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07 août 2022

La nuit tombée

Texte inédit retrouvé dans un carnet de mai 2010.

La nuit tombée. La ville n’est plus que lumières. Les immeubles éclairés, les faisceaux jaunes, rouges et blancs qui se déplacent en bas dans les rues. Un grondement lointain qui nous parvient assourdi par les fenêtres de l’appartement. L’orage. Billie Holiday chante dans le salon. Près de la cheminée, Brinkley dort sur son gros coussin. Antoine vient de sortir de la douche. Il est nu, la taille entourée d’une grande serviette blanche. J’aime le trait un peu épais qui se détache droit, attirant, du tissu éponge. Ses cheveux encore mouillés lui donnent un air de pâtre de mythologie. Qu’il est beau. Sa peau est hâlée, lisse, imberbe. Ses muscles saillants, ses larges épaules pleines de tâches de rousseur attendent mes lèvres.

 

Nous allons dormir ensemble cette nuit, pour la première fois depuis trois semaines. J’étais sans cesse en déplacement et maintenant qu’il travaille sur sa thèse, il ne peut me suivre comme nous le faisions avant. Nous nous connaissons depuis quatre ans maintenant. Quatre années merveilleuses. Pourtant je me suis toujours refusé à le considérer comme mon "conjoint" ou "compagnon". Je suis peut-être vieux jeu voire hypocrite aux yeux de certains, mais je ne puis me faire à l’idée que deux garçons puissent vivre ensemble et être considérés par les autres comme un couple rangé, monsieur et madame avec le chien comme substitut de gamin... Antoine est moi sommes amis et amants ; nous sommes liés comme Achille et Patrocle, Alexandre et Ephestion. Nous sommes deux hommes, deux mâles, qui ont en commun mille choses, à commencer par notre plaisir, le désir du corps de l’autre, mais ce n’est pas mon homme (ou ma femme), c’est mon ami, mon amant. Point. 

 

J’ai hâte de me déshabiller et de sentir son corps contre le mien. Notre plaisir échangé, partagé, assouvi, nous nous endormirons l’un contre l’autre. Billie Holiday chante toujours dans le salon. Il pleut dehors. Le chien rêve en gémissant sur son gros coussin, au pied de la cheminée. Antoine vient de me tendre la main pour que je le rejoigne. Nous allons nous coucher...  

 

31 juillet 2022

L'été, la beauté des garçons...

Ils sont jeunes, virils, ardents, joyeux pour la plupart. Ils sont en vacances. Les contraintes du collège, de l'université ou de la vie professionnelle sont loin, oubliées. Beaucoup choisissent de prendre la route et d'aller à la découverte du monde et de la vie. Et nous qui étions comme eux il n'y a pas si longtemps mais que l'insouciance a quitté, nous les regardons partir, sac au dos, sourire aux lèvres comme nous l'avons fait dix ou vingt ans plus tôt. Nostalgie ? Mélancolie au souvenir de pans entiers de notre vie que nous ne vivrons plus, ou plus de la même manière. Attirance aussi, car la joie, l'entrain, la détermination qui les caractérisent les rendent encore plus désirables.

L'été les rend encore plus charmants donc, déclare Hadrianus d'expérience. Hier encore le frère de David et Julia leur petite sœur, juste diplômés, ont annoncé leur départ pour l'Europe. Mark part rejoindre deux de ses amis de collège à Zagreb et Julia se rend à Dublin chez des cousins de son petit copain Andrew. Ils se retrouveront ensuite avec leurs parents en Italie, près de Lucques où nous les rejoindrons David et moi vers le 10 août. Mark a prévu de retrouver sa bande d'amis à Brindisi d'où ils appareilleront vers les îles grecques. j'aurai bien aimé naviguer moi aussi mais nous ne pouvions pas rester loin de New York aussi longtemps qu'eux. La dernière semaine de nos vacances se déroulera dans ma famille, dans le Médoc. Nous serons déjà repartis pour New York via Londres quand Mark arrivera au château pour y travailler. Il va participer aux vendanges et améliorer son français. sa rupture avec Lucas, le garçon italien de Toronto qui a passé une année dans la même université de lui, a été très dure pour lui. C'était sa première vraie relation amoureuse et la première aussi avec un garçon. 
 

Mark est un athlète, au corps formidablement développé (et joliment) mais son cœur reste tendre et fragile. Lucas ne voulait pas que les choses se fassent aussi vite mais il savait que leur relation était vouée à cette fin. Mark va poursuivre ses études ici quand Lucas part pour au moins deux ans en Argentine finir les siennes.

Mais j'ai bien peur que ces détails de notre vie familiale n'intéressent personne. Le thème de l'article était et demeure l'embellissement des garçons - et des filles - qui se sentent libres et partent à l'aventure. Les images choisies pour illustrer mes propos sont issues du net pour la plupart afin de conserver une relative privacy à ceux dont je parle et avec qui je vis. je les choisis, ces photos, le plus possible ressemblantes, proches de ce que sont ceux que j'aime.





Et si l'empereur avait une seule recommandation à faire, ce serait peu ou prou celle-ci  :




22 mai 2022

Tel un dieu grec...

Connaissez-vous Steven Chevrin ? Un modèle sexy Made in France. Sportif (judoka), mannequin, globe-trotter. Assez ambigu dans sa première jeunesse, souvent vu plus mûr avec des filles visiblement très attachées à lui, mais quelque chose de différent dans le regard qui fait chavirer les garçons nous raconte une autre chanson.
 
 
Mais qu'avons-nous à faire après tout de sa vie intime, de son orientation sexuelle et de ce qu'il se passe dans son cœur après tout. Ce qui compte c'est que joie et bonheur se déclinent dans la vie de ce jeune dieu.
 
 
Autorisons-nous juste quelques indiscrétions ci-dessous. Toutes les images sont issues de son compte instagram et elles sont publiques. Je vous laisse admirer le beau jeune homme souriant au regard de braise. Bonne journée !

Notre jeune dieu voyage beaucoup en compagnie de photographes, de maquilleuses, d'habilleuses et pose pour de nombreux shootings de mode. Le voilà à New York, puis à Los Angeles, ailleurs encore.

 

On le retrouve aussi dans sa vie privée (rendue publique sur les réseaux sociaux si impudiques et fouineurs). Qu'il pose ou se montre au naturel, surpris par l'objectif d'un ou d'une de ses proches, il reste divin.


Et celle-ci, très Bruce Weber des années 80... Les jeunes dieux dans le Parnasse, cela doit ressembler à ces types, non ?

On peut imaginer une belle histoire d'amitié entre ces deux-là. Une fraternité profonde, totale. de ces "bromances" qui devraient être le quotidien des garçons qui un jour comprennent qu'ils ressentent une peu plus que de la camaraderie pour leur voisin de table ou de dortoir au collège, à la piscine, au gymnase ou dans les vestiaires. un titillement au plus profonde soi qu'on craint trop souvent d'écouter et qu'on enfouit très loin dans sa tête. Parce que cela fait peur... La peur d'être différent, la peur de la violence et du rejet... Un instinct de survie... 

Les choses sont bien plus avancées qu'il y a trente ou cinquante ans, mais l'hypocrisie demeure et le risque que de pauvres tarés rigoristes et cul-de-plombs reprennent le pouvoir des esprits et qu'aimer un garçon et vouloir simplement vivre cet amour redevienne, comme c'est hélas déjà le cas dans certains pays - et pas que des pays arriérés du tiers-monde, un crime, une forfaiture...

25 avril 2022

Only boys aloud

Notre ami Glen qui est gallois et fait ses études ici nous a fait découvrir un chœur de garçons  dont il connait plusieurs membres dont son meilleur ami qui est en ce moment ici à New York, venu lui rendre visite. Ils dînaient avec nous hier soir et l'émotion était grande d'entendre le fameux chant "Calon Lân", véritable hymne que tous les gallois connaissent dès l'enfance et qu'on ne peut entendre sans émotion, même quand on n'est pas né au Pays de galle, ni supporter du WUR ! En voilà l'interprétation la plus pure et sensible qu'il m'ait jamais  été donné d'entendre. Ils sont beaux, débordent d'enthousiasme et chantent avec tout leur cœur. 

 

 
Calon Lân 
chanson composée en gallois par Daniel James
1890 




22 avril 2022

Ron Levi, beau comme un dieu et alias







 

Passés 35 ans, on les retrouve plus rarement dans notre lit mais cela arrive et de belles histoires d'amour tendre et de douce complicité s'ajoutent au plaisir entre les draps. A 17 ou 20 ans, on ne sait pas vraiment apprécier ni prendre le temps de savourer la beauté du corps semblable au nôtre avec qui nous baisons. Le temps presse, le monde nous attend et nous ne savons pas nous attarder. Puis vient un jour où l'on se retrouve le plus souvent seul, surtout quand on refuse le coup d'un soir, entre deux portes, juste pour évacuer le désir devenu trop fort pour être contenu... Quand on est prêt pour que durent les choses et que se vivent sans pudeur nos sentiments, il est plus difficile de trouver l'âme qui fusionnera avec la nôtre. cela survient pourtant, le plus souvent sans que nous nous y attendions, par hasard, à l'improviste et de nouveau nous avons dix-sept ou vingt ans et c'est une vraie première fois toujours. Grâce soit rendue à celui qui inspire au quotidien ces lignes, à son amour patient, sa tendresse immuable et la chaleur de son corps quand il se love contre le mien chaque nuit...

Be that a shadow dark ?

"Be that a shadow dark ?" : Un très beau sonnet écrit par Abdul Hamid Mohmand, le célèbre poète afghan du XVIIe siècle, sage soufie que les islamistes aimeraient faire oublier. Apprécié en son temps jusqu'en Perse, kil partageait la même notoriété que Saadi ou Hafiz. Il a laissé de magnifiques poèmes d'amour pour les garçons. La traduction, trouvée sur internet, est de Andrew Calimach.

Be that a shadow dark on my beloved’s face,
Or the moon’s bow?
Be those white teeth within his crimson mouth,
Or tulip flecked with snow?

‘Tis witchery he weaves with his black eyes,
Magic that tricks a fellow
No peer to it you’ll find, though India you search,
And Bengal mellow.

Like the wild bird caught by a hundred traps,
That no more can take wing
In my beloved’s curly locks I’ve been caught fast,
An awkward thing.

Blue is my heart before my dear boy’s lips,
Red wine in azure mug.
A rose in bud? Look well, ‘tis a pink boy
In a green shawl wrapped snug.

The shadow on his lip, that mole,
On the beloved’s rosy face
Are like a mystery wrapped up inside a shawl,
All cloaked in grace.

Why does the owner of that pretty face
With all those suitors meet?
The forest deer itself will not find calm
When dogs bark at its feet.

My limbs they ache and hurt,
Wounded I lie just like a broken flute
The reason why I ever cry, and weep,
And howl till I am mute.

Abdul Hamid, that lovely boy to win,
Cry your heart out my pet.
Seek in an ocean for that gem to find,
Not in some rivulet.


Et, une version française au pied levé, très insatisfaisante, pour ceux qui ne liraient pas l'anglais :

Est-ce une ombre noire sur le visage de mon bien-aimé,
Ou le croissant de la lune ?
Est-ce ses dents blanches dans sa bouche cramoisie,
Ou une tulipe tachetée de neige ?

C'est la sorcellerie qu'il tisse avec ses yeux noirs,
La magie qui trompe son camarade
Vous ne trouverez pas d'égal à lui, même en cherchant jusqu’aux Indes,
Ou au Bengale moelleux.
 
Comme l'oiseau sauvage pris par cent pièges,
Plus personne ne peut prendre son envol
Dans les cheveux bouclés de mon bien-aimé, j'ai été pris rapidement,
Une chose bien curieuse.
 
Bleu est mon cœur devant les lèvres de mon cher garçon,
Vin rouge dans une tasse d'azur.
Une rose en bouton ? Regarde bien, c'est un garçon rose
Dans un châle vert bien enveloppé.
 
L'ombre sur sa lèvre, cette taupe,
Sur le visage rose de mon bien-aimé
Comme autant de mystères qu’enveloppe son châle,
Tous revêtus de grâce.
 
Comment le propriétaire de ce joli visage
Avec tous ses prétendants, ai-je pu rencontrer ?
Le cerf de la forêt lui-même ne peut trouver le calme
Quand les chiens aboient à ses pieds.
 
Mes membres me font mal et je souffre,
Blessé je geins comme une flûte cassée
La raison pour laquelle je sanglote et je pleure,
Et hurle jusqu'à ce que n’ai plus de voix.
 
Abdul Hamid, ce charmant garçon à gagner,
saigne ton cœur mon animal de compagnie.
Il te faudra plonger dans l’océan pour retrouver pareil joyau,
Pas dans un ruisseau.