Bon on pense tous à ce film d'anticipation, "the day after tomorrow" avec Dennis Quaid, il faut une dose de cynisme pour affronter le quotidien non ? Et de l'humour aussi. Toujours est-il que je remettais chaque jour la rédaction d'un billet sur ce temps de l'année que je préfère à New York et dont nous avons soudain été privé avec la tempête de neige inattendue qui vient de nous tomber dessus. New york on the fall... Bien des poètes ont écrit de très belles choses sur la magie de la ville en octobre. Halloween a des couleurs qui n'ont pas été inventées par les spécialistes du marketing : marron, orange, rouge grenat... Je n'aime pas cette fête ridicule qui rappelle trop à mes yeux un vague paganisme mercantile, mais elle s'inscrit dans le décor, quand les groupes d'enfant sonnent aux portes vêtus comme des sorcières ou des gnomes bien couverts par maman sorcière et papa gnome (il commence de faire drôlement frais).
Cette année, sous les fenêtres de mon bureau, défilent chaque jour les Indignés qui veulent occuper Wall Street. La bourrasque de pluie glacée bien vite transformée en neige qui s'est abattue sur la ville a bousculé les habitudes. Et il fait un froid polaire trop soudain pour qu'on ait eu le temps de s'habituer. Que restera-t-il des magnifiques couleurs des feuilles dans les arbres d'East River Park, où Brinkley et moi avons nos habitudes. Chaque année, se promener au jardin de la 91e rue ou du côté des courts de tennis près de Delancey Street, est un régal pour les yeux. mais il y a aussi l'odeur d'humus, le chant des oiseaux, les écureuils aussi espiègles que ceux des dessins animés de Walt Disney. On y oublie vite les bruits et la pollution de la ville. Mais là, avec une température hivernale, un ciel bas et gris et la neige, violente et drue, on a l'impression de faire un bon en avant de plusieurs mois. Les Indignés de Liberty Plaza (appelé aussi, surtout par les medias "Zuccottti Park") sont mouillés, glacés mais déterminés. Mais vont-ils pouvoir faire changer les choses, face à une machine de guerre tout aussi déterminée à préserver les privilèges, les usages et les boni de la société ultra-capitaliste qui pourtant se casse la figure là, sous nos yeux avec notre complicité ou au mieux notre indifférence ?
En attendant, nous finissons ce dimanche bien confortablement installés, au chaud, le chien sur le tapis, les chats sur leur coussin au-dessus du radiateur. Thé chaud à la cannelle, brownie délicieux fait par David et irish pancakes à la confiture de poires maison. Keely Smith chante "East of the sun and west of the moon". Paul est sous la douche. Bob vient d'appeler. Il ne rentrera que demain matin et ira directement au collège. Nous n'aurons pas à le loger cette nuit. Il fait bon dans la maison. J'aime ces moments de paix. Je pense toujours dans ces moments à la belle phrase d'Antonio Machado "Quelle douce paix violette sur le sentier du soir". Dehors il pleut de la neige fondue et le vent souffle. Délices. Animula vagula blandula...