Ils t'ont retrouvé un jour, représentation de marbre blanc sali par la terre qui te cacha au monde des siècles durant. Un jour, ils retrouveront ton sarcophage, et le masque d'or que j'ai fait poser sur ton beau visage. Mais, comme celui d'Alexandre, tout a été organisé pour que cela ne soit pas. Ils profaneraient ton corps pour savoir si tu es vraiment mort noyé, si tu étais aussi beau qu'on l'adit, et tant d'autres choses encore qui saliraient ton éternité.
Fort heureusement, on ne sait rien de l'endroit où tu es réellement, le lieu où tu reposes en réalité. D'aucuns parlent d'un recoin de ma villa à Tivoli, dans le mausolée que Rome me consacra, tu serais avec moi, loin sous la terre, près du Tibre... Au-dessus d'Antinoë... il ne fallait pas qu'un jour des mains impies profanent ton corps divin, ô mon Antinoüs. Ils t'ont cherché longtemps pourtant, sur les bords du Nil, dans les montagnes proches de la ville que j'ai bâti pour toi. Détruite par les barbares et les chiens qui reprirent, avec l'inculture et la vulgarité de leur race, ces terres redevenues sauvages., la beauté et l'amour, quand les suppôts de leur prophète ne sèment que la haine et la violence, détestant le Beau et la jeunesse...
Cela passe, le beau et la jeunesse. Mais, même passée, délavée par la vie et ses accidents, la jeunesse demeure dans nos cœurs, le souvenir de nos amours ardentes, liée au souvenir de la beauté de l'être aimé, et dans son cœur à lui, de même, le souvenir de celui que nous fûmes, tout cela nourrit nos jours jusqu'à notre ultime souffle...
Ainsi s'exprime Hadrien qui, deux mille ans après qu'il ait vécu et Antinoüs avec lui, existe encore au plus profond de la mémoire humaine et leur passion reste aussi vive et palpable que celle d'Achille et Patrocle, Alexandre et Ephestion... Quel garçon normalement constitué, bien né, n'a pas ressenti un jour cet attachement immédiat, profond, inattendu et irrépressible qui le poussa à un moment de son histoire personnelle vers un autre, pour un simple regard croisé, un geste, une attitude ? Toujours le "parce que c'était lui, parce que c'était moi"
Beard, qui a été un des plus grands photographes de notre temps, ami de Francis Bacon, de Dali, de Mick et Bianca Jagger, d'Andy Warhol, du vicomte Snowdon et la Princesse Margaret son épouse, de l'écrivain Karen Blixen, est mort à 82 ans en 2020. Le garçon qui était à la table voisine avait la même allure. Davantage habillé que sur l'autoportrait réalisé par le photographe, avait une coupe de cheveux identique. Lacé où j'étais, je n'avais d'abord vu que son profil. il s'exprimait d'une manière volubile, expliquant à son compagnon et à une jeune femme qui était assise en face d'eux, des choses apparemment captivantes et drôles.
Je sais, on va encore me traiter de réactionnaire blanc nanti indifférent à la souffrance des gars pas beaux et des filles moches. Je revendique ce droit à la beauté, le droit de préférer un beau garçon bien foutu, au sourire ardent, sain de corps et d'esprit - men sana in corpore sano - héritier des éphèbes de l'antiquité, et des princes de la renaissance, les filles jolies et féminines, à tous les rachitiques percés de partout, couverts de tatouages immondes, les cheveux verts, oranges ou violets, mal fagotés, à la peau flasque et blanchâtre, aux ongles faits, au sexe incertain. Mark rectifie mes propos : il faut juste cesser de les voir, de les regarder et nous concentrer sur la beauté selon les canons classiques. Laisser ces moches décadents à leur déconstruction à la mors-moi-le-noeud.
1 commentaire:
Entièrement d'accord ! A bas la décadence ! Ces tatouages ineptes équivalent à un barbouillage immonde d'une œuvre de Praxitèle...
La beauté au naturel est ce qui fait le mieux fantasmer en attirant le regard...
Patrick au bord du Morbihan
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