Curieux, pour moi qui ai du sang juif, de ressentir depuis ma plus tendre enfance une forte inclination pour le rejeton des Antonins qui détruisit Jérusalem... Est-ce à cause de son amour pour Antinoüs ? Est-ce simplement à cause de cette belle édition des Mémoires que m'offrit mon père ?Est-ce aussi parce qu'un de mes ancêtres traduisit en allemand les célèbres vers de l'empereur ?
Bon, soyons pédagogues et rappelons donc au lecteur qui fut Hadrien :
Publius Aelius Hadrianus (Hadrien)
Né en Espagne, en 76 -Mort en Italie en 138.
De la dynastie des Antonins
Hadrien est adopté par Trajan à la mort de son père. Les deux hommes sont issus des mêmes arrière-grands-parents et Hadrien épousera Sabine, la petite-nièce de Trajan. Il reçoit une solide formation intellectuelle et militaire et est envoyé faire ses premières armes dans les casernes éloignées de l'Empire.
Il accompagnera ensuite Trajan dans ses dernières campagnes, notamment contre les Parthes. Lorsque ce dernier meurt, en 117, Hadrien est âgé de 41 ans mais n'a pas le titre officiel d'héritier. Il faudra l'intervention de Plotine, veuve du disparu et peut être maîtresse d'Hadrien, pour faire admettre les prétendues dernières volontés de son mari.
Cette initiative légitimera post-mortem la prise du pouvoir d'Hadrien. Un complot ourdi par quatre sénateurs qui tentaient de s'opposer à cette décision sera sévèrement réprimé. Les premières années de règne sont marquées par l'abandon de la politique expansionniste de Trajan. L'Arménie et la Mésopotamie, trop exposées, seront abandonnées. Il gardera, par contre, la haute main sur la Dacie et l'Arabie.
Les frontières de l'Empire réduit son renforcées. L'empereur fait construire le Mur d'Hadrien en Grande-Bretagne, de l'embouchure de la Tyne au golfe de Solway, pour protéger la province romaine des invasions des Pictes d'Écosse. Le "limes" germanique fait également l'objet d'attentions particulières. D'une manière générale, les populations placées sous le contrôle de l'autorité impériale seront parfaitement encadrées et réprimées si le besoin s'en faisait sentir.
Sur le plan intérieur, il divise l'Italie en quatre districts et remplace à leur tête des Sénateurs par quatre personnages consulaires. L'ensemble des édits en vigueur est compilé au sein d'un code baptisé Édit perpétuel et rédigé par le jurisconsulte Salvius Julianius. Les voyages d'Hadrien le conduiront à Lyon, vers 121/122, où il fera construire un nouvel aqueduc et restaurera le théâtre et l'amphithéâtre. Il se rendra ensuite à Nîmes qui bénéficiera de la construction d'une basilique en l'honneur de l'impératrice douairière Plotine qui l'avait aidée à accéder au trône.
Hadrien assistera à la divinisation de son favori, le bel Antinoüs, présumé mort de noyade lors d'une croisière sur le Nil. Il passe les dernières années de sa vie à Tivoli (Tibur), la somptueuse Villa Hadriana construite pour héberger les reproductions des plus belles oeuvres d'art admirées au cours de ses voyages. Il fait construire à Rome le mausolée impérial (Moles Adriani) qui deviendra le Château Saint-Ange.
La Judée s'embrase de nouveau entre 132 et 136. Certains historiens rapprochent cette situation du projet d'Hadrien qui consistait à édifier une ville grecque à l'emplacement de Jérusalem. Le mouvement insurrectionnel aurait pris naissance au sein des communautés esséniennes de la Mer Morte. Rabbi Akiba et Simon Bar Kochba (fils de l'Etoile), qui se prétendait descendant de David et revendiquait à ce titre le trône d'Israël, se seraient associés pour chasser les Romains de Terre Sainte. Les insurgés, qui avaient obtenu quelques succès au début de leur campagne, devront se retrancher dans la place forte de Bétar, près de Jérusalem. Le Fils de l'Étoile succombera durant le dernier assaut tandis que rabbi Akiba sera brûlé vif après avoir été torturé. Hadrien fera alors construire, à l'emplacement de la ville sainte dévastée, la cité gréco-romaine d'Aelia Capitolina, interdite aux Juifs. Il interdira, dans le même temps, la religion hébraïque. L'édit d'Hadrien sera abrogé par son successeur, Antonin, au cours de la première année de son règne.L'Histoire Auguste, recueil anonyme et tardif (IVème-Vème siècle) de biographies impériales, nous a livré cette célèbre poésie de l'empereur Hadrien :
"Animula vagula blandula..."
Animula vagula, blandula,
Hospes comesque corporis,
Quae nunc abibis in loca
Pallilula, rigida, nudula,
Nec, ut soles, dabis iocos. .
Amelette, vaguelette, mignonnette,
Très chère hôtesse de mon corps,
Et qui maintenant descend seulette
Dans des lieux livides et morts
Où jamais plus ne seras guillerette !