J'ai découvert la semaine dernière dans l'étal du libraire Argosy, un bouquiniste que j'aime beaucoup sur la 159e rue, entyre Park Avenue et Lexington, et dont les rayonnages immenses existent depuis 1925, des poésies de Nelligan, poète canadien. Un personnage extraordinaire qui est mort dément, en 1941. On a dit de lui que, symboliste, il a été le continuateur de Rimbaud. Sa vie démarra comme celle de son illustre prédécesseur. Il se fit remarquer très jeune mais l'existence qu'il mena fut tragique et sans gloire. Il est mort fou, après des années de combat contre une schizophrénie de plus en plus encombrante. Né dans une famille traditionnelle québécoise, il refoula toute sa vie ses tendances homosexuelles Enfermé pendant de nombreuses années, il écrivit beaucoup sur la folie et les voix qui le hantaient se retrouvent dans ses vers. La photographie qu'on trouve sur le site qui lui est consacré (et sur Wikipédia), montre un très beau jeune homme au regard brillant d'intelligence et de sensibilité.
Amour immaculé
Je sais en une église un vitrail merveilleux
Où quelque artiste illustre, inspiré des archanges,
A peint d'une façon mystique, en robe à franges,
Le front nimbé d'un astre, une Sainte aux yeux bleus.
Le soir, l'esprit hanté de rêves nébuleux
Et du céleste écho de récitals étranges,
Je m'en viens la prier sous les lueurs oranges
De la lune qui luit entre ses blonds cheveux.
Telle sur le vitrail de mon cœur je t'ai peinte,
Ma romanesque aimée, ô pâle et blonde sainte,
Toi, la seule que j'aime et toujours aimerai ;
Mais tu restes muette, impassible, et, trop fière,
Tu te plais à me voir, sombre et désespéré,
Errer dans mon amour comme en un cimetière