Trouvé il y a quelques jours, l'affiche d'un film que je n'avais jamais visionné au milieu des trésors d'un de mes magasins préférés de NYC, la galerie Chisholm Larsson sur la 8e Avenue à Chelsea. Du coup, nous avons cherché le film dont il s'agit et miracle, Dekkoo le diffuse.
De son titre original, Amnesia: The James Brighton Enigma, ce film du cinéaste canadien Denis Langlois, a visiblement recueilli un assez gros succès d'estime à sa sortie en 2005, récompensé par le prix du Meilleur Long Métrage au Festival Inside Out de Toronto en 2006 puis le Prix du Public du Festival de cinéma de Montevideo en 2008... Et nous ne l'avons pas vu passer ! Pourtant à l'époque, je débutais ce blog et j'étais à l'affût de tout ce qui pouvait intéresser mes abonnés dans le domaine des arts et en particulier du cinéma gayfriendly, hors militance puisque je m'y suis toujours refusé. Ou alors je suis amnésique et ma mémoire me fait défaut !
Au départ, il s'agit d'une histoire vraie et d'un mystère. James Brighton s'est réveillé complètement nu dans un parking abandonné d'un bas-quartier de Montréal. quand la police le récupère, il est hagard, explique qu'il ne se souvient de rien, qu'il s'est réveillé dans ce parking, transi de froid, ses vêtements épars autour de lui, sans papiers, sans argent. Aucun indice qui pourrait aider à rassembler ses esprits et retrouver qui il est vraiment, sinon un bout de papier où est noté un numéro de téléphone. La seule chose qu'il est en capacité d'affirmer est son orientation sexuelle, il proclame être gay.
On va lui diagnostiquer une amnésie dissociative. ce type d'amnésie consiste "en une incapacité totale ou partielle de se remémorer des expériences récentes ou éloignées dans le passé". Lorsque l’amnésie est induite par une perturbation psychologique, un stress important, sans aucun trouble médical général, on parle d’amnésie dissociative. Une famille va le prendre en charge et des liens vont se créer.
On suit donc le jeune type qui peu à peu prétend se souvenir de lieux aux États-Unis d'où il viendrait, mais il a parfois des manières de parler qui font penser qu'il pourrait être britannique. Dans le film, une jeune étudiante en criminologie va se passionner pour son cas et rouvrir le dossier pour aller au-delà de l'enquête officielle qui n'a rien donné, même avec l'appui du FBI, des services de santé américains et canadiens.Elle va le rencontrer, l'écouter, et il va peu à peu se confier ouvrant ainsi à chaque fois de nouvelles pistes qui ne mènent jamais à rien jusqu'au jour où une émission de la télévision québécoise relayée ensuite par une autre diffusée sur une chaîne fédérale américaine va tout bouleverser. Suspense que je ne trahirai pas. No spoiling, au cas où vous voudriez voir le film (Dekkoo USA).
Le film peut sembler marqué par son époque - le montage et la photographie de Langlois marchent bien encore - mais ce qu'on montre parait désuet par rapport à la crudité des images du cinéma actuel. En quinze ans, on trouve davantage d'acteurs qui se montrent de face ou de dos dans le plus simple appareil; les scènes de sexe se présentent à l'écran sans ellipse en dépit de la pudibonderie nouvelle.
A l'époque, on suggère encore plutôt qu'on ne montre; on ne cherchait pas l’esthétique avant tout. Il fallait coller à la réalité de tous les jours, et montrer des situations dans lesquelles monsieur Tout-le-monde se retrouve. Point de couilles maquillées, de fesses rasées, de torses façonnés par la musculation. Du courant, du beauf, du naturel, du commun. on peut le regretter, mais après tout la réalité est souvent comme cela n'est-ce pas, loin des photographies retravaillées où pas un défaut physique n'apparaît jamais du cinéma apprêté d'aujourd'hui, sous l'influence de l'esthétique des produits de luxe.
Un film captivant, parfois poignant, envoûtant, avec une fin qui laisse le spectateur dans le doute. Les acteurs sont parfaits dans leur partition et le héros très attirant, troublant et séduisant.
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