Lorsque je suis arrivé aux États-Unis pour terminer mes études, il était normal, courant, banal même de se balader nu dans les vestiaires de la piscine ou du gymnase du collège. On se déshabillait sans complexe sur la plage avant d'enfiler nos maillots ou nos combinaisons de surf. L'été on roulait vers la plage, toutes fenêtres ouvertes simplement vêtu d'un short ou d'un caleçon, le torse nu et personne ne trouvait rien à redire. On se douchait à poils et pas comme aujourd'hui en slip. On n'avait pas peur de montrer notre anatomie et si les plaisanteries étaient souvent de mises, elles aussi étaient naturelles et jamais agressives ou méchantes.
Aujourd'hui une pudibonderie ridicule sévit parmi les garçons à l'école, au gymnase, à la piscine et dans les camps d'été. Pourtant ils sont bien plus beaux, musclés et dotés que nous l'étions. Mais ils se cachent comme honteux de leur nature. Les Instagram, Twitter, Tumblr censurent à tour de bras, une ligne de poils pubiens, l'ombre d'un sexe, des fesses nues et le couperet tombe. Surtout ne pas choquer, ne pas blesser les sensibilités religieuses. Belle hypocrisie, vous ne trouvez-pas ? Les jeunes découvrent le sexe sur leurs écrans alors qu'ils sont juste pubères, ils s'en nourrissent et comme chacun de nous au même âge, ils ne pensent qu'à ça. Alors pourquoi cacher ce qu'il y a de plus naturel ?
Pourquoi entretenir
ce tabou ridicule sinon pour former des petits soldats du rigorisme ?
Pour engendrer un jour proche des fanatiques d'une pureté forcée ? Tout
cela proclamé au nom d'un dieu vengeur, inventé par ces esprits rances
et frustrés, qui ne serait qu' un dieu moralisateur, juge et haineux,
rejetant tout ce que ce dieu a pourtant créé, en faisant de la nature et
du plaisir des états à proscrire.. .
Bien sûr, il y a des esprits pervers, des âmes sales qui ne voient dans les attributs virils que leur désir jamais assouvi, pulsions animales et pensées salaces, rabougris du coeur, frustrés de la vie qui se repaissent de la douleur, de la violence et de la fange, incapables de s'arrêter à la beauté d'un corps, représentation de l'absolue grandeur du créateur et qui salissent par leur regard toute cette beauté d'autant plus flamboyante qu'elle est éphémère, ennemis de la pureté car ils en ont dénués. Mais qu'importe, ils sont déjà damnés et voués à la solitude et au mépris des anges et des dieux.
Qu'importe, qu'importe dit l'empereur en caressant le flanc bronzé par le soleil, les muscles tendus par l'exercice d'Antinoüs, et admirons la beauté, cadeau des dieux. En offrande, leur plastique unique et naturelle, ce florilège de photos anciennes ou inédites, toutes en noir et blanc pour mieux rendre les volumes et la perfection des corps.
Que ceux qui sont
dans l'inquiétude et la peur, ceux qui refoulent leurs désirs et
craignent pour la santé de leur âme et de leur esprit, qu'ils sachent
que l'attirance et le désir qu'ils ressentent pour leurs pairs, au
gymnase, à l'école, dans la rue, au détour d'une rue, n'est pas une
tare, ni une maladie, ni une perversion.
L'amour est
polymorphe, comme nos goûts et nos désirs. nul besoin de changer le sexe
que la nature nous a donné, ce n'est pas ne pas être, ou plus être
garçon qu'aimer au garçon. Sachez, adolescents flamboyants que
l'homosexualité n'est qu'une invention d'un siècle hypocrite et de faux
prophètes érigés en moralistes détenteurs de la Vérité.
Dieu est amour, il aime l'amour et sourit à ceux qui s'aiment. Et cessez de vous morfondre s'il vous faut vivre votre passion partagée dans l'ombre et le secret. Ce qui compte c'est l'autre, celui qui partage avec vous les mêmes désirs, les mêmes attentes et tremble comme vous quand l'amant qu'on attend n'arrive pas, quand on a peur de le perdre et que chaque retrouvaille est un feu d'artifice, un bonheur incommensurable.
Et pour finir avec le sujet, jeunes gens, ce n'est pas la taille de votre queue, la grosseur de vos couilles ou l'épaisseur de vos muscles qui comptent pour être aimé, mais la douceur de vos sentiments, la pureté de votre coeur, la chaleur de votre affection. Un jour viendra, où vous vivrez vous aussi cette alchimie qui ne s'explique pas, ce moment unique quand deux garçons soudain sont attirés l'un par l'autre, se cherchent, se veulent et se trouvent. Tout dans votre corps, dans votre tête saura que c'est celui que vous attendiez.
En découvrant l'autre, son corps, son rire, sa voix, vous vous découvrirez vous-mêmes... Le reste n'est que fadaises et le sexe pour le sexe, la jouissance à la va-vite, une simple faiblesse des sens. Le vrai plaisir monte lentement, il dure et se reproduit à chaque fois comme à la première fois...
Propos écrits au son du Cantique de Jean Racine de Fauré, de l'aria "Venez troupe guerrière" dans Les amazones de Philidor, Albatross de Bert Dockx et More de Fedrika Stahl, sous un ciel gris et pluvieux qui ne va pas durer. Douceur de cette fin d'été.