Gert est arrivé de Graz hier soir. Nous sommes allés le chercher à l'aéroport. Il n'a pas changé, un peu plus fort, un peu plus masculin. J'aime son regard clair sous ses longs cils blonds. Ses épaules carrées, sa musculature harmonieuse. Il a découvert les joies de la musculation en même temps que l'aviron ici à l'université. Un parfait student Gert : soirées avec son professeur de littérature, longues séances de sport, une dentition d'un blanc redoutable, une carrure de jeune demi-dieu descendu de l'Olympe. De quoi faire flasher le jeune Hadrianus. Et puis pour une fois qu'un européen ne faisait pas tâche parmi tous ces ricains nourris aux flocons d'avoine et aux muscles sur-puissants. Comme le gouverneur de Californie, Gert est autrichien. Son père est diplomate et sa mère écrit de très beaux livres pour enfants. Il a deux sœurs et a perdu un jeune frère dans un accident de ski quelque part dans les Alpes. Il a su avant nous tous qu'il préférait les garçons mais rien dans son attitude, sa vie, sa voix ne l'indique. Pourquoi après tout faudrait-il que quelque chose l'indique après tout et qu'est ce qu'il y a à indiquer ? Gert a deux très bons amis à New York en plus de nous autres. Carla qu'il a connu dans un camp de jeunes et mon ami Anton le slave amateur de gastropodes (voir mon billet à son sujet). Je crois qu'ils ont été amants. Gert est ici pour trois semaines puis il se rend dans l'Oregon pour je ne sais plus quel motif, ni chez qui.
Il est neuf heures passées. Il dort encore sur le canapé du bureau que nous venons d'acheter. Le chien qui a dormi à ses pieds a compris que c'était l'heure de la sortie matutinale. La journée sera belle. J'essaie de ne pas faire trop de bruit, mais le jeune autrichien dort comme une souche. Dans l'avion il n'avait pas pu dormir à cause de deux bébés jumeaux qui n'ont pas arrêter de pleurer. Question de dents qui poussent a-t-il expliqué avec philosophie. Il dort sur le dos, une jambe repliée l'autre tendue sous le duvet. Il est torse nu. J'aime regarder un garçon qui dort, abandonné, fragile mais pourtant livré dans toute sa force et sa virilité. Dans les films, le mateur soulève en hésitant les draps pour admirer le corps dans son ensemble... Pour ma part, je me suis contenté de ce qu'il offrait au regard. Brinkley avait très envie de sortir.
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