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26 avril 2015

Revenir, encore et toujours


Comme Ulysse,  après un long voyage... Le retour. Grisaille dans mon cœur mais jolie lumière sur la ville. Le chien qui aboie de joie. Et lui, le prince de ma vie, le frère, l'ami, l'amant, le compagnon de mes rêves, l'enchanteur de mes nuits qui m'attendait à l'aéroport. Le retour. la pluie sur la route. Le pont, les avenues, les taxis, le bruit, la foule. La maison. faut-il décrire tout cela ? Quel intérêt pour le lecteur au fait ?


Renouer après l'absence. Remettre mes pas dans les siens. Reconstruire seconde après seconde notre itinéraire intime. Le rituel du thé, le ronronnement du chat, la voix de Charlie Parker, puis celle de Billie Holiday. Le petit frère, son sourire, ses beaux yeux doux sous les longs cils. Le même charme en plus retenu que son aîné, l'ami de cœur, l'homme sans qui l'homme que je suis ne serait pas tout à fait vivant. Bonheur d'être de nouveau à la maison.


Trop de voyages, trop de gens croisés, mon indifférence, des lits froids dans des chambres impersonnelles, des heures à parler de sujets sans intérêt, à écouter des propos mornes et se forcer à sourire. faire semblant. La rançon des affaires. Mais tout cela est fini. Je suis de retour et je reste. je me pose. Dormir. Sortir le chien. Aller faire les courses chez Zabar's. Aller dîner à Brooklyn. Courir à Central Park. Revivre : être en vacances. Hadrien a retrouvé Antinoüs !

16 février 2015

Endymion endormi

Invitation à une (douce) sieste crapuleuse comme on dit chez moi...  

15 février 2015

Boys reading... Garçons à la lecture (1)

















Aux âmes bien nées...

j'aime les mots. J'aime les aligner et tenter ainsi de transcrire/transmettre tout ce que j'ai envie de partager. a ceux que j'aime. Aux étrangers aussi que me lie bientôt cette complicité de celui qui écrit à celui qui le lit. Même s'ils ne se rencontrent jamais. peu à peu se construit une familiarité. On se reconnait dans celui dont les écrits semblent faites pour nous et celui qui en est l'auteur s'imagine parfois dans la peau de celui qui découvre ce qu'il a écrit. Bienheureux l'auteur dont un seul mot, une simple phrase aura retenti dans le cœur d'un lecteur. Même juste un seul, unique découvreur que la providence a mis en présence d'une page où s'inscrit clairement ce dont nous avions l'intuition. Le besoin aussi. Impérieux. Et ces mots soudain nous sauvent. Une réponse à nos questionnements. Évidence que nous ne savions pas entendre et qui s'impose soudain par la magie d'un livre tombé entre nos mains... Des signes assemblés qui ont peut-être laissés indifférents des centaines de lecteurs avant nous et qui soudain nous explosent à la figure. Pour signifier au moment où on les déchiffre exactement ce que nous attendions. Mystères de l'écriture et de la lecture. ces hasards qui ne peuvent pas en être... 

Se savoir, malgré soi toujours - car on ne peut en faire l'objectif du travail d'écriture - un aiguilleur de pensée. Bien prétentieuses pensées quand on vit chaque jour dans le monde impitoyable des finances en plein Manhattan, avec des gens de tous âges et de toutes origines qui semblent n'avoir de coït qu'à l'annonce de résultats boursiers toujours plus aléatoires mais qui dégagent toujours plus de pognon. Ils carburent à la coke, aux alcools forts et au sexe. Je traverse cet univers et je ne passe jamais devant une glace (notamment celle de l'ascenseur qui me porte jusqu'à mon bureau de Madison Avenue) sans me demander comment je parviens depuis tant d'années à résister à leurs sirènes (leurs démons ?)... 

Est-ce à cause de mon enfance de l'autre côté de l'Atlantique, passée à courir dans les vignes ou sur les plages du médoc ? est-ce l'amour que j'ai toujours reçu et toujours recherché. Celui des miens, de mes parents et grands-parents, celui de mes amis dont les liens comptent tellement pour moi. Sans ambiguïté, mais toujours avec désir et ardeur. ce qu'ici on nomme bromance, je l'ai tellement pratiqué dans mes années d'adolescence... Je crois que tout cela m'a préservé de tomber dans cette façon de vivre (non-vivre ?) qui fait d'un homme de 35 ans un vieillard cynique et revenu de tout à la santé précaire et qui dépend davantage de l'importance du compte en banque que du nombre d'amis sincères.


Il y a aussi celui avec qui je partage mes jours. Discrètement - je crois qu'aucun de mes collègues de travail ne sait la nature de nos relations et c'est bien ainsi -  jour après jour, nous grandissons ensemble. Car c'est de cela dont il s'agit et qui nous préserve des écueils communs aux couples, all genders confondus. Pas de vieillir ensemble, bien que ce fait soit évident et obligé - et tant mieux non ? Grandir ensemble. apprendre la vie ensemble, affronter le quotidien avec l'appui et le soutien, le regard de l'autre. Cela nous préserve aussi des mauvaises habitudes du milieu : les plans, le sexe absolu, le désir permanent vécu comme un instinct de prédateur, l'insatisfaction annoncée après la prise dans nos rets de la proie (quand ce n'est pas le chasseur la proie...) et désirée aussi comme une dose supplémentaire d'adrénaline...


Cela n'empêche pas d'aimer la beauté comme je l'ai toujours aimée depuis que j'ai des yeux pour voir. Cette fraîcheur qui fut la mienne et que je ne voyais que chez les autres. Cette beauté à laquelle je me mesurais et que je désirais ardemment. Tous les autres moi-même que je croisais sur mon chemin, je les retrouve dans ces garçons ardents et rayonnants qu'on croise à chaque instant. certains, déjà roués, sont conscients de leur aura et pavanent comme des paons. D'autres, enfoncés dans leurs doutes et la peur aussi de se jeter à leur tour dans la mêlée, qui rayonnent encore davantage tant rien dans leur attitude n'est artificiel. Ils ne cherchent pas à plaire et croient ne pouvoir jamais y parvenir. Ceux-là sont les plus beaux, les plus attirants. Je les vois, je les repère vite mais je ne les désire pas. 

On ne peut consommer la beauté. Elle est avant tout un passage, un moyen. Jamais une fin. Quand par un heureux hasard on se retrouve entre deux draps avec un corps somptueux, une âme ardente et une intelligence acérée, un garçon qui vit autrement qu'avec sa queue, on a un instant l'illusion que baiser avec lui sera le must. Il n'en est rien. Jamais. Lumière éteinte, le visage le plus ingrat surpasse en ardeur l'éphèbe le plus magnifique de la planète. mais quand l'amour surgit, l'autre devient le plus beau, le plus intelligent, le plus ardent de tous les êtres que dieu a fait naître sur cette terre... Aimer une apparence ne porte en soi que des désillusions. Du vent. mais regarder le vent souffler dans les dunes et faire pencher en tous sens les herbes et voler les algues séchées et le sable est chose belle et nécessaire aussi. Cela nous lave les yeux. Ce blog est avant tout un moyen de se laver les yeux. La beauté y est omniprésente, selon mes critères. Je ne ceux y montrer que la vénusté des jeunes gens, ces traces bientôt disparues sur leur visage, de l'angélique pureté qu'une virilité toute neuve embellit. Cette extrême beauté ne dure que quelques mois, voire quelques semaines. Chez certains garçons aux âmes bien nées, elle laisse de jolies reliques qui les accompagneront toute leur vie durant...


Mais revenons aux mots. Un lecteur m'écrivait récemment que mon écriture, dans sa lenteur et sa périodicité, rythmée, sans heurt, pourrait évoquer l'ennui. Il pensait davantage à un froissement d'étoffe. Un tissu épais, riche mais sans ostentation... Compliment qui tranche sur les messages reçus pour me féliciter du choix des beaux corps tout remplis d'une virilité toute jeune que beaucoup aimeraient posséder, dans tous les sens possibles du terme... Si c'est de tweed dont il s'agit, alors je revendique. la soie m'aurait embarrassé, tout autant que le cachemire. Le lycra m'aurait épouvanté. Je vis dans le pays de tous les mauvais goûts, mais j'aime qu'on imagine mes mots et donc ma vie comme un tissu agréable à porter. Élégant à regarder... Ma prose assimilée au confort britannique ! Merci.

08 décembre 2014

Le sommeil des justes

Quoi de plus beau à regarder qu'un garçon endormi ? Dans les bras de Morphée, il est sans prévention ni défense, se livrant sans plus de pudeur, détendu, innocent, un demi-dieu qui s'abandonne. Combien il est difficile alors de contenir le désir. Ce serait si facile, un geste, une caresse et le plaisir de prendre sans lutter ce qui parfois nous est refusé...










Ne dis rien, par Sofiane Bldi

Le dernier clip d'un jeune chanteur gay engagé, lecteur d'AnimulaVagulaBlandula :

01 décembre 2014

American Guys on Polaroïd By Jeremy Kost

Flowering confidence
Jeremy Kost est un talentueux photographe plasticien. Il vient de sortir (octobre 214) un superbe ouvrage d'art intitulé Fractured dont les illustrations ornaient les murs du somptueux magasin Calvin Klein Collection de Madison Avenue. 


L'artiste a travaillé avec Clavin Klein pour l'évènement en réalisant 12 tirages papier en grand format de ses œuvres installées sur les murs du magasin. J'ai assisté aux essais de tirage il y a quelques semaines par hasard. 
 
A man's work
Just enough Evan
J'étais sur place quand le photographe travaillait avec les gens de la Lower East Side Print Shop, une imprimerie à but non lucratif qui collabore avec beaucoup d'artistes new yorkais et fait un travail formidable, au sixième étage d'un immeuble de la W.37th Street. Les tirages se sont vendus aux enchères, au Paddle 8 au bénéfice de l'association AIDS Community Research Initiative of America (ACRIA). 

 
 


Au matin d'un jour comme les autres


Quand il faut reprendre le chemin de la vie quotidienne, celui qui nous conduit vers le monde extérieur, les autres ; celui où nous perdons notre vie pour la gagner, où nous dépensons notre énergie à plaire, à convaincre, à réfléchir aux moyens qui vont nous permettre de faire toujours plus et le plus souvent au détriment d'autres qui font la même chose et ressentent - plus ou moins - les mêmes choses, il est bon de se souvenir des gestes de la personne aimée. Les sons que tu émets quand, à peine revenu de tes rêves, tu bouges un peu, étirant ton corps nu lové il y a encore un instant contre le mien, ton beau visage et tes mèches bouclées sur ton front, tes longs cils et tes paupières pâles que j'ai toujours envie d'embrasser... Ton odeur aussi, un peu sucrée, un peu acidulée. Tu n'as pas cours ce matin. Tu sortiras le chien, passera chez zabar's pour racheter du parmesan. prends-donc du Shropshire Blue et de ce fantastique Pecorino. On se verra ce soir. Hadrien laisse Antinoüs sous la garde de Morphée, et plus prosaïquement, du chien Brinkley qui n'a rien d'un cerbère et préfère dormir sur le tapis, au pied du lit...

Dans la bibliothèque Tommy dort aussi. Il est de passage et repart Mardi pour Philadelphie. Il a grandi. C'est un beau jeune homme. Un futur ingénieur. encore deux ans et il sera diplômé. Il rêve de partir en Asie pour travailler. Son ami est de Hong-Kong. Beau métis au sourire ravageur (vu sur la photo que Tommy a mis en fond d'écran sur son smartphone). Il est vraiment charmant, couché ainsi sur le sofa. Il ronfle un peu, comme ce doux gémissement qu'ont les chiots ou les chatons quand ils rêvent en dormant. Quand j'ai fait la connaissance de Tommy, il revenait d'un stage en France. il avait visité Bordeaux et le Médoc. c'est là qu'il avait rencontré mon frère, je ne sais plus trop chez qui. De fil en aiguille, nous avons sympathisé à son retour ici. Lorsqu'il revient à New-York, c'est chez nous qu'il vient dormir. Brinkley l'aime beaucoup car le bougre lui donne toujours quelque chose à grignoter. Encore une pensée toute simple qui me donne du courage pour repartir vers Manhattan... Drôle comme chacun des détails de ma petite vie tranquille prend un nouveau sens. est-ce que je suis en train de devenir sage ? De vieillir ? Chaque moment passé avec ceux que j'aime prend une signification plus intense, plus forte et plus belle aussi. C'est peut-être cela le bonheur ou du moins ai-je conscience d'une manière plus acérée de la chance qui m'a été donnée. Allez, il faut que j'y aille.


Seule joie en perspective dans ma journée de labeur : le déjeuner avec mes amis Andrew et Lena qui me rejoindront avec une amie à eux, au Viand, un coffee-shop sur Madison Avenue. Un  petit endroit où on mange vraiment bien dans une ambiance très cool. Lena travaille sur Lexington Avenue. C'est elle qui nous a déniché ce petit coin très cosy. Après, des rendez-vous, une réunion. Puis enfin, le retour at home.
Un petit mot au concierge. Je rajuste mon manteau. le temps est mitigé. 55° F au baromètre. Il va certainement pleuvoir. Ne pas oublier de ramener les vêtements laissés au pressing samedi. Encore une semaine ordinaire...




30 novembre 2014

Ain't Nothing Like the Real Thing

Redécouvert ce soir un film de Bruce Weber réalisé en 2010. Une petite merveille esthétique comme sait si bien en produire le grand photographe de la côte ouest. Lorsque j'étais étudiant, ses portfolios toujours en noir et blanc et à chaque fois toujours suggestifs étaient très à la mode. Calvin Klein, puis Abercrombie & Fitch lui doivent leur image. Un peu trop WASP (White Anglo Saxon Protestant) mais la beauté ne fait de politique.