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05 septembre 2022

"Amnesia, l'énigme james Brighton", film de Denis Langlois

Trouvé il y a quelques jours, l'affiche d'un film que je n'avais jamais visionné au milieu des trésors d'un de mes magasins préférés de NYC, la galerie Chisholm Larsson sur la 8e Avenue à Chelsea. Du coup, nous avons cherché le film dont il s'agit et miracle, Dekkoo le diffuse. 

 

De son titre original, Amnesia: The James Brighton Enigma, ce film du cinéaste canadien Denis Langlois, a visiblement recueilli un assez gros succès d'estime à sa sortie en 2005, récompensé par le prix du Meilleur Long Métrage au Festival Inside Out de Toronto en 2006 puis le Prix du Public du Festival de cinéma de Montevideo en 2008... Et nous ne l'avons pas vu passer ! Pourtant à l'époque, je débutais ce blog et j'étais à l'affût de tout ce qui pouvait intéresser mes abonnés dans le domaine des arts et en particulier du cinéma gayfriendly, hors militance puisque je m'y suis toujours refusé. Ou alors je suis amnésique et ma mémoire me fait défaut !


Au départ, il s'agit d'une histoire vraie et d'un mystère. James Brighton s'est réveillé complètement nu dans un parking abandonné d'un bas-quartier de Montréal. quand la police le récupère, il est hagard, explique qu'il ne se souvient de rien, qu'il s'est réveillé dans ce parking, transi de froid, ses vêtements épars autour de lui, sans papiers, sans argent. Aucun indice qui pourrait aider à rassembler ses esprits et retrouver qui il est vraiment, sinon un bout de papier où est noté un numéro de téléphone. La seule chose qu'il est en capacité d'affirmer est son orientation sexuelle, il proclame être gay. 

  

 On va lui diagnostiquer une amnésie dissociative. ce type d'amnésie consiste "en une incapacité totale ou partielle de se remémorer des expériences récentes ou éloignées dans le passé". Lorsque l’amnésie est induite par une perturbation psychologique, un stress important, sans aucun trouble médical général, on parle d’amnésie dissociative.  Une famille va le prendre en charge et des liens vont se créer.

On suit donc le jeune type qui peu à peu prétend se souvenir de lieux aux États-Unis d'où il viendrait, mais il a parfois des manières de parler qui font penser qu'il pourrait être britannique. Dans le film, une jeune étudiante en criminologie va se passionner pour son cas et rouvrir le dossier pour aller au-delà de l'enquête officielle qui n'a rien donné, même avec l'appui du FBI, des services de santé américains et canadiens.Elle va le rencontrer, l'écouter, et il va peu à peu se confier ouvrant ainsi à chaque fois de nouvelles pistes qui ne mènent jamais à rien jusqu'au jour où une émission de la télévision québécoise relayée ensuite par une autre diffusée sur une chaîne fédérale américaine va tout bouleverser. Suspense que je ne trahirai pas. No spoiling, au cas où vous voudriez voir le film (Dekkoo USA).

  

Le film peut sembler marqué par son époque - le montage et la photographie de Langlois marchent bien encore - mais ce qu'on montre parait désuet par rapport à la crudité des images du cinéma actuel. En quinze ans, on trouve davantage d'acteurs qui se montrent de face ou de dos dans le plus simple appareil; les scènes de sexe se présentent à l'écran sans ellipse en dépit de la pudibonderie nouvelle.

A l'époque, on suggère encore plutôt qu'on ne montre; on ne cherchait pas l’esthétique avant tout. Il fallait coller à la réalité de tous les jours, et montrer des situations dans lesquelles monsieur Tout-le-monde se retrouve. Point de couilles maquillées, de fesses rasées, de torses façonnés par la musculation. Du courant, du beauf, du naturel, du commun. on peut le regretter, mais après tout la réalité est souvent comme cela n'est-ce pas, loin des photographies retravaillées où pas un défaut physique n'apparaît jamais du cinéma apprêté d'aujourd'hui, sous l'influence de l'esthétique des produits de luxe.



Un film captivant, parfois poignant, envoûtant, avec une fin qui laisse le spectateur dans le doute. Les acteurs sont parfaits dans leur partition et le héros très attirant, troublant et séduisant.

04 septembre 2022

Vous avez un problème avec la nudité ? Qu'en est-il en vérité aujourd'hui ?

Lorsque je suis arrivé aux États-Unis pour terminer mes études, il était normal, courant, banal même de se balader nu dans les vestiaires de la piscine ou du gymnase du collège. On se déshabillait sans complexe sur la plage avant d'enfiler nos maillots ou nos combinaisons de surf. L'été on roulait vers la plage, toutes fenêtres ouvertes simplement vêtu d'un short ou d'un caleçon, le torse nu et personne ne trouvait rien à redire. On se douchait à poils et pas comme aujourd'hui en slip. On n'avait pas peur de montrer notre anatomie et si les plaisanteries étaient souvent de mises, elles aussi étaient naturelles et jamais agressives ou méchantes. 

 

Aujourd'hui une pudibonderie ridicule sévit parmi les garçons à l'école, au gymnase, à la piscine et dans les camps d'été. Pourtant ils sont bien plus beaux, musclés et dotés que nous l'étions. Mais ils se cachent comme honteux de leur nature. Les Instagram, Twitter, Tumblr censurent à tour de bras, une ligne de poils pubiens, l'ombre d'un sexe, des fesses nues et le couperet tombe. Surtout ne pas choquer, ne pas blesser les sensibilités religieuses. Belle hypocrisie, vous ne trouvez-pas ? Les jeunes découvrent le sexe sur leurs écrans alors qu'ils sont juste pubères, ils s'en nourrissent et comme chacun de nous au même âge, ils ne pensent qu'à ça. Alors pourquoi cacher ce qu'il y a de plus naturel ? 

Pourquoi entretenir ce tabou ridicule sinon pour former des petits soldats du rigorisme ? Pour engendrer un jour proche des fanatiques d'une pureté forcée ? Tout cela proclamé au nom d'un dieu vengeur, inventé par ces esprits rances et frustrés, qui ne serait qu' un dieu moralisateur, juge et haineux, rejetant tout ce que ce dieu a pourtant créé, en faisant de la nature et du plaisir des états à proscrire.. .


Bien sûr, il y a des esprits pervers, des âmes sales qui ne voient dans les attributs virils que leur désir jamais assouvi, pulsions animales et pensées salaces, rabougris du coeur, frustrés de la vie qui se repaissent de la douleur, de la violence et de la fange, incapables de s'arrêter à la beauté d'un corps, représentation de l'absolue grandeur du créateur et qui salissent par leur regard toute cette beauté d'autant plus flamboyante qu'elle est éphémère, ennemis de la pureté car ils en ont dénués. Mais qu'importe, ils sont déjà damnés et voués à la solitude et au mépris des anges et des dieux.

Qu'importe, qu'importe dit l'empereur en caressant le flanc bronzé par le soleil, les muscles tendus par l'exercice d'Antinoüs, et admirons la beauté, cadeau des dieux. En offrande, leur plastique unique et naturelle, ce florilège de photos anciennes ou inédites, toutes en noir et blanc pour mieux rendre les volumes et la perfection des corps.
































Que ceux qui sont dans l'inquiétude et la peur, ceux qui refoulent leurs désirs et craignent pour la santé de leur âme et de leur esprit, qu'ils sachent que l'attirance et le désir qu'ils ressentent pour leurs pairs, au gymnase, à l'école, dans la rue, au détour d'une rue, n'est pas une tare, ni une maladie, ni une perversion. 

 

L'amour est polymorphe, comme nos goûts et nos désirs. nul besoin de changer le sexe que la nature nous a donné, ce n'est pas ne pas être, ou plus être garçon qu'aimer au garçon. Sachez, adolescents flamboyants que l'homosexualité n'est qu'une invention d'un siècle hypocrite et de faux prophètes érigés en moralistes détenteurs de la Vérité. 

Dieu est amour, il aime l'amour et sourit à ceux qui s'aiment. Et cessez de vous morfondre s'il vous faut vivre votre passion partagée dans l'ombre et le secret. Ce qui compte c'est l'autre, celui qui partage avec vous les mêmes désirs, les mêmes attentes et tremble comme vous quand l'amant qu'on attend n'arrive pas, quand on a peur de le perdre et que chaque retrouvaille est un feu d'artifice, un bonheur incommensurable. 

 

Et pour finir avec le sujet, jeunes gens, ce n'est pas la taille de votre queue, la grosseur de vos couilles ou l'épaisseur de vos muscles qui comptent pour être aimé, mais la douceur de vos sentiments, la pureté de votre coeur, la chaleur de votre affection. Un jour viendra, où vous vivrez vous aussi cette alchimie qui ne s'explique pas, ce moment unique quand deux garçons soudain sont attirés l'un par l'autre, se cherchent, se veulent et se trouvent. Tout dans votre corps, dans votre tête saura que c'est celui que vous attendiez. 

En découvrant l'autre, son corps, son rire, sa voix, vous vous découvrirez vous-mêmes... Le reste n'est que fadaises et le sexe pour le sexe, la jouissance à la va-vite, une simple faiblesse des sens. Le vrai plaisir monte lentement, il dure et se reproduit à chaque fois comme à la première fois...

 

Propos écrits au son du Cantique de Jean Racine de Fauré, de l'aria "Venez troupe guerrière" dans Les amazones de Philidor, Albatross de Bert Dockx et More de Fedrika Stahl, sous un ciel gris et pluvieux qui ne va pas durer. Douceur de cette fin d'été.

31 août 2022

Neal Cassady immortel ? l'homonyme

  
 
L'écrivain aurait plus de 90 ans. On croise sur le net un jeune homme, américain lui aussi, qui porte le même prénom et le même nom. Certainement un pseudo, en tout cas une belle homonymie qu'il nous faut voir comme un hommage à l'auteur !

L'extraordinaire Neal Cassady

 

En lisant le blog de Frank Beacham qui souhaite un joyeux anniversaire à Van Morrison qui fête ses 77 ans aujourd'hui, j'ai découvert une billet qu'il rédigea sur Neal Cassady dont je viens de trouver dans ma librairie d'occasion préférée sur Saint Marks Place, dans East Village,"As Ever" la correspondance d'Allan Ginsberg avec Cassady. Excellent article de Beachham, comme d'habitude qui m'a permis de découvrir ce qui est je crois la seule interview filmée de Neal Cassady, à New York justement, extrait du documentaire réalisé en 1993 par Jerry Aronson.

J'avais déjà lu les lettres écrites par Cassady entre 1944 et 1950 traduites en français et j'avoue que son écriture me fascine. je comprend l'influence qu'il a pu avoir sur Kerouac, Goinsberg et d'autres. Brillant, grand lecteur, ce fils de clochard alcoolique qui a fini tristement (d'une overdose disent certains, d'un refroidissement d'autres et même depuis quelques années, tué par les balles de la police mexicaine... 


On ne saura jamais, son corps a été incinéré par la police justement aussitôt le décès constaté), est le précurseur de la Beat Generation, bisexuel ou pansexuel, désinhibé dans un pays prude à l'accès, sincère et direct dans une Amérique hypocrite et coincée. Wouah ! quel personnage. Pourtant cet ardent baiseur, se vendait pour gagner de quoi subsister dans son extrême jeunesse (aujourd'hui, on dirait plutôt call-boy ou escort...), indifféremment aux femmes et aux hommes, grand amateur de filles depuis son adolescence (il s'est marié à 17 ans et a fait des enfants à pas mal de nanas), a aimé aussi couché avec des garçons et des hommes. N'a-t-il pas été l'amant de Allen Ginsberg ? On dit aussi qu'il a découvert le sexe avec son mentor Justin Brierly quand il avait 16 ou 17 ans. De quoi faire enrager l'Amérique d'aujourd'hui dans sa pruderie et son homophobie latente en montrant que la sexualité n'est pas binaire et qu'on peut aimer baiser les filles autant que les garçons. 


Et puis, Cassady montre aussi autre chose par sa vie sentimentale : fille ou garçon, les gens avec qui il couchait, il leur trouvait toujours quelque chose à aimer et chacune de ses rencontres amoureuses était un coup de foudre, un amour vrai et profond. De quoi remettre en question les préventions des jeunes des années 2020, qui préfèrent de plus en plus étouffer leur désir et leur curiosité, en s'interdisant de s'aventurer là où ma génération et celle d'avant la mienne, qui n'avait pas encore connu le sida et s'était libérée de la pression morale des religions et de la bienséance, nous nous sommes aventurés pour notre plus grand bonheur. Je connais beaucoup de garçons de seize ou dix-sept ans visiblement attirés par les garçons ou parfois par les hommes plus mûrs qui souffrent et luttent pour ne pas céder et vont avec des filles par convenance sociale ou morale. Régression terrible ce me semble.