chante "If I Could Change the World". Il fait beau ici et il va faire chaud. Tant mieux. Bon Lundi et bonne semaine et joli mois de septembre à vous chers lecteurs de la part d'Hadrianus !

15 août 2021

Quelques vers anciens et une chanson joyeuse

rūḥī fidāʾu ʿidhārin ḥalla wajnata man   fāqa l-kawākiba shamsan thumma aqmārā
law-lā l-ʿidhāru la-mā sṭāʿat lanā muqalun   ilā muḥayyāhu bāhī l-ḥusni ibṣārā
ka-sh-shamsi lam tuṭiqi l-abṣāru ruʾyatahā   law-lā saḥābun laṭīfun ḥawlahā dārā
 
"I would give everything for the sprouting beard that settled on the cheeks of one who – being a sun – is superior to stars and even moons.
If it weren’t for his beard, our eyes could not look into his face with its radiant beauty,
Just like the sun, which our glances could not bear if fine clouds did not surround it."
 
Ces vers célèbrent l'amour de l'homme pour le jeune homme. ils sont été écrit il y a plus de mille ans, du temps où la civilisation en Perse dominait la barbarie de son raffinement, de sa culture et de l'ouverture d'esprit de ses poètes... A Alexandrie, alors plus européenne qu'arabe, le grec Cavafy écrivait aussi sur les garçons et leur ineffable beauté, comme par exemple dans Terre d'Ionie, ce poème qui me fait rêver surtout quand je reçois des nouvelles d'un ami, perdu de vue depuis des années, et qui passe ses vacances en Grèce :
Nous avons beau avoir brisé leurs statues,

nous avons beau les avoir chassés de leurs temples,

les dieux n’en sont pas morts le moins du monde.

Ô terre d’Ionie, c’est toi qu’ils aiment encore,

de toi leurs âmes se souviennent encore. 

Lorsque sur toi se lève un matin du mois d’août, 

une vie venue d’eux passe en ton atmosphère ;

une forme adolescente, parfois,

aérienne, indécise, au pas vif, 

passe au-dessus de tes collines.


 
Ecrit tôt ce matin, en écoutant Jarvis Cocker qui chante Baby's Coming Back To Me. Je ne peux m'empêcher de sourire bêtement. Dans sa reprise de la chanson de Nancy Sinatra, Cocker, His baby is a She, mine is a He, mais le sentiment est le même : Mark doit rentrer en fin de matinée. My Baby's coming home ! Je vais retrouver enfin la personne que j'aime. 
Outside there's children laughing
The radio plays my favorite song
The sun is shining
I am peace broke out in the world
Comme dans la chanson, j'entends le rire des enfants qui jouent dehors, la musique me prend et je répète le refrain de l'anglais, "Baby's coming back to me, Baby's coming back to me, Baby's coming home". Nous ne sommes restés séparés que cinq jours et nous nous sommes parlé tous les jours, mais ce matin, dans la joie de l'attente, attablé dans le patio, avec les neveux qui jouent et la radio joyeuse, le soleil... Nous irons à la plage et peut-être soirtirons-nous le bateau. Les vacances reprennent leur cours normal et mon livre avance. Tout est bien à Barnstable. Il fait beau. Nous irons boire un verre près du port ou si la tribu suit, comme il se doit, nous irons au Pain d'Avignon, le restaurant (et boulangerie-café) français du coin, un peu excentré et sans rien à voir hélas avec la Petite France, près du port, qui a fermé. En bon WASP, les parents de Mark préfèreront le West End. Ils y ont presdque leur table. Bon dimanche à tous.
 

01 août 2021

Antinoüs parmi nous pour la plus grande joie d'Hadrien




La rencontre d'Hadrien avec le bel éphèbe grec Antinoüs marque bien le "Saeculum Aureum" dont parle Marguerite Yourcenar.

Antinoüs n’est qu’un enfant de seize ans lorsque il entre dans la vie de l'empereur. Hadrien quand il le remarque ne sait pas encore que le bel adolescent grec deviendra la grande passion de sa vie et qu'il en sera marqué à jamais. Nul n'imagine alors que ce garçon venu d'une province reculée de l'empire sera le personnage le plus représenté dont les traits sont parvenus jusqu'à nous et qu'il demeure présent dans l'esprit des hommes au point que son visage est aussi familier que des héros modernes.

Au moment de cette rencontre, la vie d'Hadrien est au zénith. Dans les Mémoires, Marguerite Yourcenar utilise la métaphore de la lumière comme liée au sentiment de bonheur. Tout n’est qu’ "ensoleillement", "délices", "volupté", "atmosphère d’or" et de "plaisir". 

Hadrien, à quarante-quatre ans, il ne connaît de l’amour que le désir et son assouvissement. Ses liaisons jusque là n'étaient que passagères, ses attirances impérieuses et éphémères. Soudain, saisi par la grâce apollinienne d’Antinoüs, il en fait son amant et tout son univers en sera changé. Il aimera et sera aimé, bien qu'il semble vite se lasser du dévouement absolu que lui voue bientôt le garçon, il ne s’éprend pas moins violemment du jeune homme qui occupe ses nuits, son coeur et son esprit.

 

Né en Bithynie, Antinoüs est donc grec et il est très beau :

"Je retrouve une tête inclinée sous une chevelure nocturne, des yeux que l’allongement des paupières faisait paraître obliques, un jeune visage large et comme couché." 

C'est encore un enfant, innocent et plein de grâce. Il manque d’expérience, sa crédulité et son ignorance. ajoutent à son charme. Ce n'est pas un courtisan. "Il était peu lettré, ignorant de presque tout, réfléchi, crédule". Son attribut premier semble être le silence. Parce qu'il est impressionné par l'empereur, maître du monde, parce qu'il sait ne pas avoir beaucoup de culture. Certainement aussi parce que son amour pour Hadrien est renforcé par une profondeur d'esprit rare chez un adolescent. 


Hadrien, attiré par sa beauté et son innocence, ne voit tout d’abord en lui qu’un jeune être malléable et obéissant. Ses associations peuvent d’ailleurs paraître quelque peu choquantes, surtout au regard de la passion qui les unira ensuite. Il le compare à un animal :

"Ce beau lévrier avide de caresses et d’ordres se coucha sur ma vie" 

ou bien :

"Les jambes un peu lourdes du poulain se sont allongées », à un végétal

"ce tendre corps s’est modifié sans cesse, à la façon d’une plante."  

ou encore à une statue :

"Je réduis cette jeune figure aux proportions d’une statuette de cire que j’aurais pétrie, puis écrasée entre mes mains".

 

Jeunesse et idéalisme vont de pair chez Antinoüs qui voue à Hadrien, pendant les quatre années qu’ils partagent ensemble, un amour sincère et exclusif malgré la cruauté répétée dont l’empereur fait preuve à son encontre. L'empereur, mis mal à l’aise par l'incroyable force des sentiments qu'Antinoüs éprouve pour lui, peu habitué à l’authenticité dans ce domaine, affirme son pouvoir et sa liberté de cœur en forçant le jeune homme à supporter ses caprices et d’autres amours de passage.

"J’obligeai l’objet aimé à subir la présence d’une courtisane (…) son dégoût alla jusqu’aux nausées puis il s’habitua."

 

Considéré un temps comme simple « objet » sexuel et non comme une « personne », dévalorisé voire même déshumanisé dans l'esprit et les actes d'Hadrien qui impose à Antinoüs la présdence d'un autre amant, Lucius :

"l’intimité auquel je les forçais augmentait leur aversion l’un pour l’autre."

Parfois même, Hadrien frappe le bythinien, rabaissé, blessé moralement et le traite plus mal que ses chiens :

"Je tournai en dérision ses fidélités passionnées qui fleurissent surtout dans les livres ; le bel être insulté rougit jusqu’au sang."

Pourtant, la passion d'Antinoüs ne faiblira jamais. Plus tard et paradoxalement, Hadrien affirmera, en repensant à son comportement et à ses nombreuses infidélités :

"Je n’aimais pas moins, j’aimais plus."

Période faste assurément dont Hadrien goûte à tous moments les délices. Alors qu’il se trouve au sommet de l’Etna, il décrit en quelques mots l’arrivée de l’aube, symbole de son apogée, de cet âge sacré où alors tout lui sourit :

"Elle vint ; une immense écharpe d’Iris se déploya d’un horizon à l’autre ; d’étranges feux brillèrent sur les glaces du sommet ; l’espace terrestre et marin s’ouvrit au regard jusqu’à l’Afrique visible et la Grèce devinée. Ce fut l’une des cimes de ma vie. Rien n’y manqua, ni la grange dorée d’un nuage, ni les aigles, ni l’échanson d’immortalité."

 

La figure de Ganymède, l'échanson d'immortalité évoque celle d’Antinoüs.

Symbole de la beauté du corps masculin, de l'érotisme et de la jeunesse éternelle, Antinoüs va devenir très vite l’emblème de l’amour homme-garçon, dans la droite ligne de la pédérastie enseignée en Grèce, fondement de l'éducation des garçons. Comme ganymède, le jeune amant de l'empereur incarne au sens plus large, l’inspiration créatrice et l’enthousiasme poétique.

Cependant, aux succès et à l’amour vinrent se greffer la perte et la douleur. Antinoüs, Idéaliste et exalté, sacrifiera sa vie à sa passion et se suicidera. Les mauvais esprits d'aujourd'hui - mais déjà sous le règne d'Hadrien...- sous-entendraient que cette affaire n'est pas claire et qu'un meurtre au nom de la raison d'Etat aurait été ainsi déguisé en suicide, au nom d'une mystique alors en vogue autour du culte d'Osiris... Rumeurs sans fondement ? Complotisme avant l'heure ?

Mourir pour l’être aimé, au sommet de sa gloire, c’est s’assurer l’éternité d’un sentiment trop souvent fugace et qui aurait pu n'être plus avec le temps, qu'une lointaine amitié ou pire sombrer dans l’indifférence. Mourir pour l’être aimé, c’était transformer son amour en œuvre d’art 

"Je n’ai pas droit de déprécier le singulier chef-d’œuvre que fut son départ", dira Hadrien qui ordonnera que son favori disparu soit considéré comme un dieu et que les peuples de l'Empire lui vouent éternellement un culte solennel.

29 juillet 2021

En lisant Allan Stein de Matthew Stadler

Je viens de terminer un livre du romancier Matthew Stadler qui m'a fasciné, remué, enchanté. C'est un ami de Mark qui lui avait recommandé le titre et c'est moi qui l'ai lu. D'une traite ou presque. D'abord la couverture est superbe comme les éditeurs américains savent en inventer, avec en pleine page une photo bien connue d'Herbert Listz ("Matin à Athènes" de 1937) et le titre en relief. Un texte envoûtant mais dont la chute m'a laissé sur ma faim. Comme je le fais souvent, j'en ai imaginé une autre bien plus en harmonie avec mon ressenti à la lecture du roman. Le héros, un homme jeune qui aime les garçons, va prendre l'indentité d'un ami curateur d'un musée d'une grande ville américaine, pour se rendre à Paris à la recherche de dessins disparus de Picasso mais surtout pour amener avec lui son jeune amant. Il partira seul, sous une fausse identité et trouvera à Paris un nouvel amour en la personne d'un adolescent de notre époque, mi-hollandais mi-parisien, tout en se passionnant pour sa quête. On se demande s'il va aboutir, trouver les fameux croquis, et faire de cette aventure en europe un livre. On comprend vite que l'auteur parle de lui, de ses tentations d'écrivains, de ses attirances et certainement bien des pages de cette fiction relatent des souvenirs d'expériences vécues par stadler. 

Nous avons visionné l'autre jour le film, assez ancien maintenant (1997), de Brian Gilbert sur Oscar Wilde avec Stephen Fry, excellent acteur britannique et un jeune et fascinant Jude Law dans le rôle de Lord Alfred Douglas (et Orlando Bloom jeunot parfait dans un rôle de gigolo qui lui va comme un gant !). J'ai trouvé dans Allan Stein des points communs qui m'ont ravi. L'attirance et l'amour qu'un homme plus âgé ressent pour un jeune homme sont des sentiments que la société réprouvait du temps de Wilde tout autant qu'on les réprouve aujourd'hui, avec la même hypocrisie et cette incompréhension difficilement à concevoir dans un monde qui crie très haut sa passion pour la liberté et l'aisance des esprits face à la sexualité... 

 Mais revenons au livre. Le premier amant du héros du livre, un certain Dogan, américain d'origine turque est un jeune sophomore, sportif joliment foutu et amateur de soccer. Il aime aussi le sexe et ses seize ans flamboyants en redemandent. A Paris, ce sera Stéphane, quinze ou seize ans lui-aussi, amateur de basket et de musique pop évoluant dans une maison entourée d'un jardin improbable comme on en oublie dans Paris, à deux pas de la Cité Universitaire. Une sorte de kibboutz éminemment intello, un peu hippie qui héberge notre américain. Statdler décrit avec beaucoup de précision sans jamais donenr au lecteur l'impression de faire du voyeurisme, mais sa liberté de ton fait du bien, elle renforce l'idée que le sexe consenti est toujours joyeux, formateur et épanouissant pour ceux qui s'y adonnent sans blocages psychologiques. Rien de malsain donc dans ce roman reconnu par la critique comme un excellent roman. Il n'est malheurusement pas traduit en français à ma connaissance, rgrettable pour ceux qui ne lisent pas l'anglais.

    




Le jeune acteur allemand Louis Hofmann pourrait jouer le rôle de stéphane, le garçon dont s'éprend le héros du livre de stadler, à condition d'avoir les cheveux plus longs. Photo extraite de merveilleux film "Center of my world".