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14 avril 2022

Renvoyons les prudes, les hypocrites et les tartuffes au diable !


Rencontré deux belges hier matin pollués par la Cancel Culture à un point inimaginable pour moi et pourtant je suis assez ouvert. Nous étions avec David dans les vestiaires de notre club de sport. Nous échangions avec trois autres habitués du club qui revenaient de la douche et s'habillaient à côté de nous. Entièrement nus - leur physique agréable à regarder et leur aisance rendaient leur nudité normale dans un lieu où normalement, entre garçons, on se déshabille et où on se montre sans ostentation dans le costume d'Adam avant la pomme. A côté, les deux garçons, interloqués de voir nos allées et venues sans rien pour cacher notre nudité. Prudes et psychorigides à fond, ces deux garçons... L'un à peine âgé de 21 ans et l'autre de 25 ans, prônaient la chasteté. C'est totalement recevable et respectable. 

Mais là où j'ai réagi peut-être un peu trop ardemment, c'est lorsque le plus âgé nous a lancé une énormité : non seulement c'est déplacé mais obscène de se montrer comme cela. Chez nous, en Europe nous nous douchons en slip ! J'ai répondu en français que chez moi, au bord de l'Atlantique, il nous arrivait souvent de surfer nus, de nous sécher nus sur la plage et je leur ai recommandé une plage naturiste dans un village appelé Montalivet... J'y suis allé toute mon enfance et mon adolescence, et là-bas, nul voyeurisme, nulle chasse à la baise dans les fourrés. Le respect du corps, la discrétion, le naturel...

J'ai appris cela très tôt et ici, jusqu'à très peu de temps, tous les garçons chahutaient, se douchaient, jouaient à poil dans les vestiaires sans que cela choque ou surprenne, comme devaient le faire les jeunes gens des palestres d'Athènes, de sparte et de Rome... Comment en est on arrivés là ? Est-ce l'influence des sectes religieuses, évangélistes ou musulmans, la pléthore d'images pornographiques balancées en permanence sur internet qui rend les gens si prudes et aussi facilement choquables. Le floutage des parties génitales ou de la pointe des seins des filles ou une feuille de vigne pour cacher les parties sexuelles, n'est-ce pas le comble du ridicule ? Pourquoi rendre impur ce qui est pur et naturel ?

Toujours est-il que des deux belges, le plus jeune, visiblement embarrassé par les propos sectaires justement - fascisants et in tolérants de son aîné, l'a été davantage quand nous nous sommes tous rendus compte qu'il cherchait à cacher une érection énorme qui pointait sous sa serviette. Nous avons eu la charité de ne pas éclater de rire mais il y avait de quoi ! Un exemple parfait de l'hypocrisie du wokisme et de cette pruderie de tartuffes dont il vaut mieux rire. Peut-être faudrait-il en pleurer !

La nudité est naturelle. Il n'y a rien de honteux dans notre anatomie. Un jeune sexe qui bande, une paire de couilles, les poils pubiens... Pourquoi cela choquerait ? J'avoue n'avoir jamais été gêné par mon corps, par celui des autres, leur nudité pas plus que la mienne ne sont un objet de gêne ou de mépris. La nature, simplement. Je suis fatigué de la bêtise et de l'hypocrisie qui se répand de plus en plus et ce dans l'univers entier. Libérons nos esprits et luttons pour que personne jamais n'ose associer la nudité de la chair au mal et à la violence. Luttons contre les tartuffes de Tumblr, Instagram, Google et compagnie qui, sur ce continent comme en Europe, censurent à tout va les photos d'où surgit un infime bout de fesse ou de poils pubiens, le pénis d'un garçon ou les seins d'une fille ! Nous sommes tous fait pareils, arrêtons la pudibonderie et la connerie ! Foi d'Hadrianus !

Allez, je ne résiste pas et me laisse aller à publier la photo d'un bel éphèbe digne des dieux du Parnasse, qu'on imagine à sa toilette après l'effort au gymnase, pensant avec tout son corps à l'ami qui l'attend et au plaisir qu'ensemble ils vont prendre, sans honte ni affectation. Les défenseurs de l'ordre moral et autres censeurs de mes deux vont me haïr. Qu'ils aillent au diable !


 

26 mars 2022

Ne nous laisse pas entrer en tentation...

" Could you resist to that guy, waiting and inviting ? I think I couldn't ! I think none of us could !" m'a dit David en me mointrant cette photo, ancienne. La chair est faible et qui aura vraiment lu tous les livres ? 


 

23 mars 2022

Lecteur du mardi


Un beau gosse de notre époque captivé par la lecture de "Pride and Prejudice" n'est-ce pas attirant. On peut imaginer qu'il est sportif, champion de natation ou d'aviron, passionné de rugby ou de base-ball, cavalier émérite peut-être. Bon fils, ami attentif et bon amant. Tu étais déjà tout cela quand nous nous sommes rencontrés et tu l'es resté !

20 mars 2022

Apollon reconnut ce qu'il avait en tête...

Cinq journées complètes à Tivoli Bays, dans une maison charmante où nous avions déjà fêté Thanksgiving il y a trois ou quatre ans, plusieurs livres à lire, le chien ravi de quitter la ville, le chat ravi aussi de garder l'appartement et David et moi pour un weekend prolongé dans un paysage merveilleux, le silence et l'air pur... Parmi les livres, "Le héros et les autres" d'un certain Antonin Crenn, un écrivain français pas assez connu mais dont j'aime tous les textes et dont je viens de découvrir le site (https://antonincrenn.com). L'envie après la lecture d'un de ces billets joliment illustré de donner la parole à Hadrien puisque notre lieu de villégiature sans avoir la splendeur et le luxe de celle qu'aimait l'empereur, en porte le nom, Tivoli... Cela ne suffit-il pas pour justifier ce billet ? Et puis comme il pleut et qu'à côté de l'endroit où j'écris, un joli feu crépite dans la cheminée, allumé en deux minutes par David, Chef-Scout émérite et habile !

Il est une fable dont j'avais perdu la mémoire qui m'aurait fait nommé La Fontaine, poète officiel, faisant bien vite de lui un des favoris de la cour impériale. J'imagine notre bon Jean pensionné par mes soins, invité comme je le fis d'autres artistes, musiciens, comédiens, poètes, à Tivoli, dans ma merveilleuse villa près de Rome, aux pieds du Mont Tibur, une de mes plus agréables demeures, que le monde entier venait visiter et que le monde entier admirait... 

Vouloir tromper le ciel, c’est folie à la terre ;
Le dédale des cœurs en ses détours n’enserre
Rien qui ne soit d’abord éclairé par les Dieux.
Tout ce que l’homme fait, il le fait à leurs yeux
Même les actions que dans l’ombre il croit faire.
Un païen qui sentait quelque peu le fagot,
Et qui croyait en Dieu, pour user de ce mot,
Par bénéfice d’inventaire,
Alla consulter Apollon.
Dès qu’il fut en son sanctuaire :
« Ce que je tiens, dit-il, est-il en vie ou non ? »
Il tenait un moineau, dit-on,
Prêt d’étouffer la pauvre bête,
Ou de la lâcher aussitôt,
Pour mettre Apollon en défaut.
Apollon reconnut ce qu’il avait en tête :
« Mort ou vif, lui dit-il, montre-moi ton moineau,
Et ne me tends plus de panneau ;
Tu te trouverais mal d’un pareil stratagème.
Je vois de loin, j’atteins de même. »

Antinoüs le bithynien aurait aimé ces vers et les aurait chanté pour moi comme seul  il savait le faire. Je repense à ce bas-relief que j'avais fait installé sur la paroi de ma chambre, en face de mon lit dans cette villa où il ne vécut jamais, mais où j'ai toujours senti la présence aimante de son âme apaisée. Je l'avais fait réaliser dans le plus pur des marbres d'Italie, prenant soin que les sculpteurs en creuse l'intérieur au maximum pour, sans fragiliser l’œuvre, permette de la transporter facilement. J'aimais voyager avec les pièces préférées de mes collections et les portraits de l'Aimé me suivaient partout.
 
 
Mais combien ce temps est loin, où l'éphèbe possédait un cerveau bien rempli, un cœur vaillant et noble, une âme charitable et dévouée aux dieux, à l'empereur, aux lares et à Rome comme de loyaux servants de la Loi, autant que de la Beauté et de l'Amour. Remplacés aujourd'hui par des ignorants et des barbares, ils ne savent plus goûter aux saveurs des mots ni aux délices de l'amitié virile. Mes légions étaient fières et partout surent vaincre pour Rome. Tous sont affadis aujourd'hui, efféminés pour la plupart, toujours envieux ou jaloux les uns des autres, paresseux et ignorants, Pas un n'est sincère dans son service. Je me réjouis que l'Aimé ait quitté cette terre avant que de subir à son tour les remugles de la décadence et l'invasion des barbares dans les esprits comme dans nos villes...
 

Quelques images dominicales





(Belles) Images de garçons comme nous les aimons, glabres, virils, sains et aux visages d'ange, glanées dans mes archives et au hasard de mes promenades sur internet. De quoi illustrer quelques nouvelles inédites ou simplement des moments de la vie. Bon dimanche !

19 mars 2022

Dans les bois du Parnasse

 

Dans les forêts du Parnasse, le héros parfois rencontre son âme. Difficile à chaque fois, de savoir s'il s'agit de la sienne, ou d'une ruse des démons. Ils prennent figure humaine, mais empruntent aux dieux une beauté impossible que le regard du mortel n'est pas en mesure de supporter. Sauf s'il est déjà, par sa propre beauté et sa grande pureté, l'égal des dieux qu'il porte dans ses rêves depuis toujours. L'enfant qu'il était, sensible dès avant le gymnase aux formes des filles autant qu'à celle des garçons, préféra vite ces derniers, ses semblables, dont il  lisait le désir, identique au sien puisqu'il en ressentait les effets sur la part de sa chair qui se dressait souvent, sans qu'il puisse la contenir ni la réfréner, sous les douches, pendant la lutte ou à la course. Dans les nuits jaunes de son adolescence, son jeune corps affamé rêvait indifféremment des belles esclaves nubiennes de son âge qu'il voyait derrière les tentures du gynécée. Il désirait que l'une d'entre elles, la plus jolie, la plus gracieuse le rejoigne dans sa couche et chevauche sa jeune et ardente virilité. La souillure des draps au réveil l'encombrait mais le bain aussitôt ravivait son désir et l'ami du gymnase qui partageait avec lui les ablutions matutinales réveillait sa faim et leur membre dressé, bien vite devint l'instrument de leur joie, à peine cachée aux autres. Ils en tirèrent longtemps une musique suave et délicieuse. Le voilà plus mûr, familier des bordels où les esclaves reçoivent pour quelques pièces les éphèbes nantis par la nature, à la virilité fougueuse mais hésitante encore qui repose les filles de la vigueur distraite des soldats, des manœuvres et des pères des garçons. Il aime le plaisir. Tout en lui le réclame chaque jour et parfois plusieurs fois avant que le soleil ne se couche. Mais les jeux entres garçons, les combats amoureux, les longs échanges avec son amant, l'explosion joyeuse de leur plaisir, valent mieux que les jouissances tarifées et routinières des filles des auberges du port. Il recherche désormais la compagnie des jeunes dieux du Parnasse. Il désire Appolon quand il avait son âge, et Marsyas adolescent qui chante à ses oreilles quand son désir se dresse. Pas les dieux au sommet de leur force et de leur maturité. Il n'y a jamais voulu goûter et jamais ne le fera. Le garçon oui, identique à lui-même toujours, jamais l'homme.

 

Il arpente les bois, furète dans les grottes, évitant les satyres et les faunes travestis en éphèbe. Non achevé, il cherche ceux qui comme lui ne sont pas encore finis. Le corps des hommes mûri par la vie, le temps, les guerres et les trahisons, bien qu'admirables de force et de vigueur, le laisse indifférent ; le dégoûte même parfois. Il ne s'étendra jamais sur la couche de Jupiter ou de Priape. Il s'en est fait le serment à sa première extase avec l'Ami, le frère, le compagnon, Alexis, plus grand que lui, aussi blond qu'il est brun, plus fort aussi, toujours vainqueur au pugilat, à la lutte, à la nage comme à la course mais qui parfois le laissait gagner pour montrer combien il l'aimait. Ils avaient quinze ans. 

Leur plaisir s'amplifia d'année en année et à vingt ans, après une campagne sous le commandement d'Achille où le sang coula le jour autant que le lait de l'amour la nuit, la veille du jour où Alexis tomba le flanc percé par une lance parthe, il jura en baisant le visage mouillé de larmes et souillé de terre et de sang de son ami, que jamais il ne chercherait le plaisir dans des plus vieux que lui. Le héros aujourd'hui est devenu un homme. Ses fonctions dans la Cité, sa vaillance à combattre, les lois qu'il fit voter pour la Cité, en font un des sages dignes de la curule suprême. Il n'a jamais pris épouse. Des esclaves nubiennes lui ont donné des enfants quand il était très jeune et dont peu survivent. Il eut des amants, tous issus du Gymnase, fils de princes et de sénateurs, jamais courtisans, tous amoureux transis du Héros mais qui jamais n'avaient plus de vingt ans. 


 


 

15 mars 2022

μεταφορά...

De l'artiste tchèque Jan Saudek, cette photographie intitulée  "Author himself standing 25 years later at the very same place", et qui date de 1985. Je ne sais pas ce qui nous a décidé David et moi à acheter cette œuvre... La beauté du corps de l'homme vu de dos, l'herbe et la terre qu'il foule et le contraste avec le paysage sordide d'usines et leurs cheminées qui fument, la brume qu'elle répandent... Une certaine poésie qui fascine. Bien sûr quelques esprits tordus penseront sexe et désir de ce corps et, grossièrement, assimileront notre choix à de la perversité. Pourtant, aucune vulgarité, aucune bassesse dans cette photographie, sinon l'immonde de la zone industrielle et de la grisaille qui en émane. Comme une métaphore de la pureté confrontée à l'impur, de la propreté à la saleté, du  beau à la laideur... "La laideur des faubourgs..."

D'autres images rencontrées ici et là, dans des expositions, dans des livres, dans la rue simplement ramènent régulièrement à ces analogies, traduisant nos dégoûts et nos tentations, nos répulsions et nos attirances. Pourtant, et cela ne se discute pas,n ce qui compte pour David et pour moi, c'est la Beauté magnifiée par la pureté, la jeunesse, la fraîcheur. Les garçons aimés par les anciens en dehors des demi-dieux, échansons des dieux, ont la pureté de l'inachevé, la fraîcheur des premières fois, la grâce de l'inexpérimenté, la force de l'intuition et des gestes qu'on ne se savait pas capables de faire et qui nous viennent naturellement avec le désir et l'amour de l'autre...

Après, l'esthétique dont nous sommes tellement férus - et dont les canons imprègnent nos sens - nous faisant préférer le pur à l'impur, le beau plutôt que le laid et le frais au rance, nous pousse à aimer le bel adolescent provoquant à peine sorti des brumes de l'enfance dans un intérieur propre et chic...
 

à l'homme achevé le corps rompu à tout, suant et crachant dans un bouge mal nettoyé et puant comme ce portrait volé par Bruce Weber... Noblesse oblige...
 

 

10 mars 2022

Intimités, partagées ou volées...






 

Les demi-dieux sont sexy !

 

"Anges ou démons, ou les deux ensemble. Le parnasse a ses éphèbes comme le Gymnase et l'Académie. Le paganisme au moins dotait ses anges d'un sexe et de démoniaque ils n'avaient que leur désir, leur savoir-faire et leur ardeur. Notre ardeur. Je me suis toujours demandé pourquoi les adeptes du Nazaréen ont autant voulu rendre le sexe et l'amour sales et interdits... Les garçons ne s'y trompent pas qui s'adonnent naturellement à des plaisirs que la femme ne peut leur donner. Elles apportent leurs délices, mais rien jamais n'équivaut au plaisir d'aimer un autre soi-même, avec les mêmes vibrations, les mêmes sensations. A deux, parfaitement semblables, la jouissance est décuplée..." 
Arechnostrate, Ier siècle ap. JC)









Ange et démon


 

07 mars 2022

Le questionnement de Joshua

Revu dimanche avec David cette superbe vidéo de l'australien Troye Sivan. Très pur et profond. rien à vois à ce que le chanteur réalise désormais. il a vieilli, on le voit avec les traits tirés, le regard marqué. La vie nocturne ? Les stupéfiants ? Une vie compliquée ? Je ne sais rien sur ce garçon. Ce que je sais en revanche c'est combien ses premiers clips étaient beaux et porteurs d'image que bon nombre d'entre nous ont vécu ou dont ils ont été les témoins.

Il y a près de chez nous une famille sympathique chez qui nous avons dîné il y a quelques semaines. Nous les avons rencontré chez un ami éditeur. Amusés de vivre dans la même rue et d'avoir les mêmes lieux de prédilection à New York, des lectures identiques, ils nous ont invité à dîner. Bel appartement et trois beaux enfants, éveillés, bien élevés, et rayonnants. L'aînée est en troisième année de médecine à Columbia, Mila souhaite devenir pédiatre, le second, Joshua, rayonnant jeune homme de 17 ans souhaite devenir écrivain et le petit dernier, Daniel, candidat éphèbe est un jeune musicien de 14 ans, nageur comme son frère. Agréable soirée où David et moi avons été frappés de la ressemblance de Joshua avec le chanteur australien, la musculature en plus.La virilité aussi. Mêmes yeux au milieu d'un visage maculé de tâches de rousseur, mêmes longs cils foncés, même bouche faite pour les baisers.


Tous savaient que nous étions deux hommes vivant jour et nuit ensemble, mariés et... normaux. Joshua nous a beaucoup observé, il est resté distant mais affable et souriant quand nous parlions avec lui. L'autre jour, nous nous sommes croisés les Peterson et nous au Majestic à Broadway, lors d'une représentation du Fantôme de l'Opéra. Ravis de nous retrouver, nous avons passé un long moment ensemble. Il n'y avait que Joshua, Mila et  Daniel n'étaient pas là. 

Après le spectacle, nous sommes allés grignoter ensemble au Daniela's, la trattoria sure la 8e avenue. Situé à deux pas du théâtre, j'ai fait le chemin avec Joshua tandis que David bavardait avec ses parents. Le garçon, très excité par le spectacle essayait son français avec moi et nous parlions de Victor Hugo, de Paris. Puis soudain, il m'a posé une question, en rougissant. "Comment sait-on qu'on est gay ?", ajoutant aussitôt "tu as toujours été comme ça même à mon âge ?" Difficile sujet qu'on ne peut éluder, ni survoler quand un adolescent ose aborder le sujet. surtout dans ce pays de plus en plus la proie d'un nouveau puritanisme actif. Sans réfléchir, je lui ai répondu que je ne m'étais jamais posé la question, que j'étais longtemps sorti avec des filles et David aussi mais que je ressentais quelque chose de différent pour les garçons, un sentiment jamais expliqué. Rien de rationnel, juste une évidence. "Mais tu as aimé des filles ? Je veux dire..."."Je vois ce que tu veux dire" (Il était rouge comme une pivoine) ai-je répondu, amusé mais ne voulant pas rajouter à son malaise.

Nous étions arrivés devant le restaurant. Nous sommes rentrés nous installer et la conversation habituelle sur notre ressenti après le spectacle coupa court à la discussion. Mais Joshua a appelé un jour. Il est venu à la maison (ils habitent à deux cents mètres d'ici) et m'a raconté son histoire. très belle. Émouvante. Une vie d'adolescent américain de New York. Des cours de tennis, la piscine, les cours de senior year et la perspective du collège l'année prochaine. Une petite amie depuis un an qu'il aime mais qui refuse de coucher avec lui avant ses dix-huit ans sauf s'il la demande en mariage. Il est bien avec elle nous dit-il, elle est jolie, sa famille est accueillante et c'est parfois chaud entre eux (la déduction est personnelle, mais les relents de mes amours quand j'avais 17 ans étant bien présents dans ma mémoire...) mais il n'a jamais été plus loin que la décence imposée par le moralisme évangéliste. En revanche, avec les autres garçons, rien n'est pareil. Joshua explique ressentir un malaise en même temps qu'un fort désir quand il est avec certains de ses amis et la tension entre eux est visible. Il a découvert la masturbation un soir où il passait la nuit chez son meilleur ami qui a un an de plus que lui. Dans la chambre, après s'être douchés ensemble, et avoir comparé leurs corps en approfondissant l'exploration anatomique sur leurs sexes. Ce qui est arrivé devait arriver, ils se sont mis tous les deux à bander. Mais plutôt qu'être gênés, ils en ont plaisanté, se sont racontés des histoires fantasmagoriques, inventant des aventures et d'exploits à propos desquels aucun d'eux n'avaient de doutes. C'était le jeu. Ils ont fini par se donner du plaisir avec la main de l'autre, "pour voir". Et ils y prirent assez de plaisir pour vouloir recommencer. 

David et moi étions flattés de la confiance du garçon. Toute cette conversation se déroula dans notre cuisine, autour d'une orangeade et d'un homemade cake, comme on parle d'un match de base-ball ou d'un film...  "Est-ce que je suis gay ?" Demanda-t-il après avoir expliqué l'origine de son questionnement... Que répondre sinon que peu importe ce que l'on est, rien de répréhensible de vouloir être comme on le sent au fond de soi plutôt que d'évertuer à faire et à être comme une certaine morale nous l'impose. Poignant de constater que les années passent, la société change mais les interrogations demeurent les mêmes chez les garçons et la tension identique à celle de toujours, le poids des interdits, la religion, la morale, le combat de la vertu contre le vice et l'assimilation du plaisir et de l'attirance sexuelle au vice...

Comment faire comprendre à ces jeunes que l'amour n'a pas de sexe. qu'on peut aimer avec son cœur et son sexe les filles et les garçons, ou bien seulement les filles, ou bien seulement les garçons. Expliquer à un lycéen de 17 ans que bander en pensant au corps bien fait d'un copain n'a rien de pervers ou d'anormal, que c'est aussi  normal que de d'être excité par le corps d'une fille,  qu'un gay n'a pas forcément un cheveu sur la langue, des piercings partout, qu'il ne dandine pas du popotin et parle avec une voix fluette, qu'il n'est pas ou ne devient pas efféminé et que faire l'amour entre garçons n'est pas obligatoirement lié à la pénétration pas plus que l'amour hétérosexuel ne se limite à la procréation, que la vision épouvantable de la sexualité, violente et mécanique, du cinéma porno n'est en rien le reflet de la vérité... Tristesse de penser qu'aujourd'hui encore, les jeunes sont coincés dans des archétypes vénéneux qui, en les bridant, peuvent les conduire à des attitudes pathologiquement dangereuses, pour eux comme pour leurs partenaires. On aurait pu penser que le sexe serait au XXIe siècle uniquement un sujet de joie et de plaisir et plus un sujet de malaise et de souffrance morale ! Bon sang, les enfants, retenez les paroles de la Bible : Dieu est Amour ! Et l'amour c'est le respect, de soi et de l'autre, c'est la douceur, la tendresse, l'affection, la patience. Et nos sentiments, nos attirances, nos désirs n'appartiennent qu'à nous et à ceux avec qui nous les partageons. 

Amen.