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28 août 2022

Green Butterflies, une belle surprise cinématographique

 
 
Découvert sur Dekkoo un film émouvant venu de Colombie et sorti en 2017, Green Butterflies est un fim que je n’aurai certainement visionné spontanément. Il y en a tellement de ces histoires de coming of age, romans à l’eau de rose souvent niais que les producteurs avisés font mâtiner de scènes de plus en plus débridées à la limite parfois du pornographique. De ce point de vue, il est vrai qu’on passe un bon moment à suivre les découvertes de beaux jeunes adolescents bronzés et bien foutus. Mais une fois le film terminé, la plupart du temps on ne se souviens guère de rien. Avec ce film-là, on reste soufflé.Surtout par la performance incroyable de Deivi Duarte, l’acteur principal. Une manière d’accrocher la lumière, de gesticuler sans affectation, comme un danseur. Visage expressif et très doux, exprimant la pureté, la candeur mais aussi toute l’intransigeance des purs. Ce n’est pas une comédie mais un drame. La fin poignante est annoncée dès les premières images, laissant le spectateur se préparer aux dernières images. Les autres acteurs sont presque tous à leur place mais ans le rayonnement du héros. Je n’en dis pas plus pour ne rien spoiler de ce beau moment de cinéma.

 

Nous l’avons regardé l’autre soir sur la recommandation expresse de Mauricio le garçon brésilien que nous hébergeons depuis quelques jours le temps qu’il puisse s’installer dans une colocation près de son université. C’est un cinéphile aux goûts très éclectiques et aux connaissances encyclopédiques. Après le générique, nous étions tous silencieux. Émus en réalité par un scénario qui tient la route, une photographie très naturelle, agréable et une bande son qui porte sans trop peser.


Et puis, personne ne me contredira : Deivi Duarte est beau gosse. Âgé de 23 ans, il a un port d’aristocrate mais vient d’un milieu extrêmement simple de Colombie ou Venezuela, je ne sais plus. Ce n’est pas un nouveau venu dans la profession. Des critiques ont prédit au garçon une carrière à Hollywood. Moi je le vois plutôt ici, à New York, dans des films un peu cérébraux, adaptation d’œuvres littéraires par exemple. Je l’imagine jouant avec Chalamet, et d’autres représentants du cinéma indie new-yorkais. En Europe aussi chez les anglais ou en France... 

"La scène d’amour entre Kevin est moi est une très belle scène, zéro morbidité, et beaucoup de romantisme, ils n'était pas question de nous filmer à poils, nous portions nos boxers bien ajustés. Cependant, pour la deuxième prise, le réalisateur nous a voulu nus, Kevin s'est allongé et mon pénis en frôlant sa cuisse s’est naturellement durci. Là, il a fallu couper !",  ("pour éviter la censure et on a attendu que je débande." a certainement pensé Deivi Duarte sans pouvoir le dire devant les journalistes !). Endin, c'est ainsi que j'imagine les faits sur le plateau lors du tournage.

Ce commentaire très libre et dégagé de l’acteur m’a rappelé les paroles de Timothée Chalamet et Armie Hammer, son acolyte dans Call Me By Your Name... A Plusieurs reprises, ces deux-là ne laissèrent-ils pas entendre que bien des fois pendant le tournage, il y eut des moments de forte tension sexuelle entre les deux. Timothée et Armie (et les producteurs, pudibonderie yankee oblige), ont toujours laissé planer le doute quant à savoir s’ils avaient franchis une ligne dont il serait grossier de parler...

Here's the trailer pour vous faire une idée :

20 février 2022

The Most Beautiful Boy in the World

 
Reconnaissez-vous ce beau jeune homme, presque trentenaire ? Il s'agit de Bjorn Andrésen, le Tadzio de Mort à Venise, ce film-culte réalisé par Luchino Visconti en 1971 avec Silvana Mangano, Marisa Berenson et Dirk Bogarde, d'après le livre de Thomas Mann.
Un fascinant documentaire vient de sortir sur Bjorn Andresen, le suédois que Visconti découvrit à Stöckholm, à la recherche de celui qui allait incarner Tadzio dans son film Mort à Venise. Diffusé en ce moment sur le BBC, David et moi l'avons découvert hier soir. Un magnifique surprise.

Poignant, édifiant et magnifique, pendant 90 minutes on se promène dans la vie de l'acteur qui a vu alors qu'il ne souhaitait même pas participer au casting organisé pour le prince cinéaste, sa vie bouleversée. Le spectateur est avec lui tout le temps, des images connues ("Searching for Tadzio", 1970) mais longtemps oubliées de la rencontre entre le jeune éphèbe timide et le maître adulé, ces images presque répugnantes, où Visconti et son équipe font défiler des dizaines de garçons comme des maquignons au foirail passent en revue le bétail. Les commentaires du réalisateur : "il est très grand", "il est très beau", "qu'il se déshabille", qu'il soit filmé de très près", "dis-lui de sourire"... Et l'adolescent s'exécute, surmontant sa gêne et son ennui et quand il lui faut sourire, son sourire est une explosion solaire, tout son visage s'éclaire, ses yeux brillent. 

Peu à peu Bjorn, aujourd'hui largement sexagénaire, parle de ce maelström qui emporta son enfance, emposiuonne sa jeunesse sans jamais le soumettre, même quand de riches intellos amateurs de garçons le firent venir à Paris, l'installant dans un superbe appartement avec 500 francs par semaine d'argent de poche, sous le prétexte de le faire tourne rdans un film dont il serait la vedette et qui ne se fit jamais, quand le Japon l'accueillit comme les Beatles quelques années plus tôt, dans une hystérie qu'il ne juge pas mais qui l'ébranla. on découvre les chansons populaires qu'on lui fit enregistrer, les publicités dans lesquelles il apparaissait. Il semble avoir traversé tout cela sans faillir. les traits marqués pourtant portent les stigmates de bien des souffrances. 

Icône du monde homosexuel, inspiration originelle des mangas dans lequel on retrouve toujours son allure dégingandée, ses longs cheveux et son visage d'ange qui rendit folles les filles japonaises et tout autant les garçons. On a beau être éffaré par tout ce que le jeune homme, puis l'homme mûr aura vécu, on ressent tout de suite beaucoup d'empathie pour lui. Rien à voir avec l'abjecte évolution d'helmut Berger, lui aussi "démoli" par ce que Visconti fit de lui. Seul Alain Delon, naturellement roué, échappa à la loi commune des garçons ayant approché le grand génie du cinéma italien...

On le voit du temps de son mariage, on apprend que sa mère, poète, artiste, dilettante, égérie de Dior disparut fut retrouvée morte quelques années après, qu'il ne sait toujours pas qui était son père, que sa grand-mère le poussait à devenir quelqu'un, à répondre présent à toutes les sollicitations qui pourraient asseoir sa célébrité et faire sa fortune. 

 

Marié, père d'une petite fille, Robin, puis d'un petit garçon, elvin qui mourut à deux mois, de la mort subite des nourrissons, juste à côté de son père qui dormait. Sa longue dépression ensuite, s'accusant de n'avoir pas été assez présent pour son fils. Il lâche très ému qu'il ne s'en est jamais remis. Devant ce flot de confessions, cette vie racontée avec simplicité, sans aucune affectation, la caméra n'est jamais intrusive évitant au spectateur de se sentir voyeur. Le montage, dynamique sait faire la part, aux lenteurs nécessaires, aux silences et reste toujours dans la pudeur. Et c'est captivant parce que tellement vrai, tellement parlant. Et poignant, vraiment.

Poignant mais rempli d'optimisme aussi. on le voit aux prises à sa propriétaire qui lui reproche l'éétat de son appartement, les dangers qu'il fait courir aux voisins avec le gaz toujours allumé, la graisse qui s'étale autour de sa cuisinière. on le voit aussi ensuite avec sa compagne venue l'aider, toute remettre en état et faire briller ce qui quelques images plus tôt était sordide... On le suit lors de ses voyages, et à la fin sur le site du tournage, dans les salons abandonnés de l'Hôtel des Bains que Visconti redécora presqu'entièrement, sur la plage aussi et les dernières images sont poignantes. les gros plans sur son visage raviné, ses yeux plein de vie et d'énergie, mais aussi ce vague à l'âme que Visconti utilisa à la perfection, traduisant avec maestria, les humeurs et les sentiments ambigus de l'adolescence, tout ce qui fit vibrer le vieux professeur Ashenbach et lui brisa le coeur, au sens propre, sur cette même plage. Le regard égaré de Bjorn Andresen semble traduite à ce moment-là, plus que de la nostalgie ou du regret, l'aveu d'une ambiguïté profonde que ses sourires depuis le premier jour dévoilaient. Comme si une part de lui-même regrettait de n'avoir pas cédé à ces garçons, à ces messieurs et d'avoir peut-être manquer toute sa vie une forme d'amour qui l'eût vraiment comblé... 

Mais ce qui est réjouissant et fait l'émotion qu'on ressent à regarder ce documentaire, c'est cette impression plus forte que tout, d'une résurrection. L'acteur-icône s'est réconcilié avec son passé et tous les deuils qu'il n'avait pas fait, en les nommant, en remettant ses pas sur les lieux de ses souffrances (il le souligne lui-même avec des mots simples et vrais, quand défilent les images de la première à Londres en présence de la reine et de la princesse Anne, ou bien à Cannes lors de la conbférence de presse ou Visconti parle à sa place et parle de lui avec la morgue du génie qui se fit Pygmalion diabolique. Il fait sagement ce qu'on lui dit, suit ou devance Visconti, le visage contris, les traits crispés : "j'étais terrifié et affolé". On le voit à un moment du film, tandis que Viconti badine deban,t la presse, seul au milieu de tous ces adultes qui le badent comme les japonais au Louvre devant la Joconde...


L'innocent jeune apprenti acteur dont "Mort à Venise" changea à tout jamais la vie, artiste naturel, un peu poète, la tête ailleurs, mais foncièrement pur et dont la beauté demeure comme celle de ces dieux qui ne vieillissent jamais qu'en apparence. Sa voix adolescente était belle et sûre. Le tabac  - on le voit tout au long du film une cigarette à la main, choses rare en Suède où il est bien difficile de pouvoir fumer quelque part - en aura eu raison. Il joue parfaitement du piano (on écoute à un moment du film un de ses enregistrements où il interprète un morceau classique plus qu'honnêtement). Ci-dessous les chansons qu'il enregistra au Japon et un extrait du documentaire. 


et enfin le trailer :

29 novembre 2021

Depuis longtemps un film ne nous avait pas autant secoués...

Mark et moi étions ce weekend à la campagne, pas très loin de New York. Douglas et Jane sont de grands amateurs de cinéma mais c'est aussi leur métier. Elle est productrice, il est responsable juridique dans l'industrie du cinéma indépendant. Mark a connu Douglas au collège et voilà quinze ans que nous passons ensemble des tas de moments.

Comme à chaque fois, nos hôtes nous régalent d'un film qu'ils projettent dans leur salle de cinéma personnelle. car c'est bien de cela qu'il s'agit. Rien de luxueux, une grande pièce donnant sur leur jardin aménagée comme un vrai cinéma pour une dizaine de personnes avec un écran géant et un matériel de projection et de sonorisation ultra perfectionné, le tout dans un confort et un style très New England, tweed, cuir et bois cirés. 

Cette fois, la séance était consacrée à deux films très différents. Le premier comme un clin d'oeil à mon pays d'origine, le second parce qu'il s'agit d'un extraordinaire film, taïwanais ou coréen, peu importe, sorti il y a quelques mois et passé presque inaperçu bien que dépassant les critères de genre et d'époque, bien que extraordinairement filmé, monté avec deux jeunes acteurs fascinants de vérité dans leur jeu. J'étais tellement fasciné que nous l'avons regardé une seconde fois après le dîner. J'ai déjà envie de le revoir !

 


29 juillet 2021

En lisant Allan Stein de Matthew Stadler

Je viens de terminer un livre du romancier Matthew Stadler qui m'a fasciné, remué, enchanté. C'est un ami de Mark qui lui avait recommandé le titre et c'est moi qui l'ai lu. D'une traite ou presque. D'abord la couverture est superbe comme les éditeurs américains savent en inventer, avec en pleine page une photo bien connue d'Herbert Listz ("Matin à Athènes" de 1937) et le titre en relief. Un texte envoûtant mais dont la chute m'a laissé sur ma faim. Comme je le fais souvent, j'en ai imaginé une autre bien plus en harmonie avec mon ressenti à la lecture du roman. Le héros, un homme jeune qui aime les garçons, va prendre l'indentité d'un ami curateur d'un musée d'une grande ville américaine, pour se rendre à Paris à la recherche de dessins disparus de Picasso mais surtout pour amener avec lui son jeune amant. Il partira seul, sous une fausse identité et trouvera à Paris un nouvel amour en la personne d'un adolescent de notre époque, mi-hollandais mi-parisien, tout en se passionnant pour sa quête. On se demande s'il va aboutir, trouver les fameux croquis, et faire de cette aventure en europe un livre. On comprend vite que l'auteur parle de lui, de ses tentations d'écrivains, de ses attirances et certainement bien des pages de cette fiction relatent des souvenirs d'expériences vécues par stadler. 

Nous avons visionné l'autre jour le film, assez ancien maintenant (1997), de Brian Gilbert sur Oscar Wilde avec Stephen Fry, excellent acteur britannique et un jeune et fascinant Jude Law dans le rôle de Lord Alfred Douglas (et Orlando Bloom jeunot parfait dans un rôle de gigolo qui lui va comme un gant !). J'ai trouvé dans Allan Stein des points communs qui m'ont ravi. L'attirance et l'amour qu'un homme plus âgé ressent pour un jeune homme sont des sentiments que la société réprouvait du temps de Wilde tout autant qu'on les réprouve aujourd'hui, avec la même hypocrisie et cette incompréhension difficilement à concevoir dans un monde qui crie très haut sa passion pour la liberté et l'aisance des esprits face à la sexualité... 

 Mais revenons au livre. Le premier amant du héros du livre, un certain Dogan, américain d'origine turque est un jeune sophomore, sportif joliment foutu et amateur de soccer. Il aime aussi le sexe et ses seize ans flamboyants en redemandent. A Paris, ce sera Stéphane, quinze ou seize ans lui-aussi, amateur de basket et de musique pop évoluant dans une maison entourée d'un jardin improbable comme on en oublie dans Paris, à deux pas de la Cité Universitaire. Une sorte de kibboutz éminemment intello, un peu hippie qui héberge notre américain. Statdler décrit avec beaucoup de précision sans jamais donenr au lecteur l'impression de faire du voyeurisme, mais sa liberté de ton fait du bien, elle renforce l'idée que le sexe consenti est toujours joyeux, formateur et épanouissant pour ceux qui s'y adonnent sans blocages psychologiques. Rien de malsain donc dans ce roman reconnu par la critique comme un excellent roman. Il n'est malheurusement pas traduit en français à ma connaissance, rgrettable pour ceux qui ne lisent pas l'anglais.

    




Le jeune acteur allemand Louis Hofmann pourrait jouer le rôle de stéphane, le garçon dont s'éprend le héros du livre de stadler, à condition d'avoir les cheveux plus longs. Photo extraite de merveilleux film "Center of my world".

21 novembre 2020

Connaissez-vous August Blanco Rosenstein ?


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Moi oui, comme tout New York et une bonne partie de l'Amérique depuis quelques mois. Talentueux jeune acteur (trois rôles dans trois films différents) remarqué dans Grand Army, la nouvelle tee-série de Netflix,où il a un second rôle qu'il rend indispensable. C'est aussi un musicien chevronné (il chante et compose). 

Ce garçon rayonne, sa voix, sa sa manière de se mouvoir dans l'espace, son sourire, ses yeux... Un monsieur tout le monde avec quelque chose dans le regard, les gestes qui saute aux yeux et qu'on n'oublie pas une fois qu'on l'a croisé. Un extrait de Grand Army, bientôt sûrement sur Netflix France ! J'ai bien aimé la série.

06 mai 2020

Grande école avec Salim Kechiouche et Gregori Baquet



Revu ce film de 2004, transcription cinématographique d'une pièce de théâtre dont le réalisateur a gardé le rythme et bon nombe de dialogues. Avec le très solaire Salim Kechiouche,l'acteur fétiche de Gaël Morel dont la beauté plastique est à couper le souffle, Gregori Baquet teint en blond et le regretté Jocelyn Quivrin mort accidentellement en 2009. Il y a aussi le fils de Gérard Jugnot et les deux splendides actrices Alice Taglioni et Elodie Navarre. Plein de garçons nus sans complexe ni voyeurisme déplacé. J'avais déjà aimé à l'époque. 





28 avril 2020

Il se nomme Darren Barnet et c'est la nouvelle coqueluche sur Netflix


"Never Have I Ever" (Mes Premières fois en Français) est sorti il y a deux jours et c'est déjà la folie sur les réseaux sociaux. Certes la série réalisée par Mindy Kaling a tout pour faire un succès mais ce qui attire surtout, c'est le torse joliment sculpté du jeune Paxton Hall-Yoshida, l'un des protagonistes vedettes. Comme dans la série l'acteur Darren Barnet est à moitié japonais. Le beau gosse a été mannequin et à déjà pas mal de rôles à son actif. sportif dans la vie et intelligent, il crève l'écran.










15 avril 2020

Tom Daley, his son and his mum in L.A.... a naked surprise



L'athlète a de l'humour, autant que du muscle. Le beau gosse est papa d'un petit Robert (le nom de son père, fan d'Elvis Presley), champion olympique célèbre, les américains l'aiment presque autant que les britanniques. Son accent certainement... Son mari n'est pas mal non plus... Une vidéo assez drôle réalisée par le plongeur qui rend visite à son portrait nu par David Hockney. 

05 avril 2020

As-tu déjà aimé ?

Musique pour un brunch pour un dimanche nuageux et encore frisquet. new York plongée dans un silence presque complet.. C'est vrai qu'on entend moins de sirène. Dans la cuisine en tout cas, au son de la bouilloire se mêle les voix de Grégoire Leprince-Ringuet et de son compère Louis Garrel. Pour nous pas de chimique d'algébrique ni de mathématique mais un doux moment tranquille dès que chien et maître seront remontés de la petite promenade pipi sur Riverside Drive. Bon dimanche à tous.

23 septembre 2018

Le film Mario, ou quand deux joueurs de foot s'aiment d'amour...


Mario est un film suisse qui est présenté depuis quelques mois sur les écrans. Une découverte et une heureuse surprise. Non pas un énième film à la Brokeback Mountain. Juste une histoire douloureuse qui pourrait être racontée avec comme toile de fonds n'importe quel sport, ici en Amérique mais aussi partout ailleurs dans le monde. Combien d'athlètes gays, jeunes ou moins jeunes osent être ce qu'ils  sont devant leurs camarades, leurs entraîneurs, les sponsors et le public ? Il y a le discours flamboyant de générosité des intellos, des politiques, même des religieux - éclairés - sur l'égalité de tous, le droit de tous à une vivre librement son orientation sexuelle. Il y a les militants LGBT dont le combat est avant tout une lutte pour exister, un combat pour être reconnus comme l'enfant frêle cherche à provoquer l'attention du père solide. Nul autre combat à mener si ce n'est d'assurer que la dépénalisation de l'homosexualité doit être définitivement inscrite dans les tables de la loi universelle. Chacun doit pouvoir vivre et s'épanouir avec l'identité sexuelle (je n'aime pas l'expression, mais quoi de plus clair) qui est la sienne. Débattre s'il s'agit d'un choix ou d'une orientation innée, déterminée par pleins de facteurs génétiques, chimiques, mentaux, sociaux, est un débat inutile. Choisir de l'assumer et choisir d'être heureux de le faire est un sujet qui mérite qu'on s'y intéresse car de ce choix dépendra la vie entière de l'individu, son bonheur et son épanouissement. Les lecteurs d'Animula Vagula Blandula connaissent la position d'Hadrien !


Ainsi, le film suit Mario, un jeune footeux passionné - bien qu'on découvre au fil des images que cette passion a été lourdement induite par son père, joueur raté qui projette dans son rejeton mille rêves qu'il n'a pu vivre - et doué qui est remarqué par son club qui envisage de le faire passer chez les grands, en première division. Il a le football dans le sang tout en sachant le poids que son père fait peser sur lui. soudain tout bascule ou risque de basculer : Mario va tomber amoureux d'un autre joueur, aussi bon que lui, beau, solaire, épanoui, solide. Cataclysme chez le garçon. Quel choix sera le sien ? Le désir, la passion, l'affection, ou le sport et la réussite ?  la caméra très sensible, la finesse du jeu des acteurs, les deux héros bien sûr, mais aussi les seconds plans, les autres joueurs, les parents, les entraîneurs, les amis, une manière de suivre au plus près le protagoniste dans son dilemme, la liberté avec laquelle le cinéaste montre les corps qui s'aiment, sans aucune image triviale mais avec un respect plein de pudeur, et la description du milieu dans lequel tout cela se déroule, font que les deux heures du film passent sans qu'on s'ennuie une seconde...


Nous avons vu le film sur grand écran, Mark et son frère, deux amis de passage et moi . Tous nous étions soufflés par le jeu des deux acteurs, Max Hubacher (Mario) et Aaron Altaras (Leon), leur naturel et leur présence. Bob, acteur apprenti à Los Angeles, en est sorti des étoiles dans les yeux. "Ces allemands" nous a-t-il dit, "c'est l'Actor's Studio puissance 10 !" Voir s'entraîner, sur les campus mais aussi sur les terrains de sport partout autour de nous est quelque chose d'habituel. On prend tous plaisir (qu'on aime les garçons ou pas), à les voir évoluer sur le terrain , courir, feinter, marquer. Il y a quelque chose de très sensuel dans leur expression : avec leurs visages marqués par l'effort, leurs muscles tendus, leur tenue relâchée, leurs torses le plus souvent dénudés, il émane d'eux une impression de santé physique autant que mentale. et pourtant, combien parmi eux sont en proie au doute, à la peur, au désarroi parce qu'ils se réveillent la nuit en sueur, avec l'image d'un de leurs camarades aperçu la veille, au vestiaire ou sous les douches dans la splendeur de sa jeune virilité... 

Quand pour le National League, nous sommes des dizaines de milliers sur les gradins à acclamer nos joueurs préférés, et les autres, est-ce que nous réalisons que forcément parmi eux, ces vedettes indéboulonnables, il y a de jeunes homosexuels refoulés ou non, mais qui en tout cas sont toujours dans le placard... Comme les gamins qui jouent sur la pelouse du parc juste en face de moi, ces professionnels guère plus âgés, meilleurs parce que mieux et davantage entraînés, est-ce qu'ils représentent la société moderne, ici à New York, en France, en Suisse, en Angleterre, ailleurs encore ? Au moins sur une chose. L'éléphant dans un magasin de porcelaines, en terme de diversité, reste la sexualité. Ce film venu de Suisse qui traite de l'unassuming - pas trouvé en français le mot qui dirait aussi simplement les choses - et me fait écrire ces lignes, montre clairement, dramatiquement, sans jamais forcer le trait, pourquoi un jeune homme gay en plein décollage professionnel pourrait avoir à choisir de rester dans le placard. Dans les sports de ballon, en tout cas  dans les premières divisions et à ma connaissance, ce qui doit bien faire une centaine de clubs en occident, il n'y a aucun joueur ouvertement gay...Quand comme dans le film, les rumeurs, la jalousie et les intérêts financiers se mêlent de la vie privée de deux jeunes hommes que tout cela pourrait briser alors qu'il serait de notre devoir à tous, d'entourer leur amour de mille précautions, de discrétion et de respect parce qu'en dehors de l'amour etd e la bienveillance, nos vies ne servent absolument à rien. Et qu'on ne nous dise pas que là aussi il suffit de traverser la rue pour que tout change...


L'argent avant les Droits de l'Homme.


Deux heures de bon cinéma, poignant, émouvant mais jamais pleurnicheur ni bien pensant. Marcel Gisler a su tenir en haleine et rendre ses protagonistes (j'allais écrire ses joueurs) vivants et proches. Le thème aurait pu donner un énième film larmoyant sur les amours impossibles de deux jeunes demi-dieux dans un univers de gros méchants stupides pas beaux. C'est tout le contraire. On suit de jeunes gens confrontés au même dilemme et qui vont réagir différemment, mais avec les mots de tous, les sentiments les plus ordinaires, la souffrance la plus réelle. Rien d'esthétisé, de romanesque. La réalité d'une situation dure et tendue. Mais aussi un message clair et sain qui fait bien mieux que toutes les prises de position, les actions et les manifestations des associations LGBT !


Une énorme et inutile pression pour un tabou stupide.

Marcus Urban, un joueur allemand qui a révélé son homosexualité, très engagé sur les questions de diversité dans le sport de haut niveau, a parlé de la pression énorme qui pèse toujours sur les professionnels du milieu. Il a expliqué au réalisateur : "Outre le talent sportif, il leur faut disposer d’une constitution psychique très forte pour tenir le coup. Un joueur homosexuel doit non seulement supporter la même pression que les autres professionnels, mais aussi être dans un jeu de cache-cache permanent. Cela m’a donné l’idée de créer deux caractères différents qui souffrent du même conflit. Mario est le joueur au cuir épais, qui supporte mieux la pression. Léon est quant à lui moins apte à réprimer ses désirs, il est moins doué pour se mentir à lui-même.

Mario n'a pas d'alternative. Avouer son amour et son homosexualité et prendre le risque d'une carrière avortée. Est-ce que cela règlerait l'homophobie du milieu ? Rentre la tête dans les épaules et nier pour poursuivre sa carrière ?  Il sera toujours temps ensuite de révéler son identité sexuelle... Une saine réflexion que le spectateur va partager avec Mario et Leon aux réactions différentes... Sans rien spoiler, les amateurs de Happy Ending dans les dernières minutes du film pourront penser que tout est toujours possible et que ces deux-là, si beaux dans la découverte et la montée de leur amour, se retrouveront un jour... C'est en tout cas la conclusion à laquelle je suis parvenu en écoutant la bande son du générique de fin...

15 janvier 2018

Call Me By Your Name

Le livre m'avait beaucoup touché, je vous l'ai écrit il y a quelques semaines. Le film, avec un scénario écrit par James Ivory, est une vrai réussite. Un nouveau Brokeback moutain qui se répand partout comme une traînée de poudre d'amour...A ne manquer sous aucun prétexte, vraiment ! Et cette bande-son...

Oh, to see without my eyes 
The first time that you kissed me 
Boundless by the time I cried 
I built your walls around me 
White noise, what an awful sound 
Fumbling by Rogue River 
Feel my feet above the ground 
Hand of God, deliver me 

Oh, oh woe-oh-woah is me 
The first time that you touched me 
Oh, will wonders ever cease? 
Blessed be the mystery of love 

Lord, I no longer believe 
Drowned in living waters 
Cursed by the love that I received 
From my brother's daughter 
Like Hephaestion, who died 
Alexander's lover 
Now my riverbed has dried 
Shall I find no other? 

Oh, oh woe-oh-woah is me 
I'm running like a plover 
Now I'm prone to misery 
The birthmark on your shoulder reminds me 

How much sorrow can I take? 
Blackbird on my shoulder 
And what difference does it make 
When this love is over? 
Shall I sleep within your bed 
River of unhappiness 
Hold your hands upon my head 
Till I breathe my last breath 

Oh, oh woe-oh-woah is me 
The last time that you touched me 
Oh, will wonders ever cease? 
Blessed be the mystery of love

27 décembre 2017

Call Me By Your Name

Je ne sais pas si parmi vousquelqu'un aura lu le roman d'André Aciman paru en 2007 aux États-Unis puis en Italie et enfin en France (sous le titre Plus tard ou jamais. Ce roman que je découvris d'abord dans la petite librairie du village où vivent mes parents dans le bordelais puis que j'ai relu quelques années plus tard dans sa version originale m'a fait un effet incroyable dès les premières pages de ma première lecture. Très proustien, très beau, parfois très direct, il m'avait bouleversé à l'époque. 

C'était l'été et notre mode de vie dans la vieille propriété familiale ressemble beaucoup à celle d'Elio, le héros du livre, et de sa famille. Le Médoc n'est pas la Toscane, loin s'en faut, mais les chaleurs estivales, le mode de vie au ralenti et cette lumière, cette chaleur, la proximité de la mer, tout me rapprochait du livre. Et quelle émotion à suivre l'avancé de la relation entre Elio et Oliver, le jeune professeur de Columbia invité par son père pour l'été. Mais lisez-donc le livre si vous ne l'avez pas encore fait et ^patientes encore, lecteurs d'Europe, le film ne sort de l'autre côté de l'océan qu'en février ou en marc. Il faut le voir sur grand écran comme il faut aussi oublier la densité du livre et la force des mots. Si le scénario du film a été écrit par James Ivory, le film ne peut traduire toutes les finesses, les coins et les recoins du livre. Mais ce film qui a déjà remporté un franc succès partout sur le continent américain, va faire des ravages en Europe. Les acteurs sont parfaits, splendides, vrais, plausibles. Un très bon film.


Il y a dans le livre une scène torride, d'un érotisme gentil cependant et décrite avec beaucoup de délicatesse par l'auteur. Une scène ou Elio, sexuellement repu après sa nuit d'amour avec Oliver, puis avec la jeune Marzia, seul dans sa chambre à l'heure la plus chaude d'un mois d'août de la campagne italienne, joue - sexuellement - avec une des pêches du verger. Nu sur son lit, il bande en pensant à ce qu'il vient de vivre, en pensant à celui qu'il aime et il presse la pêche à moitié ouverte sur son sexe, il se prend au jeu et finit par jouir sur le fruit puis, le fruit reposé sur la table de chevet, il s'endort jusqu'au retour d'Oliver plein de désir... Lisez le livre ou allez voir le film, je ne vais pas spoiler la scène.

10 octobre 2015

Parler du film "Les Amis", quelle bonne idée !

Un blog ami, celui du brillant Silvano, a eu l'idée de parler d'un merveilleux film, injustement oublié que réalisa Gérard Blain en 1971 et qui valut à son auteur de nombreux éloges, dont de très belles phrases de Truffaut, mais aussi des critiques déplacées, certainement liées à la gêne que le sujet du film pouvait produire. Sélectionné Hors Compétition au Festival de Cannes de 1971, il a remporté le Léopard d'Or du Festival de Locarno la même année où il fut très applaudi.

Je rends hommage à ce cousin blogueur qui rend un aussi bel hommage au réalisateur et à son film. Je ne connais pas (pas encore) Silvano, mais j'admire son engagement, ses choix éditoriaux et la qualité de son blog. Quasiment aussi ancien que le mien, Gay Cultes est un monument où rien jamais ne déçoit.

Le meilleur moyen, lecteurs, de vérifier ce que j'avance depuis ma table de travail de l'Upper West Side ensoleillé en ce samedi matin, c'est de lire le billet sur le site de silvano : ICI, mais aussi de visionner le film qui est présent dans son intégralité sur YouTube : 

10 mai 2015

Joe Dalessandro, beau et philosophe


Lu dans Gay Cultes, un blog ami où je  me reconnais souvent dans les idées, l'esthétique et le mode de penser (non il n'y a pas de faute, c'est bien de la manière de penser de l'auteur de ce blog dont je veux parler et non de ses pensées que je ne connais pas et qui ne regarde que lui), un billet sur l'icône de la Factory, premier homme objet, muse de Warhol et de Morrissey, celui dont l'entrejambe moulé fit en 1975 la couverture de la pochette d'un disque des Rolling Stones, pochette devenue aujourd'hui une pièce de musée, beau garçon libre et parfaitement à l'aise avec son corps dans un univers qui restait prude et hypocrite avec les questions sexuelles. 


A l'aise avec les jeunes comme avec les vieux, avec les hommes et avec les femmes, il a survécu à une époque démente, à des kilos de cocaïne et d'héroïne, passé à travers les années Sida, jamais oublié, toujours acteur, père et grand-père. celui pour qui Lou Reed composa la fameuse "Let's walk on the wild side". 


Celui qu'on a parfois pris pour une cruche juste bon à montrer son imposante musculature et à coucher dans un lit, est aujourd'hui un sage qui a toujours su garder la tête froide et a traversé toutes ces années (il a commencé alors qu'il n'avait pas vingt ans). 



Dans Little Joe, l'excellent film-documentaire produit par sa fille adoptive Vedra Mehagian Dallesandro et réalisé par Nicole Haeusser, qui a reçu un accueil enthousiaste au Festival de Berlin, Joe dalessandro exprime en quelques mots ce qu'il est vraiment et qui ne peut que rendre admiratif :
“I think it was because I didn’t have major hang-ups about my body when I was young, and I was so casual about nudity onscreen, that people got caught up looking at the surface. I know what it means to be judged on appearances. I’m a lot smarter than I appear to be. People would tell me I was beautiful, but I never knew what to do with that information. It didn’t register. I never really thought of myself as a good-looking man. I’m short, I’m stocky—I don’t know where good looks come in. I know beauty when I see it. All I can say is that I had a few good photographs taken where I look better than I do in real life. Beauty is fun. It has a place. But don’t mistake it for self-worth. If you have to be beautiful, do beautiful things for someone other than yourself.” 

On y apprend, outre cette attitude très intelligente face à la beauté et aux apparences, combien son cheminement a été riche, depuis ses années de délinquance juvénile jusqu'à sa découverte par Andy Warhol qui en fit une superstar mondiale, de super baiseur junky à grand-père gâteau vivant avec sa troisième épouse à Hollywood mais facilement accessible et toujours en activité à 65 ans. Un grand qui montre aux esprits rances que l'intelligence dépasse tous les préjugés.


A défaut de pouvoir diffuser Flesh qui marqua mon adolescence dans une mauvaise copie VHS, ci-dessous, le trailer du documentaire :






02 septembre 2013

Une belle et sirupeuse histoire d'amour

Connaissez-vous Will & Sonny ?  Will Horton, interprété par le charmant Chandler Massey et Sonny Kiriakis joué par Freddie Smith. Appelés Wilson par les fans de la série, ils sont les héros de "Days of our lives". C'est plus que full of kisses et débordant de guimauve, mais ils sont si beaux, longues séances de culturisme et prise de toutes ces substances que les gens d'ici appellent "gainers" et qui avec des heures quotidiennes de souffrance étirent et gonflent les muscles, élargissent la cage thoracique et les épaules. Leurs dents sont toutes droites et étincelantes, leur chevelure parfaite et en dépit des accidents de la vie, leurs sentiments restent purs et leur amour récompensé. Cela pourrait être ennuyeux, fade et cloche. c'est drôle mais c'est aussi émouvant parfois, et on se laisse aller aux larmes comme une femmelette. Donc, c'est bien fait, efficace comme tous les soaps...

15 février 2013

Far West. Film court.

On découvre parfois des pépites dans la masse des films courts qui affluent sur le net. Voilà un court-métrage assez ancien qui se déroule dans une campagne perdue, du côté de Chartres. Il est question d'homophobie, de folles et de coming out, de centrale nucléaire aussi et de petitesse d'esprit, mais surtout, il est question d'amour et de tendresse. le tout décliné avec beaucoup d'humour.

14 février 2013

Hors les murs, film de David Lambert


« Ces deux-là s'oublieront, ils s'en doutent, ils le savent et c'est peut-être cette indifférence à venir qui les attriste le plus... inventif et rigolo. » (Pierre Murat, Télérama)

Hors les murs est aussi fascinant qu'irritant et dérangeant : la brutalité de certains effets dramatiques sur lesquels le cinéaste a choisi de s’appesantir comme un voyeur, la maladresse avec laquelle le personnage de la petite amie de Paulo est dessiné, l'absence des autres dans la vie de ces deux paumés. On peut s'interroger aussi sur ce qu'ils sont vraiment. Est-ce l'amour fou, le coup de foudre qui les a réuni et rend le reste de l'univers transparent parce que ces deux s'aiment tellement fort ? leur relation se fait tellement exclusive que plus rien d'autre n'existe et ne peut exister, vouant les deux garçons au drame inexorablement. Une vision romantique d'un amour voué à la mort ? Le monde ne pardonne pas à ceux qui l'ignorent et s'en passent parce qu'ils vivent leur propre univers... Mais cela importe peu au final, tant l'expression des sentiments et des pulsions est violente au point de nous saisir comme si nous les vivions personnellement. 
 

Deux autres acteurs n’auraient sûrement pas apporté la même force à ce film dérangeant et attachant. Les deux protagonistes ont un jeu intense. Matila Malliarakis (Paulo) qui parvient à être à la fois énervant et touchant, jeune animal efféminé blessé par on ne sait quoi, cherchant un nid, et Guillaume Gouix (Ilir), très beau en protecteur fort et fébrile, qui commence le film en joyeux compagnon hédoniste et dévoile peu à peu des abîmes de peur et de violence. Jamais rien d'univoque dans leurs personnages, et leur attitude, leur comportement - leur apparence physique aussi - fluctuent tout au long du de l’histoire. Ils s'engagent, sans pudeur ni crainte, dans les contradictions insupportables de leurs personnages. Au fil des séquences, on s'aperçoit que les deux amants partagent un certain attrait pour la souffrance, l'un en fait un jeu, l'autre sa vie. C'est dérangeant parfois, mais on est captivé, ému et attentif à tous leurs mouvements, même dans ces moments-là.





L'émotion n'est jamais tronquée, édulcorée et cela fait du bien face à beaucoup de films qui étouffent à force d'être trop en retenue, les corps qu’il filme sont vivants, leur amour est bruyant, bancal, mouvant et lorsque, à la fin, après le départ de Paulo transformé par ses choix de vie, Ilir pleure sur le balcon de l'hôtel de luxe où ils se sont aimés une dernière fois, on ressent tout ce qu'il ressent. Il sait que leur amour est mort et qu'il est de nouveau seul... et on a envie de pleurer avec lui. Mais les meilleures scènes de Hors les murs sont sans conteste les visites de Paulo à Ilir en prison. L'oiseau blessé entre de plain-pied dans la réalité et celle-ci n'est déjà plus celle de son ami, ni celle de leur couple. Dans un face-à-face à haute tension, qui hésite entre plan cul empêché, fragments de discours amoureux cabossé et petits trafics pour faire passer un peu de shit à la barbe des gardiens, le film prend une incroyable densité.

« David Lambert n'a pas pour autant voulu provoquer, transgresser. . Hors les murs est l'autopsie d'une liaison vouée à la dissolution, si elle se distingue des autres c'est par l'honnêteté de la mise en scène, par la sympathie que suscitent finalement ces deux gamins qui apprennent ensemble à vivre, même si la première des leçons que la vie leur administre est qu'ils ne peuvent pas vivre ensemble. » (Le Monde)