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09 novembre 2022

Je ne connaissais rien de l'amour mais soudain devant lui j'ai su...

"Et, ce faisant que je ne connaissais rien de l’amour, je ne connaissais pas le moins du monde à ce qui s’était bâti entre lui et moi. Je ne sais pas si c’était une forme d’amour. Un lien de dépendance très certainement. Et, au final, une forme d’amour que je cherche aujourd’hui encore sur le visage de mes amis, en dépit de tout ce qui est advenu par la suite. Je le vois apparaître parfois en filigrane. Je ne m’en suis aperçu que récemment." (Arnaud Cathrine)

 
C’est un fait reconnu sur lequel on a souvent écrit :  l’amitié entre hommes est un sujet difficile, vite tabou, trop peu abordé en littérature comme si chaque épisode écrit cela nous renvoyait à la mythologie et ses guerres fratricides. Il y eut bien Montaigne et La Boétie, le fameux "parce que c'était lui, parce que c'était moi", mais bon ce n'est pas très rock-and-roll pour les gens. Quand il s'agit d'une amitié entre garçons, entre adolescents, c'est pire. Montaigne et La Boétie étaient assez jeunes quand leur affection se déployait, mais c'était une autre époque. 

Bref, parler de l'affection qu'un garçon peut ressentir soudain ou qui s'insinue peu à peu et se fait réciproque, c'est un interdit. Cela gêne. Comme si aborder cette relation devait automatiquement insinuer une virilité, un combat, une forme de violence entre deux frères-de-sang adulte ; comme si l’amitié était un truc fade, puéril, relégué aux souvenirs de la cour de récréation et liés à nos jeux d’enfant, aux guerres et autres échanges de gouttes de sang. Comme si l’amitié entre deux garçons insinuait une perdition, un amour impossible, une image dégradante et fortement homo-sexuée. Et puis quand bien même...

Ces premiers frissons, ce désir que nous ne savons pas nommer, ce trouble nouveau qui s'immisce, nous avons tous ressenti cela à un moment ou un autre. La passion absolue, cette amitié virile entre deux adolescents qui entrent de plein fouet dans le monde adulte, celui des déconvenues et de l'impureté. Ils apprendront un jour le mot qui caractérise tout cela, l'incomplétude. Ils réaliseront qu'ils ne son,t pas des dieux quand l'image d'eux que le monde leur renvoyait trop longtemps les fit se prendre pour des demi-dieux... 

 

Repris l'autre soir "Les Garçons perdus", ce livre de Arnaud Cathrine et Eric Cavacaca qui m'avait beaucoup marqué à sa parution. Une fiction ? Un reportage ? On hésite tant tout semble vrai, fort, réellement vécu et au fil des pages, mille souvenirs qu'on croyait oubliés refont surface. Joyeux et douloureux à la fois...

Deux jeunes garçons, presqu'encore des enfants, deux jeunes mâles que tout oppose : l’un est soucieux de sa virilité, un peu teigneux,bien  charpenté, à l’humour offensif, brillant en tout. Il impressionne quiconque s’adresse à lui. est le fer de lance, l’ami à avoir, le compagnon à côtoyer, le pote à inviter, l’idole. L’autre est tout le contraire, transparent, invisible,  beau mais chétif, mal à l'aise dans un corps trop frêle pour être respecté,  impopulaire à souhait. Autour de lui sifflent le jugement impitoyable des autres garçons qui le traitent de "Tarlouze" ou de "fiotte... Il n'a qu'une hâte : quitter l'enfer du lycée pour échapper à ces tensions perpétuelles.

 

Ce qui les rapproche l’un de l’autre : une histoire d’alter ego, l’un sublimant l’autre, l’autre donnant le change à l’un. La nuit et le jour, l’ombre et la lumière.  

On pourrait croire à une histoire sans idéaux, dans l’ennui de l’adolescence et de ces rencontres qui construisent et se perdent dans les dédales de la vie adulte. C’est bien autre chose que nous raconte cette histoire de garçons perdus. C’est la force et l’émotion, la suprématie de celui qui s’égare et l’éclosion de celui qui devient, la vie et la mort, les pertes de repères et les désillusions, les trajectoires qui ne tiennent qu’à un fil, un mot, les fils qui se construisent, deviennent romans, quand d’autres s’isolent et se cassent.








 

12 octobre 2022

Quand le temps se fait gris, retour du Noir & Blanc















 

Retrouvailles avec l'art antique et la représentation du Beau : le travail de Troy Schooneman

 

Dans la statuaire hellénique puis romaine, la jeunesse est toujours habilement représentée. Les bustes que j'ai connu empereur, et dont j'ai orné Rome et mes autres capitales, mes palais et les jardins de mes villas comme le firent tous ceux qui m'ont précédé et ceux qui me suivirent au cours des siècles et des civilisations qui ont succédé à la nôtre, ces portraits de jeunes athlètes, de princes et de patriciens, les représentations des dieux de l'Olympe sont bien souvent mutilées aujourd'hui. Quelle ne fut pas ma surprise quand je découvris l’œuvre d'un jeune artiste qui sculpte les corps des demi-dieux avec un appareil photo.

 

  

 

Quelque chose aussi du Caravage ou de Rubens voire de David ou de Ingres, se retrouve dans ces portraits de héros qu'il offre à nos regards et à nos désirs...
 
 
  
 
Quant aux garçons d'aujourd'hui, il sait aussi les représenter d'une manière classico-maniériste bien agréable. Avoir celui qu'on aime ou que l'on désire ardemment ainsi portraituré, figé pour l'éternité dans la beauté et la pureté de sa jeunesses est un cadeau des dieux. 
 
L'art digital fera grincer les dents à quelques puristes qui ne considèrent pas la photographie comme vraiment un art et ne jurent que par la peinture et le dessin manuel. Troy Shooneman crée de l'art digital et cela se vend fort cher. Je viens d'acquérir pour Mark une très belle pièce en série limitée pour plus de 1500 dollars. De l'art vraiment (comme l'indique son prix)
 

L'artiste qui est australien, se nomme Troy Shooneman. Son site : https://www.troyschooneman.com/

Tous les clichés © Troy Schooneman

Ode to Nietzsche

10 octobre 2022

Tremulo, les frissons du premier amour...

Le cinéma mexicain est peu connu Californie, davantage qu'ici certainement. Il y a parmi de nombreux courts et longs-métrages, ce petit bijou qui dès la première image du générique jusqu'à l'ultime note de musique est un délice, plein de délicatesse et d'émotion. Nous l'avons découvert à sa sortie en 2015 et je le revois parfois, toujours avec beaucoup de plaisir.

 

A une époque où dès sept ou huit ans hélas, les enfants ont déjà l'habitude de la pornographie et savent tout du plaisir et du sexe, ce petit film sur la découverte de l'amour, du désir et des déconvenues de la séparation devrait être montré aux adolescents. Le jeu des acteurs est tellement naturel, le décor tellement ordinaire, que ces sentiments pourtant familiers que nous avons tous éprouvés, nous touchent en profondeur. 

Les corps dénudés sont là, la lutte et le jeu enfantin sous le jet d'arrosage, puis la danse sont autant d'allégories du désir et de l'acte sexuel, les corps dénudés sont soudain très érotiques sans que rien ne vienne effacer la chasteté des gestes, la pudeur des deux protagonistes. 

Le premier baiser, intense, qui laisse pantois, surpris mais heureux le jeune coiffeur et fait partir le soldat qui, plus âgé, plus au fait de l'alchimie du désir, que seule la fuite peut calmer... Chaud, intense, émouvant et joyeux en même temps ! 

 

La dernière scène est elle aussi très symbolique, le jeune apprenti coiffeur est désormais un homme, avec sa souffrance d'homme qui succède à sa candeur d'enfant, et l'attente amoureuse qui rassure le spectateur : le jeune soldat reviendra vers son ami et ils vivront leur amour et deviendront amants... 

Très beau vraiment ! J'attends votre avis et vos commentaires ! :

05 octobre 2022

L'été reviendra

Cette photo empruntée à un site ami pour dire combien, même en écoutant John Coltrane dans un bar cosy de Manhattan, rien ne peut faire oublier la chaleur de l'été, le farniente sous un ciel pur, la compagnie des amis, de la famille et la beauté épanouie des garçons presque nus sur les plages et au bord des piscines ! Comment se faire aux couches de vêtements sur notre peau encore bronzée, aux chaussettes dans des chaussures serrées, à la puanteur de la ville, au bruit dans les rues, à la foule pressée quand on a vécu en bermuda et en sandale pendant des mois ?

l'été reviendra bien sûr. Mais en attendant, et d'un commun accord, Mark et moi, c'est décidé, cette année nous passerons les vacances de Noël au Mexique. Il fera chaud et nous oublierons les frimas et l'atmosphère délétère de la ville seulement vêtus de nos maillots de bain.  Cancun vaudra mieux que New York !

02 octobre 2022

Intimité ou L'Homme est le plus beau des dieux

"Je suis tombé amoureux du monde entier le jour où j’ai rencontré ton regard souriant." (Germont)
"Pour vivre harmonieusement, il faut trouver la distance appropriée entre soi-même et ce qu'on vit. C'est même la condition première de toute action réussie. En se détachant légèrement de ce qu'on entreprend, ni trop ni pas assez, on garde constamment la capacité de le corriger, de l'adapter et ainsi de le mener à bien... Cet espace par lequel nous pouvons respirer, laisser passer..." écrivait un écrivain méconnu que j'ai souvent lu.

Dans le blog en langue anglaise que, dans une autre vie, j'ai longtemps tenu, mon double - plus terre à terre qu'Hadrianus - envisageait cette distance dans laquelle s'immiscent sensations et sentiments, comme condition sine qua non à toute réflexion et par là à toute mutation des idées et des actions. Qu'on le nomme souffle, respiration, allitération, liberté, vérité ou changement, voire même retour aux sources, cet espace peut-être aussi de l'amour...

Voyez cette "distance imperceptible et pourtant nécessaire entre la main amoureuse et la peau qu'elle caresse, entre le souffle ardent et les lèvres s'entrouvrant doucement pour le baiser. Quand l'amour passe ainsi entre deux êtres, l'harmonie est indestructible. Entre les deux corps et âmes qui se chérissent, l'espace n'est que la possibilité enivrante de se rapprocher pour s'unir." 
 
Ces notes retrouvées par Mark dans un vieux cahier Clairefontaine acheté en France, j'en vérifie la vérité de plus en plus au fur et à mesure que je vieillis (que nous vieillissons lui et moi et les autres autour de nous)... Largement inspirées par trois ouvrages qui ne quittaient pas mon chevet dans mes premières années américaines : Tonio Kröger de Thomas Mann, La Part de Fragilité de Germont et Le Plaisir Solitaire de Bernard Delvaille, je pourrais les écrire de nouveau en me regardant vivre ma vie d'aujourd'hui. Propos bien sérieux sur un site consacré à la beauté et à l'amour des garçons penseront certains lecteurs peu attentifs. Mais d'autres auront compris ce qu'essaie d'exprimer. Ils me lisent depuis plus de quinze ans et nous avons vieilli ensemble.
 
Comme ces trois auteurs auxquels je m'identifie souvent - humblement et sans forfanterie ni prétention - ne s'agissait-il pas d'oublier mon trouble face à ma propre nature. Que pouvais-je faire d'autre, en effet, contre l'attirance que j'éprouvais en voyant certains garçons dont la beauté me séduisait plus profondément que celle des femmes ? J'avais longtemps refusé de céder à ces attirances. Pas envie en tout cas qu'elles soient au centre de ma vie et la perturbe. Je l'ai écrit à plusieurs reprises, mon éducation assez rigoriste, le monde dans lequel j'avais grandi, la force du regard des autres auquel j'étais soumis tout entier, ne me préparait pas à braver une hostilité encore largement répandue, surtout dans les milieux que je fréquentais alors. 

Et puis il y eut l'université. Paris puis l'Angleterre et enfin l'Amérique. Et les choses changèrent. Les garçons me souriaient. Les premières aventures furent des suites joyeuses, ardentes et simples. Ils étaient sains d'esprit et de corps, leur virilité assumée autant que leurs penchants sexuels. Vivre à la manière de tous les autres sur le campus comme avant au collège en Angleterre, me rassura et me facilita les choses. J'acceptais cette différence que Mark définit avec beaucoup d'à-propos comme un complément, un supplément d'âme. il dit "supplémentation" .


Mais assez philosophé. Ce dimanche tranquille, je préfère le partager avec vous, fidèles lecteurs, avec de la poésie. L'empereur convoquait souvent les poètes qui tous chantaient son amour pour Antinoüs mais aussi la beauté virile et tendre des garçons, qu'ils soient libres ou esclaves, amis ou amants à la cour impériale. 
 
Ah ! ces temps où la bêtise et l'obscurantisme ne réduisaient pas l'existence, les idées et les mœurs à un amas grossier et sans nuance aucune. Cet esprit binaire qu'on essaie ici comme partout ailleurs de nous imposer et que la jeunesse absorbe sans aucun esprit critique, effrayé à l'idée d'être le produit type du capitalisme, terriblement trop blanc, hétéronormé  - un comble pour quelqu'un qui vit fidèlement une union avec un garçon - universaliste et occidental... 
 
Pour me faire pardonner ce qui pourrait paraître comme un hors-sujet aux yeux des lecteurs du blog, ces vers écrits par un jeune poète dans les années 80 : "La Ballade de la Beauté Originelle" :

Dieux mystérieux qui veillâtes sur mon enfance,
Fidèle Isis dont la sagesse sut préserver
Votre frère bien-aimé, et vous, plus ancien et savant,
Ptah, créateur des mots de vie sur les tombes illuminées,
Et vous, maître du Double-Pays, Amon-Rê,
Qui éclairez les villes enfouies et les peintures bienheureuses,
Les premiers vous m’enseignâtes qu’au bref soleil de son éternité
L’homme est le plus beau des dieux.

Premiers symboles de mes jours, dieux de la Grèce souriante,
Vous rêvez à la terre du haut de vos palais éthérés.
C’est pour les mortels que résonnent vos doux chants,
Amoureux Apollon, ce sont des mortels que vous jalousez,
Héra trop pure et trop hautaine, et vous pleurez
Les doux baisers d’un amant périssable, déesse malheureuse,
Invincible Aphrodite, qui savez que dans sa fragilité
L’homme est le plus beau des dieux.
 
Vous-mêmes, divinités de Rome austère et conquérante,
Avez succombé à la nostalgie de l’homme éternisé
Et reproduit le charme de sa trouble apparence.
Mercure, maître de mon signe, vous êtes le messager
De l’effrayante mort que la vie a engendrée.
Mais c’est vous aussi qui ramenez vers le jour bienheureux
Ceux qui ont trop aimé, car dans cet oubli émerveillé
L’homme est le plus beau des dieux.

Destin, que la mort soit la pierre angulaire de notre éternité.
Accorde-nous d’être dignes de l’humain visage du Seigneur
Et d’éprouver enfin que dans son bonheur retrouvé
L’homme est le plus beau des dieux.


01 octobre 2022

Tes baisers sont la seule profondeur de ma vie


Aimables jeunes gens, je vous salue avec amitié.
Ensemble peut-être pourrons-nous entreprendre
Un monde plus ouvert et moins désespéré.
Et toi, idéal merveilleux, ami de ma confiance,
Laisse-moi me perdre sans honte dans ta présence
Et me réjouir à jamais de la réponse de ton sourire.
Car dans l’éternité de la nuit, dans la journée de ma renaissance,
Tes baisers sont la seule profondeur de ma vie.
 

Prince du ciel et de la terre, pardonnez-moi mon imprudence
Si je vis dans une amoureuse impatience, et si
Dans l’espace étroit de ma pauvre existence
Ses baisers sont la seule profondeur de ma vie.

October is here. I Love the Fall in NY !

Ce sera un jour de pluie apparemment sur la ville aujourd'hui et pour les jours suivants. Loin de cet été indien qu'on attend avec impatience. Il faut accepter que les saisons changent mais l'été fut tellement agréable, doux, paisible. pour moi qui l'ai vécu loin des villes, de la foule et du bruit, loin de la pollution de l'air et des esprits, avec les gens que j'aime, faisant rien que des choses que j'aime dans des lieux que j'aime, que voir revenir le vent frais, la pluie et le ciel bas m'est difficile. Je vais m'y faire.

La perspective d'une semaine à Lindos, dans l'île de Rhodes, dans une vieille maison blanche typique du village, avec vue à la fois sur la mer et sur l'acropole suivie d'un  périple en bateau avec un groupe d'amis dans les Cyclades, me fait supporter le retour des pulls et des manteaux, des gens qui toussent et éternuent et du métro bondé. En attendant, quelques images trouvées au fil de mes lectures sur internet...


05 septembre 2022

"Amnesia, l'énigme james Brighton", film de Denis Langlois

Trouvé il y a quelques jours, l'affiche d'un film que je n'avais jamais visionné au milieu des trésors d'un de mes magasins préférés de NYC, la galerie Chisholm Larsson sur la 8e Avenue à Chelsea. Du coup, nous avons cherché le film dont il s'agit et miracle, Dekkoo le diffuse. 

 

De son titre original, Amnesia: The James Brighton Enigma, ce film du cinéaste canadien Denis Langlois, a visiblement recueilli un assez gros succès d'estime à sa sortie en 2005, récompensé par le prix du Meilleur Long Métrage au Festival Inside Out de Toronto en 2006 puis le Prix du Public du Festival de cinéma de Montevideo en 2008... Et nous ne l'avons pas vu passer ! Pourtant à l'époque, je débutais ce blog et j'étais à l'affût de tout ce qui pouvait intéresser mes abonnés dans le domaine des arts et en particulier du cinéma gayfriendly, hors militance puisque je m'y suis toujours refusé. Ou alors je suis amnésique et ma mémoire me fait défaut !


Au départ, il s'agit d'une histoire vraie et d'un mystère. James Brighton s'est réveillé complètement nu dans un parking abandonné d'un bas-quartier de Montréal. quand la police le récupère, il est hagard, explique qu'il ne se souvient de rien, qu'il s'est réveillé dans ce parking, transi de froid, ses vêtements épars autour de lui, sans papiers, sans argent. Aucun indice qui pourrait aider à rassembler ses esprits et retrouver qui il est vraiment, sinon un bout de papier où est noté un numéro de téléphone. La seule chose qu'il est en capacité d'affirmer est son orientation sexuelle, il proclame être gay. 

  

 On va lui diagnostiquer une amnésie dissociative. ce type d'amnésie consiste "en une incapacité totale ou partielle de se remémorer des expériences récentes ou éloignées dans le passé". Lorsque l’amnésie est induite par une perturbation psychologique, un stress important, sans aucun trouble médical général, on parle d’amnésie dissociative.  Une famille va le prendre en charge et des liens vont se créer.

On suit donc le jeune type qui peu à peu prétend se souvenir de lieux aux États-Unis d'où il viendrait, mais il a parfois des manières de parler qui font penser qu'il pourrait être britannique. Dans le film, une jeune étudiante en criminologie va se passionner pour son cas et rouvrir le dossier pour aller au-delà de l'enquête officielle qui n'a rien donné, même avec l'appui du FBI, des services de santé américains et canadiens.Elle va le rencontrer, l'écouter, et il va peu à peu se confier ouvrant ainsi à chaque fois de nouvelles pistes qui ne mènent jamais à rien jusqu'au jour où une émission de la télévision québécoise relayée ensuite par une autre diffusée sur une chaîne fédérale américaine va tout bouleverser. Suspense que je ne trahirai pas. No spoiling, au cas où vous voudriez voir le film (Dekkoo USA).

  

Le film peut sembler marqué par son époque - le montage et la photographie de Langlois marchent bien encore - mais ce qu'on montre parait désuet par rapport à la crudité des images du cinéma actuel. En quinze ans, on trouve davantage d'acteurs qui se montrent de face ou de dos dans le plus simple appareil; les scènes de sexe se présentent à l'écran sans ellipse en dépit de la pudibonderie nouvelle.

A l'époque, on suggère encore plutôt qu'on ne montre; on ne cherchait pas l’esthétique avant tout. Il fallait coller à la réalité de tous les jours, et montrer des situations dans lesquelles monsieur Tout-le-monde se retrouve. Point de couilles maquillées, de fesses rasées, de torses façonnés par la musculation. Du courant, du beauf, du naturel, du commun. on peut le regretter, mais après tout la réalité est souvent comme cela n'est-ce pas, loin des photographies retravaillées où pas un défaut physique n'apparaît jamais du cinéma apprêté d'aujourd'hui, sous l'influence de l'esthétique des produits de luxe.



Un film captivant, parfois poignant, envoûtant, avec une fin qui laisse le spectateur dans le doute. Les acteurs sont parfaits dans leur partition et le héros très attirant, troublant et séduisant.