Pages

21 février 2022

Nudité frontale : la nature qui offusque

 
Nous vivons une drôle d'époque. Ce qu'il y a de plus naturel fait scandale. Après la liberté totale des ving dernières années du précédent siècle, les vingt ans du nouveau sont bien ennuyeuses et tristes. Des politiques incultes edt vulgaires, des peurs hystériques mondialisées, des réseaux sociaux qui servent de plus en plus à débiter méchanceté, haine et vulgarité, la culture de moins en moins répandue, la bêtise au contraire qui se répand partout avec de nouveaux mots, une nouvelle morale, des chasses aux sorcières et l'hypocrisie la plus criante qui ferait condamner peintres et poètes, mis au pilori pour mointrer trop de chair, trop de vie, trop de liberté. Instagram, Google, Tumblr, etc., qui bannissent la nudité, symbole naturel de ceu nous somems tous, des hommes ou des femmes. On tolère les seins et les fesses mais surtout ne pas montre de nudité frontale, cela pourrait donner des idées. Lesquelles ? on ne le dit pas. 
 
 
Pourtant on les miroirs ne sont pas interdits et se regarder devant sa glace n'est pas encore un délit. Cela viendra. Déjà, depuis des années, une partie de la civilisation a rejoint les ténèbres en voilant le corps féminin. Peu importe si en dessous tous les humains de sexe féminin portent des vêtements affriolants qui ferait lever la queue de n'importe quel mammifère. propriété privée, on ne touche pas si on n'a pas été adoublé par la famille et la caste. Bel exemple de régression morale, culturelle et sociale. mais ne jugeons pas. 
 

Je suis un mâle, un garçon, un homme. Ce que j'ai entre les jambes, pourquoi devrai-je en avoir honte et ne jamais oser le montrer ? Pourquoi interdire les photos de garçons nus, le sexe au repose ou en plein éveil ? En quoi cela dérange, quand dès qu'un enfant sait utiliser un ordinateur ou allumer un écran de télévision, il a accès à des images pornographiques bien plus violentes que ces pénis et ces testicules semblables au sien ? Est-ce que les chantres de la moralité ne sauraient tolérer qu'on montre plus beau, plus gros, plus long, que ce dont ils sont dotés par la nature ? 
 
 
N'invoquons pas la morale, la religion ou le respect. Les plages nudistes existent et elles ne sont pas fréquentées par des délinquants sexuels. On y vit naturellement, dans la nudité, à l'aise avec la nature. Le mot naturiste est joli, vous ne trouvez pas ? Bien sûr, montrer à un enfant un sexe rouge et turgescent, dégoulinant de sperme n'est pas forcément un spectacle qu'il faut étaler partout, mais un joli corps bien fait, bien proportionné, reste un régal pour les sens, comme un produit de la nature réussi et agréable à contempler. Avoir cela sous les yeux ne fait pas forcément bander les mecs ou mouiller les filles... Juste le rappel de ce que nous sommes, tous faits de la même argile, plus ou moins bien réussis, mais tous semblables !
 
 
 
Pire, la manie d'aujourd'hui de se doucher en slip ou en caleçon à la piscine ou dans les vestiaires des stades, quand il y a peu encore, tous nous nous douchions ensemble, sans honte ni vergogne, admirant les mieux lotis, ricanant des rares coincés. Ces derniers apprenaient à se sentir à l'aise grâce au désapage obligé dans les vestiaires et pour quelques pervers à l'esprit tordu, nous mettre à poil devant les copains, nous était aussi naturel qu'aller pisser, boire un verre d'eau ou que sais-je ?
 

Voilà pourquoi, j'avais envie de matin de montrer - sans aucune censure - des portraits de garçon des années 80 ou 90 dans "le plus simple appareil". J'invite aussi ceux qui aiment encore lire (et savent lire au-delà des mots)le roman génial d'un italien, Erri de Luca, "La nature exposée". Soyez pudiques si vous le voulez, ou si vous ne savez faire autrement apr je ne sais quel blocage et je n'invite personne à l'exhibitionnisme, mais de grâce n'inventez pas de malksaines raisons à cette emprise de la tartufferie qui atteint tout notre monde et voudrait nous éloigner de notre Nature.
 
 
Refusons cet endoctrinement pour les nouvelles générations. La nudité est saine, comme l'amour et beau et le sexe délicieux quand il est l'aboutissement d'un désir partagé, d'une envie commune et qui soudain nous fait palpiter tout entier, cela s'appelle l'amour et qui oserait prétendre qu'il est mauvais, malsain d'aimer et l'amour contraire à la volonté du créateur. N'est-il pas Amour ? De quel droit se dresse-t-on contre Sa Volonté en dénigrant la nudité ?
 

 
 
 
 
 
 
 
 
Et par pure provocation, parce que je ne conçois pas qu'on parle de pornographie quand on montre un sexe dardé, surtout quand c'est celui d'un tout jeune homme, terminons avec cette dernière image qui ne choquera aucun lecteur sauf à ce qu'il soit déjà gagné par le wokisme à la mode...
 

 

20 février 2022

The Most Beautiful Boy in the World

 
Reconnaissez-vous ce beau jeune homme, presque trentenaire ? Il s'agit de Bjorn Andrésen, le Tadzio de Mort à Venise, ce film-culte réalisé par Luchino Visconti en 1971 avec Silvana Mangano, Marisa Berenson et Dirk Bogarde, d'après le livre de Thomas Mann.
Un fascinant documentaire vient de sortir sur Bjorn Andresen, le suédois que Visconti découvrit à Stöckholm, à la recherche de celui qui allait incarner Tadzio dans son film Mort à Venise. Diffusé en ce moment sur le BBC, David et moi l'avons découvert hier soir. Un magnifique surprise.

Poignant, édifiant et magnifique, pendant 90 minutes on se promène dans la vie de l'acteur qui a vu alors qu'il ne souhaitait même pas participer au casting organisé pour le prince cinéaste, sa vie bouleversée. Le spectateur est avec lui tout le temps, des images connues ("Searching for Tadzio", 1970) mais longtemps oubliées de la rencontre entre le jeune éphèbe timide et le maître adulé, ces images presque répugnantes, où Visconti et son équipe font défiler des dizaines de garçons comme des maquignons au foirail passent en revue le bétail. Les commentaires du réalisateur : "il est très grand", "il est très beau", "qu'il se déshabille", qu'il soit filmé de très près", "dis-lui de sourire"... Et l'adolescent s'exécute, surmontant sa gêne et son ennui et quand il lui faut sourire, son sourire est une explosion solaire, tout son visage s'éclaire, ses yeux brillent. 

Peu à peu Bjorn, aujourd'hui largement sexagénaire, parle de ce maelström qui emporta son enfance, emposiuonne sa jeunesse sans jamais le soumettre, même quand de riches intellos amateurs de garçons le firent venir à Paris, l'installant dans un superbe appartement avec 500 francs par semaine d'argent de poche, sous le prétexte de le faire tourne rdans un film dont il serait la vedette et qui ne se fit jamais, quand le Japon l'accueillit comme les Beatles quelques années plus tôt, dans une hystérie qu'il ne juge pas mais qui l'ébranla. on découvre les chansons populaires qu'on lui fit enregistrer, les publicités dans lesquelles il apparaissait. Il semble avoir traversé tout cela sans faillir. les traits marqués pourtant portent les stigmates de bien des souffrances. 

Icône du monde homosexuel, inspiration originelle des mangas dans lequel on retrouve toujours son allure dégingandée, ses longs cheveux et son visage d'ange qui rendit folles les filles japonaises et tout autant les garçons. On a beau être éffaré par tout ce que le jeune homme, puis l'homme mûr aura vécu, on ressent tout de suite beaucoup d'empathie pour lui. Rien à voir avec l'abjecte évolution d'helmut Berger, lui aussi "démoli" par ce que Visconti fit de lui. Seul Alain Delon, naturellement roué, échappa à la loi commune des garçons ayant approché le grand génie du cinéma italien...

On le voit du temps de son mariage, on apprend que sa mère, poète, artiste, dilettante, égérie de Dior disparut fut retrouvée morte quelques années après, qu'il ne sait toujours pas qui était son père, que sa grand-mère le poussait à devenir quelqu'un, à répondre présent à toutes les sollicitations qui pourraient asseoir sa célébrité et faire sa fortune. 

 

Marié, père d'une petite fille, Robin, puis d'un petit garçon, elvin qui mourut à deux mois, de la mort subite des nourrissons, juste à côté de son père qui dormait. Sa longue dépression ensuite, s'accusant de n'avoir pas été assez présent pour son fils. Il lâche très ému qu'il ne s'en est jamais remis. Devant ce flot de confessions, cette vie racontée avec simplicité, sans aucune affectation, la caméra n'est jamais intrusive évitant au spectateur de se sentir voyeur. Le montage, dynamique sait faire la part, aux lenteurs nécessaires, aux silences et reste toujours dans la pudeur. Et c'est captivant parce que tellement vrai, tellement parlant. Et poignant, vraiment.

Poignant mais rempli d'optimisme aussi. on le voit aux prises à sa propriétaire qui lui reproche l'éétat de son appartement, les dangers qu'il fait courir aux voisins avec le gaz toujours allumé, la graisse qui s'étale autour de sa cuisinière. on le voit aussi ensuite avec sa compagne venue l'aider, toute remettre en état et faire briller ce qui quelques images plus tôt était sordide... On le suit lors de ses voyages, et à la fin sur le site du tournage, dans les salons abandonnés de l'Hôtel des Bains que Visconti redécora presqu'entièrement, sur la plage aussi et les dernières images sont poignantes. les gros plans sur son visage raviné, ses yeux plein de vie et d'énergie, mais aussi ce vague à l'âme que Visconti utilisa à la perfection, traduisant avec maestria, les humeurs et les sentiments ambigus de l'adolescence, tout ce qui fit vibrer le vieux professeur Ashenbach et lui brisa le coeur, au sens propre, sur cette même plage. Le regard égaré de Bjorn Andresen semble traduite à ce moment-là, plus que de la nostalgie ou du regret, l'aveu d'une ambiguïté profonde que ses sourires depuis le premier jour dévoilaient. Comme si une part de lui-même regrettait de n'avoir pas cédé à ces garçons, à ces messieurs et d'avoir peut-être manquer toute sa vie une forme d'amour qui l'eût vraiment comblé... 

Mais ce qui est réjouissant et fait l'émotion qu'on ressent à regarder ce documentaire, c'est cette impression plus forte que tout, d'une résurrection. L'acteur-icône s'est réconcilié avec son passé et tous les deuils qu'il n'avait pas fait, en les nommant, en remettant ses pas sur les lieux de ses souffrances (il le souligne lui-même avec des mots simples et vrais, quand défilent les images de la première à Londres en présence de la reine et de la princesse Anne, ou bien à Cannes lors de la conbférence de presse ou Visconti parle à sa place et parle de lui avec la morgue du génie qui se fit Pygmalion diabolique. Il fait sagement ce qu'on lui dit, suit ou devance Visconti, le visage contris, les traits crispés : "j'étais terrifié et affolé". On le voit à un moment du film, tandis que Viconti badine deban,t la presse, seul au milieu de tous ces adultes qui le badent comme les japonais au Louvre devant la Joconde...


L'innocent jeune apprenti acteur dont "Mort à Venise" changea à tout jamais la vie, artiste naturel, un peu poète, la tête ailleurs, mais foncièrement pur et dont la beauté demeure comme celle de ces dieux qui ne vieillissent jamais qu'en apparence. Sa voix adolescente était belle et sûre. Le tabac  - on le voit tout au long du film une cigarette à la main, choses rare en Suède où il est bien difficile de pouvoir fumer quelque part - en aura eu raison. Il joue parfaitement du piano (on écoute à un moment du film un de ses enregistrements où il interprète un morceau classique plus qu'honnêtement). Ci-dessous les chansons qu'il enregistra au Japon et un extrait du documentaire. 


et enfin le trailer :

15 février 2022

Un lecteur attentif

 National gallery, Washington, DC, 1942

David et moi étions il y a peu les invités de son grand oncle, Joseph, ancien conservateur d'une des bibliothèques de Washington. il vit seul, à trois blocs de chez nous. Veuf depuis ses trente-cinq ans, et sans enfant, il considère David un peu comme son petit-fils et m'a accepté très vite, avant-même que je sois reçu par les parents de David, ses neveux. Sa femme est morte de la fièvre typhoïde dans les années 50. Ils s'étaient rencontrés à l'université et s'étaient amriés deux ans plus tôt. Un mauvais roman que son histoire personnelle, mais une carrière brillante et passionnante.

En découvrant son appartement, à peine aménagé quelques semaines avant l'arrivée du Covid, on sent chez ce vieil homme un sens esthétique qui est loin de me déplaire. Beaucoup de livres, de beaux tableaux anciens et quelques peintres modernes, dont un Fernand Léger. Dans son salon, deux très beaux dessins au crayon d'un artiste américain des années folles. Deux garçons ensemble au bord d'une rivière ou d'un lac, nus ou presque. Il nous explique que le peintre était un ami, qu'il est mort en Indochine au tout début de la guerre, dans un accident de voiture, avant de percer.  Il a dessiné Joseph et son meilleur ami. Il nous fit avoir attendu d'être parti de chez ses parents et d'avoir son premier appartement pour sortir les croquis et les faire encadrer. Seule sa mère savait la nature de leurs relations à tous les trois. A cette époque, il valait mieux taire son orientation sexuelle quand elle était "déviante". David aime beaucoup son grand-oncle, bien plus ouvert que le fut son grand-père. "Pourtant, nous dit-il pendant le dîner, il n'était pas indifférent à la beauté des garçons quand nous étions au collège. Mais il fut toute sa vie ultra-conventionnel. la preuve, il fut républicain toute sa vie quand moi je n'ai jamais été autre chose qu'un démocrate convaincu". Le vieil homme s'est tout de même marié car il voulait des enfants. Après la mort de sa femme, il a poursuivi sa carrière sans jamais retrouver quelqu'un pour partager sa vie. D'où le côté grand-oncle gâteau tellement proche de ses petits-neveux et nièces.