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22 avril 2022

Be that a shadow dark ?

"Be that a shadow dark ?" : Un très beau sonnet écrit par Abdul Hamid Mohmand, le célèbre poète afghan du XVIIe siècle, sage soufie que les islamistes aimeraient faire oublier. Apprécié en son temps jusqu'en Perse, kil partageait la même notoriété que Saadi ou Hafiz. Il a laissé de magnifiques poèmes d'amour pour les garçons. La traduction, trouvée sur internet, est de Andrew Calimach.

Be that a shadow dark on my beloved’s face,
Or the moon’s bow?
Be those white teeth within his crimson mouth,
Or tulip flecked with snow?

‘Tis witchery he weaves with his black eyes,
Magic that tricks a fellow
No peer to it you’ll find, though India you search,
And Bengal mellow.

Like the wild bird caught by a hundred traps,
That no more can take wing
In my beloved’s curly locks I’ve been caught fast,
An awkward thing.

Blue is my heart before my dear boy’s lips,
Red wine in azure mug.
A rose in bud? Look well, ‘tis a pink boy
In a green shawl wrapped snug.

The shadow on his lip, that mole,
On the beloved’s rosy face
Are like a mystery wrapped up inside a shawl,
All cloaked in grace.

Why does the owner of that pretty face
With all those suitors meet?
The forest deer itself will not find calm
When dogs bark at its feet.

My limbs they ache and hurt,
Wounded I lie just like a broken flute
The reason why I ever cry, and weep,
And howl till I am mute.

Abdul Hamid, that lovely boy to win,
Cry your heart out my pet.
Seek in an ocean for that gem to find,
Not in some rivulet.


Et, une version française au pied levé, très insatisfaisante, pour ceux qui ne liraient pas l'anglais :

Est-ce une ombre noire sur le visage de mon bien-aimé,
Ou le croissant de la lune ?
Est-ce ses dents blanches dans sa bouche cramoisie,
Ou une tulipe tachetée de neige ?

C'est la sorcellerie qu'il tisse avec ses yeux noirs,
La magie qui trompe son camarade
Vous ne trouverez pas d'égal à lui, même en cherchant jusqu’aux Indes,
Ou au Bengale moelleux.
 
Comme l'oiseau sauvage pris par cent pièges,
Plus personne ne peut prendre son envol
Dans les cheveux bouclés de mon bien-aimé, j'ai été pris rapidement,
Une chose bien curieuse.
 
Bleu est mon cœur devant les lèvres de mon cher garçon,
Vin rouge dans une tasse d'azur.
Une rose en bouton ? Regarde bien, c'est un garçon rose
Dans un châle vert bien enveloppé.
 
L'ombre sur sa lèvre, cette taupe,
Sur le visage rose de mon bien-aimé
Comme autant de mystères qu’enveloppe son châle,
Tous revêtus de grâce.
 
Comment le propriétaire de ce joli visage
Avec tous ses prétendants, ai-je pu rencontrer ?
Le cerf de la forêt lui-même ne peut trouver le calme
Quand les chiens aboient à ses pieds.
 
Mes membres me font mal et je souffre,
Blessé je geins comme une flûte cassée
La raison pour laquelle je sanglote et je pleure,
Et hurle jusqu'à ce que n’ai plus de voix.
 
Abdul Hamid, ce charmant garçon à gagner,
saigne ton cœur mon animal de compagnie.
Il te faudra plonger dans l’océan pour retrouver pareil joyau,
Pas dans un ruisseau.



Ce monde déboussolé qui rejette la beauté...


Louis, l'aîné de mes neveux  qui fait ses études à Bruxelles et vient de fêter ses dix-neuf ans, m'écrit (une vraie lettre avec un beau timbre) qu'il est sorti ébahi et furieux d'un débat entre étudiants organisé dans son université sur le thème de l'inclusion... Sujet tristement à la mode parti de la fureur pudibonde de jeunes refoulés nourris au biberon de la psychanalyse de quelques universités d'ici, et paas des moindres hélas... 
 
 
Il m'explique dans sa lettre que quelques étudiants se sont montrés très virulents contre la marque Abercrombie & Fitch, label sublime en qualité et en style, que David et moi, comme la plupart de nos amis portent depuis sa création dans les années 80 quand nous étions encore adolescents. Avec Ralph Lauren et Calvin Klein, Nautica et Brookes, A&F est bien plus qu'une marque de vêtement, c'est un symbole, celui d'un style de vie et d'appartenance à un univers social, spirituel et philosophique. Du moins selon moi. 
 
Louis a tenté de défendre l'esthétique, le style, la classe des modèles et le grand talent du photographe Bruce Weber, un des plus grands portraitistes modernes et reconnu comme tel jusqu'à ce que des excités s'attaquent à lui, comme d'autres se sont attaqués à Polanski, à Woody Allen, et à d'autres encore parce que les avocats américains ont vite compris tout le fric qu'il y avait à se faire en attaquant des célébrités pour de prétendues exactions à connotations sexuelles... Comme par hasard les "victimes" se manifestent des siècles plus tard. entre temps, il y a eu l'intervention d'un psy, celle d'un avocat et l'appât du gain. car tout cela se chiffre en millions de dollars. Il est évident pour ces gens que le pactole amassé est la suite logique de l'analyse de déconstruction et, oubliant le plaisir pris à l'époque et la tranquillité d'esprit dans lesquelles les victimes se trouvaient, les pauvres se transforment en martyr, dont la candeur, la pudeur et l'intégrité mentale ont été souillées... 
 
Qu'est ce qu'il a pris mon pauvre Louis, au milieu de ces inclusistes (il a un bon mot dans sa longue lettre : "tu vois, autrefois il y eut l'Inquisition et els inquisiteurs, maintenant il y a l'incluition et les inclusiteurs !"), surtout de la part de deux filles lesbiennes excitées et d'un trans ou un neutre peut-être, à la voix de stentor militants éperdus de l'inclusion aux forceps. L'extrême gauche imbécile qui s'empare peu à peu des campus américains et gagne le reste du monde... C'est à pleurer si nous n'en rions pas. Ces hystériques qui se prennent pour les sauveurs de l'Humanité, ne valent pas mieux que les sectaires intégristes des extrêmes-droites du monde entier. Et Louis d'ajouter pour terminer son récit de l'évènement, "Et en plus, tu les aurais vu, ils étaient cinq, six, toutes et tous laids à frémir, malsains, boutonneux, riquiquis et aux yeux méchants. Des harpies et des quasimodos en pire !"
Laissons là ces pisse-vinaigres, ces mal-baisés et ces laiderons. A&F n'avait pas de taille XL, leurs dirigeants sont passés par le lavage de cerveau et aujourd'hui, on trouve au catalogue du XXL et au-delà. Symbolique non ? On a même traité dans certains magazines ultra-progressistes la marque de développer une esthétique et une philosophie nazie ! L'apologie d'un corps sain reflet d'une âme saine, montre la beauté plastique de jeunes athlètes bien dans leur peau, prenant soin de leur santé physique et donc de leur équilibre moral. Tête qu'on peut imaginer bien faites et pleines de la pensée des grands anciens, adeptes du mens sana in corpore sano. C'est de l'idéologie nazie cela ? 
 
 
Donner aux jeunes garçons l'envie de se dépasser, de se bâtir un corps bien fait avec lequel ils se sentiront aptes à affronter l'existence et sauront avancer quelque soit la difficulté ? Cet idéal qu'on enseignait dans les familles, à l'école, au collège, chez les scouts. Est-ce du nazisme ? 
 
 
Est-ce du racisme que de préférer regarder un bel éphèbe aux épaules rondes et fortes, à la poitrine imberbe et large, à une gros flasque et velu comme un singe ? Pas pour moi en tout cas, ni pour David, ni pour son petit frère, pour nos amis et pour toute la gens civilisée, intellectuellement évoluée. Et tant pis si nous sommes fiers d'être blancs, blonds, bien foutus, de bonnes familles, pas trop bêtes et répondons à des codes WASP, fiers d'être de purs produits de l'occident judéo-chrétiens, férus de la pensée des philosophes de la Grèce ancienne et adeptes de la culture occidentale avant toute autre.

 
Et pour finir ce coup de gueule, un peu de pub pour l'eau de toilette Abercrombie pour les garçons. Elle est tellement belle et bien faite chez A&F, du moins avant que les fondateurs s'en aillent et laissent la place à une communication inclusive, politico-ethno correcte !

Vaste sujet que l'esthétique masculine. des goûts et des couleurs on ne saurait discuter" disaient les anciens. Les lecteurs d'Hadrianus savent combien il est imprégné de la pensée et de la philosophie grecque, combien le gymnase pour lui et préférable au sénat et que l'empereur toujours a eu plus de goût pour les éphèbes, les jeunes garçons à la virilité jaillissante au sortir de l'enfance, quand la toge virile ne cachait encore que de la beauté, des chairs tendues, des muscles forts et toute l'innocence et les aspirations de la jeunesse. Ni poils, ni graisse. la peau halée par les exercices sous le soleil du portique, partageant leur temps entre l'enseignement de Platon et le javelot ou la lance, la course, la lutte ou la natation. 
 
 
L'homme pour Hadrianus n'est attirant que dans sa fraîcheur. Velu, les traits durcis par la maturité, leur beauté n'est plus et n'attire plus. Nos temps réprouvent souvent l'amour des plus jeunes. Il fait pourtant depuis toujours les délices des dieux, des poètes et des philosophes. Bien des artistes aujourd'hui savent ce que ces lignes veulent dire. Il ne s'agit pas de l'amour des enfants qui est infâme puisqu'ils ne peuvent jouir des plaisirs que la puberté leur apportera. Il s'agit de l'amour des jeunes hommes, à la fraîcheur inimitable, leurs corps où se mêle les relents de la pureté enfantine et la force virile de leur sexe. 
 

Entendons-nous bien, il ne s'agit pas des follasses et autres pétasses qui remuent du popotin dans des jeans moulés et passent des heures dans les salles de fitness et ne sont ni hommes ni femmes. Un autre sexe souvent abject et aux mœurs dégoûtantes. Il s'agit d'êtres d'exception aux visages d'ange et aux corps de dieux. Tendres et doux de nature, ils sont ardents dans l'amour et partager le même plaisir est un cadeau divin. La société moderne a perverti tout cela hélas. L'hypocrisie la plus ignoble, associée à la bêtise la plus crasse et surtout à la vulgarité de nos temps, en mélangeant tout, détruit cet équilibre naturel, ce moment délicieux et éphémère, pendant lequel le garçon se cherche lui-même dans l'autre et, Narcisse baisant avec Narcisse, s'abandonne sans crainte ni remords au plaisir. Il ne se noie pas mais triomphe. Il est je avec un autre qui est lui en même temps que ce lui est tout autre...

 
"Après viendra le temps d'aimer la femme et d'en faire la mère de nos enfants. Parmi eux, les dieux bénissant notre union, nous donneront des garçons qui vivront ce que nous avons vécu comme le préconisent les philosophes anciens. Et c'est bien." écrivit quelque part Langston Hugues. Mais c'était avant le règne des barbares et des sauvages d'aujourd'hui. Avec eux l'hypocrisie, la vulgarité et l'ignorance. Notre monde est loin, très loin, de la "Ligne de Beauté" chère à Hollinghurst !













 



14 avril 2022

Renvoyons les prudes, les hypocrites et les tartuffes au diable !


Rencontré deux belges hier matin pollués par la Cancel Culture à un point inimaginable pour moi et pourtant je suis assez ouvert. Nous étions avec David dans les vestiaires de notre club de sport. Nous échangions avec trois autres habitués du club qui revenaient de la douche et s'habillaient à côté de nous. Entièrement nus - leur physique agréable à regarder et leur aisance rendaient leur nudité normale dans un lieu où normalement, entre garçons, on se déshabille et où on se montre sans ostentation dans le costume d'Adam avant la pomme. A côté, les deux garçons, interloqués de voir nos allées et venues sans rien pour cacher notre nudité. Prudes et psychorigides à fond, ces deux garçons... L'un à peine âgé de 21 ans et l'autre de 25 ans, prônaient la chasteté. C'est totalement recevable et respectable. 

Mais là où j'ai réagi peut-être un peu trop ardemment, c'est lorsque le plus âgé nous a lancé une énormité : non seulement c'est déplacé mais obscène de se montrer comme cela. Chez nous, en Europe nous nous douchons en slip ! J'ai répondu en français que chez moi, au bord de l'Atlantique, il nous arrivait souvent de surfer nus, de nous sécher nus sur la plage et je leur ai recommandé une plage naturiste dans un village appelé Montalivet... J'y suis allé toute mon enfance et mon adolescence, et là-bas, nul voyeurisme, nulle chasse à la baise dans les fourrés. Le respect du corps, la discrétion, le naturel...

J'ai appris cela très tôt et ici, jusqu'à très peu de temps, tous les garçons chahutaient, se douchaient, jouaient à poil dans les vestiaires sans que cela choque ou surprenne, comme devaient le faire les jeunes gens des palestres d'Athènes, de sparte et de Rome... Comment en est on arrivés là ? Est-ce l'influence des sectes religieuses, évangélistes ou musulmans, la pléthore d'images pornographiques balancées en permanence sur internet qui rend les gens si prudes et aussi facilement choquables. Le floutage des parties génitales ou de la pointe des seins des filles ou une feuille de vigne pour cacher les parties sexuelles, n'est-ce pas le comble du ridicule ? Pourquoi rendre impur ce qui est pur et naturel ?

Toujours est-il que des deux belges, le plus jeune, visiblement embarrassé par les propos sectaires justement - fascisants et in tolérants de son aîné, l'a été davantage quand nous nous sommes tous rendus compte qu'il cherchait à cacher une érection énorme qui pointait sous sa serviette. Nous avons eu la charité de ne pas éclater de rire mais il y avait de quoi ! Un exemple parfait de l'hypocrisie du wokisme et de cette pruderie de tartuffes dont il vaut mieux rire. Peut-être faudrait-il en pleurer !

La nudité est naturelle. Il n'y a rien de honteux dans notre anatomie. Un jeune sexe qui bande, une paire de couilles, les poils pubiens... Pourquoi cela choquerait ? J'avoue n'avoir jamais été gêné par mon corps, par celui des autres, leur nudité pas plus que la mienne ne sont un objet de gêne ou de mépris. La nature, simplement. Je suis fatigué de la bêtise et de l'hypocrisie qui se répand de plus en plus et ce dans l'univers entier. Libérons nos esprits et luttons pour que personne jamais n'ose associer la nudité de la chair au mal et à la violence. Luttons contre les tartuffes de Tumblr, Instagram, Google et compagnie qui, sur ce continent comme en Europe, censurent à tout va les photos d'où surgit un infime bout de fesse ou de poils pubiens, le pénis d'un garçon ou les seins d'une fille ! Nous sommes tous fait pareils, arrêtons la pudibonderie et la connerie ! Foi d'Hadrianus !

Allez, je ne résiste pas et me laisse aller à publier la photo d'un bel éphèbe digne des dieux du Parnasse, qu'on imagine à sa toilette après l'effort au gymnase, pensant avec tout son corps à l'ami qui l'attend et au plaisir qu'ensemble ils vont prendre, sans honte ni affectation. Les défenseurs de l'ordre moral et autres censeurs de mes deux vont me haïr. Qu'ils aillent au diable !


 

26 mars 2022

Ne nous laisse pas entrer en tentation...

" Could you resist to that guy, waiting and inviting ? I think I couldn't ! I think none of us could !" m'a dit David en me mointrant cette photo, ancienne. La chair est faible et qui aura vraiment lu tous les livres ? 


 

23 mars 2022

Lecteur du mardi


Un beau gosse de notre époque captivé par la lecture de "Pride and Prejudice" n'est-ce pas attirant. On peut imaginer qu'il est sportif, champion de natation ou d'aviron, passionné de rugby ou de base-ball, cavalier émérite peut-être. Bon fils, ami attentif et bon amant. Tu étais déjà tout cela quand nous nous sommes rencontrés et tu l'es resté !

20 mars 2022

Apollon reconnut ce qu'il avait en tête...

Cinq journées complètes à Tivoli Bays, dans une maison charmante où nous avions déjà fêté Thanksgiving il y a trois ou quatre ans, plusieurs livres à lire, le chien ravi de quitter la ville, le chat ravi aussi de garder l'appartement et David et moi pour un weekend prolongé dans un paysage merveilleux, le silence et l'air pur... Parmi les livres, "Le héros et les autres" d'un certain Antonin Crenn, un écrivain français pas assez connu mais dont j'aime tous les textes et dont je viens de découvrir le site (https://antonincrenn.com). L'envie après la lecture d'un de ces billets joliment illustré de donner la parole à Hadrien puisque notre lieu de villégiature sans avoir la splendeur et le luxe de celle qu'aimait l'empereur, en porte le nom, Tivoli... Cela ne suffit-il pas pour justifier ce billet ? Et puis comme il pleut et qu'à côté de l'endroit où j'écris, un joli feu crépite dans la cheminée, allumé en deux minutes par David, Chef-Scout émérite et habile !

Il est une fable dont j'avais perdu la mémoire qui m'aurait fait nommé La Fontaine, poète officiel, faisant bien vite de lui un des favoris de la cour impériale. J'imagine notre bon Jean pensionné par mes soins, invité comme je le fis d'autres artistes, musiciens, comédiens, poètes, à Tivoli, dans ma merveilleuse villa près de Rome, aux pieds du Mont Tibur, une de mes plus agréables demeures, que le monde entier venait visiter et que le monde entier admirait... 

Vouloir tromper le ciel, c’est folie à la terre ;
Le dédale des cœurs en ses détours n’enserre
Rien qui ne soit d’abord éclairé par les Dieux.
Tout ce que l’homme fait, il le fait à leurs yeux
Même les actions que dans l’ombre il croit faire.
Un païen qui sentait quelque peu le fagot,
Et qui croyait en Dieu, pour user de ce mot,
Par bénéfice d’inventaire,
Alla consulter Apollon.
Dès qu’il fut en son sanctuaire :
« Ce que je tiens, dit-il, est-il en vie ou non ? »
Il tenait un moineau, dit-on,
Prêt d’étouffer la pauvre bête,
Ou de la lâcher aussitôt,
Pour mettre Apollon en défaut.
Apollon reconnut ce qu’il avait en tête :
« Mort ou vif, lui dit-il, montre-moi ton moineau,
Et ne me tends plus de panneau ;
Tu te trouverais mal d’un pareil stratagème.
Je vois de loin, j’atteins de même. »

Antinoüs le bithynien aurait aimé ces vers et les aurait chanté pour moi comme seul  il savait le faire. Je repense à ce bas-relief que j'avais fait installé sur la paroi de ma chambre, en face de mon lit dans cette villa où il ne vécut jamais, mais où j'ai toujours senti la présence aimante de son âme apaisée. Je l'avais fait réaliser dans le plus pur des marbres d'Italie, prenant soin que les sculpteurs en creuse l'intérieur au maximum pour, sans fragiliser l’œuvre, permette de la transporter facilement. J'aimais voyager avec les pièces préférées de mes collections et les portraits de l'Aimé me suivaient partout.
 
 
Mais combien ce temps est loin, où l'éphèbe possédait un cerveau bien rempli, un cœur vaillant et noble, une âme charitable et dévouée aux dieux, à l'empereur, aux lares et à Rome comme de loyaux servants de la Loi, autant que de la Beauté et de l'Amour. Remplacés aujourd'hui par des ignorants et des barbares, ils ne savent plus goûter aux saveurs des mots ni aux délices de l'amitié virile. Mes légions étaient fières et partout surent vaincre pour Rome. Tous sont affadis aujourd'hui, efféminés pour la plupart, toujours envieux ou jaloux les uns des autres, paresseux et ignorants, Pas un n'est sincère dans son service. Je me réjouis que l'Aimé ait quitté cette terre avant que de subir à son tour les remugles de la décadence et l'invasion des barbares dans les esprits comme dans nos villes...
 

Quelques images dominicales





(Belles) Images de garçons comme nous les aimons, glabres, virils, sains et aux visages d'ange, glanées dans mes archives et au hasard de mes promenades sur internet. De quoi illustrer quelques nouvelles inédites ou simplement des moments de la vie. Bon dimanche !

19 mars 2022

Dans les bois du Parnasse

 

Dans les forêts du Parnasse, le héros parfois rencontre son âme. Difficile à chaque fois, de savoir s'il s'agit de la sienne, ou d'une ruse des démons. Ils prennent figure humaine, mais empruntent aux dieux une beauté impossible que le regard du mortel n'est pas en mesure de supporter. Sauf s'il est déjà, par sa propre beauté et sa grande pureté, l'égal des dieux qu'il porte dans ses rêves depuis toujours. L'enfant qu'il était, sensible dès avant le gymnase aux formes des filles autant qu'à celle des garçons, préféra vite ces derniers, ses semblables, dont il  lisait le désir, identique au sien puisqu'il en ressentait les effets sur la part de sa chair qui se dressait souvent, sans qu'il puisse la contenir ni la réfréner, sous les douches, pendant la lutte ou à la course. Dans les nuits jaunes de son adolescence, son jeune corps affamé rêvait indifféremment des belles esclaves nubiennes de son âge qu'il voyait derrière les tentures du gynécée. Il désirait que l'une d'entre elles, la plus jolie, la plus gracieuse le rejoigne dans sa couche et chevauche sa jeune et ardente virilité. La souillure des draps au réveil l'encombrait mais le bain aussitôt ravivait son désir et l'ami du gymnase qui partageait avec lui les ablutions matutinales réveillait sa faim et leur membre dressé, bien vite devint l'instrument de leur joie, à peine cachée aux autres. Ils en tirèrent longtemps une musique suave et délicieuse. Le voilà plus mûr, familier des bordels où les esclaves reçoivent pour quelques pièces les éphèbes nantis par la nature, à la virilité fougueuse mais hésitante encore qui repose les filles de la vigueur distraite des soldats, des manœuvres et des pères des garçons. Il aime le plaisir. Tout en lui le réclame chaque jour et parfois plusieurs fois avant que le soleil ne se couche. Mais les jeux entres garçons, les combats amoureux, les longs échanges avec son amant, l'explosion joyeuse de leur plaisir, valent mieux que les jouissances tarifées et routinières des filles des auberges du port. Il recherche désormais la compagnie des jeunes dieux du Parnasse. Il désire Appolon quand il avait son âge, et Marsyas adolescent qui chante à ses oreilles quand son désir se dresse. Pas les dieux au sommet de leur force et de leur maturité. Il n'y a jamais voulu goûter et jamais ne le fera. Le garçon oui, identique à lui-même toujours, jamais l'homme.

 

Il arpente les bois, furète dans les grottes, évitant les satyres et les faunes travestis en éphèbe. Non achevé, il cherche ceux qui comme lui ne sont pas encore finis. Le corps des hommes mûri par la vie, le temps, les guerres et les trahisons, bien qu'admirables de force et de vigueur, le laisse indifférent ; le dégoûte même parfois. Il ne s'étendra jamais sur la couche de Jupiter ou de Priape. Il s'en est fait le serment à sa première extase avec l'Ami, le frère, le compagnon, Alexis, plus grand que lui, aussi blond qu'il est brun, plus fort aussi, toujours vainqueur au pugilat, à la lutte, à la nage comme à la course mais qui parfois le laissait gagner pour montrer combien il l'aimait. Ils avaient quinze ans. 

Leur plaisir s'amplifia d'année en année et à vingt ans, après une campagne sous le commandement d'Achille où le sang coula le jour autant que le lait de l'amour la nuit, la veille du jour où Alexis tomba le flanc percé par une lance parthe, il jura en baisant le visage mouillé de larmes et souillé de terre et de sang de son ami, que jamais il ne chercherait le plaisir dans des plus vieux que lui. Le héros aujourd'hui est devenu un homme. Ses fonctions dans la Cité, sa vaillance à combattre, les lois qu'il fit voter pour la Cité, en font un des sages dignes de la curule suprême. Il n'a jamais pris épouse. Des esclaves nubiennes lui ont donné des enfants quand il était très jeune et dont peu survivent. Il eut des amants, tous issus du Gymnase, fils de princes et de sénateurs, jamais courtisans, tous amoureux transis du Héros mais qui jamais n'avaient plus de vingt ans. 


 


 

15 mars 2022

μεταφορά...

De l'artiste tchèque Jan Saudek, cette photographie intitulée  "Author himself standing 25 years later at the very same place", et qui date de 1985. Je ne sais pas ce qui nous a décidé David et moi à acheter cette œuvre... La beauté du corps de l'homme vu de dos, l'herbe et la terre qu'il foule et le contraste avec le paysage sordide d'usines et leurs cheminées qui fument, la brume qu'elle répandent... Une certaine poésie qui fascine. Bien sûr quelques esprits tordus penseront sexe et désir de ce corps et, grossièrement, assimileront notre choix à de la perversité. Pourtant, aucune vulgarité, aucune bassesse dans cette photographie, sinon l'immonde de la zone industrielle et de la grisaille qui en émane. Comme une métaphore de la pureté confrontée à l'impur, de la propreté à la saleté, du  beau à la laideur... "La laideur des faubourgs..."

D'autres images rencontrées ici et là, dans des expositions, dans des livres, dans la rue simplement ramènent régulièrement à ces analogies, traduisant nos dégoûts et nos tentations, nos répulsions et nos attirances. Pourtant, et cela ne se discute pas,n ce qui compte pour David et pour moi, c'est la Beauté magnifiée par la pureté, la jeunesse, la fraîcheur. Les garçons aimés par les anciens en dehors des demi-dieux, échansons des dieux, ont la pureté de l'inachevé, la fraîcheur des premières fois, la grâce de l'inexpérimenté, la force de l'intuition et des gestes qu'on ne se savait pas capables de faire et qui nous viennent naturellement avec le désir et l'amour de l'autre...

Après, l'esthétique dont nous sommes tellement férus - et dont les canons imprègnent nos sens - nous faisant préférer le pur à l'impur, le beau plutôt que le laid et le frais au rance, nous pousse à aimer le bel adolescent provoquant à peine sorti des brumes de l'enfance dans un intérieur propre et chic...
 

à l'homme achevé le corps rompu à tout, suant et crachant dans un bouge mal nettoyé et puant comme ce portrait volé par Bruce Weber... Noblesse oblige...