Quelques réflexions pour répondre au long mail d'un lecteur de Lausanne qui s'interroge sur la main mise de l'esprit queer et wok sur ses condisciples à l'université...
Quand je suis arrivé à l'université, ma tête était truffée de clichés. La fille que j'avais laissée en France, j'avais décidé de la quitter puisque des milliers de kilomètres et une vie différente nous séparaient désormais. Elle n'avait pas été la première, ce n'était pas celle avec qui j'étais devenu un homme, mais elle fut pendant nos dernières années de lycée et au début de la fac, la fille avec qui je dormais, avec qui je sortais en fin de semaine, celle avec qui j'expérimentais le désir et le plaisir. Nos familles se connaissaient depuis toujours et nous avons grandi ensemble ou presque. Nous nous connaissions depuis toujours. Je ne fus pas non plus le premier garçon pour elle. Nous étions proches depuis notre enfance et d'instinct, à la puberté, nous nous sommes sentis attirés l'un par l'autre. Classique.
Ce qui l'est moins, c'est que j'aimais déjà les garçons, ceux de mon âge et ceux un peu plus jeunes. Ce goût ne m'a jamais quitté. Elle l'acceptait. Après tout, au début des années 2000, tout le monde se disait bisexuel. Avec les garçons, je me sentais comme avec moi-même et je tombais souvent amoureux. La beauté des garçons américains que j'avais rencontrés avant de venir m'installer ici était pour beaucoup dans mon choix. Et puis mon ex commençait à suivre les préceptes de sa mère et surtout de sa grand-mère, elle cherchait celui qui l'épouserait et lui ferait de beaux enfants, celui qui lui permettrait de vivre comme vivaient ses parents (et les miens). Bref, elle s'apprêtait à rentrer dans le rang.
Moi, je voulais vivre ma jeunesse, découvrir le monde et faire l'amour le plus souvent. Fille ou garçon, la question ne se posait pas. Égoïstement, 'est de mon plaisir à satisfaire qu'il s'agissait et les jeux de l'amour après tout sont les mêmes, qu'on soit attiré par une jolie fille ou un joli garçon et j'étais souvent, toujours, en permanence, amoureux... Pour ma génération, avec du sentiment bien sûr, baiser était notre principale préoccupation.
Les Américains rencontrés donc, soit chez nous dans le Médoc, soit lors de mes périples en famille ou plus tard avec mes amis, me semblaient l'idéal de beauté. L'esthétique grecque perpétuée. Comme les jeunes athlètes d'Olympie dans la Grèce antique. J'assimilais leurs corps bien faits, leurs traits angéliques, leurs cheveux blonds au comble de la beauté masculine.
Je me suis souvent expliqué sur mon inappétence pour le corps de l'homme fait - comme pour celui de la femme - ce que j'aime, c'est le corps des garçons, développés certes, musclés, à l'aise dans leurs mouvements. Enfants, impubères encore et donc non objets de désir imberbes, ils sont touchants parce que déjà se prfile la promesse des délices de l'adolescence, d'une beauté virile et pleine d'attrait parce qu'éphémère. Mais très vite la plupart ne sont plus désirables à mes yeux. La plupart, devenus trop formés, gonflés par la vanité et mûrs, ils perdent toute attraction. Certains restent beaux à regarder - la fameuse beauté du diable chère à certains auteurs, mais ils n'éveillent en moi aucun désir érotique.
De même, que je continue, après des années de vie sexuelle, à ne pas aimer la pénétration. Sujet délicat et vite salace. La pornographie qu'on nous fait avaler depuis nos 10 ans (j'ai vu les premières images de relation sexuelle entre garçons quand j'étais au lycée... Le visage de celui qui se faisait mettre et les cris - souvent off - des films qu'on trouvait sur internet montraient - ils montrent surement encore - une relation violente, mécanique, outrée, dénuée de toute sentimentalité, bestiale...
Chacun vit sa sexualité comme il l'entend, mais je reste rétif à tout cela. Au risque de faire rire les lecteurs de ce blog... Chacun fait ce qu'il aime et ces lignes ne sont que l'expression de mon point de vue, mon ressenti et mes idées.
Les étudiants rencontrés, dont je tombais amoureux, étaient sportifs, mais aussi intellectuels. L'attirance réciproque n'était pas qu'animale. Il y avait les échanges sur tel livre ou tel film, les longues promenades passées à débattre, à discuter... Puis le rapprochement venait (ou pas) et les premiers baisers, les premiers gestes explicites et le sexe étaient doux, toujours. Le plaisir prolongé, merveilleux.
Dans un film porno, c'est mécanique, violent - toujours trouvé ridicule, le mec qui en se faisant sucer par son partenaire lui tape, sur les fesses comme le cow-boy sur sa monture, allez Hue hue ! Ridicule et grossier. Animal. Vulgaire. Mais bon "des goûts des couleurs, on ne discute point."
Pénétrer une femme est dans la nature des choses, nos sexes se correspondent et la première fois où un garçon trouve son chemin, enfin la première fois où sa bite trouve son chemin, quand les deux amants ne forment plus qu'un, est un moment fabuleux, émouvant, joyeux. Mystérieux aussi. Je veux bien croire que les adeptes de la sodomie ressentent la même joie, mais il y a la douleur en plus et puis cet orifice a d'autres fonctions pas très ragoûtantes.
M'imaginer y passer ma langue et mes doigts, à plus forte raison ma queue, me dégoûte un peu. Pareil pour les manières de baiser avec une fille dont tous mes amis parlaient et doivent encore parler, à savoir lécher, exciter avec notre langue son clitoris... Là encore, je ne suis peut-être pas normal, mais cela ne m'a jamais attiré et combien même, je n'aurai jamais fait l'amour que d'une manière hétérosexuelle, je n'aurai jamais cherché à fourrer ma tête entre les jambes de la fille, ni la pénétrer par derrière... Bizarre ce franco-américain qui parle de sexe et semble en être peu gourmand.
L'Hubris ne me tente pas. L'idée de faire l'amour me va bien mieux que celle de baiser. Tout sentiment qui induit de la violence m'est inconnu, surtout dans l'amour. Seule compte la tendresse et mon désir toujours est doux même au plus fort de mon attraction pour l'autre. Trop nourri à la pensée grecque qui rejetait et décriait tout sentiment violent
inspiré par des passions. Comme les anciens, j'ai en horreur tout sentiment, toute attitude dictés par l'orgueil et l'arrogance,
mais aussi tout ce qui est excès ou abus de pouvoir sur l'autre, notamment quand il est plus faible et fragile.
Ce vertige minable qu'engendre une idée de soi bien prétentieuse. Aimer et désirer n'est pas à mes yeux synonyme de possession et de prédation. C'est d'amour et de tendresse qu'il doit s'agir. Toujours. Les Grecs opposaient à l'Hubris, la tempérance et la modération,
qui est d'abord connaissance de soi et de ses limites. L'ataraxie d'Epicure me convient mieux que l'hubris du marquis de Sade et de Masoch. Berk. Face à l'être aimé, mon désir est avant tout don de soi, une disponibilité entière, corps et âme. Et puis le plaisir est d'autant plus fort, inoubliable lorsqu'il est partagé avec un(e) autre qui partage ce don et se donne à son tour. Paix, sérénité, tranquillité sont de bons conducteurs de l'Amour et le plaisir selon moi n'a pas besoin d'être violent, sale, sordide, dégradant, pour faire des amants des dieux ! Bien au contraire !
J'évoquerai une prochaine fois les réflexions que je tire de mes lectures et de mes observations sur l'esprit queer et sur le wokisme. Bonne journée à l'Internef, cher correspondant de Lausanne ! Bonne journée à mes autres lecteurs aussi.